Certains partis politiques vont jusqu'à mener des campagnes de
recrutement de nouveaux membres pour pouvoir séduire un électorat d'ici 2011.
Même les enfants de 16 ans, qui seront majeurs en 2011-18 ans étant l'âge
reconnu par la loi n°06/006 du 09.03.2006 qui porte sur l'organisation des
élections-sont invités à se faire enregistrer. Les médias également sont entrés
dans la danse.
Les chaînes de télévision organisent des débats politiques
mettant en présence des membres de la majorité présidentielle au pouvoir et ceux
de l'opposition et le ton devient alors houleux sur le plateau. Dans leur quête
de conquérir le pouvoir pour s'assurer un quinquennat (2011 à 2016), ces deux
clans politiques n'hésitent pas à prendre la population à témoin et à vanter
leurs réalisations de part et d'autre.
Le pouvoir ne cesse de louer ses
actions menées en faveur de la population dans le cadre de la reconstruction du
pays, notamment la construction de nouvelles routes et la réhabilitation des
infrastructures routières existantes, l'adduction d'eau potable dans les zones
où l'eau était jusque-là une denrée rare, le rétablissement de la paix dans
l'est du pays…
De son coté, l'opposition ne manque pas
d'imagination pour fustiger l'action gouvernementale, qui selon elle, se
caractérise par des arrestations arbitraires, par la corruption et par la
dépréciation de la monnaie locale face aux monnaies étrangères, pour ne citer
que ceux-là. Et dans cette
guerre de leadership pour les élections de 2011, les Congolaises ne sont pas en
reste. Si en 2006, elles ne s'étaient pas bien préparées pour briguer des sièges
aux élections présidentielles et législatives, elles ne veulent pas réitérer
cette expérience malheureuse aux prochaines échéances
électorales.
En effet, elles affûtent désormais leurs armes en
ayant pour seul objectif de "renverser la tendance électorale en 2011". C'est
dans cette logique qu'elles se coalisent, se liguent pour créer un leadership
féminin organisé, capable de prendre les commandes. Le "Caucus de
femmes", plate forme de défense des droits de femmes congolaises,
s'est constituée et a déjà annoncé ses couleurs. Elle vient de réunir
pour son troisième congrès plus de 700 femmes venues des 11 provinces de la RDC.
Celles-ci ont réfléchi autour du thème : "Femme,
flambeau du renouveau dans une vision d'action pour la refondation de la
RDC". D'importantes résolutions ont été arrêtées au terme de ce forum
national dans les domaines de
la bonne gouvernance, de la lutte contre la corruption et la tenue des
élections. En
premier lieu, les congressistes se sont engagées à lutter contre la corruption
qui gangrène la société congolaise. Elles proposent, pour ce faire, la formation
des personnes leaders qui auront pour mission non seulement de créer une
institution bancaire de femmes, mais aussi de créer des coopératives de
distribution de produits de première nécessité. La réalisation de cette noble
mission exige certes de gros moyens.
Pour cela, elles envisagent de lancer
dans un avenir proche une collecte de fonds baptisée "La campagne de 1$ pour la
femme et par la femme". Les fonds récoltés serviront à constituer le capital
pour l'ouverture de ladite banque. Pour ce qui est des élections, le mot d'ordre
est lancé: "La voix de la femme pour la
femme".
Sur ce sujet,
une campagne de sensibilisation et de conscientisation des femmes sera menée
pour appeler la femme à voter pour la femme. Activiste de droits des femmes,
Marie Claire Nzuzi indique que: "Nous, femmes, nous devons cesser d'être des
spectatrices mais nous devons devenir des actrices pour toutes les questions qui
concernent nos droits, telles que la participation de la femme aux élections".
Patricia Mbuyi, autre activiste des droits des femmes, pense, par contre, que
"la femme doit avant tout mettre de coté des antivaleurs. L'ennemi de la femme,
ce n'est pas l'homme, mais la femme elle-même. Nous voyons comment les femmes se
font des crocs en jambe pour un quelconque intérêt.
Pour gagner les
élections en 2011, insiste-t-elle, "nous devons nous unir pour constituer une
force, car on dit que l'union fait la force et la femme quand elle est
déterminée, constitue une force". Il est vrai que les Congolaises
peuvent faire la différence lors des élections de 2011. Cependant, des
conditions s'imposent à elles. "Vous devez vous lever massivement pour
participer à la gestion du pays. Vous devez vous départir de vos contradictions
et autres divergences de vues qui vous fragilisent. Il faut lutter pour vos
droits et vous prendre en charge".
Après tout, ne dit-on pas que la main
qui reçoit est toujours au-dessous de celle qui donne", déclare la deuxième
vice-présidente de l'Assemblée nationale, Georgine Madiko. Les textes sont là,
clairs et précis, en faveur des Congolaises.
La Constitution de la RDC
garantit en son article 14 que: "La femme a droit à une représentation équitable
au sein des institutions nationales, provinciales et locales. Et l'Etat garantit
la parité entre hommes et femmes dans les dites institutions "..
En sus
de cela, la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination
à l'égard des femmes, signée par la RDC, stipule dans son article 2.a: "Les
Etats parties s'engagent à inscrire dans leurs Constitutions nationales ou toute
autre disposition législative appropriée, le principe de l'égalité des hommes et
des femmes".Maintenant, c'est à la Congolaise de faire preuve de combativité, de
dynamisme et de persuasion pour que la parité ne soit pas seulement un slogan
creux mais une réalité vécue au quotidien. Et pour ce faire, elle doit s'écarter
de certaines pesanteurs socioculturelles pour se frayer un chemin dans cette
société où la parité ne fait pas encore partie des
mentalités.
Blandine Lusimana