10 Questions à Jean-Pierre François Nimy Nzonga

Le
nom de Nimy résonne comme un tocsin dans la torpeur culturelle de la
société congolaise d’aujourd’hui. Il suffit de se remémorer l’existence
du roi ne kongo, Nimi a Lukeni, pour entrevoir toute la grandeur d’un
patronyme qui renvoie à cette homonymie. En effet, une famille
congolaise d’aujourd’hui présente une sorte de prédisposition à un
extraordinaire destin.

Nous avons rencontré Jean-Pierre François Nimy Nzonga. Politologue,
historien et écrivain, il est diplômé des universités belges. Licencié
en Sciences politiques et diplomatiques de l’Université Libre de
Bruxelles (ULB), détenteur d’une licence en Histoire de l’Université
Catholique de Louvain-La-Neuve (UCL), il vient de publier aux éditions
Academia Bruylant un monumental dictionnaire de la musique congolaise
moderne et prépare des essais à paraître incessamment.

Président de CEDEM (Culture, Education, Développement et Démocratie),
une ASBL basée à Bruxelles, il est le promoteur d’un Musée d’histoire
de la musique congolaise. Conférencier et Consultant, il collabore aux
émissions culturelles de la Radio Télévision Belge Francophone (RTBF)
et a publié de nombreux articles dans la presse écrite. Ancien membre
du gouvernement en qualité de Secrétaire d’Etat à l’information et
mobilisation, il a été également Responsable numéro1 de la Jeunesse
nationale et a siégé comme haut cadre dans de très hautes instances de
son pays, le Zaïre, redevenu République Démocratique du Congo. Il n’est
pas le seul dans une fratrie de 10 sœurs et frères dont le moins que
l’on puisse dire est que tous ont très bien réussi leur vie.

Regardez
plutôt. Parmi les sœurs, l’aînée, Monique Nimy Moanda, décédée en 1996,
fut Présidente de l’Association des Femmes Commerçantes du Zaïre
(AFECOZA). La seconde, Béatrice Lunama-lu-Nimy, a accédé au plus haut
poste de la Fonction Publique alors première femme nommée Secrétaire
Générale du département des Affaires sociales, grade qu’elle va garder
jusqu’à son décès en 1983. La troisième, Florentine Nimy Phaka encore
en vie, a été députée nationale et est également connue comme l’une des
premières infirmières du Congo, diplômées de l’Ecole d’Assistants
Médicaux pour Indigènes (Ecole AMI) à l’époque coloniale. La quatrième,
madame Bernadette Nimy Lenoir est licenciée en Criminologie de
l’Université Libre de Bruxelles (ULB) ensuite Docteur en Criminologie
de l’Université Catholique de Louvain-La-Neuve (UCL). Sous l’égide du
parquet général de la République, elle fut Secrétaire Générale de
l’Aide à l’enfance défavorisée (AED). Elle est actuellement professeur
à l’Université de Kinshasa.

La cinquième est parmi les
premières femmes congolaises régentes littéraires. Diplômée du Régendat
de Loverval (Belgique), Stéphanie Nimy Konde Vila Ki Kanda, l’humaniste
de la famille, a enseigné au prestigieux Lycée du Sacré-cœur (actuel
Lycée Bosangani) à Kinshasa.

Cinq garçons, tous universitaires diplômés, parmi lesquels trois
juristes renommés : Me José Patrick Nimy Mayidika Ngimbi, avocat et
ancien vice-premier ministre et directeur du Bureau du Président Mobutu
; Me Roger Nimy (Bouboule), décédé en 2006, avocat et ministre du
gouvernement Kabila sous la formule 1+4, particulièrement connu pour sa
fougue et son esprit critique qui lui ont valu les foudres du pouvoir ;
Me Romain Nimy, le benjamin, avocat et ancien ministre de l’Agriculture
au Congo, toujours sous la formule 1+4, actuellement Sénateur.
Christian Nimy Taty est licencié en Relations Internationales de
l’Université de Lubumbashi et diplômé en Management Supérieur au Centre
d’enseignement supérieur des affaires (CESA) de l’institut des hautes
études commerciales (HEC) à Jouy-en-Josas en France.

Outre
ses fonctions de conseiller au Conseil Législatif (Parlement), il est
spécialiste dans la gestion des projets et a dirigé des grandes unités
agro-pastorales dont la Scam/Tshela, la Compagnie forestière et
agricole du Mayumbe (Agrifor) et le Groupe agro-pastoral (Gap) où il
fut successivement Directeur, Directeur Général et Secrétaire Général

1.
Réveil FM : Au regard du pedigree des membres de votre famille, on
s’aperçoit que vous-même ainsi que les autres avaient choisi des
filières intellectuelles éloignées des arts. D’où vous est venue alors
l’idée d’écrire une somme sur les musiciens ?

 

Jean-Pierre François Nimy Nzonga: Sans doute, je n’ai pas suivi
un cursus universitaire en arts mais je n’ai pas été non plus
complètement étranger au monde des arts. Dès mon jeune âge, j’ai été
familiarisé à la pratique de certains instruments notamment la guitare
et le piano. L’étude du solfège m’a ouvert l’esprit et a accéléré ma
maîtrise de l’art instrumental, aidé des anciens.

Plus tard, je
serai grâce à un certain concours de circonstances (études à l’étranger
et nostalgie du pays d’origine) l’un des fondateurs d’orchestres de
jeunes en Belgique pour égayer les loisirs d’une diaspora à majorité
congolaise.

Aujourd’hui, cet amour de la musique repose sur de
solides connaissances en musicologie, renforcées par l’apprentissage au
maniement d’instruments tels le saxophone, la flûte traversière, etc.
ainsi que l’acquisition des notions approfondies d’harmonie.

Cela
dit, je suis un féru de toutes les musiques mais je ne me considère pas
comme un musicien. Seulement, le souci de pérenniser l’histoire et une
culture musicale approfondie – qui comprend bien aime bien – fait que
je veuille illustrer mon penchant par l’écriture.

 

2. Réveil FM : Depuis la parution de « Dictionnaire des
Immortels de la musique congolaise moderne », vous voyagez souvent en
Afrique. Quels sont les objectifs de ces fréquents périples sur le
continent ?

 

Jean-Pierre François Nimy Nzonga: Ces voyages sont pour moi
l’occasion de faire la promotion de mon livre dans les principales
capitales d’Afrique noire. En République Démocratique du Congo comme
ailleurs en Afrique, je recense les opportunités de faire connaître
davantage les musiciens congolais et leurs immenses possibilités
artistiques.

Pour le moment et un peu dans la foulée d’une
entreprise promotionnelle, je me propose de jeter à quelques encablures
de la ville de Boma, dans la province du Kongo central, les fondations
d’un musée consacré à la musique congolaise moderne avec deux niveaux
essentiels : un compartiment historiographique et un autre qui consacre
le dynamisme de cette musique.

 

3.Réveil FM : Combien de temps avez-vous mis dans l’écriture du
livre et quelle est votre opinion sur les conditions de vie des
musiciens congolais ?

 

Jean-Pierre François Nimy Nzonga : C’est depuis très longtemps
que l’idée trottinait dans mon esprit. Mais, toutes les étapes de la
réalisation du « dictionnaire » à savoir la récolte des données qui
m’ont valu plusieurs voyages à Kinshasa et Brazzaville, les
recoupements nécessaires (recherches en bibliothèque, vérification des
sources, interviews des artistes, etc.) et l’écriture proprement dite
m’ont pris près de sept années.

Quant aux conditions de vie des musiciens, c’est un problème grave que
j’ai traité longuement dans le « Dictionnaire des Immortels de la
musique congolaise moderne ».

Cette
question sensible a des racines qui plongent loin dans le temps. En
résumé, les causes dans l’histoire sont de nature à la fois
anthropologique et psychologique : les musiciens n’avaient peut être
pas conscience qu’ils faisaient un métier tant il est vrai qu’aucune
structure leur reconnaissant des droits spécifiques n’existait et
qu’eux-mêmes ne réalisaient pas bien que leurs œuvres fussent des
créations dues à un génie personnalisé.

Le paternalisme
colonial exploita à fond cette faiblesse, ce qui permit aux sociétés
phonographiques tenues par des hommes d’affaires européens de traiter
les musiciens qu’ils engageaient, pour des enregistrements en studio,
en enfants taillables et corvéables à merci. Aucune perspective ne
s’ouvrit donc à ceux-ci en termes de droits d’auteurs.

Après l’indépendance, le mal ne fut pas pour autant extirpé. L’absence
d’organisation efficace de type syndicat professionnel en mesure de
structurer leurs revendications est symptomatique d’un état d’esprit
qui est nourri par l’individualisme forcené des musiciens. Les
associations à caractère socioculturel du genre Umuza (Union des
musiciens du Zaïre), Umuco, dans la mesure où elles englobent à la fois
patrons et musiciens salariés ont tôt fait d’annihiler toute conscience
de classe.

Ainsi,
peut-on dire sur ce point : avant l’indépendance est, mutatis mutandis,
semblable à la période qui suit l’indépendance ! Le contexte politique
y est pour quelque chose dans cette dépersonnalisation du musicien et
sa paupérisation continuelle. La tendance à l’utilisation des virtuoses
de l’art d’Orphée comme des agents de la propagande politique demeure
dramatique.

Le rôle de l’Etat en tant que soutien en amont de tout ce qui sert les valeurs fondamentales de la Nation n’apparaît pas.

Et
pour ce qui est des auteurs compositeurs, l’on se doit de souligner le
rôle presque insignifiant joué par des sociétés telles la Société des
auteurs et compositeurs congolais (SACO), l’Office national des droits
d’auteurs (ONDA) jusqu’à la Société nationale des éditeurs,
compositeurs et auteurs (SONECA).

Ce n’est pas un hasard si des
noms parmi les meilleurs créateurs congolais de musique prennent le
risque de s’exiler ou de s’affilier à des organismes étrangers de
droits d’auteurs tels la Sabam (société belge) ou la Sacem (société
française). Cependant, il convient d’insister sur le côté émancipateur
de tout art dont la pertinence tient dans ce qu’il représente la part
la plus noble de l’homme à savoir, sa liberté.

Tout artiste est
par essence un homme libre sur lequel ne devrait pas peser l’hypothèque
de l’asservissement à n’importe quelles forces : qu’elles s’appellent
Argent ou Pouvoir. Dans cette perspective, les musiciens congolais qui,
dans leur majorité, sont des créateurs de talent, peuvent s’organiser
mieux qu’ils ne le font aujourd’hui en commençant par se donner une
discipline personnelle et une bonne gouvernance dans la gestion des
acquis de leur travail artistique. Se moderniser signifie également
cela. Evidemment, les difficultés qu’ils rencontrent quotidiennement ne
leur sont pas toutes imputables.

L’Etat congolais doit prendre
conscience du rôle déterminant de tous les arts en général et de la
musique en particulier dans l’élévation du niveau de conscience des
hommes appelés à se civiliser davantage, devenant ainsi les garants
d’une société libérée de la misère morale et matérielle. Et, il doit
agir dans l’intérêt général du pays, non pas de manière superficielle
ou ponctuelle (quelques millions de dollars par ci, par là) mais par
une politique culturelle qui s’intègre réellement dans la stratégie
globale du développement du Congo.

 

4. Réveil FM : Le style actuel des musiciens congolais
privilégie-t-il l’aspect commercial au détriment d’une musique qui peut
divertir en même temps qu’elle civilise les mélomanes ?

 

Jean-Pierre François Nimy Nzonga: Le style, dit-on, est l’homme
même. Sur ce plan, on ne peut se plaindre de la créativité de nos
musiciens qui ont, bien avant beaucoup de leurs confrères du continent
africain, sorti l’art musical d’une sorte de fonctionnalité : ce qui se
rapporte à des multiples usages religieux ou sociétaux en général dans
une culture traditionnelle et qui s’englue dans le folklore.

Il
est vrai qu’envahis comme tout le monde par la vague consumériste
(acquérir le plus de biens matériels possible, paraître riche affublé
de beaux atours – vêtements et voitures dernier cri -), certains
musiciens se laissent tomber dans le circuit de la création «
alimentaire » et perdent pied sur un terrain où leurs aînés furent les
maîtres il y a quelques années : celui de l’originalité mélodique et
rythmique.

L’absence de textes dignes de ce nom y est pour
beaucoup, ceux-ci étant souvent remplacés par des onomatopées et une
litanie des noms des distributeurs d’étrennes, litanie égrenée en guise
de phrase musicale. Souhaitons que cette situation ne s’éternise pas et
ne bloque pas les avancées constatées de la part de quelques musiciens
de la jeune génération qui brillent dans un registre nouveau où il
n’est plus simplement question de « soukous » ou « ndombolo » pour
exprimer l’identité de la musique congolaise moderne.

5. Réveil FM : Il existe, certes, une place des artistes à
Kinshasa au rond point de la Victoire. Vous venez de publier un
dictionnaire des Immortels de la musique congolaise moderne.
Envisagez-vous d’autres lieux de mémoire pour honorer ad vitam eternam
les œuvres et la vie de ces hommes et femmes qui ont porté haut
l’étendard de notre pays ?

 

Jean-Pierre François Nimy Nzonga : Certainement. Je me bats à
l’heure actuelle ainsi que je l’ai dit plus haut pour ériger un musée
de la musique congolaise moderne qui sera la première infrastructure de
ce genre existant en R.D.C. Ce projet difficile et onéreux ne m’effraye
pas car rien n’est assez cher pour celui qui veut entreprendre quelque
chose de grand.

C’est le président Kennedy qui a dit un jour :
« Ne vous demandez pas ce que votre pays fait pour vous mais
interrogez-vous sur ce que vous pouvez faire pour lui ».

 

6. Réveil FM : Après le dictionnaire des Immortels, avez-vous d’autres projets d’écriture en vue ?

 

Jean-Pierre François Nimy Nzonga: Sans doute. J’ai en chantier
un essai qui se situe au carrefour de l’Histoire, de la Politique et de
la Musique en République Démocratique du Congo. Et cela, depuis la
période coloniale (1950) jusqu’à nos jours. Sa publication est
imminente.

 

7. Réveil FM : À partir de la Belgique, pensez-vous à d’autres contributions dans le cadre du développement du Congo ?

 

Jean-Pierre François Nimy Nzonga: En ce moment, mes
préoccupations sont évidemment celles de tout citoyen que la situation
politique, économique et sociale de la R.D.C. place dans une grande
perplexité.

Mais je suis également un homme de culture dont la
vision intègre plusieurs dimensions dans la recherche des possibilités
de développement du pays. Dans ce sens, je tire le plus grand bien de
ma formation de politologue et d’historien en donnant des conférences
et en participant régulièrement à des émissions sur l’histoire du Congo
notamment à la Radio Télévision Belge Francophone (RTBF).

Plus
encore, je dirige une association sans but lucratif dénommée CEDEM qui
signifie Culture, Education, Développement et Démocratie. C’est tout
dire.

 

8. Réveil FM : Vous avez été membre du gouvernement et d’autres
institutions politiques au sommet de l’Etat. Avez-vous décroché
complètement de la politique pour vous consacrer à l’écriture ?

 

Jean-Pierre François Nimy Nzonga: Evidemment pas. D’un point de
vue général, nul ne peut ignorer la politique dans la mesure où elle
est la seule activité humaine qui nous permet de nous occuper vraiment
de ce qui nous regarde selon l’expression du philosophe et humoriste
français Alphonse Allais.

En ce qui me concerne, je voudrais
bien continuer à servir mon pays et la politique m’offre l’occasion de
me hisser à un diapason élevé des valeurs de la société. Non pas comme
la situent certains, à l’échelle de l’assouvissement des besoins de
puissance et d’accomplissement personnel. La politique est, en effet,
le lieu géométrique du destin de la Cité laquelle pousse les hommes à
donner le meilleur d’eux-mêmes.

 

9. Réveil FM : Avez-vous une opinion sur la manière dont les Congolais en général appréhende leur rapport à la Culture ?

 

Jean-Pierre François Nimy Nzonga: Je dirais carrément que la
Culture n’est pas à l’évidence une denrée valorisée par les pouvoirs
publics au Congo. Il suffit de se référer, en dehors de la place
accordée au ministère de la Culture dans la hiérarchie gouvernementale,
au budget squelettique qui lui est adjugé.

Dans ces conditions,
on peut comprendre que le sentiment nationaliste ou patriotique qui est
différent du nationalisme borné, soit si élimé de nos jours.

L’absence d’une politique culturelle va curieusement de pair avec la
paresse intellectuelle qui affecte les classes d’influence et qui
s’explique par la sécheresse dans la production (très peu écrivent et
publient ; les difficultés économiques du pays n’étant pas seules en
cause). Aucune stratégie d’envergure ne survient pour résoudre nos
problèmes fondamentaux alors que le pays regorge d’universitaires dans
tous les domaines du savoir.

Voilà ce que nous coûte le manque
d’une impulsion essentielle qui viendrait dynamiser le génie culturel
d’un pays riche en ethnies et dialectes divers. Pour renverser cette
propension au « crétinisme », il faut un contexte, un programme
crédible et des crédits suffisants.

Y arrivera-t-on un jour ?
Il le faut absolument car ne dit-on pas que la Culture est au début et
à la fin de tout développement !

 

10. Réveil FM : Pour terminer comme nous avons commencé, pouvez-vous nous dire de qui votre famille tient-elle de tels atouts ?

 

Jean-Pierre François Nimy Nzonga: Aussi loin que remontent mes
souvenirs, je me sens proche d’un père auquel je reste redevable de
tout ce que je suis. Il reste un aiguillon dans ma vie présente, le
modèle à suivre.

Deux faits m’ont marqué à jamais. Le premier
est la place qu’il a donnée à l’effort intellectuel dans l’éducation de
ses enfants. On peut dire que cela coulait de source car il est
lui-même un fin lettré qui a bénéficié d’une formation en philosophie
et en théologie (l’enseignement supérieur était réservé dans la
première moitié de l’histoire du Congo belge aux Congolais se destinant
à la prêtrise).

Soulignons, à cet égard, qu’il fut notamment le
professeur de latin de Joseph Kasa-Vubu, premier Président de la
République, ancien séminariste lui aussi et du cardinal Joseph Albert
Malula, Archevêque de Kinshasa, tous deux décédés. Le deuxième ressort
d’une exceptionnelle vision de l’avenir. Issu de l’ethnie Kongo

qui
consacre le matriarcat, mon père agira en toute autonomie et prendra le
contre-pied de bien de ses congénères lesquels sacrifiaient pour
beaucoup à une pratique traditionnelle où les enfants se rattachent à
leurs oncles maternels.

Tout aussi perspicace en ce qui
concerne l’éducation des filles, il mit son point d’honneur à balayer
d’une main ferme les préjugés en leur défaveur dont le caractère
absurde apparaissait nettement dans les clivages opérés par le pouvoir
colonial entre l’enseignement des filles et celui des garçons. Bref,
nous tous, filles comme garçons, avons été logés à la même enseigne :
inscriptions dans les meilleures écoles de la capitale et de
l’arrière-pays, Collège Albert Ier de Kinshasa et de Mbanza-Mboma pour
les garçons, Lycée du Sacré- Cœur de Kinshasa et de Mbanza-Mboma pour
les filles.

Avec constance, il nous inocula sa grande sagesse
en même temps qu’il faisait de nous des êtres humains responsables,
indépendants les uns des autres, aptes à réfléchir par eux-mêmes
c'est-à-dire des gens qui disposent d’une tête bien faite.

Ce
recours permanent à l’excellence a cheminé avec nous à travers toute
notre vie, du cursus universitaire jusqu’aux hautes fonctions que nous
avons occupées ; et, cela restera comme une étoile agrippée au
firmament de nos vies.

Je n’oublie évidemment pas sa compagne,
notre mère, qui fut sa conseillère très écoutée et qui, à 93 ans au
jour d’aujourd’hui, nous comble de sa présence.

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