20.03.09 Le Potentiel : Cinq questions à Amina Benkhadra

 

1. Quels sont les principaux volets de la stratégie énergétique du royaume de Maroc?

Nos priorités sont la sécurité d’approvisionnement, l’optimisation
du bouquet électrique ­et la planification maîtrisée des capacités de
production, l’accès généralisé à l’énergie à des prix compétitifs, sans
oublier le développement durable, dans le cadre d’une intégration
régionale et internationale. À court terme (2008-2012), l’urgence est
d’assurer l’équilibre entre l’offre et la demande en électricité. Côté
offre, en renforçant les capacités et les interconnexions et en
généralisant les bassins de rétention. Côté demande, en prenant des
mesures d’efficacité énergétique, notamment via des dispositions
tarifaires incitatives et des audits industriels. À plus long terme
(2020-2030), le recours au gaz doit être développé, soit par le Gazoduc
Maghreb-Europe (GME), soit par gaz naturel liquéfié (GNL).

2. Ce qui suppose une meilleure intégration régionale…

Du fait de sa position géographi­que, le Maroc est un pays de
transit énergétique qui a toujours milité pour une véritable
intégration régionale. Nous avons développé avec l’Algérie et l’Espagne
de solides liens dans ce domaine: interconnexions des réseaux
électriques, transit du gaz naturel algérien vers l’Espagne et le
Portugal via le GME.

En outre, en janvier, nous avons signé avec la Commission
européenne une convention de financement du programme d’appui à la
réforme du secteur énergétique, qui porte sur un montant de 76,6
millions d’euros, afin de faciliter l’intégration progressive des
marchés énergétiques marocains à ceux de l’Union européenne.

3. Qu’en est-il de l’électrification ?

Le schéma directeur du Programme d’électrification rurale global
(PERG), lancé en 1996, était fondé sur l’équilibre régional et le
moindre coût de réalisation par foyer. On a donc équipé en priorité les
villages dont le coût’ moyen d’électrification par foyer était le plus
faible pour raccorder ensuite: les villages où le coût moyen
d’électrification était plus élevé. À la fin 2008, le taux
d’électrification rurale du royaume a atteint 98 0/0: 34419 villages
ont été électrifiés (dont 3653 en solaire), soit plus de 1,8 million de
foyers (dont plus de 51500 par kits photovoltaïques), pour un mon­tant
global de 16,7 milliards de DH (1,5 milliard d’euros).

4. Et du côté des hydrocarbures ?

Le Maroc se classe au 6e rang mondial sur le plan des réserves de
schistes bitumineux, et d’importants efforts sont déployés pour
promouvoir cette ressource. Le programme d’action pour la période
2008-2012 a prévu un investissement de 32 millions de DH pour soutenir
les recherches. Des contacts ont été pris avec des sociétés
pétrolières, dont certaines à l’avant-garde technologique en matière de
procédés de traitement des schistes bitumineux. Parallèlement, nous
menons une réflexion sur le cadre légal et fiscal approprié pour le
traitement de ces schistes.

5. Outre le plus large recours aux énergies renouvelables, quelle place l’environnement occupe-t-il dans votre stratégie?

Le secteur de l’énergie doit intégrer les normes de durabilité.
D’où la promotion des énergies renouvelables et la mise en place d’une
stratégie de valorisation des déchets. Notre objectif, à l’horizon
2012, est d’atteindre une puissance électrique installée d’environ 200
MW par bio-méthanisation des déchets ménagers, des eaux usées, des
déjections des exploitations d’élevage bovin et par la valorisation des
déchets agricoles solides. Un investissement de 4 milliards de DH qui
doit permettre une économie en énergie d’origine fossile estimée à 4,52
millions de tonnes­équivalent pétrole (TEP).
Le gouvernement s’est par ailleurs récemment prononcé pour la
généralisation des carburants propres, notamment du gasoil 50 ppm, pour
réduire la pollution de l’air.

Tirées de Jeune Afrique, n°2514, du 15 au 21 mars 2009

Ministre marocaine de l’Energie, des Mines, de l’Eau et de

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