Quelle lecture politique faites-vous des 100 jours du gouvernement Muzito ?
Christopher Ngoyi Mutamba (CNM) : Il parle trop, il gesticule beaucoup tandis que les paramètres socio-économiques sont en chute libre. Par ailleurs, je constate que ce gouvernement par manque de maîtrise, est incapable de relever les défis quil sétait fixé devant le parlement et de prendre en charge la gestion de la crise actuelle.
Quels sont les paramètres sur lesquels sappuie votre jugement ?
CNM : Les membres du gouvernement occupent tous les médias, inaugurant même les oeuvres qui sont des initiatives privées. Ils jouent tous à lautruche à lexemple du ministre des mines qui, en réponse à ma tentative de le persuader à organiser une réunion avec tous les opérateurs du secteur minier afin darrêter les mesures ainsi que les dispositions pouvant juguler la crise dans le secteur minier particulièrement celui du diamant, ma répondu pince sans rire, que la crise allait se limiter en Occident et natteindrait pas la RDC. Dans la foulée, le gouverneur de la Banque Centrale du Congo (BCC), Jean Claude Masangu, en sa qualité de conseiller technique du gouvernement déclarait dans les medias que la BCC était suffisamment armée pour faire face à la crise financière internationale. Moins dune semaine après, nous avons assisté à la fermeture de la majorité des entreprises minières sans compter la rupture des provisions en devises étrangères. Ce même gouverneur de la banque centrale prépare lopinion à accepter de consommer les billets de 1000Fc et 5000Fc déjà commandés. Leur mise en circulation va certainement déboucher sur une catastrophe jamais vécue sur le plan socio-économique. Jen profite pour demander à la population congolaise ainsi quà nos forces armées, malgré la promesse de vouloir payer les arriérés des salaires longtemps accumulés, de ne pas céder à la tentation. Ces billets de la peste constituent juste un appât. Après cest lenfer qui nous attend !
Les troupes rwandaises sont entrées sur le territoire congolais avec laccord du chef de lÉtat pour neutraliser les éléments des FDLR, une opération menée conjointement avec les FARDC, et le résultat est là : la sécurité semble revenir à lEst du pays et les derniers éléments de ces troupes rwandaises sont rentrées chez elles depuis le 25 février dernier…
CNM : Nous sommes la première force sociale et le premier mouvement politique à avoir alerté lopinion ainsi que classe politique congolaise sur cette machination. Il est trop tôt de parler du retour de la paix et de la sécurité dautant plus que les hommes armés de tous bords demeurent dans tout lEst du pays. Jusquà présent lopacité persiste sur la nature des accords, et sur leffectif des hommes de Laurent Nkunda qui était constitué essentiellement denfants recrutés et formés sommairement par le Rwanda. Comment savoir si le nombre des soldats rwandais entrés sur notre territoire congolais correspond à ceux qui ont quitté effectivement le territoire. Le nombre exact des éléments de Nkunda qui ont intégré larmée régulière, leur localisation et leur cantonnement pour besoin didentification est scellé du secret militaire. Le théâtre quon a retransmis sur les antennes de la chaîne nationale (RTNC) était si tissé de fil blanc quon la interrompu en pleine action. Selon les dernières informations en ce moment, les troupes congolaises continueraient seules à traquer les FDLR après le retrait des Rwandais. Donc, les bruits des canons continuent. Doù la nécessité de convoquer la session extraordinaire du parlement afin dévaluer tous les aspects de ladite opération. Cétait une très mauvaise décision au regard de toutes ces zones dombres qui frisent la trahison car nous pensons que le fait davoir escamoté toutes les institutions de la République jusquà réclamer la démission du Président de lAssemblée nationale prouve que la démocratie au Congo est un leurre.
Croyez-vous que Nkunda sera extradé ?
CNM : La prétendue arrestation de Nkunda nest quune astuce pour le soustraire déventuelles poursuites judiciaires internationales. Nous sommes certains quil ne sera jamais extradé en RDC, encore moins Bosco Ntangada remis en scène à la tête du CNDP, au nom de la paix , qui va échapper au mandat darrêt lancé contre lui par la CPI. Bref, lEst de la RDC demeure astucieusement sous occupation rwandaise, malgré la mascarade de retrait des troupes rwandaises. Cest une haute trahison de la part du président de la République et une entorse grave au jeune processus de démocratisation. La constitution prévoit, dans ce cas, que le président soit déchu ; si ce nest pas le cas, nous allons relancer avec le peuple le processus démocratique.
Comment jugez-vous la gestion de la crise par le gouvernement Muzito ?
CNM : Son silence témoigne de lincompétence avérée et du manque dexpérience. Le président de la république na pas la capacité délaborer létat des lieux conséquent pouvant lui permettre de comprendre tous les méandres de la crise ainsi que son impact socio-économique pour prétendre développer une stratégie cohérente et fiable. Au lieu darrêter des mesures appropriées pour atténuer les effets de cette vague torrentielle qui risque de tout emporter, ils se contentent de maximiser les recettes à travers les différentes régies financières sans se préoccuper des entreprises essorées déjà essoufflées. Ingénieusement, à cette population congolaise sans espérance, nonobstant différents programmes de réduction de la pauvreté, on fait des promesses fallacieuses tout en lui extorquant sa réserve de survie à travers les taxes et impôts non fondés.
Croyez-vous que le Président Kabila arrivera à mettre ses chantiers effectifs ?
CNM : Dans ma précédente intervention, javais stigmatisé le manque de charisme et lincapacité du chef de lÉtat, Joseph Kabila, de rassembler les ressources financières nécessaires pour mettre en marche son programme dit « 5 chantiers ». Quant au facteur temps, il nest plus possible de réussir, dans deux ans, une oeuvre quon na même pas commencée. Dailleurs, lui-même ny croit plus ! Raison pour laquelle il viole, sans ambages, la constitution et planifie désespérément linstauration dune dictature militaire à léchelle électorale avec lappui des Rwandais et des Chinois.
| Propos receuillis par Christian W.Diankabakana (AEM)
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