04.08.09 Le Potentiel: Cinq questions à Jules Lowuya

 

1. Pourquoi avoir choisi d’implanter une université à Lukolela et pourquoi « Université du Fleuve » ?

En fondant l’Université du Fleuve, Unif, nous avons voulu donner au
peuple congolais en général et, en particulier, aux populations rurales
du territoire de Lukolela et des territoires environnants, un cadre
idéal pour la promotion de leur développement. Dieu dit : « Mon peuple
périt faute de connaissance » (Osée 4, 6). Cette pensée a guidé notre
vision de contribuer au développement des milieux ruraux par
l’éducation et la recherche scientifique. L’éducation produit la
connaissance ; celle-ci produit le pouvoir. De par sa situation
géographique stratégique, Lukolela offre beaucoup plus d’opportunités
pour un développement durable que des contraintes. L’Université du
Fleuve, parce que son action, dans le domaine de la recherche
scientifique est centrée sur le fleuve Congo, ses affluents, ses
rivières et ses littoraux.

2. Ouvrir une université requiert des préalables, de quelles infrastructures disposez-vous et pour quel personnel ?

Nous pensons que le grand préalable pour ouvrir une université,
c’est avoir une vision d’abord, suivie d’une forte volonté d’agir. Pour
les classes de premier graduat, nous utilisons des salles d’une école
secondaire de la place. L’Unif dispose d’un terrain de plus ou moins 8
hectares sur lequel elle va s’implanter dès l’année académique
2009-2010. L’Unif se présente comme un nouveau-né dans le monde
scientifique. Elle a besoin de soins de toute part pour grandir. Nous
avons un personnel compétent composé de jeunes universitaires qui ont
accepté d’adhérer à notre vision qui consiste à contribuer au
développement durable des milieux ruraux par l’éducation et la
recherche scientifique adaptée aux réalités des milieux ruraux que les
chercheurs des centres urbains ne connaissent que partiellement. Nous
pensons que l’Unif est à la recherche des solutions aux problèmes posés
par la pénurie d’enseignants qualifiés pour l’enseignement secondaire
et par l’exode rural.

3. Quelles filières de formation offre l’Unif à la jeunesse congolaise et pourquoi ces options ?

Pour le moment, l’Unif offre des filières ci-après à la jeunesse
congolaise : les sciences agronomiques appliquées ; ces études sont
conçues et organisées pour former les ingénieurs agronomes qui ont un
esprit concret et pratique d’entreprenariat ; les titulaires
d’agrégation pourront faire carrière dans la profession enseignante.
Les sciences administratives et commerciales : les filières des
sciences administratives forment des cadres universitaires compétents
pour occuper des emplois de fonctionnaires supérieurs tant dans les
services publics, dans les entreprises privées, dans les institutions
financières, bancaires que dans les organismes internationaux ; les
titulaires d’agrégation pourront faire carrière dans l’enseignement.
Les filières des sciences commerciales aboutissent à de larges
possibilités d’emplois comme cadre de direction dans l’administration
publique, nationale et internationale, dans les entreprises privées et
aussi dans la carrière indépendante.

4. L’Université congolaise est malade. Elle forme une
élite qui a du mal à impulser un développement à la base. Il est
impensable qu’avec autant d’universitaires ce pays se retrouve à l’état
où il est. Comment l’Unif compte se démarquer de ce qui existe déjà?

A notre avis, votre analyse présente un jugement trop sévère à
l’égard de l’université congolaise. Celle-ci ne peut pas, elle seule,
porter la responsabilité de l’état où se trouve le Congo. Le Congo est
un corps et l’université congolaise n’est qu’un membre dans ce corps.
Nous pensons qu’une politique cohérente et réaliste dans ce domaine de
l’ESU éviterait les situations que nous sommes en train de déplorer
aujourd’hui. L’Unif est une université type « université des sciences
et technologies ». Elle a l’avantage d’être implantée dans un milieu
rural où elle est en train déjà de jouer un grand rôle. C’est un
instrument à la disposition de nos populations rurales pour impulser un
développement à la base. C’est la base d’un triangle qui soutient tout
le système. En RDC, la carte du savoir est déséquilibrée. La plupart
des universités se trouvent dans les grands centres urbains. Pourquoi
faire ? Ces cadres formés ne veulent pas descendre à la base. Il nous
faut former ces jeunes des milieux ruraux pour qu’ils prennent en main
la destinée de leurs milieux respectifs.

5. L’Unif n’est-elle pas une université de trop dans un
espace où celles qui existent déjà posent un sérieux problème de
viabilité. De quels atouts disposez-vous pour rendre cette université
compétitive à tous points de vue ?

Nous ne cesserons de le dire assez. Notre premier atout, c’est notre
volonté dans cette vision du développement des milieux ruraux. La
viabilité et la compétitivité d’une université doivent être examinées
dans un contexte éloigné d’un certain complexe de supériorité ou
d’infériorité. La qualité des enseignements, la motivation des
enseignants, les infrastructures, l’engagement des étudiants donneront
un bon résultat, c’est-à-dire des cadres compétents à notre pays. Il
existe dans le domaine de l’enseignement supérieur et universitaire ce
qu’il est bon d’appeler « le circuit mondial de l’information ». Nous
sommes en train dans le cadre de la recherche de l’excellence, de
mettre l’Unif au même diapason que les universités connues par leur
savoir-faire. Nous en avons le moyen.

PROPOS RECUEILLIS PAR DELPHIN BATEKO & ST. AUGUSTIN

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