26.09.09 Le Potentiel: Cinq questions à David Lelu

 

1. La maison des Congolais de l’étranger et des migrants
aura bientôt une représentation à Lubumbashi. A quoi la population du
Katanga peut s’attendre ?

L’ouverture du bureau relais de la MCDEM au Katanga, plus
précisément à Lubumbashi, est programmée pour le mois d’octobre
prochain, car les travaux d’aménagement de locaux et d’équipement
devront commencer incessamment. Les migrants potentiels du Katanga,
devront s’attendre à une même assistance, aux mêmes avantages et
facilités que leurs concitoyens de Kinshasa. Ils pourront gratuitement,
dès l’ouverture de ce bureau, améliorer leurs connaissances des
phénomènes migratoires et ses enjeux dans le processus de développement
de leur province. Ils devront être informés, assistés, orientés et
encadrés dans la mise en œuvre de leurs projets migratoires ou
d’investissement… Bref, les gouvernants et gouvernés du Katanga se
verront désormais accompagnés par la MCDEM et ses partenaires, dans
leurs efforts de gestion de la migration et de lutte contre la
pauvreté. Car nous considérons qu’autant la fuite de la pauvreté est la
principale cause de la migration, autant la bonne gestion de cette
dernière constitue une ressource supplémentaire capable d’apporter au
Katanga plus que l’exploitation minière ne lui apporte actuellement.

2. Pensez-vous qu’avec l’avènement de la MCDEM à Lubumbashi, le taux des immigrants clandestins va diminuer ?

La MCDEM n’a jamais eu de prétention de venir seule à bout de
ce phénomène qui, avouons-le, est très complexe. Nous avons, cependant,
la conviction qu’avec l’appui de tous acteurs impliqués dans la lutte
contre la migration irrégulière et engagés dans la promotion de la
migration de développement, nous allons en atténuer les effets
négatifs. Nous croyons, par ailleurs, que l’aspect policier de la
gestion de la migration a montré ses limites. Il devra pour devenir
efficace, être complété par l’aspect facilitation. Car la revue de la
littérature en la matière atteste qu’aucune lutte contre la migration
irrégulière, menée par les actions isolées des Etats ou des
institutions ad hoc ne saurait garantir le résultat sans une
collaboration d’autres Etats ou institutions agissant pour le même but.
Si aucune alternative n’est proposée aux migrants clandestins qui, pour
fuir la pauvreté par exemple, n’ont d’autres choix que de recourir,
même au prix de leur propre vie, à la migration irrégulière, toutes les
actions menées contre cette dernière auront des effets de courte durée,
en tout cas pas d’effets du tout. C’est pour ces raisons que la MCDEM a
opté pour la persuasion des migrants potentiels, par des campagnes de
sensibilisation et d’information sur les risques et dangers que courent
les migrants irréguliers une fois arrivés à l’étranger. L’objectif visé
étant de faire que le migrant soit suffisamment informé sur les
réalités migratoires avant qu’il n’aille s’établir à l’étranger.

3. La MCDEM a organisé dernièrement le
premier forum économique des Congolais de la diaspora. Quels en étaient
les objectifs et dans quelle mesure les avez-vous atteints ?

L’objectif global du forum était d’échanger autour des
difficultés rencontrées par les Congolais de l’étranger pour investir
en RDC et envisager des pistes de solutions capables d’y assainir le
milieu des affaires et d’attirer d’autres investisseurs congolais. Les
objectifs spécifiques étaient, de faire l’état des lieux du climat des
affaires tel que perçu par les Congolais de l’étranger qui ont investi
au pays. De formuler des mesures incitatives à l’investissement et à
l’assainissement du milieu des affaires….Une solution a été trouvée aux
difficultés des opérateurs économiques et chefs d’entreprise Congolais
de l’étranger qui sont bien cernées par secteurs. Des mesures
incitatives sont proposées au gouvernement pour favoriser les
investissements des Congolais de l’Etranger en RDC et encourager ceux
qui hésitent encore. La diminution des tracasseries observées depuis
lors à l’aéroport international de N’Djili et au port de Matadi, depuis
la descente du ministre des Finances, sont illustratives de la volonté
affichée par le gouvernement pour la réalisation des objectifs de ce
forum.

4. Une certaine opinion pense
qu’en ce qui concerne l’immigration, la procédure normale est très
longue et prend trop de temps. D’où il faut opter pour la
clandestinité. Etes-vous de cet avis ?

Nos partenaires des administrations consulaires et nous
même, sommes conscients des difficultés existant dans la procédure de
délivrance des documents consulaires (visas et passeports). Mais,
celles-ci ne constituent pas une raison suffisante qui justifierait
l’option pour la clandestinité. Il convient de relever que la
délivrance de l’autorisation d’accès ou non à un territoire relève de
l’attribut de souveraineté des Etats. Il leur est reconnu par le droit
international, la faculté de refuser ou d’autoriser l’accès à leur
territoire à qui ils veulent. En plus, la voie de la clandestinité ne
constitue qu’une source de gâchis pour le migrant, sa famille et son
pays d’origine, qui ne garantit pas le résultat escompté. Ses
conséquences sont fâcheuses étant donné que le faux titre de séjour ne
donne pas droit à certaines activités. Si son détenteur peut trouver un
emploi « au noir », son employeur ne pourra pas par exemple être en
mesure d’assurer sa couverture sociale. Ceci le placerait d’une façon
ou d’une autre dans une situation de dépendance vis-à-vis de son
employeur. Et d’incapacité de dénoncer les méfaits d’une quelconque
exploitation de sa part, de peur d’être livré à la police. Les dangers
d’une telle option sont tels qu’un migrant irrégulier n’a pas le droit
de se présenter librement dans une institution hospitalière ou de
s’inscrire dans une école où il pourrait s’épanouir librement.

5. Quelles sont les perspectives d’avenir de la MCDEM ?

La MCDEM a l’ambition de devenir, pour le compte de
la RDC, un creuset des initiatives, projets et/ou programmes
participant au processus d’élaboration d’une politique migratoire
nationale et régionale efficace. Celle qui sera capable de donner des
réponses aux défis dans les domaines variés de la politique migratoire,
notamment les questions liées à la diaspora. Il se veut un laboratoire
national de recherche en matière de gestion des migrations en RDC et
dans la région de l’Afrique centrale. Mieux le siège d’un cadre
fédérateur des efforts, tant publics que privés, pour la promotion et
l’exécution des projets et/ou programmes en faveur des congolais de
l’étranger et de leurs familles.

PROPOS RECUEILLIS PAR OLIVIER KAFORO (STAGIAIRE)


 
 

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