Quelques commentaires de Tundanonga adressé au Dr. Mzee Kadari sur: Droit de vote, double nationalité et contribution des Congolais de l'étranger…

 

Beaucoup parmi nous, qui vivons dans les pays
industrialisés, soignons un complexe de supériorité qui nous fait croire (et
non penser) que ceux qui sont en RDC ou ailleurs ne seraient pas doués [pour
proposer de pistes de solutions aux crises que connaît la RDC], alors que
l'expérience montre de cas de réussites spectaculaires des congolais du Congo,
comme: la création du franc congolais sans emprunt

international, et, les Léopards, champions d'Afrique
avec un staff congolais et de joueurs évoluant au Congo et en Afrique pour ne
citer que ces deux cas. Ce complexe est une faute (et non une erreur) de
raisonnement qui se confirme au quotidien, comme ce texte que vous avez eu
l'amabilité de porter à notre connaissance. Combien parmi nous avons réussi
l'insertion sociale dans nos pays d'accueil ou nouvelles patries? Et combien
l'intégration sociale? Dans les deux situations: très peu. Mais beaucoup sont
de figures tragiques que représente Faust (Goethe): pour (se) disputer aux
chiens les os que les universitaires et intellectuels occidentaux jettent par
terre et les grignoter avec appétit, ils sont réduits au rôle de paillasson.
Ils repètent ce que les Occidentaux leur disent sur le Congo.

 

Le PPRD vient d'organiser une université d'été 2009,
démarche à féliciter, si on constate le silence radio des autres partis
politiques représentés en Europe.. Félicitations? Non, sinon on ne veut pas se
déconsidérer.. Mais, cet événement est une autre confirmation de la preuve selon
laquelle, une forte majorité des Congolais vivant dans les pays industrialisés
vivent dans un gheto social et mental. Pourquoi? Il suffit de comparer le
contenu des programmes des universités d'été 2009 des partis politiques
français et celui du PPRD.

 

Nous nous trouvons devant une réalité dramatique, si
nous comparons l'activisme/l'engagement politique et l'amour de la mère-patrie
de l'UGEC (Union générale des étudiants congolais) jusqu'à sa dissolution par
Mobutu, et, le charabia politicien et l'activisme politicien de la FCE ou les
branches européennes des partis politiques congolais, on ne peut que constater
un recul qualitatif, alors qu'aujourd'hui il y a des expatriés congolais, des
Européens et des Américains d'origine congolaise, qui sont en plein temps dans
les universités et différents centres de recherche de leurs pays d'accueil ou
nouvelles patries. Un exemple malheureux d'asservissement de l'expertise des
Européens d'origine congolaise à travers le lobby belgo-liègeois dans la
personne de Kabamba lors de l'écriture de l'actuelle constitution de la RDC
(primat de structures fédéralisantes avec la multiplication arithmétique du
nombre des provinces sur les concepts « décentralisation » et
« planification du développement à partir de la plus petite entité
administrative: la chefferie): les avis et les expertises émis par les
Constitutionnalistes congolais du Congo, les professeurs congolais
d'universités congolaises de droit constitutionnel et du plus grand professeur
de droit constitutionnel de la Turquie n'eurent pas droit au chapitre face aux
avis d'un chargé de cours adjoint d'origine congolaise de l'Université de Liège.

 

Revenons aux prises de positions de la FCE et prenons
au hasard quelques sujets abordés dans le texte ci-dessus, qui n'est pas
l'objet principal de la préoccupation des Congolais de la RDC (l'origine de la
définition juridique de la nationalité se trouvant dans la loi sur la
nationalité congolaise de l'Etat indépendant du Congo), car la sous-commission
"Nationalité" de la commission politico-administrative de la
Consultation nationale (2000) à laquelle toutes les couches de la population
congolaise, toutes les catégories socio-professionnelles congolaises, les
représentants des oppositions armées et non armées congolaises, toutes les
tendances de la société civile congolaise toute religion confondue inclus les
détenteurs du Pouvoir séculaire de toutes les nations ethniques congolaises et
la société savante congolaise, avait trouvé un consensus sur la nationalité
congolaise et défini la nationalité congolaise.

 

Revenir sur ce sujet est un signe d'arrogance
"pseudo intellectuelle" et du mépris de l'autorité séculaire
congolaise. Que faire, par exemple de nos anciens compatriotes devenus
allemands, dans la mesure où le code de la nationalité allemande interdit une
seconde nationalité? A-t-on fait une étude comparative de différents codes de
nationalité de tous les pays devenus de nouvelles patries pour certains
Congolais?

 

Mzee, lors du 40e anniversaire de la Déclaration
Universelle des Droits de l'Homme (2000), ce document fut traduit dans
plusieurs langues nationales congolaises, et distribué en milieu rural. Voici
ce que pensent les Congolais du Congo profond de l'article 15: «(…) Ainsi
pour le paysan Pierre B. dans le village de Kabyasha, (…) l'article 15 de la
DUDH menace même l'existence de la société traditionnelle en Afrique:

 

"Nous
ne pouvons pas accepter que nos enfants soient libres de changer de
nationalité. Quand nous mettons au monde nos enfants, c'est pour qu'ils
perpétuent notre culture et notre clan. Qui viendra hériter de nos trônes si
nos enfants renoncent à la nationalité congolaise et deviennent par exemple
Libanais ou Turcs? Un Libanais ou un Turc ne peut pas devenir chef coutumier
ici chez nous." "Et d'ailleurs, quand on change la nationalité, on
est rarement accepté dans le pays où l'on a pris la nouvelle nationalité.
Regardez par exemple ce qui se passe en Côte d'Ivoire avec les Burkinabés et ce
qui se passe en Allemagne avec les Turcs"
, a renchéri le Directeur d'école primaire Guillaume
L. pour appuyer le paysan Pierre B.»

 

Mzee, le professeur, auteur de la communication est un
faussaire de l'Histoire du Congo. L'unicité de la nationalité congolaise est
antérieure à la Constitution de Luluabourg (1964). Cette unicité trouve ses
origines dans un texte juridique de l'Etat indépendant du Congo sur la
nationalité congolaises (Décret du 17-12-1892, art. 1-6). Ce Décret est unique
au monde, car il applique rigoureusement le ius sanguinis et le ius soli: est
citoyen de l'EIC, une personne née des parents congolais sur le territoire de
l'EIC. Si une personne est née des parents congolais en dehors du territoire de
l'EIC, il doit introduire une demande indivuelle de naturalisaton à 21 ans
accomplis. Le code civil congolais du 04-4-1953 (art. 1-6) et dans cette
fameuse Constitution de Luluabourg du 01-8-1964 (art. 6-7) reprennent le
principe de

l'unicité de la nationalité, après le faux pas dans la
loi sur les élections (1960). Il faut noter un curiosum juridique de l'Histoire
de notre pays, nous avons déjà été des citoyens belges sans avoir la
nationalité belge et sans jouir de la protection de la Constitution belge du
28-11-1907 au 18-10-1908! C'est le temps entre la date où la Belgique avait
annexé l'EIC (28-11-1907) et la date où la Belgique avait mis fin à l'annexion
de l'EIC (18-10-1908) en faisons de l'EIC, sa colonie: donc le Congo belge,
d'où la référence à cette date faite dans la Constitution de 1964 et autres
textes juridiques sur la nationalité congolaise.

 

Comme tu l'auras constaté, Mzee, il n'est pas facile
d'être Congolais/d'avoir été congolais, lorsqu'on fait une fausse lecture de
l'Histoire de son propre pays/de son ancienne patrie.

 

J'avais tenu une bonne douzaine de conférences dans
plusieurs universités et instituts supérieurs allemands, associations
d'étudiants africains et étrangers et plusieurs ONG en Allemagne (1998-2000)
pour démontrer le non-fondement juridico-historique des pseudo ethnogenèses
Banyamulenge et Banyamasisi en RDC, justifier le caractère de l'unicité de ma
nationalité, sans jamais être professeur d'université ou des universités! Les
contextes psycho-historiques, psycho-sociaux et juridiques ne laissent et ne
permettent aucun espace pour une autre nationalité pour nous Congolais: on est
Congolais ou on ne l'est pas. Au lieu de former de lobby pro congolais comme il
existe de lobby pro améniens ou pro israeliens dans leurs nouvelles patries,
ces gens feraient mieux de ne pas se mêler de notre politique intérieure: nous,
nous ne nous mêlons dans la politique intérieure de leurs pays.

 

Comme tu le constates, Mzee, le Congo profond se
trouve en avance de quelques des années-lumières par rapport à certains
Congolais vivant dans les pays industrialisés, de même que sur les citoyens de
ces pays d'origine congolaise. Mzee, il y a un phénomène sociologique qui a mis
en cause toutes les théories sociologiques sur la genèse des Nations. A la
grande surprise des "africanistes", des universitaires (sociologues,
anthropologues, politologues, philosophes), experts et politiciens occidentaux,
ce beau monde ne pouvait que constater et prendre note de l'existence de la
Nation congolaise, après le déclenchement de l'invasion du Congo par le Ruanda,
le 02-8-1998. Ce sont les détenteurs du Pouvoir séculaire, le monde rural
congolais et la "plèbe" urbaine congolaise qui constituent le ferment
de la Nation congolaise, alors que les universitaires congolais, les
professeurs congolais des universités, les intellectuels et les politiciens
formaient le cheval de Troie de Kagame contre la Nation congolaise. C'est à
leur nationalisme que notre pays existe encore en tant qu'Etat. Un détenteur du
pouvoir séculaire disait: "prenez
tout le contenu du sous-sol congolais, mais laissez-nous notre pays!"

 

Pour terminer, Mzee, je reviens sur deux points. Tout
d'abord, je fais remarquer la mauvaise utilisation ou l'utilisation mal
appropriée de certains paradigmes tels que "les rebellions lumumbistes de
l'Ouest et de l'Est (1964)": un autre cas de la mauvaise (fausse) écriture
de l'Histoire du Congo. C'est une écriture politique qui rejette le principe de
la neutralité, qui caractérise la recherche fondamentale en sciences sociales
et en histoire. Le Congo fut le théâtre de l'affrontement de deux idéologies
marquantes de l'époque, après la Guerre de Corée dans le cadre de ce qui se
disait la lutte de "l'internationalisme prolétarien" contre les
forces impérialistes. La présence de Che au Congo fut un signe de l'internationalisation
de ce conflit dont les acteurs voulaient le rétablissement de l'ordre
constitutionnel. Pourquoi s'étonner, si l'auteur se trouve être le SEUL et
UNIQUE universitaire africain, intellectuel africain, professeur d'université
allemand à réclamer l'Africom en RDC? Ce conflit intercongolais continue encore
aujourd'hui entre les forces nationalistes et les forces fédéralisantes.

 

Mzee, je me demande pourquoi les organisateurs de
cette Université d'été n'avaient-ils pas invité un représentant de la
communauté vietnamienne (anciens boot people), un représentant de la communauté
turque, malienne, arménienne, libanaise, chinoise, sénégalaise, yougoslave
liste (non exhaustive) pour qu'ils parlent de leur expérience dans
l'immigration (join venture, investissements dans l'hôtelerie, dans le
bâtiment, dans les infrastructures etc. dans leur pays d'origine)? Preuve que
les congolais n'ont pas de contact avec les autres minorités dans les pays où
ils vivent, vivent dans un gheto intellectuel et mental.

 

Certains Congolais en France, Belgique et
Grande-Bretagne; certains Français, Belges et Britaniques d'origine congolaise
lynchent des officiels congolais en visite dans leurs pays d'accueil ou patrie
(She et Kisombe), lynchent de leurs propres compatriotes d'origine congolaise, des
artistes et des musiciens congolais en tournée, terrorisent les épouses
congolaises dont les maris se trouvent au pays en vacances: comment cette
structure (Banque crédit mutuel) peut-elle fonctionner, si tout ce beau monde
ne met pas ses efforts pour mettre le Congo au centre de leurs préoccupations,
en acceptant les différences? La concorde entre toutes les personnes ayant un
lien émotionnel positif envers le Congo devait être la priorité de toute
structure tentant d'organiser les Congolais à l'étranger, car mettre la charrue
devant le boeuf est un exercice que personne n'a réussi bis dato. A quel niveau
nous trouvons-nous si un professeur utilise une expression comme « un
compte a été ouvert dans une GRANDE banque parisienne »: est-ce l'immeuble
et/ou le chiffre d'affaire? Le système bancaire semble être un domaine inconnu
au sein de la FCE? Non, ce chapitre de l'exposé n'avait pas été soumis aux
membres de la FCE/France, spécialistes de la matière.

 

De références bancaires sont données, mais il n'y a document
jurique, aucun statut, rien qui ne prouve que ce n'est pas un arnaque (du
martof délarvé)? Ce sont ces petites choses-là qui font de nous tous la risée
des Congolais au Congo ou ailleurs en Afrique: qui prouvera que le qualificatif
"diaspourri" est mal placé pour nous désigner TOUS.

 

Bon dimanche,

 

Shungu M. Tundanonga-Dikunda

Laissez un commentaire

Vous devez être connectés afin de publier un commentaire.