12.05.08 Pétrole : 1000 Milliards de dollars d'ici 2025. La hausse ne profite pas à tout le monde (ACi)

C'est le souhait des représentants gouvernementaux et
organismes internationaux réunis la semaine dernière à Libreville pour un
séminaire sur les contrats pétroliers dans le golfe de Guinée.

Un paradoxe: alors que le prix du
baril flirte avec les 120 dollars, les populations des pays producteurs du golfe
de Guinée sont confrontées à des problèmes de cherté de la vie.

De plus, les Etats, contrairement aux majors pétroliers qui ont dévoilé
des comptes florissants ces derniers jours, se plaignent de ne pas suffisamment
bénéficier dans leurs recettes de l'envolée des cours.

"Il
y a une augmentation exponentielle du prix du pétrole et (…) on ne voit pas
ressortir ce gain de manière effective et en rapport avec une telle
augmentation",
affirme Charles
ALLOGHO
, conseiller technique au ministère des Mines et du Pétrole du Gabon, un des gros producteurs de la
région, qui note qu'il n'y a pas une corrélation proportionnelle entre les
recettes nouvelles des compagnies pétrolières et celles des Etats.

"Il
faut mettre en place des dispositifs qui prévoient ces profits ou super –
profits",
ajoute ce spécialiste qui s'interroge: "il
faut voir comment l'Etat peut bénéficier de l'augmentation des prix sans passer
par une aggravation fiscale
" sur les compagnies pétrolières.

Dans
ce milieu très fermé, un fonctionnaire d'un pays Africain glisse sous couvert de
l'anonymat: "Les pétroliers, quand ça va mal, ils
viennent voir l'Etat et disent +on ne peut pas continuer comme ça+ et l'Etat
renégocie les contrats. Mais, là, avec le baril à 120 dollars, il n'est plus
question de renégocier".

"Les
grandes entreprises pétrolières ont l'habitude de négociations (de contrats) et
ont des moyens financiers sans commune mesure avec les pays en voie de
développement. On voulait transmettre des connaissances afin d'aider les pays à
mieux négocier leurs contrats",
souligne Olivier FREMOND, représentant au Gabon de la Banque mondiale (BM), qui a organisé
le séminaire.

"Les négociations sont âpres et
difficiles",
rappelle Florent
Michel OKOKO
, conseillé aux hydrocarbures du ministère de l'Economie du Congo-Brazzaville.
"Nous ne sommes pas dans un combat mais
(…) Total ne fait pas de cadeaux et les autres pétroliers non plus. Nous
devons faire en sorte que les Etats agissent de même",

ajoute-t-il.

L'autre problème concerne la redistribution des surplus
générés par la flambée des prix.

Pour Olivier FREMOND, avec l'actuel niveau
des cours,
"le revenu de la rente pétrolière de ces
Africains n'a jamais été aussi élevé. Et ce revenu n'était pas attendu. Donc, il
y a un excédent de ressources qui offre une opportunité extraordinaire de
combattre la malnutrition, les maladies et la pauvreté de manière
générale".

"Mais, on doit rester humble. Quand on
regarde la manière dont la rente pétrolière a été utilisée par les pays
d'Afrique subsaharienne ou d'autres pays en voie de développement, on note (…)
que c'est difficile de bien l'utiliser (…). On a tendance à s'endetter de
manière importante",
explique le représentant de
la BM.

"C'est

difficile d'introduire de la bonne gouvernance dans les pays
pétroliers",
ajoute-t-il.
"Il
faut utiliser les rentes pétrolières de manière plus efficiente avec plus de
transparence".

A long terme,
1.000 milliards de dollars doivent entrer dans les caisses des Etats du golfe de
Guinée d'ici à 2025
, selon "des
estimations raisonnables"
de Banque mondiale. "C'est une manne gigantesque",
conclut M. FREMOND,
"et il vaudrait
mieux s'en servir bien, car c'est une opportunité qui ne reviendra
pas".

 

AFRIQUE CENTRALE
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