Les Croyances Congolaises Qui Freinent le Développement (Mzee Lombe Mwembo, Ph. D.)


Mauwa, une jeune maman congolaise menace de brûler la
main de son enfant, un garçon de huit ans qui faisait son devoir à domicile en écrivant
de la main gauche. D’un ton très sévère, la jeune maman gronde comme un
tonnerre : « Si je te vois
encore une fois écrire de ta main gauche, je vais brûler cette main, là ;
tu dois écrire de la main droite comme tout le monde ; tu comprends ? »

 

Pour beaucoup de congolais, écrire de la main gauche est
un anormal, c’est une maladie; c’est un handicap physique. Les personnes qui
pensent ainsi n’ont pas la connaissance suffisante de la manière dont le
cerveau humain fonctionne. Certains mouvements de la main sont commandés par le
côté gauche ou le côté droit. Interdire à une personne de ne pas utiliser la
main que commande son cerveau c’est lui créer la confusion et parfois
l’empêcher d’acquérir les connaissances pour donner le meilleur d’elle-même.
Exiger que tout le monde écrive de la main droite signifie aussi que la société
exige que tout le monde soit comme tout le monde. Ainsi les différences
caractérielles ou l’ignorance des certains phénomènes sont interprétés comme
anomalie ou sorcellerie ou une émanation démoniaque.

 

 Etre différent de
la majorité des gens ou avoir un handicap physique dans beaucoup des cultures
congolaises est considéré un signe de malédiction ou d’ensorcellement. Une
personne qui boîte n’est pas traitée avec le même estime qu’une personne
n’ayant pas de déformation physique. Il est très difficile pour un handicapé physique
de trouver un partenaire de mariage ou de trouver un emploi. Et pourtant ces
personnes ont d’autres talents et capacités qui peuvent être utilisés pour le développement
du pays.

 

En général, beaucoup de personnes handicapées sont rejetées dans la société congolaise. A force
d’être rejetées, ces personnes finissent pas se haïr et accepter leurs
conditions comme anormales. Les personnes qui sont nées dans les familles ou
les sociétés qui tolèrent et acceptent les handicapées hyliques ont réussi développer
leurs talents pour leur propres vies et celles de toute leur communiée. Par
exemple, le français Louis Braillle, qui inventa l’écriture braille pour les
aveugles à l’âge de quinze ans, était lui-même devenu aveugle à l'âge de trois
ans de suite d’une blessure à l’œil. Aujourd’hui, grâce à l’ecriture braille,
tous les aveugles du monde entier ont le privilège d’apprendre à lire, écrire,
compter et avoir une formation universitaire comme tout le monde.

 

Il ya une intolérance dans beaucoup de cultures congolaises
envers les personnes dites handicapées. Et pourtant toute personne est handicapée
à un niveau ou a un autre quelque soit l’apparence de bonne santé extérieure. Le fait qu’une maladie ou handicap physique
est conçu comme un sort mystique jeté sur la personne retarde le développement.
Cette croyance qui attribuait les maladies aux sorciers n’est plus bénéfique
aujourd'hui, car Dieu a permis aux hommes de découvrir certaines lois pour
expliquer certaines maladies ou certaines conditions. La science n’explique pas
tout, mais de nos jours bons nombre de maladies, de situations considérées mystérieuses
trouvent des explications basées sur les lois naturelles ou physiques. Dans
notre pays, les personnes qui souffrent de somnambulance (qui font des activités
en étant éveillées) sont accusées de sorcier ou sorcières et subissent tous des
méchants traitements dont l’Afrique est encore capable : huer, humiliation,
déshabiller, torturer, injurier, voire tuer la personne somnambule. Je demande à
quelqu’un de m’expliquer pour quoi les congolais qui se disent intellectuels y
compris les médecins, les étudiants en psychologies croient à la sorcellerie même
dans les cas qui se produisent en Chine, en Europe, au Canada, en Australie,
comme la somnambulance, la foudre, les miaulements des chats et les cris des
hiboux pendant la nuit.

 

Au Congo, lorsqu’un oiseau entre dans la maison de
quelqu’un, les gens disent que c’est la sorcellerie. Au Congo pour avoir de
l’emploi ou une promotion, il faut faire des gris-gris ou des fétiches. Pour
gagner le match, certains joueurs recourent aux fétiches. Pour réussir un
examen, ils consultent un féticheur qui lui-même ne sait ni lire ni écrire, ni résoudre
un problème de deuxième primaire.

 

 

Dans un village au Katanga, une fille n’a pas vu sa
poitrine se développer à l’âge de quinze. Avoir une poitrine plate pour une
fille de quinze ans, une poitrine qui ne se développe pas avec les seins a soulevé
les inquiétudes de ses parents et de tout le village. L’absence de seins à cet âge
avait interprétée comme une malédiction. Le bruit courait dans tout le village
que cette fille était ensorcelée par son oncle.

 

Dans le village Manda, un couple n’a pas eu d’enfants
trois ans après leur mariage. Bien que le couple fût heureux, les parents des
maris accusaient la jeune femme d’avoir été ensorcelée par un des frères de la
jeune femme.

 

A Lubumbashi, Kalenda, un garçon brillant en classe n’a
pas réussi à l’Examens d’Etat trois fois de suite. L’oncle paternel a été accusé
d’avoir ensorcelé le jeune homme. L’oncle s’est pendu devant l’incompréhension
des membres de famille d’eux côtés.

 

Un violent tourbillon emporte les
toits de quelques maisons dans un quartier de Kigoma à Lubumbashi. Les
habitants disent que les démons et les sorciers sont à l’ origine de ce
désastre.

 

Une foudre est tombée sur la maison d’un grand commerçant
de Banana. Tout le magasin et tout ce qui s’y trouvait était calciné par la
foudre. Tout le village parle de la sorcellerie.

 

Les enfants d’un parent décédé se disputent l’héritage
des biens laissées par leur feu père avec les neveux de celui-ci. La nuit des
hiboux huent toute la nuit sur le toit de l’un des enfants. On parle de la sorcellerie.
Le clan a déménagé.

 

Un chat miaule toute la nuit dans la parcelle de
Masumbuko. Masumbuko accuse le voisin de la sorcellerie dont le signe est la présence
et le miaulement du chat toute la nuit. Les familles de deux voisins vivent
comme chien et chat et leurs enfants se battent fréquemment s’accusant
mutuellement de la sorcellerie. Masumbuko et sa famille décident de démanger
vers la ville.

 

Notre culture africaine renferme beaucoup d’éléments qui
peuvent nous aider à vivre une vie heureuse et fructueuse. Cependant s autres
éléments de notre culture sont à mettre en cause. Les maladies font partie de la vie et nous
accompagneront toute notre vie sur cette terre. Continuer de croire que toutes
les maladies proviennent de la sorcellerie ou de démons fera de nous de
paresseux car nous ne ferons pas de recherche pour trouver les causes réelles de
ces maladies. Nous continuerons de nous entre-accuser et de perdre les membres
de famille au lieu de les sauver.

 

Comment expliquer le fait que les mêmes maladies comme le
goitre, l’incontinence urinaire se produisent en Chine, en Allemagne et au Congo ?
Pendant que les autres pays font des recherches pour déterminer les causes et
trouver des remèdes, au Congo nous continuons de croire que ce sont des démons
ou des sorciers qui causent ces maladies ou ces phénomènes. Ceux qui lisent la
bible remarqueront que beaucoup de maladies sont interprétées comme ayant une
origine démoniaque. Les démons existent, mais au Congo on trouve les démons
partout. Il y a exagération qui est un
signe se paresse et de l’ignorance. Loin de moi la prétention de contredire la
bible, mais il serait plus raisonnable de dire que certaines maladies
proviennent des microbes, des relations perturbées. Brûler un/e somnambule
n’est pas différent de pendre quelqu’un parce qu’il a attrapée une diarrhée.
Dans l’un ou l’autre cas, on blâme la victime au lieu de la sauver.  

 

A Kinshasa, un musicien qui a du succès est accusé d’être
sorcier ou avoir tué un membre de sa famille. Cette façon de raisonner trouve
son origine dans la culture égalitaire africaine. Celle-ci décourageait les différences
sociales en instituant les croyances qui favorisent l’égalité sociale et décourageait
les inégalités. Cet un grand obstacle au
développement car les gens ne cherchent pas à se dépasser ou à faire mieux ou plus.
Ils se content de faire comme tout le monde. Notre culture n’était pas très compétitive.
Il y avait un certain degré de compétition, mais pas assez pour susciter
l’émulation. Une bonne dose de compétition est bonne, l’excès en toute
chose est nuisible. Nous vivons dans un monde compétitif aujourd’hui, le Congo
et les congolais doivent apprendre à être compétitifs dans tout ce qu’ils
produisent : statues, habits, musiques, football, basketball. Nous devons
chercher à produire la meilleure qualité et non nous contenter de faire une
même chose des années et des années. La façon de préparer le ‘ugali’,
d’extraire l’huile de palme, de conserver le tshikwange, etc. tout cela doit
s’améliorer. Celui ou celle qui cherche à amélioré et qui vend une grande
quantité n’a pas de sorcellerie ni de fétiches, c’est tout simplement le fruit
d’un travail assidu.

 

Recommandations 
et Conclusion

Nous avons des coutumes et des croyances qui nous
empêchent d’acquérir de nouvelles connaissances et inventer de nouvelles
technologies dont le pays a grandement besoin pour se développer. Les ministère
de l’information, le Ministères de l’intérieur, le Ministère de l’Education et
celui du Développement national doivent entreprendre une éducation sérieuse
pour que les congolais sortent de l’ignorance et soient à la page de
connaissances essentielles de ce siècle.

 

Les écoles, les églises, les partis politiques, les
associations sportives et les organisations non-gouvernementales ont également
la mission de libérer les congolais des croyances statiques en leur donnant les
occasions de réapprendre les vérités qui les rendront libres et capables de
participer au développement du pays.

 

Il faut vraiment commencer les débats en groupes et en
familles sur la sorcellerie et les démons pour que l’on n’accorde pas à ces
deux sources une importance exagérée au point de mourir de malaria et accuser
l’oncle venu vous visiter. Au lieu de recourir au gris-gris ou aux fétiches,
les congolais doivent s’éduquer et travailler dix fois plus fortes que les
autres afin de reconstruire notre pays détruit par les croyances qui n’existent
plus dans les nations en marche vers le développement.

Commentaires, suggestions ou questions : voir
-lombem@msn.com

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