21.09.09 Le Potentiel Cinq questions à Carrol-Michée Vangu, par Angelo Mobateli

 

1. Deux ans après la disparition de Vangu Mambweni, que peut-on dire de son rapport sur la situation dans l’Est de la RDC ?

Il m’est difficile d’être objectif sur cette question dans la mesure
où il s’agit de mon père. Toutefois, même si tous les compatriotes,
plus préoccupés par la survie, ne se rappellent plus de Vangu Mambweni,
je suis convaincu que les intellectuels, eux, se souviennent de ses
efforts pour alerter les autorités politico-militaires par rapport au
complot qui se préparait contre la RDC, depuis 1994. Le rapport
«Vangu», qu’il avait produit avec un groupe de parlementaires après
avoir sillonné les provinces du Kivu en 1994 au lendemain du génocide
rwandais, en est un exemple éloquent. Je crois que si le contenu de ce
document avait été exploité à bon escient par le gouvernement congolais
de l’époque, certains conflits ethniques, qui ont engendré des guerres
civiles à l’Est de notre pays, auraient pu être évités.

2. Quel a été le parcours de cet ancien collaborateur du chef de l’Etat ?

De prime à bord, je tiens à remercier le journal «Le Potentiel» pour
l’intérêt qu’il porte à la mémoire de mon défunt père Vangu Mambweni
qui, du reste, était un ami personnel de l’honorable sénateur Modeste
Mutinga. Il avait servi son pays très tôt. Après ses brillantes études
universitaires à l’Université de Lubumbashi, il avait travaillé dans
plusieurs cabinets politiques, avant d’être nommé commissaire
sous-régional adjoint dans la province du Nord-Kivu et, plus tard, 2ème
secrétaire rapporteur au bureau du Haut Conseil de la
République-Parlement de Transition (HCR-PT), de 1994 à 1997. Après la
prise du pouvoir par l’Afdl en 1997, il a œuvré en qualité de
Commissaire général adjoint chargé des affaires de la Mission des
Nations unies au Congo (Monuc) du vivant du président Laurent-Désiré
Kabila. Ensuite, le président Joseph Kabila l’a appelé à ses côtés au
poste de conseiller politique et diplomatique du chef de l’Etat, et de
vice-ministre des Affaires étrangères. Avant sa mort, Vangu Mambweni
était secrétaire national au sein du Parti du peuple pour la
reconstruction et la démocratie (PPRD).

3. Qui, en RDC, gère son héritage politique ?

En ma qualité d’homme de Dieu, j’estime que chacun de nous a son
destin bien défini ici sur terre. La Bible dit que Dieu crée toute
chose pour un but. Personnellement, je crois que l’un des buts pour
lequel Vangu Mambweni a été créé, comme le témoigne son parcours
politique, était de faire comprendre au monde et d’alerter la
population congolaise sur le complot qui se tramait contre la partie
orientale de notre pays. Aujourd’hui, je glorifie le Seigneur pour nous
avoir donné d’autres dirigeants politiques qui ont mis fin à
l’insécurité qui a sévi dans le Kivu depuis plus d’une décennie. Tout
en étant fiers du travail de mon défunt père sur le plan politique,
nous ne sommes pas tous appelés à faire la politique comme lui. Dieu a
tracé une ligne à suivre pour chacun de nous. Moi, par exemple, j’ai
choisi de servir Dieu et je suis fier de cela.

4. Avez-vous des projets ?

Mon défunt père était très attaché à l’éducation. Il avait vite
compris que l’ignorance tue et peut rendre une personne inférieure par
rapport à ses prochains. Encore élève en 2ème secondaire, mon père
était recruté pour donner cours en 5ème primaire. Issue d’une famille
pauvre, il avait également compris qu’il n’y a que les études qui
pouvait le hisser haut dans la vie. Ainsi, avec les moyens de bord, il
a pu terminer ses études universitaires. Par rapport à cet attachement
qu’il avait pour l’éducation et la formation de la jeunesse, nous
comptons mettre sur pied une Fondation qui portera son nom. Cette
structure axera son activité principale sur l’encadrement et la
formation des jeunes afin de leur permettre de s’épanouir dans leurs
milieux respectifs. Nous comptons publier des ouvrages dans lesquels
seront la vie te le parcours de mon défunt père. Pour ce faire, nous
sollicitons le concours de tous ceux qui peuvent nous aider pour la
réalisation de ce projet.

5. Qu’attendez-vous de la nation congolaise ?

Tous ceux qui ont connu Vangu Mambweni peuvent témoigner de sa
grande générosité. Il a aidé beaucoup de personnes, parfois même aux
dépens de sa famille. Je crois que Dieu se souviendra de sa
descendance, car il est fidèle et n’oublie aucun bienfait. Toutefois,
je note ave regret que la nation congolaise ne sait pas honorer ceux
qui l’ont servie avec dignité et courage aux risques de leur vie. Tout
s’arrête avec les messages des condoléances et le dépôt des gerbes de
fleurs le jour de l’enterrement. Il est du devoir des gouvernants
d’instaurer un système de prise en charge des veuves ou orphelins de
personnalités ayant servi loyalement leur pays. Cela éviterait que les
dirigeants cherchent à privilégier leurs intérêts pour – s’ils venaient
à mourir – assurer l’avenir de leurs familles respectives. Le pouvoir
ferait œuvre utile en nous facilitant la tâche dans notre projet de
mise en place la «Fondation Vangu Mambweni» destinée à encadre les
jeunes désoeuvrés à Kinshasa et dans d’autres villes du pays.

Pasteur

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