03.04.09 Le Potentiel / Cinq questions à Phil Maanulwa

1. En tant qu’acteur humanitaire, que représente pour vous, la visite du secrétaire général de l’Onu au camp des déplacés de Kibati ?

C’est un grand jour pour les acteurs humanitaires et une consécration pour le travail fourni. C’est un encouragement pour les déplacés qui attendent beaucoup de l’Onu, des agences du système des Nations unies, notamment PAM, HCR, OCHA, FAO et les autres ONG dont la nôtre. Ainsi, la visite du secrétaire général de l’Onu à Kibati est un signal fort des Nations unies, de la communauté internationale déterminées à venir en aide à quelques 80.000 déplacés installés dans les deux camps de Kibati à côté des Casques bleus. Après plusieurs mouvements de retour, quelque 2.400 ménages se préparent à retourner chez eux à Rugari, Kibumba et à Kibiza. Ils espèrent obtenir de la part de la communauté internationale, principalement des Nations unies des assurances sur le leur sécurité. Ils veulent obtenir pour chaque ménage un kit de survie, des intrants agricoles et des semences pour la réinsertion dans leur milieu d’origine. Le secrétaire général de l’Onu, les a compris et les a rassuré de son appui.

2. Quelle est la situation humanitaire actuelle à Kibati et ses environs ?

Au départ, il y avait environ 80.000 déplacés dans les deux camps de Kibati. Ils avaient fui les affrontements entre les FARDC et le CNDP, dont le bastion était à Tongo.

Nous intervenons avec l’appui des autres ONG humanitaires et agences du système des Nations unies dont le PAM et le FAO dans la mise en place des infrastructures, notamment la réparation des routes, dans la distribution des vivres et en assurant les soins de santé. Nous avons également développé une structure d’assistance pour le retour des déplacés et de l’aide aux écoliers en leur donnant à manger. Aujourd’hui, nous devons assurer le retour de quelque 2.400 ménages vers Tongo et Kibiza. Il faut les préparer à cette opération pour qu’ils ne soient ni stressés, ni insécurisés dès leur arrivée sur place. L’ « IEDA relief » a développé aussi une assistance sur le « manger scolaire ». Il s’agit d’un kit pour le manger des élèves et écoliers qui souvent suivent les cours à jeûn. Toutes ces actions ont eu pour résultat, une nette amélioration de la situation humanitaire sur place et dans les milieux du retour. Je tiens à signaler que nous n’avons pas oublié le Sud-Kivu, ni la province Orientale, où des programmes d’assistance humanitaires appropriés ont été développés. Par exemple à Kalehe et Minova dans le Sud-Kivu, nous procédons à la distribution des kits d’urgence dans les milieux scolaires.

3. Nous avons appris qu’il y a eu des attaques de groupes armés. Etes-vous confrontés aux problèmes de sécurité?

Nous sommes victimes d’attaques des groupes armés résiduels après le départ des troupes rwandaises venus dans le cadre de l’opération de traque contre les FDLR. Il y a aussi les éléments des FDLR qui s’étaient enfuis dans la brousse pendant cette opération lesquels en sont ressortis. Enfin, il y a des bandits issus des groupes armés non identifiés. Il y a quelques jours, un convoi du PAM a été attaqué près de Tongo non loin de Kibati. Plusieurs incidents ont été signalés à Masisi où des convois humanitaires ont été pillés sur la route de Mwamitaba et à Mweto. C’est dire que la question sécuritaire des acteurs humanitaires et des déplacés demeure essentielle si pas entière. L’envoie des vivres et kits dans des camps des déplacés sans une protection sécuritaire de la Monuc et le retour des déplacés dans les villages jadis occupés par le CNDP ou les FDLR nécessitent une couverture sécuritaire appropriée.

4. Avez-vous un message en direction des autorités congolaises à ce sujet ?

Nous remercions les efforts fournis par les autorités congolaises, la communauté internationale et principalement les Nations unies pour rassurer les déplacés en les mettant en confiance après la signatures des accords entre le gouvernement, le CNDP et les autres groupes armés. Ce processus vise à ramener la paix dans les contrées secouées jadis par les affrontements. Cependant, nous demandons au gouvernement de restaurer l’autorité de l’Etat après la traque des FDLR dans les zones minées par les affrontements. Il est urgent de procéder à la nomination des autorités politico-administratives locales ainsi que celles de la police. Elles doivent être motivées et équipées pour éviter tout dérapage.

5. Un mot pour les déplacés ?

Aux déplacés, nous leur demandons de faire confiance aux autorités congolaises et à la communauté internationale, aux agences du système des Nations unies, à la Monuc, aux ONG humanitaires et naturellement à l’ « IEDA relief ». Dès le retour dans leurs villages respectifs, nous sommes déterminés à les accompagner pour qu’ils puissent se prendre en charge et s’auto suffire à travers les programmes de réinsertion appropriés. Pour cela, ils auront droit à des kits de vivre, des outils et semences agricoles ainsi que la garantie sécuritaire. Cette détermination de la part des acteurs humanitaires doit les conforter et les rassurer. Dans les prochains jours, la situation sécuritaire et humanitaire va les mettre en confiance. L’ « IEDA relief » une ONG humanitaire américaine basée à Hudson, aux Etats-Unis et représentée à Anvers en Belgique pour l’Europe. Elle vise le développement et l’assistance humanitaire et est installée à Goma depuis le mois de mars 2008. Une représentation sera ouverte bientôt à Kinshasa.

Par Louis-Paul Eyenga Sana

Chef de mission de IEDA relief (Ong Humanitaire)

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