15.09.09 Le POtentiel: Cinq questions à Emery Okundji, par Angelo Mobateli

 

1. Quelles nouvelles ramenez-vous de vos vacances parlementaires ?

Les vacances parlementaires se sont bien passées, avec les contacts
que j’ai eus avec ma base et dont je ferai rapport au cours de la
session de l’Assemblée nationale qui s’ouvre ce mardi 15 septembre
2009. Seulement, je déplore ce qui m’est arrivé sur le chemin de
retour, à l’escale de Kindu, le vendredi 11 septembre 2009. J’ai été
l’objet de menaces verbales et d’humiliation au salon VIP, où le
vice-gouverneur du Maniema et sa suite attendaient d’être embarqués
pour Kinshasa.

2. Que s’est-il passé ?

Je revenais de Tshumbe, dans la province du Kasaï Oriental, en route
pour Kinshasa. Etant donné qu’il n’y a pas de vol direct à partir de
là, j’ai pris un petit porteur à destination de Kindu, où un gros avion
embarquait des passagers pour Kinshasa. Aussitôt arrivé, je me suis
dirigé vers le salon d’honneur de l’aéroport pour y attendre l’heure du
voyage. Ne connaissant pas les personnes qui se trouvaient déjà à
l’intérieur du salon, j’ai été surpris de m’entendre encenser par deux
personnes que je n’ai jamais connues et qui s’étaient écriées à mon
entrée « Honorable Emery Okundji ! ». C’est alors qu’un autre monsieur
m’interpellera en ces termes : « C’est toi Emery Okundji qui avait
initié une motion de défiance contre le ministre des Affaires
étrangères, Thambwe Mwamba ? Tu dois faire très attention. Ici, tu dois
savoir que tu es dans son fief ».

3. Ce ne devait être qu’un simple saut d’humeur ?

Aussitôt, j’ai réagi. Je lui ai demandé de quoi il parlait. L’homme,
ivre de rage, n’en démordait pas, répétant les mêmes menaces à mon
endroit avant de m’envoyer paître. Vérification faite sur place, on m’a
laissé entendre que l’homme serait l’un des proches du vice-gouverneur.
Mais, ce qui m’a vexé davantage, c’est le silence du vice-gouverneur
qui ne s’est pas donné la peine de calmer l’homme en colère. Bien plus,
il m’a rabroué parce que je l’ai pris à témoin.

4. Où réside le problème dans cet incident qu’on pourrait considérer comme tant d’autres incidents mineurs ?

Le problème réside dans le fait que je sois l’objet de menaces pour
un acte que j’ai posé en tant que député national. Et, comme tout
représentant élu du peuple, je suis protégé par les dispositions de
l’article 107 de la Constitution qui disposent, en son premier alinéa,
qu’« aucun parlementaire ne peut être poursuivi, recherché, arrêté,
détenu ou jugé en raison des opinions ou votes émis par lui dans
l’exercice de ses fonctions ». En tout état de cause, j’ai informé mes
collègues de ce qui m’est arrivé à Kindu.

5. Quelles leçons peut-on tirer de votre mésaventure ?

Je pense que les hommes politiques doivent apprendre à leurs bases
les notions de civisme politique et l’intérêt que la population doit
porter sur le jeu de la démocratie, fondé notamment sur la capacité de
tolérer la liberté d’expression. Sinon, qu’attendrait-on d’autre, de la
part d’un député national, qui ne soit ni le contrôle du fonctionnement
du gouvernement ni le vote des lois ? La République démocratique du
Congo est un grand pays dont l’une des richesses est sa diversité
culturelle, avec près de 450 tribus. C’est une exigence démocratique
que chaque homme politique possède un fief électoral. Cependant, il y
aurait danger en la demeure si les Congolais devaient considérer tel
coin du pays comme étant le fief d’un homme politique dont l’accès
devrait être interdit à d’autres acteurs politiques qui n’en sont pas
originaires.

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