15.04.09 Le Potentiel : Cinq questions à Geoffroy Matagne

 

1. Vous avez participé à un séminaire d’information et
d’appropriation de la décentralisation en RDC organisé à l’intention
des Entités territoriales décentralisées (ETD). Quelles sont vos
impressions sur le déroulement de ces assises ?

Ce séminaire a été organisé par la Cellule d’appui politologique en
Afrique centrale (CAPAC) de l’Université de Liège en Belgique à la
demande du ministre congolais de la Décentralisation avec l’appui de la
région Wallonne. L’objectif était d’informer les acteurs locaux de
nouvelles dispositions légales dans le domaine de la décentralisation.
Ensuite, nous souhaitons établir un état de besoin des Entités
territoriales décentralisées (ETD) à partir de nos discussions.
Celles-ci ont été riches et nous réfléchissons maintenant sur la
manière d’étendre ces expériences sur l’ensemble du territoire de la
République démocratique du Congo. Enfin, nous allons étudier la
création d’un centre d’appui et des ressources qui permettrait de
rencontrer une série de besoins identifiés.

2. Le contexte de la décentralisation est marqué par la
problématique du fameux 40% à rétrocéder aux provinces. Pensez-vous que
les rapports, à l’heure actuelle, entre le pouvoir central et
provincial sont au beau fixe ?

Le professeur Kumbu de l’Université de Kinshasa résume la
décentralisation avec la formule suivante : décentralisation est égale
à compétence plus ressources. Celles-ci sont indispensables pour mettre
en oeuvre la décentralisation. Les 40% sont prévus dans la Constitution
et les lois organiques pertinentes. En démocratie, ce qui compte, ce
n’est pas que les relations soient au beau fixe. Car les conflits
naissent toujours. Par contre, il importe de mettre en œuvre des
mécanismes de résolution des conflits légaux et pacifiques prévus en
particulier dans la Constitution.

3. Quelles sont les étapes à franchir pour permettre aux ETD d’être productives en assurant le bien-être de la population ?

Les ETD, pour être légitimes, doivent, d’une part, être élues et,
d’autre part, assurer les responsabilités pour le bien-être de leurs
populations en fonction de leurs compétences. L’élection est prévue
mais elle doit encore être organisée. C’est une étape importante pour
préparer le terrain. Les prochaines étapes seront notamment l’obtention
des ressources financières suffisantes, l’amélioration des capacités de
ressources humaines et l’identification des chantiers prioritaires au
niveau communal. Les défis sont immenses.

4. Comment administrer une commune urbaine en République démocratique du Congo ?

Il est évidemment essentiel de pouvoir compter sur des ressources
financières stables et prévisibles et sur les fonctions publiques
locales compétentes et loyales. Il est donc capital d’être à l’écoute
des besoins de la population qui jugera l’action des gouvernants
locaux. L’élection ne fait pas la démocratie, mais le contrôle citoyen
et la répétition des élections.

5. Quels sont les défis actuels qui restent pour le processus de la décentralisation en RDC ?

Dans la mise en œuvre de la décentralisation du gouvernement
central, il convient encore d’adopter une série de législations
organiques qui sont indispensables à la poursuite du processus
constitutionnel. Il s’agit notamment de la loi financière qui assurera
l’autonomie des provinces et des ETD ainsi que des lois qu’il faut
encore adopter afin d’organiser des élections locales prévues par la
Constitution en vigueur en RDC.

PROPOS RECUEILLIS PAR ALAIN NGULUNGU

Maître de conférences à l’Université de Liège et vice-président de l’Association belge des sciences politiques.

Laissez un commentaire

Vous devez être connectés afin de publier un commentaire.