05.02.09 Le Potentiel: Cinq questions à Kimbembe Mazunga

1. Peut-on parler de la reconstruction alors que le pays est en guerre?

C’est justement pendant que nous sommes en guerre que nous ne
devons pas croiser les bras, nous devons faire face aux problèmes qui
rongent la RDC. Le pays va mal, nous avons des difficultés dans les
deux provinces du nord et du sud Kivu et une partie de la Province
Orientale mais pour le reste physiquement, le pays se porte bien. Nous
sommes un pays qui fonctionne en temps réel. C’est ainsi que tous les
efforts sont déployés, en commençant par le Président de la République
lui-même, pour ramener la paix, la concorde, la sécurité au niveau de
ces provinces qui connaissent des troubles pour le moment. Les cinq
chantiers sont une réalité aujourd’hui au niveau des autres provinces.
A Kinshasa, Lubumbashi et même le Sud-Kivu, nous avons déjà un début de
réalisation des tous les programmes inscrits dans les cinq chantiers de
la République. Les cinq chantiers ont servi d’ossature à l’élaboration
du programme du Gouvernement. Au moment où ce programme a été adopté,
ce n’est plus les cinq chantiers du Chef de l’état mais de la
République et ces cinq chantiers ne sont pas constitué que des projets
à réaliser dans le cadre du partenariat de la RDC avec la Chine.

2. Où se situe la démarcation entre le contrat chinois et les cinq chantiers de la République?

Ce qui est facile à illustrer pour démontrer cette démarcation, ce
sont les infrastructures routières. En 1960 lorsque le Congo accède à
son indépendance, le pays fonctionnait avec 145.000 km de route. En
1971 lorsque l’on avait crée l’Office de Route, ce réseau avait été
ramené à 55 .000km. En 1992 lorsque le Congo a renoué avec les
institutions de Brettons Woods on a mis au point un programme routier
prioritaire qui ne prenait que 23.000 km.Aujourd’hui, je pense que le
programme prioritaire tournerait autour de 30.000 km. On est parti de
145.000km à 30.000km.Aujourd’hui, tout les projets retenus entre la RDC
et ses différents partenaires au développement à un total de 6.200 km
de route, alors que nous devons viser un premier échelon de 30.000 km.
Nous sommes à 6.200km. Il faut des moyens additionnels pour atteindre
au moins la moitié. Le partenariat avec la Chine nous amène plus moins
entre 4.000 et 5.000 km de route. Si on prend les différentes
infrastructures routières à construire à travers les provinces et on
considère les voiries à réaliser au niveau de chefs lieux de chaque
province, ceci nous amène plus ou moins à 5.000 km et lorsqu’on ajoute
avec tout ce que les autres peuvent apporter, ça ne fait pas la moitié
de ce que nous visons. Il y a donc de la place pour tout le monde, le
contrat chinois ne constitue qu’un des moyens! En fait, les cinq
chantiers c’est le préalable majeur à réaliser pour placer le Congo sur
le rail, sur l’orbite de son développement durable.

3 Le contrat chinois n’a pas encore commencé à Kinshasa.
On nous a parlé d’une autoroute qui longerait le fleuve. Rien n’a
encore été vu. En revanche, on a vu simplement des Chinois en train de
s’adonner au commerce de détail. Qu’en est-iI exactement?

J’ai eu la chance d’avoir été ministre des Travaux publics. En
décembre 2002, je suis allé en mission d’inspection routière à Kikwit.
J’ai trouvé sur la route un avaloir suspendu à plus d’un mètre alors
que les avaloirs sont des éléments de drainages qui sont enterrés, ils
ne sont pas visibles, c’est pour dire qu’on a de dégradation hors
normes. Le pays n’a pas fonctionné comme pays pendant plus de dix ans,
on ne faisait pas d’entretien routier. C’est pourquoi on n’est passé de
145.000km à 55.000 km. En outre, vous savez qu’on a que 2 300km de
route asphaltée, et dans quel état? Les chinois qui sont venus
croyaient que le Congo, avec ses techniciens experts aurait maintenus
les infrastructures en état. Mais arrivés sur terrain, ils ont été en
face des routes plus délabrées que prévues. Il fallait faire ce qu’on
appelle une auscultation pathologique profonde, c’est-à­dire que chaque
mètre de chaque kilomètre à réhabiliter devait faire l’objet d’une
étude spécifique et savoir quel traitement apporter et cela
malheureusement devrait prendre plus de temps que prévu. Nous avons
passé cette étape appelée « la partie invisible d’un projet ». Pour
nous techniciens, lorsqu’on a commencé les études, c’est déjà le début
des travaux. Mais le profane, et on le comprend, voudrez voir tout de
suite le déferlement des bulldozers.

4. Est-ce que ce n’était pas dangereux pour le Chef de
l’Etat de faire de la réalisation de ces cinq chantiers une promesse
électorale?

Le Chef de l’Etat a présenté une vision et une vision s’étale dans
le temps. Le Chef de l’Etat n’a pas fait de choses taillées sur mesure
de son mandat, c’est taillé sur la mesure du développement durable.
Quand on veut moderniser le système de fonctionnement de nos routes,
quand on veut construire des universités, quand on veut mettre en place
tout ce qui est prévu dans le programme, ce n’est pas en cinq ans.
C’est au moins en 25 ans.

5. Avez-vous un message pour la population ? Peut-elle
avoir raison d’espérer, de croire que ce n’était pas une promesse
électorale mais qu’elle est en face des hommes d’Etat qui tiendront
leurs paroles?

Nous devons continuer à espérer. Le manque de civisme de nos
compatriotes de fois ralenti aussi la mise en œuvre d’un certain nombre
des projets. Il y a une équipe d’experts chinois qui est arrivé pour
amorcer des études de réhabilitation de l’aéroport de Kavumu, nous
sommes un peu déranger par ce qui se passe au Nord-Kivu. C’est depuis
le 17 février 2002 que la lave a coulé sur l’aéroport, l’amputant de
1200m ,nous avons plus ou moins 1700 .000m3 d’agrégats à dégager et ces
agrégats vont servir des matière premières pour la réhabilitation de
route. Nous sommes très choqué avec ce qui se passe à l’est, le
programme de construction de logement sociaux devra commencé tout
naturellement dans cette partie de la République, il faut mettre
rapidement tous les moyens nécessaires pour achever les programmes qui
avait commencé dans le cadre de la construction de 4100 logements.
Maintenant avec les techniques nouvelles il faut recaser, reloger ces
compatriotes; donc ce qui se passe à l’Est retarde la mise en œuvre de
ce programme. Le Chef de l’Etat était là en septembre 2007. Moi-même je
suis allé à sa suite, on a fait un programme d’adduction d’eau et
d’électrification de Saké et Keshero avec l’assistance de la Croix-
Rouge, de l’UNOPS, etc. Il faut poursuivre ce programme qui avait si
bien commencé mais qui s’est arrêté parce qu’il y a des situations
d’insécurité dans cette partie du pays.

Tiré de Géopolis magazine n° 15-nov-déc 2008

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