14.02.09 Le Potentiel : Cinq questions à N'Kodia Pwanga, par Marcel lutete

1.
Selon vous, quel est le fondement de la pétition des députés qui
tiennent à la tenue d’une session extraordinaire sur la question de la
présence des troupes rwandaises en RDC ?

La réponse à cette question est à la fois technique, politique et
juridique. Les députés exercent une fonction de représentation,
législative et de contrôle. Ils ne peuvent rien entreprendre qui ne
soit strictement conforme à la Constitution et aux lois de la
République. Ils doivent disposer d’un esprit de discernement, de
qualités morales et intellectuelles.

Pour ce faire, la Constitution leur confère des prérogatives
suffisantes pour l’exercice de leur mandat parlementaire. Dans le but
de favoriser la liberté de comportement et d’action, le député en sa
qualité de représentant de la nation est couvert au nom de la
séparation des pouvoirs, à un double titre, par des immunités
parlementaires et par les incompatibilités qui ont pour finalité
d’assurer la protection et l’indépendance de l’élu à l’égard du pouvoir
politique, économique et judiciaire.
Ainsi requinqués, les députés agissent en toute liberté et indépendance
au mieux des intérêts de citoyens, donc du peuple qu’ils représentent.
« Mandataire du peuple, je ferai ce que je croirai le plus conforme à
ses intérêts. (Il m’a envoyé pour exposer mes idées, non les siennes).
L’indépendance absolue de mes opinions est le premier de mes devoirs
envers lui », disait Condorcet. La démarche des députés doit avoir pour
fondement l’intérêt général.
En effet, la tenue d’une session extraordinaire qu’exigent certains
députés sur la présence des troupes rwandaises au Nord-Kivu est
conforme aux dispositions de l’article 116 de la Constitution qui
stipule : «chaque chambre du parlement peut être convoquée en session
extraordinaire par son président sur un ordre du jour déterminé, à la
demande soit de son Bureau, soit de la moitié de ses membres, soit du
président de la République, soit du gouvernement. La clôture intervient
dès que la chambre a épuisé l’ordre du jour pour lequel elle a été
convoquée et, au plus tard, trente jours à compter de la date du début
de la session ».

2. Que relevez-vous en fin de compte par rapport à une affaire qui prend des allures de plus en plus inquiétantes ?

D’abord, je dois relever que l’effectivité d’une session
extraordinaire à la demande de députés doit recueillir 250 signatures
des députés qui composent l’Assemblée nationale. Sa convocation est
subordonnée aussi à l’appréciation discrétionnaire du Bureau de
l’Assemblée nationale et de la Conférence des Présidents. La matière de
la session doit avoir un caractère pertinent et urgent. Ensuite, il y a
lieu de noter que la démarche initiée par quelques députés tendant à
obtenir une session extraordinaire sur la problématique de la présence
des troupes rwandaises en RD Congo, est légale. Elle est, donc,
constitutionnelle. Il se pose cependant un problème d’opportunité de la
tenue d’une session compte tenu de la délicatesse de la matière à
traiter et de la conjoncture économique et financière drastique.
Peut-être faudra-t-il prendre en compte tous ces facteurs. Dans tous
les cas, il n’y a pas lieu de se faire la «guerre» pour cela. Ce serait
un non-sens.

3. Votre législature étant arrivée à mi-parcours,
êtes-vous satisfait de la manière dont l’Assemblée nationale est en
train de se « mouvoir » ? A-t-elle les caractéristiques d’une caisse de
résonance ?

Je me permets d’affirmer sans crainte d’être contredit que la
direction de l’Assemblée nationale et de nos séances plénières est
d’excellente qualité. Elle est assumée avec compétence, maîtrise et
vote en fonction de ses convictions religieuses, politiques et
philosophiques.
Il est utile de préciser que dans les régimes démocratiques à travers
le monde, la majorité a vocation de soutenir les institutions pourvu
que le gouvernement travaille en vue de l’amélioration des conditions
de vie et de sécurité des citoyens. Quant à nos débats, l’opposition et
la majorité expriment leurs idées pour le bien commun, défendent et
soutiennent l’intérêt général : les droits et les libertés de citoyens,
la paix, la sécurité des biens et des personnes, les salaires, etc.
Vous avez observé pendant les sessions que les questions d’actualité,
orales et écrites, ont été aussi bien l’œuvre des députés de
l’opposition que de la majorité. La majorité et l’opposition ont décrié
ensemble l’immobilisme du gouvernement sortant. Remarquez donc que
l’Assemblée nationale est loin d’être une caisse de résonance.

4. Vous avez marqué les derniers travaux de l’Assemblée
nationale par votre plaidoyer sur l’amélioration du système informatisé
de la correction de l’Examen d’Etat dont vous avez fustigé un certain
nombre de défaillances. En quoi a consisté votre argumentaire ?

En ce siècle de la révolution technologique, on ne saurait se
passer de la gestion informatique. Personnellement, j’encourage nos
Institutions et administrations à se servir de la gestion informatisée.
La solution informatisée, dans un système de gestion, passe par des
phases préparatoires préalables et impératives pour plus de chance de
succès et d’efficacité. Il s’agit notamment de la phase d’étude de
faisabilité, d’analyse fonctionnelle, conceptuelle, analyse organique,
de programmation et enfin d’expérimentation.
Dans ce processus, les programmes informatiques doivent faire preuve de
leur adéquation aux objectifs définis et les résultats escomptés. La
gestion est préférable en raison de ses performances de sécurité,
économie du temps, des moyens humains et financiers.

5. Que faut-il dans un tel processus ?

Toute solution informatique qui comporte des défaillances
techniques, matérielles et humaines compromet ses performances,
contribue aux échecs et accroît les taux desdits échecs. Pour ce faire,
il faut disposer des équipements informatiques performants, former et
améliorer sans cesse le personnel, respecter les procédures
d’organisation, les textes légaux et réglementaires, les attributions
de chaque structure, intégrer les partenaires éducatifs au processus,
initier les élèves et les enseignants au langage informatique, motiver
les enseignants, inciter les parents à collaborer étroitement avec les
autorités scolaires et spécialiser les inspecteurs en informatique.
Pour une bonne maîtrise du système, le concepteur des programmes
informatiques et le fournisseur des équipements informatiques doivent
apporter leur assistance pour la mise en œuvre du processus de gestion
informatisée durant une période raisonnable.

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