13.08.09 Le Potentiel: Cinq questions à Moïse Tshibangu Tubenzele, par Stephane Etinga
1. Comment réagissez-vous au départ de M. Pecune, jusque là ADG de lOnatra ?
Je reste indifférent à la décision prise par le gouvernement à
légard du représentant du groupe Progosa à la tête de lOffice
national des transports (Onatra). Parce que sur le plan technique, on
na pas vu les capacités dun expert venu pour stabiliser les activités
de loffice en vue de la future restructuration de cette entreprise. Je
crois que si le gouvernement avait pris des précautions pour encadrer
le processus de transformation de lOnatra en société par action, M.
Pecune serait toujours à la tête de cette entreprise comme représentant
du groupe dintérêt de lEtat à côté des autres groupes dintérêt,
cadres de direction, daffaires et agents de lOnatra représentants des
travailleurs, sans oublier les représentants de gros clients et grands
fournisseurs. Parce que tous ont grand intérêt pour lexistence de
lOffice.
2. Que pensez-vous de la réforme des entreprises de la RDC ?
La réforme des entreprises de la RDC risque de prendre beaucoup de
temps, à cause du délai qui sépare le moment où elle a été conçue et
celui où elle a été décidée par le gouvernement, sans que ce dernier
ait fait le diagnostic complet des maux dont souffrent ces entreprises
publiques et mis sur pied un certain nombre de formalités et processus
à suivre pour la transformation desdites entreprises en sociétés par
actions.
3.Quelles sont, selon vous, les faiblesses de cette réforme?
Parmi les faiblesses à déceler dans cette opération, on peut noter
entre autres labsence détudes préalables de faisabilité et de
lapplicabilité de la réforme avant la signature des décrets relatifs
déjà rendus publics ; les groupes dintérêt (au moins sept parmi
lesquels les cadres de direction et dirigeants de la société et des
travailleurs) des entreprises publiques concernées nont pas été
impliqués dans le processus ; lacharnement du gouvernement à appliquer
à tout prix la réforme malgré la réticence de lopinion publique ; le
fait que le décret du 24 avril 2009 signé par le Premier ministre ayant
décidé, en exécution de la loi du 07 juillet 2008 portant dispositions
générales relatives à la transformation des entreprises publiques, que
les entreprises du secteur marchand sont transformées en sociétés
commerciales soumises au droit commun et que ces entreprises sont des
sociétés par actions à responsabilité limitée pour lesquelles aucune
autorisation nest requise pour leur constitution étant donné que
lEtat en est lunique actionnaire ; le fait que le décret du 24 avril
2009 du Premier ministre mette en exécution la loi du 07 juillet 2008
sans avoir fait abroger les décrets du chef de lEtat du 12 janvier
2008 portant nomination des membres des comités de gestion des ces
entreprises publiques ; la publication des décrets sur la réforme sans
avoir réuni les conditions dapplication ou de faisabilité de la
réforme ; la non publication des noms des associés intéressés ;
labsence de statuts jusquà ce jour alors que les entreprises
publiques ont déjà été transformées ; la prise des dispositions
relatives à la transformation des entreprises publiques en sociétés
commerciales avec lEtat comme seul actionnaire.
4. Avez-vous une esquisse de solutions pour réussir cette réforme ?
Jestime quil faut mettre en place un groupe de travail composé de
groupes dintérêt parmi lesquels les mandataires en fonction, les
représentants des cadres de direction et dirigeants, ainsi que les
représentants des travailleurs et autres intéressés à lexistence des
entreprises publiques ; programmer des réunions de travail avec les
différents groupes dintérêt pour étudier la faisabilité et
lapplicabilité de la réforme ; en cas dacceptation de la faisabilité
et lapplicabilité de la loi sur la réforme, le groupe de travail
recommande aux mandataires de faire létat des lieux en déterminant le
capital minimum de lentreprise, de rédiger ou élaborer les projets des
statuts et du règlement intérieur de lentreprise à transformer et,
enfin, de faire la publicité du souci du gouvernement à devoir
transformer lentreprise publique en société par actions pour que les
groupes dintérêt nationaux ou étrangers puissent se manifester.
5. Y a-t-il des conséquences au cas où ce que vous préconisez ne se réalise pas ?
Permettez que je puisse ajouter tout dabord parmi lesquisse de
solutions quelques pistes, notamment, faire signer par le Premier
ministre les décrets de mise en exécution de la loi de la réforme de
juillet 2008 pour la transformation des entreprises publiques en
sociétés commerciales, ainsi que les décrets par le chef de lEtat
portant nomination des administrateurs et des commissaires aux apports.
Il est question aussi de lenvoi en stage à tour de rôle de nouveaux
responsables des entreprises à tous les niveaux. Pour revenir à votre
question je vous signale que les conséquences au cas où ce schéma nest
pas respecté consistent notamment aux accros et à la nullité de la
société pour vice de forme et de publicité, ce qui va entraîner la
responsabilité pécuniaire et pénale du gouvernement.
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