Dernièrement au Cameroun : Benoît XVI a reçu avec une œuvre d’art signée Maître Liyolo


Relevons toutefois que la valeur des œuvres d’art congolaises reste
inestimable. Le fait que le Souverain Pontife en soit resté marqué lors
de sa visite de mars dernier au Cameroun en dit long. Mais jusqu’à
quand l’artiste congolais restera-t-il méconnu et sous-estimé par ceux
que devraient pourtant promouvoir notre culture ? Quand est-ce que le
ministère de tutelle prendra-t-il à bras-le-corps cette situation
susceptible de créer ici un paradis artistique enviable et de haute
facture, au-delà de ses tendances traditionnelles ? Mais au pays, que
sont devenus le Mikanza, les Konde, les Pili Pili, le Ndambu, Mwenze,…
ces grands dont la mémoire n’est même pas honorée ? La Rd Congo devait
avoir un panthéon, un cimetière pour ces illustres tant politiques que
culturels, les 50 ans de l’indépendance ne se préparent pas pourtant
c’est un Jubilé d’or que l’on ne doit pas pré parer la veille.
Ce sujet est encore d’actualité à l’ébahissement de tous ceux qui
l’entendent. Lors de son dernier séjour au Cameroun, Benoît XVI a reçu
plusieurs cadeaux. Mais une merveilleuse statue en bronze, œuvre du Rd
congolais Alfred Liyolo Limbe M’puanga, a marqué la différence et lui a
coupé le souffle. Le couple Président Biya qui l’avait judicieusement
commandée pour la circonstance, n’a pas manqué à en préciser l’origine
devant leur hôte de marque : « c’est une œuvre africaine… », a précisé
Mme Biya. En effet, le pape n’est pas n’importe qui ; et on n’offre pas
n’importe quoi à cette personnalité qui jouit de beaucoup de
considération de par le monde.

Alfred Liyolo est en effet un sculpteur congolais de renommée
internationale, dont le style allie influences africaines et formes
modernes. Né en 1943, initié à l’école de ses pères de Bolobo,
sculpteurs de l’ivoire, ce riverain du fleuve Congo ambitionnait le
matelot ou le pilote d’avion ; mais le destin l’a conduit à faire ses
études à l’Académie des Beaux-Arts pour les parfaire en Autriche. Il
jouit alors d’un diplôme de Maître : le Magister Artium. Ses
réalisations, les expositions tenues et les biennales internationales
auxquelles il a participé ne se comptent plus. Il est donc un homme de
terrain qualifié et expérimenté, un véritable ambassadeur de la culture
congolaise. Un long parcours cependant : professeur à l’Académie des
Beaux-Arts de Kinshasa, Directeur des Etudes, Secrétaire général
académique, Directeur général. Ses ateliers et résidences pillés par
trois fois en 1991, il va résider à Vienne pour enfin revenir au pays
en 2004, afin d’apporter sa pierre à la construction du pays. Maître
Liyolo estime que l’Art congolais en général se porte très bien et se
distingue sur l’échiquier international. Les disciples formés font
aussi la fierté du pays.

Un constat amer cependant, ‘’les artistes congolais ne sont pas
subventionnés, notre Etat ne fait aucun effort pour promouvoir la
culture du pays ; la culture ce n’est pas seulement la musique’’. Ces
propos sont de notre artiste qui précise en outre qu’ils n’ont pas non
plus un espace approprié pour s’approvisionner, pas de galerie
nationale pour les plasticiens, un grand musée, pas de grande salle de
spectacles, bref la refondation de cette nation est de tous bords. En
France par exemple, la culture occupe la 2ème position après la
défense’’, a-t-il souligné. Quel manque à gagner pour le pays qui en
réalité devrait maximiser et revendre le champ culturel et artistique
congolais. ‘’L’enveloppe du chef de l’Etat aux artistes a été
volatilisée, pourtant elle pouvait bien servir entre autre à cette fin
‘’, renchérit-il ! Il y a lieu de dénoncer et en même temps déplorer
cela.
En sa qualité d’artiste, Maître Liyolo estime que le ministère de
tutelle ne joue pas son rôle, et que cette situation ne profite
nullement au pays dont les défis à relever sont pourtant de taille.
Toutefois, ce sont les autres qui en profitent…

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