Le Développement Endogène et Intégral au Congo : L’Epine Dorsale de l’Idéologie du Développement National du Président Joseph Kabila (Par Mzee Lombe Mwembo, Ph.D)
Pour mieux comprendre la vision du Président
Joseph Kabila dans ce domaine précis de développement, il est utile de rappeler
que tel qu’il est utilisé dans le monde d’aujourd'hui, le terme développement
trouve son origine en Occident. En effet, un des présidents des Etats-Unis a
grandement contribué à l’expansion du vocable et du mouvement de développement.
Pour ce Président des Etats-Unis, l’objectif de créer le mouvement de
développement était d’aider les pays appelés à tort ou à raison ‘pays pauvres’ à
sortir de la pauvreté et de la misère. Bien sûr, il parlait de la pauvreté matérielle
en comparaison des pays occidentaux. Cette pauvreté était décrite comme suit:
carence de nourriture, pénurie d’eau potable, manque de routes et de ponts, insuffisance
des hôpitaux et des médicaments d’origine occidentale, pour ne citer que cela.
Etant donné que les idées de ceux qui ont le
pouvoir se répandent rapidement, le monde occidental d’abord, puis le monde entier s’est lancé
dans les business de développement initié par le Président américain. Partout
dans le reste du monde, tout le monde ne parle que développement, musiciens,
pasteurs, enseignants, militaires, politiciens, tout le monde aime et parle développement.
Pour l’initiateur du mouvement de développement, l’objectif étant d’éradiquer
la pauvreté dans les ‘pays pauvres’, les ex colonies européennes.
Missionnaires, techniciens, organismes internationaux étaient envoyés avec la
mission divine de terminer la pauvreté matérielle dans le monde.
Après presque cinquante ans d’investissements
immenses en argent et expertise, toutes les personnes honnêtes reconnaissent
que le développement tel que prôné par les occidentaux est un échec cuisant. Il
est bien entendu vrai que par ici par là au Congo, les occidentaux ont construit
des routes et des ponts, des écoles et des hôpitaux, etc., mais en général la pauvreté
matérielle n’a pas été éradiquée. Au contraire, la misère, la pauvreté ne font
qu’augmenter à telle enseigne qu’il n’est pas faux d’affirmer que le soi-disant
‘développement’ a provoqué le sous-développement.
Dieu a créé l’homme et la femme pour ‘être plus’,
‘avoir plus’ et ‘accomplir plus’. Etre plus, avoir plus et accomplir plus constituent le
fondement du développement inhérent à tous les peuples de toute l’humanité.
Cependant, au cours de leurs histoires, certains individus ou certains peuples
ont mis l’accent sur un ou deux éléments du développement au détriment des
autres. C’est ainsi que certaines civilisations ont consacré plus d’efforts
dans le développement matériel (avoir plus) au détriment de développement moral
et social que j’appelle ‘être plus’.
Si le Président Joseph Kabila encourage les
congolais à revoir le concept de développement pour adopter le développement endogène,
c’est, à mon humble avis, à cause des échecs du type de développement qui est pratiqué
jusqu'à ce jour. Le type de développement pratiqué au Congo et en Afrique pour
la plus part des cas est un développement exogène. Cela veut dire un développement
conçu, financé, soutenu, contrôlé, imposé ou copié de l’extérieur du Congo et
de l’Afrique. L’une des faiblesses du développement exogène réside dans le fait
que les idées, les matériels et les méthodes utilisés ne sont pas toujours
conformes aux réalités locales. Malgré la bonne volonté, le développement conçu,
soutenu et financé de l’extérieur ne donnera pas des résultats escomptés par
manque de volonté et capacités internes de le soutenir. Les efforts s’écrouleront
comme les briques à daubes superposées sur la fondation en pierre; elles ne
tiendront pas pour longtemps. Un proverbe de chez nous soutient cette idée
lorsqu’il déclare que l’on ne peut pas bien cuire des haricots en utilisant
exclusivement l’eau d’emprunt, ‘Maji
ya kuazima haivishe maharagi’.
Le développement endogène dont parle le Président
Joseph Kabila signifie un développement venant de l’intérieur des cœurs et des têtes
des congolais. Autrement dit, le développement endogène requiert que les activités
de développement soient conçues, pensées, soutenues, financées, contrôlées, sponsorisées
par les congolais d’abord avant de chercher un complément d’aide extérieure.
Pour dire cela autrement, le développement endogène, exige que l’on commence
par les hommes, les femmes et les enfants et non commencer par les projets. Le
changement de leurs mental est une condition sine qua non à la réussite du
combat du développement. Les mentalités des congolais et des étrangers constituent
un véritable obstacle au développement endogène par ce que l’enseignement que
les congolais ont reçu et continuent de recevoir leur inculque l’idée que tout
ce qui est congolais est lait, païen, barbare, sale, incompétent, désorganisé,
diabolique, ignorant, etc. Cela constitue un défi à relever. D’autre part,
certains étrangers souffrent de complexe de supériorité et pensent qu’ils ont
la mission divine de changer le Congo et les congolais. Le congolais a fini par accepter la place qui
lui a été assignée. C’est aussi un défi à relever. Examinons ces deux défis en
détails.
Les Défis du Développement Endogène au Congo
On peut tout dire, les hommes, les femmes et les
enfants congolais constituent un grand défi
à relever pour un certains nombre de raisons. Les hommes, les femmes et les
enfants congolais sont depuis longtemps habitués à regarder en direction de
l’occident pour faire leur développement. Les écoles, les églises, les medias
et toutes les sources d’informations étrangères et congolaises présentent
souvent les congolais et le Congo comme un tabla rasa, un tableau vide, ou des récipients
vides à remplir avec les idées, les pensées, les matériels, les langues et
cultures extérieures. Pour commencer le développement endogène, il nous faut
tout d’abord reconnaitre que nos têtes, nos cœurs, nos églises, nos
institutions politiques et religieuses actuelles renferment une trop forte dose
des éléments exogènes (externes) qui constituent un frein au développement endogène.
Un examen rigoureux et une volontee farouche s’imposent pour nous débarrasser
de certaines valeurs internes et extérieures qui nous freinent et ne retenir
que celles qui peuvent nous aider à avancer et à nous développer au 21ème
siècle. Après tout, ce que nous
cherchons, ce n’est pas le développement du Congo, mais le développement au
Congo.
J’ai toujours invité les gens à observer comment
les pays occidentaux se sont développés. Ils utilisent leurs langues, leurs
cultures, leurs matériels autant que cela est possible. Cependant ils cherchent
ailleurs les ressources humaines et matérielles qui leur manquent pour les
utiliser conformément à leurs cultures ou leurs modèles de développement. Pour
eux, leur développement est endogène dans le sens que les Français utilisent le
français et le modèle français; les Allemands utilisent l’allemand et le modèle
allemand, les Anglais utilisent l’anglais et le modèle anglais, les Espagnoles
utilisent l’espagnole et le modèle espagnole.
Cependant, lorsque deux congolais nés dans un même
village discutent les questions de développement de leur village, ils utilisent
le français et imitent le modèle occidental. Cela ne tiendra jamais car très,
très peu de congolais peuvent vraiment penser, concevoir les nouvelles idées ou
inventer des technologies nouvelles en pensant exclusivement en français.
est d’accord de son décollage en développement conçoit les projets en
Mandarine et utilise la culture chinoise quoique très diverse; elle a aussi
plusieurs langues nationales. Les chinois écrivent les plans de leurs projets
en Mandarine, l’une des langues de
congolaise pour le développement national équivaut à les rabaisser, car
nombreux ne peuvent pas fonctionner sans le français ou tout simplement par ce
qu’ils n’ont pas eu l’occasion d’apprendre qu’ils existent les perspectives
congolaises. Ferons-nous le développement endogène en utilisant exclusivement
le français et le modèle des autres ? On ne peut pas bien cuire des
haricots en utilisant exclusivement de l’eau empruntée chez la voisine.
Un autre défi du développement endogène réside
dans la lutte pour la survie ce ceux qui ont amené le développement. Les pays
qui sont habitués à traiter le Congo et l’Afrique comme une vache au lait ne lâcheront
pas facilement leur proie. La nature humaine lutte pour conserver les avantages
acquis. Les pays qui ont assigné aux congolais et les africains le rôle de
producteurs de matières brutes en se réservant le rôle de producteurs des
produits finis abandonneront-ils facilement leurs tactiques ? Cette
stratégie leur procure des bénéfices et avantages scandaleux. Un compatriote a
fait remarquer qu’une latte d’écolier fabriquée en occident en utilisant du
bois produit au Congo par les congolais leur est vendue dix fois plus cher
qu’une tonne de bois de leur production. Cela est vrai pour 1 kg de coltan ou de
cuivre produit au Congo dont le produit fini coute dix, voire cent fois plus
cher que la matière brute. Sans développement endogène nous seront toujours
victimes de l’exploitation et de la dépendance des autres.
La préférence qu’ont la majorité de congolais de
consommer les produits occidentaux et asiatiques au détriment des produits
locaux constitue un autre défi pour atteindre le développement endogène. Le marché
mondial d’aujourd’hui étant caractérisé par la compétition, la pratique du développement
endogène constitue une occasion d’or pour les congolais de se faire une place
dans l’économie mondiale et par ricochet relever l’économie nationale, réduire
la dépendance extérieure et reconquérir notre dignité d’hommes ou de femmes
congolais. Les congolais doivent produire les produits de qualité qui font leur
propre publicité. Il ne s’agit pas d’interdire aux congolais la consommation
des produits étrangers, mais de les encourager de produire les produits de
haute qualité pour gagner le marché et attirer les acheteurs congolais.
Le développement endogène est possible au Congo,
mais il exige une révolution, une discipline, une connaissance de soi et une détermination
sans recul. Un bon exemple de développement endogène dans la musique congolaise
peut nous aider à comprendre ce que nous
nous pouvons faire dans les autres aspects de notre développement national. La
musique de notre sœur Tshala Mwana est un bon exemple de développement musical endogène.
Pourquoi cela ? Notre consœur cherche le matériel local, les histoires et
les incidents d’inspiration locale; elle utilise les langues locales, les
proverbes du milieu local, la danse, les mouvements et les gestes tous inspirés
de la culture locale. Bien que Tshala
Mwana utilise parfois les instruments de la technologie dite moderne, et
parfois le français, elle sait comment les intégrer et les moudre dans sa
culture et sa musique et leur imposer son rythme original pour sortir des
chansons qui font danser les pasteurs et les prêtres. Pour cette raison elle
n’a pas de concurrents dans le marché mondial de la musique de son genre. Certaines
n’aiment pas sa manière de se s’habiller dans certains concerts, mais en général,
Tshala Mwana est l’une des rares vedettes de la musique congolaise qui a su,
avec succès, faire la synthèse entre les éléments culturels congolais avec les éléments
externes du temps moderne.
Nous
devons savoir comment intégrer nos ressources humaines, matérielles et
culturelles aux réalités du monde mondialisé de plus en plus compétitif. Nous
ne pouvons pas faire la compétition avec la langue des autres et le
développement calqué sur le modèle des autres. Pour le moment nos ressources
humaines, matérielles et culturelles sont négligées, méprisées dans l’œuvre de développement
de notre pays et de notre grand continent. Nos bambous, nos lianes, nos fruits,
nos langues, nos coutumes, nos valeurs ne sont pas suffisamment intégrées dans
notre développement.
L’exemple de développement endogène sera suivi
par la population lorsque les dirigeants congolais commenceront à recourir à
leurs sources, à leurs langues, à leurs cultures pour la reconstruction d’un
grand Congo au cœur de l’Afrique. Au lieu se de rendre en vacances en Occident
ou en Asie, au lieu d’envoyer leurs enfants habiter
dépenser beaucoup d’argent inutilement, nos dirigeants ont l’obligation de visiter
leurs milieux d’origine munis de leurs cameras photos, camera-vidéos et ordinateurs
pour s’abreuver à la source de la sagesse ancestrale Bantu. Qui a dit que nos
ancêtres n’avaient pas de connaissances pour lutter contre les maladies, la
famine, la sécheresse, et les
inondations ? Le fait que nous soyons là aujourd’hui est une preuve
tangible que nos ancêtres possédaient des connaissances dont nous pouvons bien
nous servir aujourd’hui bien entendu en nous inspirant des autres pour
atteindre notre développement endogène et intégral.
Le Président Joseph Kabila a aussi recommandé un
développement intégral. Cela veut dire un développement équilibré entre le matériel,
le social et le moral. Un développement matériel sans étique moral et social
est une violence. L’une des valeurs de l’Afrique traditionnelle est le concept
de développement holistique qui exige une balance, une harmonie entre le matériel,
le moral et le social, entre l’homme et l’univers, entre l’homme et son
créateur. Les possessions matérielles sans respect des autres, sans transparence,
sans intégrité, sans honnêteté, sans solidarité, sans collaboration, sans tolérance,
sans compassion est une exploitation ou tout simplement une ruine de l’âme et
destruction du pays.
Conclusion et Recommandations
Le développement est un concept propre à tous
les hommes, mais le développement matériel dans sa conception actuelle est une
propagande de certaines puissances occidentales. Après plus de cinquante ans de
développement matérielle ou croissance matérielle, force est de constater que
plus les efforts sont fournis en argent et expertise, plus les pays dits
‘pauvres’ deviennent plus pauvres. Le développement exogène, conçu, pensée,
soutenu et calqué sur le modèle extérieur demeure l’une des causes de cet échec.
Heureusement, le développement endogène, auto-pensée, auto-soutenu par les
congolais offre la seule voie de sortie. Ce nouveau type de développement
demande la création d’un centre national de développement endogène a l’instar
de celui créé au Burkina Faso par le prestigieux professeur Joseph Ki-Zerbo.
Peut-être que ce centre existe déjà au Ministère du Développement. Les résultats
des études de ce centre doivent être soutenus par nos dirigeants et disséminés
dans tous les coins de notre beau Congo. Nous ne pouvons que demander au
Président de
de soutenir, encourager le développement
endogène. Au Gouvernement congolais nous sollicitons de répandre les idées et
la vision du Président Joseph Kabila qui recommande un développement endogène, intégral
et appropriée à nos réalités sociales et culturelles. Atteindre le
développement endogène demande une révolution des idées, un courage et une
persistance hors du commun. Il n’y pas de raccourci en développement endogène,
c’est un travail de longue haleine, de longues années. Avec le soutien des
dirigeants nous y arriveront.