L'usage alimentaire des fougères, par A.Biloso Moyene, Laboratoire de Botanique systématique, ULB,
La dégradation continuelle de léconomie congolaise, associée aux phénomènes destructeurs comme les pillages et les guerres, ont eu comme principales conséquences la destruction du capital de base de la population congolaise, augmentant considérablement le nombre de personnes ciblées dans les groupes vulnérables (Kankonde, 2001).
Avec laccroissement de la population sinistrée on constate le retour à lautosubsistance dune bonne partie de la paysannerie. Le chômage et les arriérés de salaire dans une grande partie du pays,
Le pays traverse une crise qui a atteint aujourdhui un niveau critique sur le plan nutritionnel. La population ne dispose plus de nourriture suffisante en quantité et en qualité pour sapprovisionner et salimenter ; le peuple congolais est mal nourri et puise ce qui lui faut dans son environnement naturel principalement, il sagit des produits de la biodiversité ( ressources biologiques) que lui fournissent la flore et la faune sauvage (grâce à la cueillette, la chasse et le ramassage) ; ainsi que lagriculture (Biloso, 2003).
Le diagnostic sommaire tel que vient dêtre présenté suscite en nous un certain nombre des questions sur la situation alimentaire de la population Kinoise. Elle concerne lintérêt de plus en plus accru dans lun des produits de cueillette servant de plus en plus à lalimentation de la population de Kinshasa.
Quelle est limportance et lapport de la fougère (Pteridium centrali-africanum) dans lalimentation ? Doit-on en cette période de crise encourager le recours aux produits provenant de la cueillette pour la nourriture dun peuple ? Et enfin comment le marché de fougère est-il organisé ? Comment en promouvoir la culture ? Quelles en sont les conditions ?
Nous croyons quen répondant à toutes ces questions, nous essayerons de dégager les voies et moyens en rapport avec ce produit pour un apport ou une contribution à la résolution de la malnutrition et de la sous-alimentation qui constituent un frein au développement dun pays.
La fougère appartient à la famille de Dennstaedtiaceae, elle a plusieurs synonymes à savoir :
Pteris aquilina L., Pteris esculenta G.Forst., Pteris lanuginosa Bory ex Willd., Pteridium esculentum (G.Forst.) (Prota, 2004).
Les noms vernaculaires de Pteridium Centrali-africanum sont : Fougère des savanes (Français) ; Bracken, brackenfern, eagle fern (Englais) ; Feto ordinário, feto dos montes (Portugais) ; Mushilu (Swahili) ; Mukiongi (Kikongo) ; Misili (Lingala).
Le Pteridium centrali-africanum est présente sur tous les continents, y compris lAntarctique. Cest une des espèces les plus répandues au monde. En Afrique, elle va de
Le Pteridium centrali-africanum est largement utilisée comme légume cuit. Dans la région de Baffousam au Cameroun, elle est décrite comme consommée de manière courante en mélange avec des plantes comme Vernonia amygdalina Delile et Triumfetta rhomboidea Jacq. Au Gabon, les jeunes frondes encore enroulées (crosses de fougère) sont décrites comme comestibles. Plusieurs tribus dAngola, du Congo et de
A Madagascar et aux îles Canaries, le rhizome est décrit comme comestible, et en France on lutilisait pour nourrir les porcs. Les rhizomes contiennent de lamidon, qui a été largement utilisé par les Amérindiens canadiens par le passé. Au Japon, lamidon est utilisé pour fabriquer des confiseries (www. Prota.org, 2005).
Les feuilles sont utilisées comme paille pour le bétail et comme litière. La poudre séchée de crosses est appliquée sur les vieilles blessures. En Côte dIvoire, la pulpe des crosses cuites est utilisée comme lavement pour surmonter la stérilité des femmes. Le rhizome mélangé à celui du gingembre (Zingiber officinale L.) est écrasé et le jus est bu comme aphrodisiaque (www. Prota.org, 2005).
La plante entière de Pteridium centrali-africanum contient des composées toxiques et antinutritionnels. Les composés isolés comprennent des sesquiterpénoïdes (ptaquiloside et substances apparentées, appelées en général ptérosines, et qui ont des activités insecticides et carcinogènes), de lecdysone (composé terpénoïde identique à lhormone de la mue des insectes), des hétérosides cyanogéniques, des tanins et des acides phénoliques. Tous ces constituants peuvent avoir une certaine activité comme dissuasif alimentaire. Lacide shikimique a été observé dans toutes les parties de la fougère de savane, spécialement dans le rhizome. Il a une activité carcinogène, ce qui peut expliquer chez le bétail un syndrome fatal dhémorragie et chez lhomme le cancer de lestomac après une consommation régulière de feuilles de fougère. La fougère contient également une enzyme qui détruit la vitamine B1 et engendre lavitaminose B1, provoquant des dommages cérébraux chez les chevaux et autres non-ruminants et une hématurie enzootique aiguë (“redwater disease”) chez le bétail. La présence et les concentrations des différents constituants chimiques varient selon les sous-espèces et les variétés. Les rhizomes apparaissent être environ cinq fois plus toxiques que les feuilles. Il est difficile de détecter et de diagnostiquer un empoisonnement en raison de la toxicité retardée. Les symptômes et la mort peuvent survenir jusquà huit semaines après que les animaux aient cessé de manger les plantes. Le risque pour la santé humaine est plus élevé chez les jeunes enfants.
Pteridium centrali-africanum Hieron. est présente du Gabon au Mozambique.
La fougère (Pteridium centrali-africanum Hieron.) est un aliment fournissant aux êtres vivants des vitamines, protéines,… ; elle soigne les inflammations des articulations dans le domaine de la pharmacopée traditionnelle ; utilisée comme gel, elle est un aliment riche en fer. Les aliments nétant pas suffisamment acheminés en ville, la population Kinoise ne dispose pas de la nourriture suffisante en qualité et en quantité pour son alimentation, doù linsécurité alimentaire. De ce fait la population concernée pourrait consommer les produits provenant de la cueillette à cause de leur prix abordable sur le marché et leurs valeurs nutritives.
Les fougères (Pteridium centrali-africanum Hieron.) suivent un circuit commercial court cest-à-dire nayant pas beaucoup dintermédiaires entre les marchés aux producteurs (marchés primaires) et les marchés aux consommateurs. Lunité de vente est la botte.
Nous voulons montrer à travers cette étude que la fougère bien que peu considérée, offre une diversité des denrées alimentaires pouvant couvrir les besoins alimentaires dun peuple et répondre particulièrement à la demande extérieure.
Nous estimons quau terme de cette étude, les différents interlocuteurs, lecteurs, décideurs politiques et des partenaires sociaux pourront accéder aux informations fiables et à une meilleure compréhension du problème posé surtout que nous espérons mettre à leur disposition non seulement des recommandations concrètes pouvant leur permettre à renforcer le mécanisme de survie mais aussi les stratégies développées par les Kinois pour se mettre à labri de linsécurité alimentaire menaçante.
2. APPROCHE METHODOLOGIQUE
Selon Kinkela Savy (2004) la méthode est la procédure logique dune science, cest-à-dire lensemble des pratiques particulières quelle met en œuvre pour que le cheminement de ses démonstrations et des théorisations soit clair, évident et irréfutable.
Pour bien mener notre étude, nous avons utilisés la méthode descriptive qui nous a permis de ressortir les détails sur le petit commerce de fougère dans la partie Est de la ville de Kinshasa, plus précisément dans la commune de Masina et danalyser sa consommation pour dégager les spécificités.
Quant aux techniques utilisées, nous avons procédés par des enquêtes par sondage, aux interviews semi directifs avec les groupes focalisés de 10 à 15 intervenants et la documentation. Un questionnaire préétabli a été administré verbalement aux différents intervenants dans le circuit de commercialisation de fougère à Kinshasa.
Cette étude est réalisée dans la commune de Masina, choisi comme milieu détude, nos investigations se sont déroulées du 02 avril au 30 septembre 2005.
3. RESULTATS ET DISCUSSION
A partir des données de nos investigations durant six mois de terrain, nous présentons sous forme des tableaux statistiques avec interprétations. Ces résultats nous permettent de bien cerner le marché de fougère dans les sites enquêtés.
3.1. Caractéristiques socio-démographiques des répondants
3.1.1. Genre des répondants
Tableau 1. Répartition de répondants par sexe
Sexe Fréquence %
Masculin 3 3
Féminin 97 97
Total 100 100
Source : Nos enquêtes Avril-septembre 2005
Les données de ce tableau montrent clairement que la quasi-totalité dexploitants et vendeurs de fougère à Masina est constituée des femmes.
3.1.2. Age des répondants
Tableau 2. Répartition de répondants par tranche dâge
Tranche dâge Fréquence %
Moins de 20 ans 0 0
20 à 29 ans 14 14
30 à 39 ans 33 33
40 à 49 ans 40 40
50 ans et plus 13 13
Total 100 100
Source : Nos enquêtes Avril-septembre 2005
Il ressort de ce tableau que la majorité de nos exploitants et vendeurs de la fougère (soit 73%) sont dans la tranche dâge de 3O à 49 ans.
3.1.3. Niveau de scolarisation des répondants
Tableau 3. Répartition de répondants par niveau détude
Niveau détude Fréquence %
Na pas été à lécole 0 0
Niveau primaire 50 50
Niveau secondaire 50 50
Niveau supérieur et universitaire 0 0
Total 100 100
Source : Nos enquêtes Avril-septembre 2005
La moitié de nos répondants soit 50% sont ceux qui ont fait les études primaires, tandis que lautre moitié est constituée de ceux qui ont fait les études secondaires. Aucun universitaire ne sintéresse à lexploitation et la vente de fougère.
3.1.4. Ancienneté dans la pratique dexploitation et de vente
Tableau 4. Répartition de répondants par ancienneté
Ancienneté Fréquence %
Moins de 2 ans 3 3
2 à 4 ans 40 40
5 à 7 ans 27 27
Plus de 7 ans 30 30
Total 100 100
Source : Nos enquêtes Avril-septembre 2005
Sur lensemble de personnes enquêtées, 40% ont une ancienneté allant de 2 à 4 ans, 30% les font il y a plus de 7 ans, 27% dans la fourchette de 5 à 7 ans.
En réalité, lémergence de lexploitation et la vente des fougères est une pratique récente.
3.1.5. Détention de document officiel
Pendant nos enquêtes, nous navions trouvé aucun vendeur détenant un document officiel pour lexercice de son activité, ce qui traduit quils évoluent dans un secteur informel. Ils ne payent pas des taxes.
3.2. Les intervenants dans les circuits de commercialisation des fougères dans la commune de Masina
Dans ce point, nous décrivons les catégories des acteurs impliqués dans les circuits de commercialisation de fougère dans la commune de Masina.
Nous considérons les cueilleurs comme étant des producteurs. Ceux qui achètent directement chez les producteur et à des grosses quantités sont considérés comme étant des démi-grossistes. Ne peut être considéré comme grossiste, celui qui achète les grosses quantités et assure son transport jusquau lieu de vente pour revendre en gros.
Tableau 5. Les principaux acteurs dans les circuits commercial de Fougère
Les intervenants Fréquence %
Producteurs 33 33
Grossistes 0 0
Demi-grossistes 7 7
Détaillant 60 60
Total 100 100
Source : Nos enquêtes Avril-septembre 2005
Il ressort de ce tableau 5 que plus de la moitié des commerçants sont des détaillants, les tiers sont des producteurs (cueilleurs), alors les demi-grossistes ne représentent que 7% des intervenants.
Tableau 6. Les principales sources dapprovisionnement de la commune de Masina en fougère
Les sources dapprovisionnement Fréquence %
Maluku village 27 27
Ngamanzo 20 20
Menkao et les villages environnants 30 30
Bibwa 23 23
Total 100 100
Source : Nos enquêtes Avril-septembre 2005
Les données de ce tableau nous montrent clairement que 30% de fougère vendues sur les marchés de Masina proviennent de Menkao et les villages environnants, 27% de Maluku village, 23% de Bibwa et 20% de Ngamanzo.
3.3. Disponibilité de fougère sur les marchés à Masina
Nous présentons dans le tableau ci-dessous la disponibilité des fougères (Pteridium centrali-africanum) sur les marchés de Masina en fonction des arrivées journalières sur des analyses des nos pointages et observations du mois de septembre 2005 pour 20 commerçants identifiés ayant approvisionné le marché de la liberté en fougère du 05 au 11 septembre 2005.
Tableau7. Les arrivées journalières des fougères (Pteridium centrali-africanum)
Jour de la semaine
Lundi Mardi Mercredi Jeudi Vendredi Samedi Dimanche
Exploitant Valeur en Fc Valeur en Fc Nbre de botte de 3O Fc Valeur en Fc Nbre de botte de 3O F Valeur en Fc Nbre de botte de 3O F Valeur en Fc Nbre de botte de 3O F Valeur en Fc Nbre de botte de 3O F Valeur en Fc Nbre de botte de 3O F
1 1500 50 1650 55 1350 45 900 30 720 24 1050 35 1500 50
2 1350 45 450 15 750 25 750 25 690 23 1200 40 450 15
3 1650 55 900 30 900 30 900 30 1200 40 1650 55 900 30
4 1350 45 1650 55 1650 55 900 30 1500 50 1500 50 750 25
5 750 25 1350 45 900 30 900 30 1350 45 750 25 750 25
6 450 15 1170 39 1650 55 750 25 900 30 1200 40 1650 55
7 690 23 1200 40 900 30 900 30 720 24 690 23 900 30
8 1170 39 900 30 900 30 1200 40 1200 40 1650 55 1650 55
9 1500 50 1650 55 900 30 1500 50 1350 45 1500 50 1350 45
10 900 30 900 30 720 24 1170 39 1650 55 900 30 720 24
11 720 24 1650 55 900 30 1500 50 1500 50 1170 39 1500 50
12 1200 40 1350 45 900 30 900 30 1350 45 750 25 900 30
13 1350 45 750 25 750 25 1500 50 1650 55 900 30 720 24
14 1050 35 1500 50 1350 45 1170 39 1650 55 750 25 720 24
15 1500 50 1350 45 1050 35 450 15 1170 39 1650 55 750 25
16 1230 41 1200 40 1650 55 900 30 1350 45 900 30 1500 50
17 1140 38 1500 50 1500 50 720 24 1650 55 720 24 1350 45
18 1110 37 1170 39 900 30 900 30 1350 45 900 30 1650 55
19 1380 46 1500 50 1170 39 900 30 750 25 900 30 1650 55
20 870 29 900 30 750 25 750 25 450 15 750 25 1170 39
Total 22860 762 24690 823 21540 718 19560 652 24150 805 21480 716 22530 751
Moyenne 1143 38 1235 41 1077 36 978 33 1208 40 1074 36 1127 38
Les données collectée sur un échantillon de 20 commerçants de fougère (Pteridum centrali-africanum) du 05 au 11 septembre 2005 au niveau du marché de la liberté à Masina présentées dans ce tableau montrent un approvisionnement journalier moyen de 37 bottes de jeune pousse (pieds) de fougère (Pteridum centrali-africanum ) représentant une moyenne journalière de 746,7 Fc soit 1,78$ au taux de 420 Fc le dollars ($). Signalons quil n y a pas eu des différences significatives en ce qui concerne la comparaison des prélèvements pour les 7 jours de la semaines. Etant donné que lapprovisionnement engendre un prélèvement sur le milieu naturel, mutandis mutadis ; une botte de 30Fc contient en moyenne
Fig.1. De la cueillette à la consommation (Photo Biloso Moyene 2005)
Une exploitante en pleine cueillette à Bibwa Les fougères conditionnées en botte de 1,5Kg
3.4. Condition déchange
Le commerce de fougère se réalise dans les mêmes conditions et spécificités que tous les autres produits agricoles. Les fougères sont vendues à même le sol, elles sont périssables, le prix est fonction de la qualité et de létat du produit. Les heures de pointes pour la vente est aux environs de 11 heures, la tendance à la solde est remarquable aux environs de 15 à 16 hoo, les vendeurs ne disposant pas dinfrastructures de stockage et de conservation adéquates, il sont obligés de rabattre le prix (vente à des prix cassés).
Le prix est fonction de lunité de vente qui est la botte. Les bottes sont variables à chaque type de marché. Au niveau de producteur (cueilleur) on a des bottes de
3.5. Rentabilité économique de la commercialisation de fougère
Dans ce point, nous avons tenté de dégager les marges de commercialisation et analyser la part du bénéfice dans la réalisation du chiffre daffaire.
3.5.1. Les Coûts dacquisition
Signalons que nous travaillons sur base des moyennes du mois de septembre 2005 ( 37 bottes pour la production, 50 Fc pour le prix dachat et
Tableau8. Les coûts dachat
Coût dachat Source dapprovisionnement
Maluku Ngamanzo Menkao Bibwa
Prix dachat/botte 50 Fc 50 Fc 50 Fc 50 Fc
Charge dapprovisionnement/botte 11 Fc 7 Fc 19 Fc 4,5 Fc
Total/botte 61Fc 57 Fc 69 Fc 54,5 Fc
Source : nos calculs sur base des enquêtes de septembre 2005
Il ressort de ce tableau que les coûts dachats sont variables en fonction de la source dapprovisionnement en fougère. Ce coût oscille autour de 6O Fc.
Le demi-grossiste doit engager 61 Fc pour acheminer une botte de fougère de
Au niveau des détaillants, tous achètent des fougères auprès de demi-grossistes à 100 Fc la botte de 1,5Kg. Le coût dacquisition pour le détaillant est de 1OO Fc
3.5.2. Les ventes
3.5.2.1. Au niveau des demi-grossistes
Lunité de vente est respectivement la botte de
3.5.2.2. Au niveau des détaillants
La botte achetée à 100 Fc auprès des demi-grossistes est conditionnée en botte de 250 ou
3.5.3. Marge bénéficiaire et rentabilité
La marge bénéficiaire est la différence entre les Coûts de distribution et les coûts dachat.
Pour ce qui est du commerce de fougère à Masina, nous le dégageons pour lunité de vente qui est la botte.
La rentabilité est le rapport exprimé en pourcentage entre la marge bénéficiaire et le chiffre daffaire.
Les formules suivantes nous ont servi pour les calcules.
Cest aussi le rapport en %
Tableau9. Marge bénéficiaire et rentabilité chez les demi-grossistes
Eléments constitutifs Source dapprovisionnement
Maluku Ngamanzo Menkao Bibwa
Coût dacquisition/botte 61Fc 57 Fc 69 Fc 54,5 Fc
Vente/botte 100Fc 100Fc 100Fc 100Fc
Marge bénéficiaire/botte 39 Fc 43 Fc 21 Fc 45,5 Fc
Rentabilité 39% 43% 21% 45,5%
Source : nos calcul sur base des nos enquêtes de septembre 2OO6
Il ressort de ce tableau que la rentabilité au niveau du demi-grossiste est élevée pour Bibwa (avec 45,5%), suivie de Ngamanzo avec 43%, Maluku avec 39% et Menkao avec 21%.
Nous disons que la rentabilité moyenne du commerce de fougère au niveau des demi-grossistes est de 37%.
Au niveau des détaillant, la rentabilité est calculée de la manière suivante :
Tableau9. Marge bénéficiaire et rentabilité chez les détaillants
Eléments constitutifs Marchés secondaires
Parking de Bitabe Parking de Hindou Parking Q3 Parking de Pascal
Coût dacquisition/botte 100Fc 102Fc 102Fc 102Fc
Vente1/botte 165 Fc 165 Fc 165 Fc 165 Fc
Marge bénéficiaire/botte 65 Fc 63 Fc 63 Fc 63 Fc
Rentabilité1 39% 38% 38% 38%
Vente2/botte 150 Fc 150 Fc 150 Fc 150 Fc
Marge bénéficiaire/botte 50 Fc 48 Fc 48 Fc 48 Fc
Rentabilité2 33% 32% 32% 32%
Vente3/botte 180 Fc 180 Fc 180 Fc 180 Fc
Marge bénéficiaire/botte 80 Fc 78 Fc 78 Fc 78 Fc
Rentabilité3 44% 43% 43% 43%
Source : nos calcul sur base des nos enquêtes de septembre 2OO6
Nous constatons que les marges sont près que les mêmes pour chaque catégorie dintervenant dans le commerce de fougère.
Si bien que le commerce de fougère soit dans le secteur informel, il offre un revenu pour la survie et la lutte contre linsécurité alimentaire pour les usagers.
Perspectives
La fougère (Pteridium centrali-africanum Hieron) jusquaujourdhui est objet de la cueillette, elle est un produit local bien que nutritif.
Limportance de la fougère est principalement locale et souvent seulement historique (Lubini et al, 1994). Alors pour répondre ou assurer la sécurité alimentaire, vu la poussée démographique de la ville de Kinshasa, la vulgarisation des techniques de cuissons pour sen débarrasser des substances toxiques que cela a été confirmé, limite son aptitude à la consommation humaine. En Afrique, lutilisation alimentaire de Pteridium centrali-africanum doit être découragée ou faire lobjet de suivi, et les autorités sanitaires devraient mettre en garde les populations locales contre ses dangers.
Si après vulgarisation et investigation on constate que la population sintéresse de plus en plus au produit, induisant une forte demande de fougère au marché, on pourra voir comment conseiller la production. Il est vrai que la fougère fournit un certain apport du point de vue de la sécurité alimentaire (sa disponibilité sur les marchés, sa stabilité dans les approvisionnement et son accessibilité), mais malheureusement, elle nest pas consommée par toutes les tribus de
CONCLUSION
Depuis plus dune décennie déjà, la malnutrition et la sous-alimentation pèsent sur la population congolaise. Elles font des ravages surtout parmi les personnes plus vulnérables qui sont les tout petits, les femmes enceintes et les vieillards. Cette situation est due au fait que la production agricole nationale narrive plus à couvrir les besoins alimentaires et nutritionnels de la population.
Mal nourrie et sous-alimenté, la population congolaise présente un état sanitaire morbide qui a affecté sensiblement sa productivité du travail.
Condamnés à survivre, les pauvres exercent une pression trop forte sur lenvironnement naturel pour en tirer ce qui peut leur permettre de ne pas mourir de faim. Ils exploitent de façon la plus irrationnelle les ressources naturelles. Ceci grâce à la cueillette facile, laccès facile et le prix abordable.
Les revenus générés bien que précaires garantissent une survie aux intervenants dans la chaîne de commercialisation. Le profit au sens strict nest pas lobjectif principal pour toutes ces activités qui sont du reste menés en vue de résoudre un problème de survie dans la conjoncture particulièrement difficile.
Le maintien de la fougère dans la commercialisation des produits alimentaires à Kinshasa est plus quune stratégie de survie quune activité lucrative permettant lamélioration sensible des conditions de travail. Ceci peut se justifier dans le calcul de la rentabilité économique de la présente étude. Le coût dacquisition dune botte est de 60Fc pour les demi-grossiste, respectivement vendu à 100 Fc. Et 102 Fc comme coût dacquisition auprès des détaillants, respectivement vendus en moyenne à 165 Fc et ainsi une rentabilité de 37 % pour le demi-grossiste et 38% au niveau de détaillants.
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
Biloso Moyene A., 2003 , Contribution à létude dapprovisionnement et distribution des produits de chasse et de cueillette dans la ville de Kinshasa en R.D.Congo, D.E.S interuniversitaire en Gestion des Ressources Animales et Végétales en Milieux Tropicaux, FUSAGX/ ULG (Belgique), 53 p. inédit.
Kankonde Mukadi J. et Tollens E., 2001 , La sécurité alimentaire au Congo-Kinshasa, analyse, production et consommation, Harmattan, KUL, Paris, 348p.Uni. 20 p.
Kinkela Savy S.,2004 : Analyse genre dans le système de production du manioc, cas du plateau de Batéké à Kinshasa, INERA, 46 p
Lubini A. Kusehuluka K. & Bunga B., 1994 , Plantes utilisées dans les traitement de la blennorragie et de la syphilis à Kinshasa (Zaïre). In Proc. XIIIème Plenary Meeting AETFAT, Malawi, 1 : 251-260.
Lubini A.1997 , Utilisation des plantes par les Yansi de lentre Kwilu-Kasaï (Zaïre). In Proc. XIIIème Plenary Meeting AETFAT, Malawi, 1 : 53-74.
Mbemba F et Remacle J, 1992 , Inventaire, identification et composition chimique des aliments et denrées alimentaires traditionnelles du Kwango-Kwilu au Zaïre, DGCG, p.17-24.
PAM. 2004 , Rapport denquête sur la sécurité alimentaire et les stratégies de survie à Kinshasa, Kinshasa, 33 p.
PROTA. 2005 , Les légumes, www. Prota.org/legume/Pteridium sp, consulté le 2O septebre 2005.