RECENSION : Isidore Ndaywel è Nziem : « Histoire générale du Congo. De l’héritage ancien à la République Démocratique »


Publication utile

Ce
n’est pas que l’histoire africaine ne fasse pas l’objet d’études et de
publications. Au contraire, et la part des Africains eux-mêmes dans ces
publications est loin d’être négligeable. Mais il se publie surtout des monographies, des articles de revues, des
contributions à des ouvrages collectifs dont, d’ailleurs, les plus intéressants
sont fréquemment des recueils en hommage au dernier africaniste décédé. De là à
penser que, quand un africaniste demande à un confrère un peu âgé des nouvelles
de sa santé, c’est qu’il a dans ses tiroirs un article intéressant…

La matière historique africaine se trouve donc dispersée dans une multitude
d’ouvrages de petite dimension, parfois techniques et accessibles aux seuls
spécialistes. Si l’on tient compte, par exemple, de l’importance de
l’archéologie pour des régions où il n’y a pas de sources écrites, il est
dommage que l’étude de maints dépôts ne donne lieu qu’à la publication de
résultats qui tiennent du calcul logarithmique ou de la chimie organique plus que de la littérature. Il était donc des
plus souhaitables que ces multiples résultats épars soient traduits en langage
ordinaire, et que l’on fournisse un schéma général, une armature à laquelle
accrocher ces fragments pour que s’en dégage une forme générale.

Bien
entendu, si l’historien congolais est patriote et ne s’en cache pas, il n’a
aucunement la prétention d’imposer l’idée que le Congo ait existé avant 1885,
ou que quelque mystérieux décret de la Providence ait fixé de toute éternité
qu’il existerait un jour, dans ses frontières actuelles, un pays qui
s’appellerait le Congo. Ce qu’il écrit sur le Congo ancien doit être compris
comme ce que nous disons en parlant de « la Belgique du Moyen-Age ».
C’est d’autant plus vrai qu’il parle, comme il le dit, d’un pays « en
train de se faire », de la construction d’une nationalité qui est encore,
en partie, inachevée. Le fait que l’on puisse discuter de la valeur exacte à
accorder à tel ou tel élément de l’édifice, par exemple à l’aspect unificateur
de l’élément bantou, largement dominant parmi les populations du Congo,
n’enlève rien à la pertinence et, n’ayons pas peur des mots, à l’exactitude de
l’ensemble.

Il est hors de doute que dans les années qui viennent, il faudra à maints
endroits redresser un peu ce qui chez Ndaywel est un brin tordu, redessiner
telle chose que Ndaywel a laissée à l’état d’esquisse ; mais on ne remettra
pas en cause l’architecture d’ensemble de son livre, et c’est cet édifice,
précisément, plus que les détail de l’ornementation, qui en est le propos
principal.

Histoire ancienne

Pierre
Salmon lui décerne des éloges pour s’être détaché de la chronologie européenne
et j’avoue ne pas très bien voir pourquoi. Si l’Afrique était en Europe, je ne
puis m’empêcher de penser que cela se saurait et que, donc, Salmon enfonce
résolument une porte ouverte.

Je suppose que, tout de même, personne n’attendait d’un historien noir qu’il
réédite le début des « livres d’histoire du Congo » (de papa) pour
lesquels seul le Blanc a une histoire et l’histoire du Noir ne commence qu’à
l’arrivée du premier explorateur. A la lecture de ces ouvrages coloniaux, et à
lire le début presque rituel « Quand
les premiers navigateurs portugais…
 », on a l’impression que les Africains
étaient attroupés sur le rivage, attendant impatiemment que les Portugais
arrivent pour que l’histoire commence !

Et
pourtant, l’histoire ancienne est l’un des points où l’on reste sur sa
faim !

Le livre, d’un petit millier de pages,
est divisé à peu près en trois parties égales, qui vont respectivement des
origines à la colonisation, de la colonisation léopoldienne à l’indépendance et
enfin, du 30 juin
19
60 à la prestation de serment de Laurent-Désire Kabila. Il y a là
un déséquilibre dans le laps de temps représenté par chaque
« tranche », qui est encore aggravé par le fait que l’histoire plus
morcelée des périodes les plus anciennes réclamerait en principe davantage de
place pour être contée.

Les
ressources combinées de l’archéologie, de la linguistique et de la récolte des
traditions orales ne permettent guère d’établir quoi que ce soit d’un peu
précis avant l’an 1000 de notre ère. Mais, même si l’on sait peu, il aurait été
intéressant de mentionner ce « peu », quel que soit par ailleurs le
caractère théorique et un peu aléatoire de certaines reconstructions. Il
n’était d’ailleurs pas interdit, là où diverses théories s’affrontent, de les
citer sans choisir entre elles.

D’autre part, il est bien évidemment exclu que l’auteur d’une
« somme » quelconque ne soit pas, en grande partie, un compilateur.
Une Histoire Générale dépend toujours, en très grande partie, de travaux
antérieurs, plus restreints mais plus « pointus » et c’est même, nous
l’avons vu, encore plus vrai pour l’Histoire de l’Afrique que pour d’autres. Il
faut d’ailleurs rendre cette justice à Mr. Ndaywel, de dire que son patriotisme
et sa négritude ne l’ont pas fait tomber dans le « noirisme » ou dans
l’esprit cocardier. S’il cite avec fierté ses compatriotes, une bonne partie de
sa bibliographie se compose d’auteurs belges.

Il est cependant dommage, alors que précisément les auteurs africains qui ont
succédé à l’ethnologie belge ou plus généralement européenne après
l’indépendance, ont souvent affiné les analyses et, plus d’une fois, dénoncé
des regroupements arbitraires opérés un peu à la hâte par l’ethnologie
missionnaire et qu’ils ne pouvaient admettre du fait de leur connaissance plus
intime du terroir, il ait repris dans es grandes lignes la méthode de ceux-ci.
Une fois définie une grande zone géographique et culturelle, on étudie plus en
détail, pour chacune d’elle, un groupe (ou, dans le meilleur des cas, des
groupes)  que l’on considère comme particulièrement
« importants », « remarquables » ou « typiques »,
le reste étant censé se comprendre par
analogie avec ces groupes-là. J’avoue que, personnellement, l’une de mes
attentes, devant une « histoire africaine par un Africain » était de
trouver quelque chose d’innovant de ce point de vue, et que j’ai été un peu
déçu de me trouver devant du Vansina modernisé !

Mais,
même si les surprises que réserve l’africanité de l’auteur ne sont pas là où on
pourrait les attendre, elle en réserve d’autres au lecteur qui a tout lieu d’en
être ravi.

Ainsi a-t-il utilisé comme documents historiques les chansons populaires qui
font souvent allusion aux événements d’actualité. Il a également donné à cette
même musique sa véritable et importante place dans l’histoire de la culture
congolaise, de même qu’il a relevé l’aspect de véritables mises en scène artistique
que revêtaient, à l’apogée du règne de Mobutu, les « animations »
presque liturgiques montées autour du Guide. De cette même période également,
il relate la manière dont certains « Zaïrois » obligés de porter des
noms « authentiques » s’arrangèrent pour faire enregistrer des noms
qui, dans leur dialecte, signifiaient en fait des choses comme « Contre mon gré ». Le récit
de cette période est d’ailleurs particulièrement enlevé et l’on s’explique
aisément la verve de l’auteur si l’on considère qu’il avait alors entre vingt
et trente ans. Il y a des souvenirs de jeunesse derrière ces souvenirs
musicaux, et ils ne devaient pas être tristes…

Du bon usage des sources

Comme
je l’ai dit, une œuvre de cette envergure ne se fait pas sans compiler beaucoup
et, s’il n’avait été compilateur, Mr. Ndaywel aurait dû être un surhomme ou
n’aurait été qu’un farceur.

Il remet assez peu ses sources en question et l’on aimerait parfois en savoir
plus sur ce qu’il pense lui-même. Car sa neutralité, ou le respect qu’il voue à
ceux qu’il cite, confère parfois à son œuvre des aspects de
« patchwork ». Bien sûr, on ne saurait lui faire grief, pour
certaines pages de l’histoire coloniale, de dépendre de peu d’auteurs : il
n’y en a pas d’autres ! Il est tout à fait logique aussi, qu’on ne puisse
raconter l’histoire de la colonisation et de la décolonisation du Congo sans
croiser sans cesse l’œuvre de Jean Stengers. Et le respect se comprend devant
cet auteur, qui a à la fois de la méthode et du style. Mais il est aussi
« Historien du Roi » et cela pourrait expliquer certaines hésitations
qui l’amènent, devant les pages les plus noires de la colonisation de Léopold
II, à d’étranges réticences de la plume.

Parmi
les épisodes qui n’ont fait l’objet que
de peu de travaux scientifiques, il y a la « révolte des Batetela »,
dont la bibliographie récente se réduit à mon propre livre
(« Baoni ») et à une publication déjà un peu ancienne de Pierre
Salmon qui consiste surtout en l’édition des notes du Commandant Bodart. Le cas
du maquis du Kwilu et de Pierre Mulele est encore pire : le seul auteur
qui s’en soit occupé en détail est Ludo Martens, dont on peut soupçonner que
ses vues nt été influencées par ses propres vues idéologiques.

Dans l’un et l’autre cas, l’on en arrive à des choses un peu étranges. Mr.
Ndaywel partage visiblement mon opinion que qualifier de « rebelles »
ou de « révoltés » des gens qui se rebellaient contre un pouvoir
aussi illégitime et cruel que celui de Léopold II est excessif et qu’il valait
mieux reprendre le mot africain qui désigne des « hors-la-loi ». En
Kiswahili grammatical, cela se dit « wahuni », ce dont le kingwana,
ou kiswahili populaire du Congo fait « Baoni ». Un étrange scrupule a
cependant retenu l’auteur qui écrit, lui « Bauni », usant ainsi d’un
mot qui n’a jamais été usité nulle part !

Lorsqu’il relate l’épisode Mulele, Ludo Martens est amené par ses propres
convictions à faire de sn héros un marxiste-léniniste pur, dur et rationaliste.
Il affirme dès lors que Mulele n’a jamais ajouté aucun crédit aux pratiques
magiques dont ses partisans ont été notablement friands. Mr. Ndaywel, là,
consacre une note (page 619) à exprimer son scepticisme et donne, pour le
justifier, des raisons très valables, basées sur des pratiques qui avaient
cours dans l’univers tribal.  Mais il ne
voit pas que sa critique devrait avoir une portée beaucoup plus large et le
mener à se défier du dogme sous-jacent que l’efficacité du maquis muléliste[1]
a été due entièrement à l’idéologie maoïste rapportée d’un (bref) séjour en Chine. Ceci alors qu’un autre signe
distinctif de ce mouvement était de se dérouler en milieu rural, chez des
paysans prolétarisés sur leurs propres terres (traditionnellement collectives) concédées
à HCB (Unilever) et qui s’étaient révoltés déjà contre cette situation dans les
années ’30. Ils n’avaient donc pas besoin de la Chine pour savoir que la
propriété collective des moyens de production (à la campagne : la terre)
était de loin préférable à son leur appropriation privée : leur propre
histoire le leur avait enseigné. Leur « communisme » a donc été
beaucoup plus naturel et spontané que livresque et appris. L’auteur semble ne
pas l’avoir vu !

Est-ce
cette attitude parfois trop modeste de l’auteur envers ses sources, ou faut-il
incriminer cette même nostalgie des jeunes années qui peut l’avoir rendu si réceptif
à la musique « zaïroise » ? Toujours est-il que cette tendance à
« suivre le courant de la documentation » l’amène à beaucoup d’indulgence
pour le Maréchal Mobutu.

On ne saurait aller jusqu’à dire que, du temps du Guide il a avalé l’hameçon,
la ligne, la canne à pêche et même le Manifeste de la N’Sele avec l’appât. Il
dénonce certains faux-semblants et son admiration devant certaines « animations »
est esthétique. Mais il semble néanmoins n’avoir perçu que très imparfaitement que
les vues « libératrices » et « authentiques » de Mobutu n’étaient
qu’une mauvaise façade en stuc, qui couvraient des réalités plus solides et plus
substantielles : la reproduction, cette fois par des bourgeois locaux qui
n’avaient pas le tort d’être blancs, du système colonial et la kleptocrate
personnelle du « Père de la Nation » et de son entourage.

Il y a toutefois une partie de ses pages sur la période mobutienne dont, à l’heure
actuelle l’actualité s’éclaire d’une lueur sinistre. Il s’agit des pages qui
montrent que le problème des populations « zaïrwandaises » remonte
aux premières années de l’ère Mobutu. A
cette époque, en effet, la direction des services de la Présidence était entre
les mains de Bisengimana et ils étaient truffés de « ressortissants de l’Est du
Zaïre» à la nationalité équivoque, en partie sans doute parce que Mobutu s’est
toujours méfié des gens originaires de la partie orientale du Congo. Loin de
remonter au soi-disant « génocide » de 1994, le contentieux
Congo/Rwanda a ses racines dans les dernières années ’60.

Les Belges et le tribalisme

Les
événements de la période coloniale, eux, sont toujours plus ou moins mixtes,
belgo-congolais et, là aussi, il arrive que le lecteur belge ait des surprises.

Cette surprise consiste parfois en étonnement devant la manière dont certains
faits sont interprétés. Il se peut que
devant des faits exotiques (je veux dire belges, puisque l’on se place du point
de vue congolais !), l’information de l’auteur soit en défaut. Il se peut
aussi – et là, c’est plus louche – qu’un même fait ait reçu deux explications,
l’une à l’usage de la Belgique, l’autre, du Congo. Il se pourrait aussi que l’interprétation qui
nous est donnée, juste ou non, soit celle qui se répandit alors dans l’opinion
congolaise et qui, par conséquent, a fait réagir les masses populaires.
Malheureusement, on ne nous en dit rien !

Par contre, le fait que Ndaywel se sent « à distance » des
colonisateurs, bien plus que ne peuvent l’être les auteurs, même critiques, qui
sont les compatriotes de Léopold II, lui permet de mettre les points sur les
« I »,  là où nous serions
toujours tentés de mettre à nos propos un « bémol » pour ne pas être taxés,
sur le plan belgo-belges, de sectaires religieux… ou communautaires.

Il s’agit ici de certaines de ses évaluations de l’œuvre des missionnaires,
quant à l’indigence de l’enseignement et à la manière dont certains d’entre aux
comprirent la « défense des populations indigène » selon un
modèle si bien calqué sur le
« combat flamand » qu’elle a inculqué à ceux que ‘on voulait ainsi
défendre une conception de l’identité culturelle fermée sur elle-même, méfiante
devant toute ouverture, hostile à tout ce qui n’est pas elle-même et confondant
allégrement défense de sa propre identité et agressivité envers l’identité des
autres. Bref, ue attitude que l’on appellera ici flamingante, là-bas,
tribaliste.

Le
mot « tribalisme » est ainsi lâché et l’on sait que, dans les études
congolaises, c’est un peu la caverne du lion : beaucoup y entrent, mais
peu en sortent indemnes !

Il faut signaler, à ce sujet, une innovation, dont je ne sais si la paternité
revient à Mr. Ndaywel, mais qui en tous cas paraît heureuse et pourrait être
féconde en clarifiant le vocabulaire.

On sait qu’en français les mots « ethnie » et « tribu »
peuvent, en pratique, être employés l’un pour l’autre et ne se distinguent
qu’en ceci, que le mot « ethnie » est légèrement plus vague, désigne
une entité aux contours plus flous que la « tribu ».

Ces mots sont souvent utilisés avec un
parti-pris négatif. Il est plus courant d’entendre parler de « massacres
ethniques » que de « solidarité tribale ». Ce qui a amené
certains Africains a innover en matière de vocabulaire afin de manifester que
ces choses avaient peut-être un mauvais côté, en avaient aussi un bon, ce qui a
amené, par exemple, CK Lumuna-Sando à distinguer le (mauvais)
« nationaliltribalisme » du (bon) « nationalisme tribal ».

Dans
l’œuvre de Mr. Ndaywel, le mot « ethnie » est réservé aux entités
collectives antérieures à la colonisation, cependant que « tribu » et
surtout « tribalisme » désignent les regroupements souvent
arbitraires et presque toujours manipulés qu’a opéré le colonisateur et que les
colonisés ont ensuite suivis pour s’organiser, en particulier dans le milieu
urbain dit « extra-coutumier ». Le tribalisme devient ainsi la tentative
du Congolais loin de son ethnie pour trouver dans un autre univers des
« marques » qui présentent au moins quelque analogie avec son univers
ethnique familier. Ce qui le mènera à accepter l’étiquette vague de
« Luba » alors qu’il se serait, spontanément, inscrit comme
« mu-kwa-Kalonji », puis à porter le poids d’affection ou d’animosité
que cette étiquette déclenchera.

Histoire (presque) immédiate

Même
s’il ne s’agit que d’une révision en vue d’une réédition (nous aurons à y
revenir), les dernières lignes de l’ouvrage ont été écrites tout au plus un an
après les derniers événements relatés. (L’une des subdivisions de la conclusion
s’appelle, d’ailleurs « Combats Inachevés »). Si donc le livre a ses
racines aux origines, il appartient par ses dernières pages à ce qu’on appelle
parfois « l’histoire immédiate ». Il s’achève en effet avec la chute
de Mobutu et les premiers jours de la Troisième République.

Il
faudrait se livrer à une étude minutieuse des différences entre les éditions
successives pour savoir dans quelle mesure « L’Histoire du Congo » a
été un livre prémonitoire ou a simplement été adapté a posteriori. Toujours est-il que dans l’état
actuel du texte, il accorde une place à l’ensemble du parcours de deux hommes
qui souvent semblent être jaillis comme le lapin du chapeau d’un magicien, l’un
au moment de la CNS, l’autre de la guerre de l’AFDL. Je veux dire Etienne Tshisekedi
et Laurent Désiré Kabila, qui étaient pourtant l’un et l’autre « en piste »
dès 1960.

On rencontre donc, au fil du récit, Tshisekedi dès le Collége des Commissaires où, en tant que Commissaire-adjoint à la
Justice, il eut l’occasion de tremper ses mains dans le sang de Lumumba, dans
les différents postes où il a servi Mobutu avant de devenir son concurrent tout
en l’aidant, sans que l’on sache si c’était par complicité ou par tempérament,
à bloquer la CNS à partir de 1993, rendant ainsi une issue violente à la fois
fatale et légitime. On y voit aussi passer périodiquement Kabila,
invariablement rebelle à toute compromission, mais non à tout accommodement :
comme le montrent les documents[2]
cités dans l’ouvrage, le PRP avait offert d participer à la CNS, mais à des
conditions qui ne pouvaient être acceptées puisqu’elles auraient amené un
déblocage démocratique au lieu de la
paralysie dont tant de personnes faisaient leurs choux gras. Mr. Ndaywel fait d’ailleurs
remarquer que ces documents n’ont été connus qu’après la libération de Kinshasa !
 

Une meilleure explication nous est aussi fournie de la manière dont les contacts
ont pu s’établir entre lui  et certains
milieux en principe progressistes et panafricains d’Afrique de l’Est,
fréquentation dont il a pu tirer des espoirs trop optimistes quant à la loyauté
de certains partenaires.

 Deux
petites lacunes

L’édition
recensée ici est celle de 1998. L’ouvrage, auparavant « Histoire générale
du Zaïre », a été revu pour l’occasion et, disons le franchement, il a été
mal revu !

Edité pour la première fois sous Mobutu, il a commencé à ne parler que de Zaïre
et de zaïrois. A la disparition du Zaïre, l’intention de l’auteur (il le dit
lui-même dans une note,  page 665) était
de réserver dorénavant les termes de « Zaïre » et
« zaïrois » à la période mobutienne, et de restaurer ailleurs les
noms de « Congo » et « congolais ». Ce travail a malheureusement été fait de
manière très imparfaite, et l’on voit surgir des « Zaïrois »
inattendus… avant Léopold II. C’est un peu agaçant et cela pourrait induire des
lecteurs peu avertis à des méprises sur les dates.

D’autre
part, Mr. Ndaywel vit principalement en France et il semble en avoir adopté un
peu trop le vocabulaire. Précisons : le vocabulaire de la IV° République.
Cela nous vaut par moment de croiser des Belges ou des Congolais affublés du
titre de « Président du Conseil » alors que leur titre exact est
« Premier Ministre ». Comme « Président du Conseil » était
souvent abrégé en « Président» tout court alors qu’il y avait
concurremment un autre « Président» (de la République), cela peut mener à
des phrases où l’écolier distrait ne peut manquer de s’embrouiller un peu…

©
Guy De Boeck, le vendredi 23 janvier 2009

 

 

 

 



[1] Il a duré bien plus longtemps que ceux de l’Est
(« Simba »), alors qu’il était bien moins armé et avait beaucoup plus
de difficultés à s’approvisionner .

[2] Si la lettre à la CNS a toutes les apparences
de l’authenticité, j’avoue être perplexe devant le texte qui aurait été
prononcé à Madrid. Laurent Kabila parlait et écrivait le français sans fautes
mais avait une certaine tendance à s’égarer dans des formules bizarres ou
embrouillées. Le « texte de Madrid » est totalement dépourvu de ces
défauts. On ne nous dit toutefois rien de la rédaction de ce texte. Il peut
avoir été rédigé en kiswahili et traduit ensuite, ce qui en expliquerait la
correction.

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