A propos du Forum économique de la diaspora (Guy De Boeck)


Il n’y a en
tous cas aucun doute à avoir sur le « Forum économique de la
diaspora ». Ce ne sont pas les SDF congolais qui ont été invités à y
donner leur avis ! C’est d’ailleurs en partie logique, puisque le Forum n’avait
pas pour but les grandes retrouvailles entre compatriotes, mais la recherche d’investisseurs
parmi les Congolais fortunés établis sous d’autres cieux.

 

C’est
logique, certes, mais aussi de nature à ce que l’on se pose des questions. Les
Congolais fortunés – autrement dit : les Congolais bourgeois – susceptibles
d’investir dans leur patrie d’origine se comportent-ils, émettent-ils des
suggestions ou des revendications en fonction de leur nationalité, ou de leur
appartenance à la classe bourgeoise ?

 

Il faut
bien remarquer que dans cette encontre entre les riches de par ici et les
nantis de par là-bas, une question n’a pas été posée. Du moins, si l’on ne peut
exclure qu’elle ait été posée quand même lors de contacts individuels ou même lors de discussions, elle n’a pas
cheminé assez loin pour figurer dans les documents par lesquels le Forum s’est
clôturé. Il ne semble pas que la
Diaspora
friquée ait demandé aux Congolais dorés : « Chers Amis, vous nous demandez d’investir au
pays. Fort bien ! Mais pourquoi n’y investissez-vous pas votre propre
argent ?
 ».

Car il est
notoire que s’il y a d’innombrables congolais très pauvre, il y a aussi une
minorité bourgeoise très riche, qui n’a rien de plus pressé que d’exporter ses
capitaux. Et dans cette minorité bourgeoise incivique (car l’argent n‘a pas de
patrie) il y a tout aussi bien des Congolais riches de la diaspora que des
Congolais fortunés du Congo. Ces derniers, de plus, se recrutent autant dans la
majorité que dans l’opposition. Ce n’est pas étonnant, car les bourgeois ont
partout et dans tous les camps le même comportement : la recherche du
profit maximum.

 

On peut
certes ricaner lorsque LA diaspora congolaise proteste contre le fait que des
émissaires congolais soient pris à partie ou rossés par d’autres Congolais (eux
aussi de LA diaspora) et y voir la preuve évidente d’une manipulation. Mais l’essentiel
est ailleurs.

 

Quand « la
diaspora » se plaint de la lenteur, de la fiscalité, des tracasseries, de
la corruption…  elle énonce certes un
certain nombre d’évidences, mais ne le fait en rien d’une manière différente de
ce que disent sur les mêmes sujets les investisseurs étrangers. Il va de soi qu’un
investisseur japonais et un investisseur congolais ont le mêmes raisons de se
plaindre des exigences de « matabiches » de la part de toutes sortes
de policiers, inspecteurs, contrôleurs, etc… On aurait toutefois pu s’attendre à
ce que des Congolais, motivés par la solidarité nationale – qui était tout de même
censée être leur raison d’être là – se distinguassent en faisant remarquer que
ces actes de corruption sont extrêmement dommageables pour les travailleurs
congolais dans la mesure où, par exemple, ils permettent de se moquer de toute
mesure de sécurité dans le travail, au prix de quelques « enveloppes »
remises en bonnes mains. Les droits des Congolais des classes laborieuses ne
les intéressent guère. Fiscalité ou dépenses sociales ne leur apparaissent que
comme des entraves mises à la sacro-sainte rentabilité.

 

Le « Forum »
aura au moins servi à montrer une fois de plus une chose : le clivage
entre les intérêts de la masse congolaise et ceux d’une minorité parasite ne
correspond en rien aux clivages politiques existants. Les politiciens bourgeois
de toutes obédiences, Congolais riches de la diaspora ou Congolais fortunés du
Congo participent tous à une même bourgeoisie parasite, dont le peuple
congolais doit se débarrasser pour reprendre ses droits qu’on lui a volés.

 

© Guy De
Boeck, le jeudi 27 août 2009

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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