Science et Avenir : Cultiver à l'ombre des arbres

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Le grand acacia enrichit les sols en azote, remplaçant les épandages de fertilisants. (World Agroforestry Centre)

Développer
en même temps l’agriculture et la forêt, c’est possible, affirment des
experts en agroforesterie. Leur objectif est de marier les pratiques
agricoles avec le maintien ou le développement de la forêt, alors
qu’extension des cultures riment généralement avec déforestation.

Selon une étude présentée cette semaine à Nairobi, au Kenya, à
l’occasion du second congrès mondial de l’agroforesterie, 46% des
terres agricoles mondiales sont aussi plantées d’arbres, avec un
couvert forestier d’au moins 10%. Cette estimation, obtenue pour la
première fois à partir d’images satellites, montre que l’agroforesterie
est loin d’être marginale et qu’elle peut participer à la lutte contre
les changements climatiques, souligne le Groupe consultatif pour la
recherche agricole internationale (CGIAR).

Les arbres améliorent la qualité des sols, fournissent du fourrage au
bétail ou du bois pour l’habitat et le chauffage. Les grands acacias
africains (Faidherbia albida)
permettent par exemple d’enrichir les sols en azote et de remplacer les
fertilisants artificiels, selon des chercheurs du CGIAR. Cet arbre est
très souvent planté dans les champs de millet, de sorgho, de coton ou
de maïs en Afrique sub-saharienne (Sénégal, Mali, Soudan, Niger, Tchad,
Ethiopie, Cameroun etc…). La particularité de ces grands acacias est de
faire leurs feuilles à la saison sèche. Ainsi, au moment des
plantations au début de la saison humide ses feuilles tombent et
enrichissent les sols. A la saison sèche les cultures sont dormantes
–il n’y a donc pas compétition pour les ressources- et les feuilles des
acacias nourrissent le bétail.

Au Malawi, les rendements du maïs ont été améliorés de 280% sous le
couvert des grands acacias par rapport aux champs sans arbres, ont
rapporté des chercheurs au congrès de Nairobi. Les connaissances sont
aujourd’hui suffisantes pour recommander d’étendre cette pratique,
estiment les experts. Le Malawi et la Zambie recommandent déjà aux
cultivateurs de maïs de planter 100 Faidherbia par hectare.

Le CGIAR milite pour que l’agroforesterie soit incluse dans les
mécanismes de réduction des émissions de gaz à effet de serre issues de
la déforestation et de la dégradation (REDD). Cette stratégie officiellement adoptée lors du sommet sur le climat de Poznañ,
en décembre 2008, prévoit de rémunérer les Etats qui lutteront contre
la dégradation des forêts. Dans ce cadre, les agriculteurs pourraient
être incités financièrement à étendre le couvert forestier sur leurs
exploitations.

Cécile Dumas

Sciences-et-Avenir.com

25/08/09

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