28.06.06 Quid de l'économie sociale de marché en RDC? (Le Potentiel)
Son intervention était axée sur « L'économie sociale de marché comme fondement de la politique sociale ». Ce Forum, qui intervient avant les échéances électorales, avait la prétention de cogiter sur un système idéologique qui parviendrait à hisser la République démocratique du Congo dans le concert des nations au regard de ses potentialités tant naturelles qu'humaines. Pour la circonstance, le professeur Mabi s'est arrêté à présenter les principes de ce système économique et les préalables pour son éclosion. De son point de vue, l'Economie sociale de marché est un système visant une recherche permanente de la combinaison la plus efficace entre la performance optimale, qu'on peut atteindre grâce au mécanisme du marché, d'une part, et la sécurité et la justice sociale, d'autre part.
« L'homme peut choisir entre trois voies pour agir de façon intelligente : d'abord en réfléchissant ; ce qui est la voie la plus noble, ensuite en imitant ; ce qui est la voie la plus simple, et enfin en faisant des expériences propres ; ce qui est la voie la plus douloureuse ». De cette pensée du philosophe chinois Confucius, les organisateurs du colloque international sur la Social-Démocratie ont choisi la première assertion pour cogiter sur le modèle de gestion politique pouvant servir de fondement à la République démocratique du Congo et de garantie l'épanouissement des Congolais.
En fait, la RDC, en renaissance et engagée dans un processus électoral, se doit de réfléchir sur le système idéologique qui serait le meilleur pour un développement global et solidaire. Pour le cabinet du chef de l'Etat, organisateur de ce colloque tenu du 23 au 25 juin dernier à l'Hôtel Memling de Kinshasa, le modèle qui serait le mieux indiqué au Congo-Kinshasa est la Social-Démocratie. Et donc, les personnalités du monde scientifique devraient éclairer sur le soubassement de ce système idéologique.
Dans le lot des orateurs à ce colloque, Mabi Mulumba s'est arrêté à présenter les éléments et principes de base de l'économie de marché. De son intime conviction, il soutient que « l'économie sociale de marché est un système visant une recherche permanente de la combinaison la plus efficace entre la performance optimale qu'on peut atteindre grâce au mécanisme du marché, d'une part, et la sécurité et la justice sociale d'autre part ». Il précise que « la sécurité et la justice so ciales ne sont pas concevables à long terme en l'absence d'une performance économique ou croissance satisfaisante ».
SOLIDARITE COMMUNAUTAIRE
Les éléments et principes économiques de l'économie sociale de marché sont notamment la concurrence effective, la stabilité monétaire ou la propriété privée. La concurrence effective suppose «le refus des monopoles publics ou privés». Il faut donc mettre en place une vaste politique de concurrence. Bien entendu la concurrence parfaite n'existe pas, cependant la concurrence n'a pas besoin d'être absolue, mais elle doit être suffisante, effective et praticable. Parmi les éléments et principes sociaux, le professeur Mabi a noté la sécurité sociale et la justice sociale.
En effet, la sécurité sociale est assise sur le principe que la communauté doit assurer la sécurité contre les risques élémentaires de la vie. Ainsi, tout individu, dans une économie sociale de marché, doit bénéficier de moyens nécessaires pour mener dignement sa vie, lorsqu'il devient vieux et ne peut plus travailler pour gagner sa vie ; lorsqu'il est atteint de maladie pendant une longue période ; en cas d'accident qui le rend invalide ou lorsqu'il perd son emploi.
Aussi, dans ce système économique, est-il organisé un système de sécurité sociale, d'assurance maladie et de caisse de chômage auquel contribuent le gouvernement, les employeurs et, substantiellement, les bénéficiaires potentiels eux-mêmes au cours de leur vie active.
En outre, les relations entre l'économie sociale de marché et l'organisation politique impliquent impérativement l'existence des partis politiques indépendants, la séparation classique de pouvoirs, la forte décentralisation du pouvoir étatique, le respect de la subsidiarité, c'est-à-dire l'Etat doit laisser opérer autant que possible l'initiative privée et s'en tenir au principe « autant de marché que possible, autant d'Etat que nécessaire ». Tout autant, si l'Etat doit intervenir, il doit le faire d'une manière qui n'affecte pas le jeu du marché, agir comme promoteur et protecteur des principes de base, sauvegarder la justice et la sécurité sociale et établir un cadre juridique qui garantisse le bon fonctionnement du mécanisme du marché et de la paix sociale.
C'est autant de préalables pour l'avènement d'une économie sociale de marché. Notons que la RDC a opté pour une économie libérale depuis 2001, juste après l'avènement du président Joseph Kabila.
Le revirement à une économie sociale de marché nécessite donc des réformes, notamment économiques, mais aussi l'Etat devrait être réhabilité de manière à agir efficacement conformément aux principes de base de l'économie sociale de marché. Le premier pas dans cette perspective est sans doute le succès dans les prochaines élections souhaitées démocratiques et transparentes.
Amedee Mwarabu Kiboko
Kinshasa, 28/06/2006 (LP/MCN, via mediacongo.net)