Après 5 ans de recherches, la chikwangue améliorée enfin présentée officiellement au public
En
effet, c'est à une double cérémonie de présentation et de défense d'un
travail de recherche, d'un travail de fin de cycle devant un jury
composé des professeurs d'université, des éminents hommes de science et
d'un public très attentif aux recherches et réalisations du Rév.- père
Charles Kusika Nzau et toute son équipe qu'on a eu à assister ce
jour-là.
La chikwangue améliorée : la problématique de la recherche
Depuis
sa création en 2004, l' ISTACHA s'est fixé un seul objectif ; celui
d'assurer la sécurité et la salubrité alimentaire à la population du
Bas – Congo et aussi à celle de la ville province de Kinshasa. Pour y
parvenir, le développement de l'agriculture et de l'élevage resterait
le fondement de l'action amorcée. Ainsi faudrait – il penser à la
valorisation des produits locaux pour encourager les agriculteurs et
les éleveurs dans leur travail.
De
ce fait, la transformation et la conservation agroalimentaire devraient
constituer le moyen le plus efficace d'apporter une plus value dans de
travail des productions. C'est aussi de cette façon qu'on pouvait
penser à vendre certains produits congolais à l'étranger en respectant
les normes internationales d'hygiène alimentaire.
A
l'ISTACHA, la première phase de cette approche a été constituée par une
étude sur la transformation de différentes farines à base des
tubercules avec un accent particulier sur le manioc.
Voici
cinq ans au terme desquels les recherches sur la chikwangue améliorée
arrivent à des aboutissements heureux. Il faut dire que la chikwangue
dont le mode traditionnel de préparation demeure jusqu'à ce jour
l'apanage des seules femmes paysannes ne peut être vendue ou consommée
dans certains milieux de classe (hôtels, restaurants, avions,…) à
cause de sa présentation et sa préparation en dehors des normes
d'hygiène internationalement reconnues (HCCP). Déjà, la demande locale
ne peut-être satisfaite eu égard à la faible quantité et au manque des
techniques de conservation.
Contribution à l'industrie biotechnique du manioc.
Après
avoir démontré à plusieurs reprises et de diverses manières que le
manioc est l'aliment de base de toute la province du Bas – Congo et de
la ville de Kinshasa, étant compris la nécessité d'assurer la salubrité
et la sécurité alimentaire, l'homme de Dieu arrive à l'amélioration de
l'usinage.
De l'usinage traditionnel au moderne
Partant des méthodes traditionnelles de préparation, le chercheur apporte des améliorations à toutes les étapes :
* le manioc est nettoyé dès qu'il est récolté : donc avant d'être épluché,
* épluché, il est nettoyé avant le trempage dans le bac de rouissage.. (Bac de rouissage en lieu et place d'un marécage boué).
* Une 3 é opération de nettoyage après le retrait du bac ;
*
Toutes les autres étapes avant et après le " kimpuka " (patte obtenue à
base d'amidon du manioc) se passent dans un atelier où les conditions
hygiéniques sont réunies ;
* L'homogénéisation de la patte s'effectue dans un pétrin mécanique. L'opération se fait ainsi plus correctement
*
Apres la mise en forme (mécanique) ; la cuisson se fait à une
température de pasteurisation (modérée et constante) ne dépassant pas
80°c. La chikwangue améliorée est emballée dans un sachet alimentaire.
Les avantages dans la production
On
ne le dira pas assez, en améliorant les méthodes de travail, on arrive
à un résultat meilleur du point de vue qualité et quantité. Du point de
vue de la quantité, l'amélioration de l'usinage apporte un soulagement
à la femme appelée à subir une corvée avant d'offrir le produit au
consommateur. En peu de temps on peut produire des centaines de
chikwangues. Alors que la maman avec ses méthodes traditionnelles met
plus d'une semaine pour offrir quelques 50 chikwangues de 200 grammes
au consommateur .A ce propos, signalons que l'ISTACHA fournit
hebdomadairement 1000 chikwangues à l'internat du lycée LUILA et autant
aux Kinois. Du point de vue qualité, il est démontrable que notre
chikwangue préparée à même le sol (par cette maman revenue du champs et
qui doit au même moment s'occuper soit de son bébé soit d'autres
travaux domestiques) ne peut être le résultat d'un travail fait dans
les conditions hygiéniques requises. Car pour la maman seule la
chikwangue a de l'importance. Les normes HCCP dont doit tenir compte
notre nouveau producteur sont une magie noire pour elle.
En
focalisant ses recherches sur la transformation et la conservation des
produits alimentaires locaux, le Rev. Père répond à un besoin
socio-économique et culturel (nutritionnel).Dès le départ, il s'est
rendu compte que dans le domaine de la transformation agroalimentaire
notre pays regorge d'importantes forces qui sont la production
(végétale et animale) et l'existence d'un marché de consommation. Ce
sont donc des atouts à côté desquels se remarque malheureusement des
faiblesses : les structures en majorité artisanales.
Impact culturel et nutritionnel du manioc
Il
est bien vrai que des chercheurs ne trouvent pas, jusqu'à ce jour, un
terrain d'entente sur l'origine du manioc. Toutefois déterminer cette
origine n'est pas la question. Mais l'important est de préciser que le
manioc constitue actuellement l'aliment de beaucoup d'Africains.
Qu'Européens et Asiatiques ne s'adonnent pas à des recherches sur la
transformation du manioc, cela est assez compréhensible.
Cependant
il ne sera pas pardonné aux Africains de se contenter de consommer le
manioc comme par le passé. Jusqu'à ce jour la chikwangue est préparée
exclusivement par les paysannes. Il est donc nécessaire que l'on
encourage les premiers travaux de recherche sur la transformation et la
conservation à l'ISTACHA.
En
travaillant sur le manioc, le Révérend Père Charles répond à un point
de vue culturel : " D'aucuns pensent que les Africains sont incapables
de faire des recherches en vue d'améliorer leur alimentation. Ainsi un
effort est fait dans le sens à détourner l'Africain de ses éléments
culturels de base dont l'alimentation. Pour y parvenir, plusieurs
stratégies sont mises en œuvre. A l'internat, il n'est pas rare de
trouver des titres tels que : " Le manioc est un aliment contenant du
poison (acide cyanhydrique) ; le manioc n'est pas d'origine africaine ;
le manioc est peu nutritif. " Néanmoins la résistance aux maladies,
l'endurance et la longévité de nos ancêtres n'en constitue pas moins
une réponse aux détracteurs de ce tubercule.
Sur
le plan nutritionnel, il convient de rappeler qu'une alimentation
complète se compose d'éléments énergétiques (calories), de protection
(vitamines) et de construction (protéines). Il se fait que l'homme pour
se maintenir, a plus besoin des énergies que d'autres choses. De
surcroît, le manioc avec 84 % de glucide et 342 calories par 100grs, se
trouve parmi les aliments les plus riches en énergie.
De
ce fait, il importe donc que des études plus approfondies soient menées
sur la transformation et la conservation du manioc. C'est ici qu'il
convient de soutenir le fait que les recherches sur la chikwangue
améliorée auront le sacre de bénir le travail de nombreux producteurs. "
Néanmoins
en dépit des avancées significatives des recherches entreprises sur la
chikwangue améliorée, sur le plan scientifique beaucoup reste à faire.
Dans son travail, il a été recommandé au Rév. Père d'utiliser des
termes scientifiques pour designer en l'occurrence les feuilles
d'emballages et les ustensiles utilisés dans le modèle traditionnel de
préparation ainsi que des étapes de fabrication comme le " Kimpuka ".
De même l'auguste assemblée a souhaité le numérotage des lots ainsi que
les dates de fabrication et d'expiration sur les emballages des
produits ISTACHA.
Dans
l'une de nos précédentes livraisons, nous n'avons pas cru dire mieux
lorsque nous titrions : " Le CIVA de Kimpese, une bénédiction pour le
Bas- Congo, une grâce pour le Congo "
Tout
en signalant que le CIVA (centre d'information et de vulgarisation
agroalimentaire) est le parrain de l'ISTACHA, aujourd'hui les
réalisations de deux institutions sont au-delà de tout ce que l'on
pouvait imaginé, il y a 5 ans. A ce jour, une gamme d'une vingtaine de
produits locaux sont transformés et conservés avec des techniques
modernes. Et la chikwangue améliorée, puisqu'il faut parler d'elle,
peut se conserver jusqu 'à 6 mois.
Aux
industriels et aux décideurs de saisir le taureau par les cornes.
L'industrialisation et la commercialisation ne sont plus l'apanage du
seul Père Charles. A chacun son rôle.
Josué Lufulu lua Kanda