20.02.09 « Le Soir »: Dominique Struye de Swielande, ambassadeur de Belgique à Kinshasa, répond aux questions de Fabrice Voogt

Quel est votre état d'esprit ?

Je dois faire
preuve d'humilité. Comme tout ambassadeur, je tiens à
ce que les relations
entre les deux pays se déroulent au mieux. J'ai
entendu de toutes parts que
l'on tenait à ce que ces relations soient
au beau fixe et sans
incident.

Le poids du passé est-il lourd ?

Il n'est pas lourd ; il
est grandiose dans la mesure où nous avons
des liens historiques. Mais la
nécessité fait que nous devons nous
tourner vers l'avenir. Je ne sens en
rien le poids des derniers mois.

L'avenir, c'est restaurer la coopération
?
Oui, mais dans un esprit qui suppose un respect profond de la

souveraineté et de l'égalité des deux pays.

Comment la coopération se
décline-t-elle aujourd'hui ?

À trois niveaux. Il y a la coopération
multilatérale, avec les
instances internationales (Nations unies, Banque
mondiale…). Ensuite
la coopération bilatérale directe, qui s'élève à environ
60 millions
d'euros par an, et qui est la partie la plus visible. Il y a
aussi
des dizaines de partenariats, entre universités, hôpitaux… Enfin, il

y a le volet militaire, qui est très important. Ce pays a besoin
d'une
armée forte et stable. La contribution apportée par l'armée
belge à
l'entraînement des forces congolaises me paraît, à cet égard,

primordiale.

La situation du Congo est aujourd'hui plus difficile que
jamais.
Quels sont les défis que doit rencontrer ce pays ?

Le
contexte économique mondial est très mauvais. Le Congo en souffre.
Mais les
potentialités du pays sont telles que ne peut pas parler de
faillite. On
peut aussi se féliciter du rapprochement entre le Congo
et le Rwanda pour
fonder une zone de stabilité et relancer la
Communauté économique des Grands
lacs pour permettre un développement
économique à plus longue
échéance.

L'instabilité économique ne rend-elle pas votre rôle plus
difficile ?

La Belgique reste le principal soutien du Congo dans les
instances
internationales, que ce soit au Fond monétaire international ou

auprès de la Banque mondiale. Par notre aide bilatérale, nous tentons

d'améliorer certains aspects de l'économie congolaise, même si les

défis, ici, sont trop grands pour n'importe pays, quel qu'il soit.

La
Belgique fait-elle aujourd'hui figure de Petit Poucet ?

Certainement pas.
Même si nous ne sommes pas le principal acteur, la
Belgique est un
partenaire stable sur lequel le Congo peut toujours
compter, quelles que
soient les circonstances. Nous avons une
connaissance du pays que d'autres
n'ont peut-être pas.

On dit que la Belgique est importante pour le Congo,
mais en quoi le
Congo est-il important pour la Belgique ?

J'ai été
ambassadeur pendant deux ans à Washington. Lorsque la
Belgique reste
écoutée, c'est sur les problèmes de l'Afrique
centrale. Le Congo reste, pour
nous, un élément de notre politique
étrangère.
Le processus démocratique
qui est en cours au Congo n'a pas, par
contre, pas encore abouti au niveau
local…
Je sors d'une réunion avec des représentants des Nations unies en

charge des élections locales. Dans le processus démocratique, c'est

l'étape suivante, après le processus de paix et les élections

présidentielles. Cette étape devait avoir lieu en juin. Elles
pourraient
être postposées de quelques mois, mais les Nations unies
demandent qu'elles
se déroulent cette année encore, pour éviter
qu'elles n'aient lieu trop près
de l'élection présidentielle de 2011.
Mais les obstacles sont nombreux : son
financement, l'enregistrement
des nouveaux électeurs, l'établissement des
listes électorales et,
enfin, le contrôle de ces élections. C'est un défi
immense : il y
aura 6.033 circonscriptions électorales et 53.000 bureaux de
vote.

La décentralisation, encouragée au Congo car présentée comme un

vecteur de démocratie, ne risque-t-elle pas, aussi, d'être synonyme
de
division, voire de sécession ?

Le Congo a besoin d'un pouvoir central
fort, mais, en raison de
l'étendue géographique du pays, il y a lieu
d'analyser quelle peut
être la meilleure forme de décentralisation et son
degré. Nous
pouvons les aider s'ils le souhaitent, mais c'est aux Congolais
à
trouver la solution pour gouverner leur pays.

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