24.02.09 CINQ QUESTIONS à Marcel Ngoy, par Marcel lutete
1.
Annoncé pour ce mois de février, le retrait des troupes rwandaises a
déjà commencé. Il en est de même du contingent ougandais. Quel est
votre sentiment ?
Le retrait officiel du côté congolais est annoncé pour le 25
février. Cest du côté de Kigali où, théoriquement, le commandant en
chef des troupes rwandaises a annoncé le début dun retrait qui
pourrait se poursuivre au courant de cette semaine. Mon sentiment à ce
sujet est que, même si on est arrivé au résultat où nous sommes arrivés
– un résultat jugé positif parce que la traque des Fdlr a permis de
récupérer les positions quils occupaient au Nord-Kivu, il y a une
crainte que je partage avec les évêques catholiques. Tout au long de
leur dernier message, les évêques catholiques voulaient en savoir plus
sur la suite à donner quant aux Fdlr qui se sont retranchés dans des
forêts vierges où il est difficile de les rattraper. Il sagit
également de la suite à donner au dossier des Fdlr portés disparus.
Candidats au rapatriement volontaire, la Monuc voulait les rapatrier au
Rwanda.
La stratégie choisie par les Fdlr inquiète plus quelle ne rassure. Ils
ont choisi de ne pas se battre, dabandonner leurs armes et, même à la
limite, de se comporter en paysans, en portant de tenues sales pour se
camoufler. Le pire, à mon sens, est plutôt à venir.
Avant de crier victoire, je pense quon doit, dans les circonstances
actuelles, se féliciter de la traque et des gens qui sont rentrés au
Rwanda, mais aussi et surtout prendre des dispositions pour quà
lavenir, les Fdlr qui se sont retranchés dans les forêts, ne puissent
préparer un nouveau massacre dans lEst.
Jai un sentiment doptimisme parce que les deux gouvernements se sont
mis ensemble pour travailler étroitement afin de vider toutes les
poches de résistance, mais jai aussi un sentiment de prudence parce
quil faudra que les deux gouvernements veillent sur la suite des
événements. Il faudra absolument avoir une puissance de feu de nature à
décourager les éventuels soubresauts de ces Fdlr qui errent dans les
montagnes et qui ont choisi les forêts vierges comme leur nouvelle
demeure.
2. La convocation dune session extraordinaire de
lAssemblée nationale a-t-elle encore sa raison dêtre au moment où les
Rwandais ont plié bagages ?
Les Rwandais nont pas totalement plié bagages. Le processus est
annoncé, je le disais tout à lheure, pour le 25 février. Le début du
retrait annoncé par le Rwanda nest quun signal fort de la volonté de
Kigali de se retirer effectivement du territoire congolais.
Quant à lopportunité de convoquer une session extraordinaire, il
sagit bel et bien dune nécessité. Les députés pétitionnaires lont
démontré. Cest pour que le parlement qui constitue en fait la
représentation nationale, puisse sapproprier la nouvelle orientation
tendant à développer une diplomatie active, un rapprochement avec les
Etats voisins.
Donc, la convocation dune session extraordinaire nest pas seulement
le fait de chercher à traquer les Fdlr, mais aussi à élargir le débat à
toutes les autres questions récurrentes comme la question de la Lra.
Nous sommes à Dungu, dans la province Orientale. Nous avons des
questions importantes qui sont restées pendantes comme ce que je
qualifie de résidu de lUPC de Thomas Lubanga et de toutes les autres
milices qui opéraient en Ituri.
3. Cest dire que vous êtes pour la tenue dune session extraordinaire…
La question de la convocation de la session extraordinaire se pose
aujourdhui comme une urgence parce quil faut aussi jeter un coup
dœil sur ce qui pourrait se passer avec le CNDP de Laurent Nkunda,
mettre un accent sur la suite à donner à lextradition de Laurent
Nkunda ainsi quà la démobilisation définitive des groupes armés. A mon
sens, on ne peut pas éluder un tel débat dautant plus quil sagit
dun débat de fond. Il ny a que les représentants du peuple qui
doivent sen approprier pour lui donner un contenu et une forme, et
même, à la limite, contribuer à laction du gouvernement par des
propositions concrètes. Donc, on ne peut pas fuir la session pour
quelque motif que ce soit. Il faut que la session se tienne. Et là,
cest de la compétence du président de lAssemblée nationale qui vient
de rentrer au pays.
4. Mais que dites-vous au sujet de la campagne orchestrée ces jours-ci contre le président de lAssemblée nationale ?
Il ny a pas de campagne. Il y a, bien sûr, ce que je peux appeler
une querelle de famille. Celle-ci résulte du fait dune certaine
indépendance desprit que tente dafficher le président de lAssemblée
nationale. Cest une affaire de famille politique parce que la majorité
estime que le président de lAssemblée nationale serait un peu plus
proche, plus au service de lopposition que des orientations tracées
par le président Kabila.
A ce stade, il ny a pas de campagne, mais plutôt de contradictions
internes. Je comprends pourquoi les gens sagitent. Cest parce quil
sagit dun problème de pouvoir. Le poste de président de lAssemblée
nationale nest pas un petit poste. Les gens qui le convoitent ou qui
en veulent personnellement à Kamerhe, les gens qui estiment que Kamerhe
ne roule plus pour les intérêts de la famille politique, ont raison de
sinquiéter. De lautre côté, Kamerhe a aussi raison despérer parce
que ce nest pas la fin du monde. Maintenant quil est rentré au pays,
je crois que la famille politique à laquelle il appartient a intérêt à
lentendre, à échanger, à obtenir des éclaircissements là où il faut.
Et à la limite, cette même famille politique a la latitude, si elle
respecte la procédure qui est de mise en la matière, de le démettre.
Toutefois, lon ne démet pas un président de lAssemblée nationale
nimporte comment. Il y a tout un processus à enclencher. Dans tous les
cas, si la famille politique a résolu effectivement que Kamerhe quitte
le perchoir de lAssemblée nationale, à mon sens, ce serait une erreur.
5. Quelle est la ligne éditoriale du journal La Prospérité ?
La Prospérité na jamais été un journal qui évolue sous la coupe
réglée de partis politiques. Cest un journal libre qui ne bénéficie
daucune subvention ni de la part de lEtat, ni de la part des
particuliers. En huit ans de travail et dexistence, ce journal a su se
frayer son chemin dans le roc. Là où on le donnait pour mort, il a su
résister.
A ce jour, je considère que, huit ans après, le journal est en train de
prendre ses vraies marques. Ce qui reste cest de pouvoir matérialiser
ses extensions. Les extensions du journal La Prospérité sont nombreuses
parce quil sagit dune œuvre que nous avons conçue après mûre
réflexion. Nous avons résolu de nous y engager tout le restant de notre
vie. Et cest pour cette raison que nous sommes déterminés, avec la
trentaine dhommes et femmes journalistes qui maccompagnent ; avec la
dizaine dagents dappoint qui maccompagnent, à pouvoir réaliser la
raison sociale de ce journal qui est un journal libre, engagé, au
service de linformation.
La Prospérité ouvre ses colonnes à toutes les tendances politiques, à
tous les opérateurs économiques, à toutes les Eglises, à toutes les
Ong…pour ne citer que ces structures. Cest un journal libre. La
Prospérité dispose en même temps dun site internet régulièrement mis à
jour. Un site qui est référencé, qui travaille avec des partenaires
crédibles…Un site qui est alimenté régulièrement par lAssociation
mondiale des journaux qui est la grande structure planétaire des
journaux, qui regroupe plus de 18.000 journaux au monde.
Droits de reproduction et de diffusion réservés © Le Potentiel