Bibliologie de la RDC

L’objet de cet ouvrage est de faire le bilan de la
situation des bibliothèques, du livre, de écrit n général, et des
nouvelles technologies de l’information et de communication en
République démocratique du Congo. La démarche est inédite : aucune
entreprise de ce type n’a pas été menée dans ce pays, sur ce pays,
malgré l’importance prise depuis des décennies la recherche dans ces
domaines.

La République démocratique du Congo constitue en effet
un champ propice au développement de la bibliologie (la science
générale de l’écrit) (bibliothéconomie, archivistique, sociologie du
livre. etc.). La RDC constitue à ce jour un noyau de rayonnement
important de ces disciplines en Afrique centrale. Il convenait de
soutenir ces actions indispensables au développement des bibliothèques
et plus largement à la diffusion et à la consommation de l’écrit, donc
de la culture : la condition sine qua non du développement sociale de
toute nation.

Le colloque international de Kinshasa tenu du 2è
novembre – 3 décembre 2004 a un sens, celui de la pénétration
progressive et périodique de la bibliologie en Afrique, considérée
comme la science de l’écrit et de la communication écrite et l’une des
sciences de l’information et de la communication. Tout semble s’être
passé comme si, dans l’univers géographique francophone africain, la
bibliologie s’était développée selon un axe nord-sud.

La première phase correspond à l’Afrique francophone et
arabophone. Il s’agit de l’Afrique du Nord et plus spécialement de
l’Algérie, de la Tunisie et du Maroc.
La seconde phase a concerné, principalement, les pays de l’Afrique
occidentale francophone. Il s’agit d’étudiants africains venus en
France : Henri Sène et Dominique Zidouemba pour le Sénégal ; Gilles
Vilasco et Konaté Sié pour la Côte d’Ivoire, Fanny Lalande-Isnard et
Emile Okomba pour l’ensemble de l’Ouest africain, etc.

La troisième phase actuelle de la pénétration de la
bibliologie en Afrique paraît être la RDC. La bibliologie atteint le
cœur de l’Afrique
La bibliologie est l’un des sciences où la problématique de définition
constitue un axe de débat et de recherche très important. La recherche
actuelle nous offre plusieurs définitions qui sont à comparer : les
définitions de Robert Estivals, de Jacques Breton et de Jean Meyrat.

Grâce à ses découvertes, l’évolution de la bibliologie
se rapporte en deux phases : celle de la description (XIXe siècle) et
celle de la science (XXe siècle). Le premier schéma linéaire de l’étude
de l’écrit forme la boucle allant de l’auteur au lecteur en passant par
les intermédiaires qui sont l’éditeur, l’imprimeur, le libraire et le
bibliothécaire. La phase scientifique consacre Paul Otlet comme l’un
des premiers théoriciens de la bibliologie scientifique. Toute son
œuvre est concentrée sur le livre, la documentation et l’information.

Grâce à ses recherches, la bibliologie, d’une science
descriptive, encyclopédique et historique, devient une science
d’observation, une science générale.
Il est nécessaire de rechercher la pensée africaine à travers les
publications philosophiques des Facultés catholiques de Kinshasa. La
position de Mgr Tshibangu Tshiku est claire et sans équivoque : « Les
Africains sont souvent très brillants dans les disciplines comme la
philosophie spéculative, les sciences mathématiques, la physique
théorique et les théories scientifiques en général. Par contre, en
dépit de la tendance de leur esprit au concret, ils s’astreignent moins
aux études minutieuses de détail, ils sont moins positivistes. Or les
données scientifiques s’enrichissaient par l’effort patient de
l’observation inductive …

Kibanda Matungila a fait le point de la recherche sur
la communication écrite chez les groupes Kongo « Bawoyo, Baka Kongo et
Bavili » de la côte atlantique (République Démocratique du Congo,
Angola, Congo). Le nouvel éclairage théorique que la recherche sur le
système graphique Kongo projette sur le concept même de « culture
orale » et sur le débat de l’anthropologie classique – au sujet des
conditions intellectuelles de l’élaboration de l’alphabet, du
développement du métalangage et donc de l’émergence de la tradition
scientifique dans les sociétés antiques (Marcel Cohen et Jack Goody) –
a clos cette intervention.

Aucun chercheur sérieux ne peut mettre en cause
l’existence de l’écriture dans la société Kongo selon K. Matungila qui
soutient que la culture Kong est essentiellement orale ou une culture à
tradition orale.

Généralement, on présente l’écriture comme la condition
du développement de la pensée scientifique. Le cas de l’écriture Kongo
montre que si cette condition Kongo. Il a est nécessaire, elle n’est
pas suffisante. C’est pourquoi le schéma de Robert Estivals, qui
consiste à considérer les conditions sociales et les cadres sociaux de
production de l’écriture constitue, selon K. Matungila, l’approche la
plus pertinente pour aborder cette question.

Jean-Pierre Manuana a proposé une interprétation
bibliologique des publications périodiques sur le Congo Kinshasa à
l’époque coloniale. Par contre, Mbelolo Ya Mpiko a étudié l’impact de
l’écrit sur la communication interculturelle au Royaume Kongo. Il a
choisi le cas du catéchisme Kikongo de 1624.

Ont été traité dans ce livre plusieurs thèmes fort
intéressant : La librairie en République Démocratique du Congo : les
problèmes de diffusion du livre en RDC, Livre et société en RD-Congo ;
la prépondérance du livre religieux et du manuel scolaire dans
l’édition congolaise. Georges Mulumba Kalongo s’est livré à l’étude
bibliométrique de la production de la bibliothèque nationale du Congo
(2000-2004). La problématique de la lecture dans les bibliothèques
universitaires de Kinshasa est abordée par Tshimenga Kazadi. Les
archives et les bibliothèques constituent un patrimoine documentaire de
l’humanité à sauvegarder, selon Antoine Lumenganeso Kiobé.

La bibliologie est une discipline millénaire. Dans ce
grand pays, la République Démocratique du Congo et, surtout dans la
capitale, les intellectuels ont un grand appétit de lecture mais
manquent de livres. De plus, les structures de lecture (les
bibliothèques) ne sont pas organisées en réseau. Ce livre où
fourmillent des contributions de haute facture intellectuelle mérite
d’être lu.

Amady Aly Dieng

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