Que devons-nous attendre de la session budgétaire 2009 ? (BOSOLO PIERRE)


 

 Un jour avant la rentrée parlementaire,
le ministre national de Budget Michel LOKOLA a tenu une
conférence de presse à ce sujet. Il a donné des explications pour
éclairer son auditoire. Que peut-on dire que le rituel habituel, mieux
la mise en scène a (re) commencé, où les rôles sont bien distribués
pour atteindre l’objectif de distraire la population congolaise ? On
fait la même chose, on tient les mêmes discours aux mêmes périodes pour
se moquer de la population, la prendre en dérision.

En
principe, un budget national est une expression financière du programme
gouvernemental cohérent et intégré. Ce dernier doit intégrer les
activités planifiées dans chaque ministère, doit contenir un
chronogramme réaliste et doit bien identifier dans la phase
d’élaboration toutes les ressources humaines et financières pour
réaliser les activités planifiées dans une durée bien précise.

 

Or,
de 2006 à nos jours, le gouvernement congolais ne présente aucun
programme clair et précis. Seulement, les bonnes intentions sont
alignées et déclarées dans toute la presse. Chaque ministre nommé
invente son programme et gère le ministre lui confié sans une
intégration savante avec d’autres ministres. De même, l’on constate que
le budget national présenté par les deux gouvernements depuis 2006
jusqu’à nos jours ne fait aucune projection à moyen et à long terme. On
finit une année et on recommence une autre sans une continuité dans la
programmation des activités gouvernementales. Pour vérifier les propos
que je tiens ici, je nous invite à questionner individuellement les
membres du gouvernement national sur le programme respectif de leur
ministère dans un an, dans deux ans… pour se rendre compte de la
manière dont le gouvernement congolais gère les affaires.

 

De
plus, pour les esprits avisés qui suivent attentivement la situation
financière de notre pays depuis 2006, le constat demeure toujours
amer : plusieurs lignes des budgets ne sont pas exécutées ou ne sont
exécutées que partiellement (les arriérés salaires des fonctionnaires
de l’Etat tant à l’intérieur qu’à l’extérieur s’accumulent, les frais
de fonctionnement des services de l’Etat sont quasiment oubliés des
décideurs, les contributions de l’Etat congolais auprès des certaines
institutions internationales, même budgétisées, ne sont pas payées…),
le dérapage budgétaire des certaines institutions comme la Présidence,
la Primature… est devenu normal. Les improvisations dans la gestion des
finances, sont tolérables les ponctions incontrôlées des deniers
publics pour des motifs privés par un groupe de personnes bien
identifiées.

 

Les questions qui viennent à l’esprit sont celles-ci :

1.
Pourquoi le gouvernement n’arrive-t-il pas à exploiter toutes les
opportunités internes qu’offrent notre pays au lieu de compter sur les
ressources extérieures ?

2.
Pourquoi le gouvernement ne rend pas compte de l’exécution effective du
budget passé, n’en tire pas des leçons avant de présenter le nouveau
projet de budget au parlement ?

3. Que fait la commission économico-financière de l’assemblée nationale dans le suivi et le contrôle de l’exécution du budget ?

 

 

A
tout prendre, il est évident que le gouvernement ne maitrise pas et ne
maitrisera guère la gestion budgétaire de la République pour plusieurs
raisons : la confusion entre la caisse de l’Etat et la poche de
certains animateurs de nos institutions au point d’utiliser les fonds
de l’Etat sans tenir compte des crédits budgétaires leur attribués, les
détournements réguliers des deniers publics destinés au trésor public,
la sous-estimation habituelle des recettes de l’Etat au profit d’un
groupe de personnes et la surestimation des dépenses de l’Etat, le non
respect des lignes budgétaires jusqu’à sacrifier les salaires des
fonctionnaires de l’Etat, les frais de fonctionnement des services de
l’Etat, les soldes des militaires et les policiers…, le manque de
contrôle rigoureux du pouvoir législatif dans l’exécution du budget, la
gestion calamiteuse de la Banque Centrale prise en otage par les
privilégiés du pouvoir et qui échappe au contrôle du Premier Ministre,
l’improvisation budgétaire dans les actions politiques de parade,
d’exhibition sans impact sur les réalités socioéconomiques de la
population.

 

Avec
un gouvernement sans programme réaliste et conséquent, avec la non
maitrise habituelle de la gestion budgétaire, il ne reste plus rien à
attendre d’abord du budget 2010 ( ce serait une illusion bien caressée
de croire cette fois-ci tout marchera bien), ensuite de tous les
atermoiements inespérés du pouvoir à gérer la RD Congo ou de toutes les
convulsions d’un pouvoir qui refuse de mourir, enfin de toutes les
tentatives du pouvoir de se ressaisir pour faire croire aux esprits
obtus qui tout marchera désormais comme sur les roulettes.

 

Mais
il est surprenant de constater que le parlement ne déploie aucun effort
pour faire respecter la gestion budgétaire. La majorité parmi les
députés et les sénateurs savent que l’exercice consistant à examiner le
projet du budget qui sera présenté par le gouvernement est un passe
temps, une mise en scène pour montrer à la population qu’ils
travaillent pour eux. Ce qui importe c’est qu’ils touchent leurs
salaires et d’autres avantages liés à leur députation. Que les
fonctionnaires de l’Etat ne soient pas payés, que les médecins et les
enseignants observent des grèves. Ce n’est pas leur problème. Cependant
la réalité est très têtue, c’est un budget qui sera pas suivi. Chaque
année, c’est l’improvisation qui recommence sans tirer des leçons du
passé, c’est la gestion budgétaire orientée vers certains objectifs non
contenus dans la programmation financière du gouvernement. Est-ce par
aventurisme ou amateurisme ou « safoutisme » que ces comportements
persistent de la part de nos gouvernants. Alors pourquoi endormir la
population avec des discours pompeux sur une loi financière qui montre
à plusieurs égards que nos gouvernants sont en panne d’imagination
créatrice, de réflexion rigoureuse pour générer des recettes
financières pour asseoir une politique socioéconomique conséquente.

 

Somme
toute, je soutiens qu’il ne faut pas attendre un miracle quand on sait
d’avance le résultat attendu dans le scénario que nous présente nos
gouvernants. Il est temps d’inventer d’autres raisons de croire.

 

 

BOSOLO PIERRE

Laissez un commentaire

Vous devez être connectés afin de publier un commentaire.