14.07.09 Congo1: Secrétaire national aux relations extérieures, Félix Tshilombo éventre le boa sur le schisme qui mine l’Udps










Réponse : vous dire qu’il est facile
d’être Félix Tshilombo, fils d’Etienne Tshisekedi, en ce moment, serait mentir.
Mais, en même temps, je l’assume pleinement car, je suis très fier d’être le
fils de cet illustre combattant de la liberté. Et donc, même si ce n’est pas
facile en ce moment, je préfère demeurer dans ma peau car je sais que très
bientôt, ce vent passera et qu’à l’UDPS nous parlerons un autre langage.

Q.
Félix Tshilombo Tshisekedi, il nous a été rapporté que vous aviez déclaré
dernièrement sur une chaîne de télévision kinoise être le seul à connaître la
philosophie du combat politique de votre père. Est-ce que cette assertion est
vôtre? Auquel cas, que pouvez-vous dire à tous ceux qu'elle a heurtés et qui
vous reprochent de vouloir vous approprier Etienne Tshisekedi au point de
vouloir l'enfermer dans le carcan familial?

R. Voici exactement ce que j’ai
dit : « Pour l’avoir pratiqué en tant que père, d’une part, et
en tant que leader politique, d’autre part, je pense être bien placé pour
pouvoir traduire en actes, la philosophie d’Etienne Tshisekedi. » Qu’y
a-t-il de choquant dans cette phrase ? En réalité, le problème se situe
dans votre première question. Je gêne énormément certaines personnes dont les
agendas avaient déjà été mis à l’heure de l’après Tshisekedi. Ils ont cru que
ça en était terminé pour le Lider Maximo et que leur tour était arrivé. J’ai
débarqué à ce moment-là de Belgique, en prônant l’unité chère à Etienne
Tshisekedi. Et c’est là mon tort, celui d’avoir incarné la philosophie du Chef,
que les uns et les autres avaient déjà jeté à la poubelle, au risque d’émietter
le parti. D’autre part, sachez qu’il est impossible d’enfermer Etienne Tshisekedi
dans un carcan. L’homme est resté le même malgré ses ennuis de santé.
Seulement, il a compris que les médecins ont raison de lui conseiller un repos
long et complet. Car, par deux fois dans le passé il avait négligé leurs
prescriptions en privilégiant le parti, et mal lui en pris. En 2007, il avait
décidé d’écourter un séjour médical en Afrique du Sud pour rentrer
précipitamment au pays afin d’y lancer les préparatifs du congrès. Et en 2008,
rappelez-vous, il a raccourci son temps de repos et a repris, très vite les
activités (un voyage en Suède, et la gestion de la crise qui sévissait au
pays). Il a, à chaque fois, été rattrapé par la santé, c’est pourquoi il a
décidé de prendre le maximum de temps de repos possible. Et la famille y
souscrit totalement. Ne croyez donc pas à ces bonimenteurs qui n’ont rien
d’autre à faire que de calomnier et de médire sur la famille du PN.

Q.
D'aucuns à l'UDPS vous reprochent d'avoir annoncé votre candidature à la
magistrature suprême et vous accusent non seulement d'avoir ainsi porté ombrage
à votre père, le chef du parti et son candidat naturel, mais également de
l'avoir trahi. Pensez-vous être dans votre bon droit, alors que vous êtes cadre
de l'Udps, de vous déclarer candidat président de la République sans l'aval du
parti?

R. Avant toute chose, il faut que l’on sache
que l’UDPS est un parti démocratique et qu’Etienne Tshisekedi est le symbole
même de cette valeur qu’est la démocratie. Vouloir qualifier de sacrilège tout
acte de candidature évoquée à côté de celle d’Etienne Tshisekedi, c’est un
piège visant à présenter ce dernier comme un leader aux allures dictatoriales.
Ce qui est faux car s’il y a quelqu’un pour accepter cette diversité de
candidatures, c’est bien lui. Donc, il n’y a déjà pas de trahison de ma part, que
du contraire. Ensuite, je ne crois pas que ce soit aussi simple de porter
ombrage au Président National de l’UDPS, car pour avoir son charisme et son
aura, il faut se lever tôt. Enfin, la candidature à laquelle vous faîtes
allusion n’a jamais été formelle, mais bien conditionnelle. C’est-à-dire
qu’elle est assujettie à plusieurs préalables à savoir, la non candidature
d’Etienne Tshisekedi et ma désignation par le parti, sans parler des problèmes
d’organisation, de finances et j’en passe. Et de tout cela, il n’en est pas
encore question pour le moment. Mais comme je vous l’ai dit plus haut, ceux à
qui je donne des cauchemars veulent coûte que coûte en finir avec moi. Faîtes
un sondage, et vous vous apercevrez que la plupart des énergumènes qui
vocifèrent à ce sujet n’ont même pas lu cette interview. Je ne peux pas
comprendre que l’on mette à mal les efforts et sacrifices de tant d’années pour
des problèmes de positionnements personnels.

Q.
En votre qualité de Secrétaire national aux relations extérieures, vous n'êtes
pas sans savoir que les représentants de l'Udps à l'extérieur sont divisés en
deux camps à l'instar des cadres nationaux à Kinshasa. Quels sont vos
rapports avec les représentants et comment gérez-vous cette situation ?

R. C’est effectivement un problème. Mais tout
cela illustre bien la cacophonie qui prévaut au sein du parti à cause des
problèmes d’ambitions personnelles. Car, un représentant à l’UDPS est un
ambassadeur de la Direction Politique et donc du Président National. Il ne doit
jamais, au grand jamais, prendre position officiellement pour ou contre des
membres des organes centraux. Or, c’est ce que l’on observe pour l’instant et
c’est inacceptable. Je suis arrivé à la tête de ce département en trouvant
cette situation, je vais tâcher d’y remédier. Mais d’ores et déjà, il y a des
Représentants qui ont dû être écartés pour manque de collaboration, vice de
forme dans leur désignation ou insubordination.. Dans quelques semaines, nous
comptons organiser des états généraux de la diplomatie de l’UDPS, et nous en
saurons plus à ce moment-là sur la situation de nos Représentants et aussi
celle de la diplomatie à déployer pour sensibiliser la Communauté
internationale à s’impliquer davantage afin que l’on ait cette fois-ci en RD
Congo, des élections réellement libres, démocratiques et transparentes. C’est
par ce truchement, j’en suis convaincu, que l’UDPS notre parti, pourra accéder
au pouvoir.

Q. Comment, d'après vous, en
est-on arrivé à ce schisme au sein de l'Udps? Et pourquoi avez-vous choisi le
camp d'Alexis Mutanda et Valentin Mubake et non celui de l'ambassadeur
Beltchika? Si vous étiez dans le camp Beltchika, on vous aurait posé la même
question. Comment justifiez votre choix actuel?

R. Tout d’abord, je n’ai pas fait un choix. Ou
sinon celui du camp du Président National. J’ai tout simplement obéi aux ordres
de celui-ci qui m’a nommé à ce poste de Secrétaire National aux Relations
Extérieures. Devais-je refuser d’exécuter cet ordre pour faire plaisir à X ou
Y ? Je ne crois pas. Par contre, cela ne m’a pas empêché de tenter le
rapprochement. En effet, ma nomination n’est intervenue que vers la fin de
l’année 2008. Et depuis le mois de février de la même année, je n’avais ménagé
aucun effort pour rapprocher les uns et les autres, en vain. Lorsque j’ai eu
mes fonctions, le camp de Beltchika s’est mis à me vilipender gratuitement,
s’en prenant même à ma mère et à mes frères, en nous accusant, à tort, d’être
derrière les décisions qu’ils jugeaient défavorables pour eux.. Dans leur
obsession à vouloir écraser l’adversaire (Mubake, Mutanda, Moleka…), ils ont
été jusqu’à manipuler les Fondateurs pour les opposer au Président National.
C’est là que j’ai perdu ma neutralité car je me suis aperçu qu’il s’en prenait
à quelqu’un qui, non seulement n’était pas en mesure de se défendre, mais de
plus, qui subissait, à cause de leurs actes, le contre-coup sur le plan de sa
santé. Pour revenir à votre question, le problème à l’UDPS est celui des
ambitions gloutonnes des uns et des autres, sans égard pour la base des
combattantes et combattants, ni même pour le Président National que beaucoup
donnaient déjà pour mort, comme je vous l’ai dit précédemment.

Q.
Vous comptez organiser un congrès avant la fin de l'année. Quelle pourra être
la spécificité de ce congrès par rapport à celui déjà organisé sous la houlette
de l'ambassadeur Beltchika?

R. Sa spécificité est qu’il aura obtenu l’aval
du Président National et si tout va bien, connaîtra aussi sa participation
personnelle. En plus, il sonnera l’heure de l’unité pour faire face aux grandes
échéances à venir. Car comme vous avez pu le remarquer, le camp de Righini a
accentué les antagonismes jusqu’à créer un fossé immense entre les deux camps,
rendant difficile, voire même impossible toute possibilité de conciliation.
C’est pourquoi aux Assises de Bruxelles, nous avons proposé à l’exclusion, les
meneurs de cet état de rébellion au sein du parti. Mais ça, c’est une autre
histoire à laquelle nous pourrions revenir, si vous le souhaitez.

Q.
Effectivement votre groupe a clairement pris ses distances avec celui de
Beltchika en proposant au président national  à l'issue de vos assises de
Bruxelles de formaliser l'exclusion de Beltchika et de certains autres cadres.
Pensez-vous, après avoir décidé de la participation aux prochaines élections,
que l'Udps serait utilement en ordre de bataille si les deux camps aujourd'hui
opposés ne regardent pas dans la même direction?

R. Vous savez, je peux vous affirmer, pour les
avoir tous fréquentés, que je ne vois plus de réconciliation possible. A moins
que le Président National, sorte une carte dont il a le secret pour nous
surprendre à nouveau. Et quand bien même ce serait le cas, je ne crois pas que
la paix des cœurs règnera. Il y aura une hypocrisie qui, tôt ou tard,
débouchera à nouveau sur une crise. Devant une telle situation, il faut
chercher et identifier les coupables afin de les proposer à la sanction. Cela
est d’autant plus vrai que derrière cette rébellion du camp de Righini, il y a
un défi lancé à Etienne Tshisekedi. Ces gens ont décidé de passer outre les
décisions du Président National, comme par exemple la 081 (qui dissolvait le
Comité organisateur du congrès, Coc en sigle), pour poser des actes qui
compliqueraient, espèrent-ils, la tâche du Président quand il s’agira de trouver
une solution à la crise. Les meneurs ont été proposés à la sanction car, ils
savaient pertinemment que le Président ne voulait plus d’un congrès dans cette
ambiance et sans aucune référence car il n’avait reçu aucun rapport sur les
préparatifs. Ils ont foncé, tablant sur le fait qu’Etienne Tshisekedi ne se
relèvera pas de sa maladie. Cela ne peut pas rester impuni !

Q. Si à la fin de sa convalescence, le PN invitait les deux camps
aujourd'hui opposés à se mettre derrière lui, ne pensez-vous pas que la réalité
serait plus belle que le rêve de ceux qui ne jurent aujourd’hui que par la
nécessaire unité de l'Udps avant d'aller aux élections en vue de remplacer le
leadership fainéant actuel au sommet de l'Etat?

R. Oui, mais quelle sera la réalité à ce moment-là ?
Ce sera deux camps opposés rangés derrière un même leader. Ca ressemblera à ce
que le Pprd s’apprête à vivre avec la création, par Vital Kamerhe, d’un parti
politique pro-Kabila mais opposé aux autres kabilistes. Je ne pense pas que ce
genre de situation soit efficace. Ce n’est pas que je refuse toute idée de
réconciliation, loin de là, mais je suis simplement réaliste et je considère
que le mal qui a été fait, principalement par le groupe Beltchika, a été
profond et ça ne s’oublie pas sur un claquement de doigts. En plus, si nous
gagnons aux élections, il faudra gouverner. Comment répondre aux attentes de
nos concitoyens alors que dès le départ, l’équipe sera divisée ? L’UDPS a
l’ambition de remplacer ce pouvoir moribond pour changer la situation de nos
compatriotes. Je ne crois pas que nous y arriverons avec une équipe divisée
derrière son Président. Pour relever le défi du changement politique en RDC, il
faut un pouvoir crédible, qui a la confiance des congolais et qui soit
homogène. Ce n’est plus le cas à l’UDPS aujourd’hui. Donc, il faudra qu’Etienne
Tshisekedi tranche. Et croyez-moi, il y aura des pleurs et des grincements de
dents car, dit-on, pour faire des omelettes, il faut casser des œufs.

Q. Il y a quelques jours, les relais du camp Beltchika annonçaient sur le net que le rapport
ainsi que les résolutions du congrès de Righini sont entre les mains du PN qui
aurait dit à la personne qui les lui a remis qu'il s'est toujours incliné
devant la décision de la base, que le collège des Fondateurs est l'organe
suprême du parti et quiconque va à son encontre, c'est la dictature.

Voulez-vous nous dire si
c'est vrai que le PN a reçu le rapport du congrès de Righini alors qu'il
n'avait pas voulu le recevoir de Mgr Mulumba. Et si c'est vrai qu'il l'a reçu,
a-t-il tenu les propos qu'on lui prête?

R. Cette question est
très importante et vous faîtes bien de me la poser car elle illustre bien
l’origine de la crise. Nos amis de Righini ont depuis le début de cette crise,
usé de mensonges, de manipulations et de diabolisation de ceux qui ne voient
pas les choses comme eux. Je m’excuse d’avance auprès de vos lecteurs parce que
je serai long mais il faut que j’explicite bien mon propos à ce sujet. Lorsque
par les décisions 068 et 069, le Président National avait suspendu les organes,
d’aucuns se sont posés la question de savoir ce qui arrivait à Etienne
Tshisekedi. En effet, il s’est passé des choses louches que nous allons bientôt
tirer au clair. Lorsque après la réhabilitation par les décisions 073 et 074,
des personnalités et des organes prétendument suspendus, le Président National
sortira la décision 075 qui précisait le rôle de chaque organe au sein du Coc
et de ses deux coordinations (Spog et Stoc), M. Aka, son assistant d’alors
falsifia ladite décision pour tenter de l’orienter en faveur du Coc, qui
voulait s’arroger tous les pouvoirs. La sanction ne tarda pas : le PN le
remplaça immédiatement par M. Moleka ! D’autre part s’il est vrai que le
Collège des Fondateurs est une autorité morale (et non effective ou physique),
en revanche toute décision doit être promulguée par le PN, conformément à
l’art. 26 alinéa 3, sans quoi elle n’est pas valable et ne peut donc pas être
officielle. Alors d’où est venu le fait que les Fondateurs se sont érigés en
Présidents nationaux pour commencer à prendre des décisions contraires et
contrariant le Président National ? La bande de Righini a évolué ainsi de
falsifications en falsifications, de violations des textes en violation des
textes, de mensonges en mensonges. Tenez, pour attirer les délégués à ce qu’ils
ont appelé congrès, ils leur ont raconté que le PN était déjà à Kinshasa, caché
dans une ambassade, en attendant le début du congrès. Et lors de la cérémonie
d’ouverture, M. Beltchika a lu un discours prétendument attribué au Lider
Maximo. Plus tard, et alors qu’ils
diabolisent la famille biologique du PN, ils n’hésiteront pas à utiliser
celle-ci, par le canal de Mgr Mulumba Gérard, frère du PN, pour faire parvenir
à celui-ci les résolutions de leur messe noire. La réponse fut cinglante :
le PN a retourné les documents à ses expéditeurs et les a invités à passer par
la voie officielle, c’est-à-dire, son cabinet pour ce faire. C’est pourquoi, en
quête de légitimité perdue, ils imaginent une rencontre entre le PN et un
fantôme qui aurait remis, en leur nom, les résolutions de leur messe noire.
Demandez-leur de donner le nom de la personne, la date, le lieu et l’heure de
cette fameuse rencontre avec le PN. Ceux ont vécu cette crise ont compris que
les « camarades » de Righini procèdent toujours de la même manière.
Ainsi, après les Assises de Bruxelles et la rencontre entre les participants à
ce forum et le PN, ils ont imaginé une version selon laquelle ce dernier nous
aurait renvoyé auprès d’eux. Ca devient tragi-comique et ça ne mérite même plus
que l’on s’y attarde ! Ce pseudo
congrès a été construit sur le mensonge et la manipulation. Et lorsque vous
voyez les personnes qui ont été désignées pour occuper les fonctions dans les
organes découlant du forum de Righini, vous remarquerez que c’est un groupe
d’amis qui s’est réparti les postes. On a pris les mêmes pour recommencer. Ce
n’est pas de cela que l’UDPS a besoin, car les mêmes causes produiront les
mêmes effets. Nous avons besoin d’unité d’abord, pour ensuite faire l’introspection
de notre parcours depuis la création de l’UDPS jusqu’à ce jour. Ensuite, nous
devons définir un chronogramme des objectifs à atteindre et nous doter des
moyens pour ce faire. Nous devons ensuite renouveler notre personnel dirigeant
en désignant des femmes et des hommes neufs, au discours rénovateur. Nous
devons dès à présent avoir un programme de gouvernement qui se doit d’être une
véritable alternance au chaos nous servi par la coalition Pprd-Palu-Udemo
actuellement au pouvoir. L’UDPS a cessé de faire rêver notre peuple d’un monde
meilleur. Et ce n’est pas des manipulateurs au discours haineux qui attireront
les foules. Notre popularité s’effrite à cause de nos conflits mais aussi d’une
absence de discours et de propositions. Et la seule personne qui a le charisme
nécessaire pour faire revenir le succès dans nos rangs, c’est Etienne
Tshisekedi wa Mulumba ! Je me demande pourquoi cette précipitation à
aggraver la crise alors que l’UDPS, plus que jamais, a de nouveau l’occasion de
prendre le pouvoir. Certains disent que nos conflits sont téléguidés par les
ennemis du parti. Et je me demande dans quelle mesure cette assertion a-t-elle
un lien avec la réalité. Je ne veux pas
être méchant mais que valent les frondeurs de Righini sans l’appui d’Etienne
Tshisekedi ? Que dalle ! Et voilà pourquoi ils n’ont fait qu’user de
mensonges, en appliquant la sacro-sainte méthode du « ôte-toi de là que je
m’y mette » pour rester seuls maîtres à bord, alors qu’en réalité il
prépare un véritable suicide collectif. Mais croyez-moi, ils seront les seuls à
mourir.

Propos recueillis par
Etienne NGANDU et Raymond LUAULA

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