Grands Lacs : Une commission de blanchiment de Paul Kagame et ses supplétifs (JP Mbelu)
Bien
longtemps après avoir tué certains de ces esprits avertis, après
qualifié presque tous les rapports nationaux ou internationaux traitant
de cette question du lien entre les guerres organisées contre nous et
le pillage de nos ressources de fantaisistes ou dexagérés, après avoir
organisés inutilement des dialogues, des débats et des concertations,
des remaniements des gouvernements, après avoir tourné longtemps autour
du pot, le gouvernement de Kinshasa et « ses amis » viennent daccepter
timidement que « lexploitation illégal des minerais est à la base de
beaucoup de crimes dans la région des Grands-Lacs. » (Lire larticle
intitulé Grands Lacs : Comment couper
le lien entre les recettes des minerais et les conflits armés ? sur le site de la Radio Okapi)
Du 30 septembre au 02 octobre 2009, il y a eu, selon la Radio Okapi, une Conférence Internationale sur la région des Grands Lacs (CIRGL) prenant en compte cette question. Tout en félicitant ce pas positif
effectué par les 11 pays membres de la CIRGL, excepté lAngola et le
Soudan, nous constatons que les conclusions auxquelles ils sont
parvenus sont à moitié satisfaisantes.
Ils
ont proposé « luniformisation des lois nationales afin de sortir une
politique commune visant à décourager le trafic illégal des matières
premières. » Ils ont aussi envisagé « lélaboration dun plan de
certification des produits miniers comme le coltan, la cassitérite, le
wolfram et lor. » Ils ont enfin recommandé « linstallation dun
système dalerte centralisé pour signaler toute fraude sur les produits
miniers. » Une commission se chargera de la mise en pratique de toutes
ces propositions.
Curieusement,
la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs ne dit rien
sur les crimes passés et les conséquences de la guerre dagression
entretenus au nom du pillage des ressources naturelles. Elle nétablit
pas les responsabilités de « la petite élite » dont le modus operandi se moque depuis les années 90 des structures officielles. Cette
CIRGL semble être, à nos yeux, une conférence de trop, passant à côté
de la responsabilité de Paul Kagame, de ses supplétifs et de ses mentors internationaux opérant dans la région des Grands Lacs.
Disons que cette conférence tenue à
Gisenyi nous semble être le lieu de « leur blanchiment ». Pour cause.
« Le régime Kagamé est basé sur des structures de pouvoir qui
fonctionnent parfois en parallèle, et qui court-circuitent parfois, le
gouvernement formel, et dans lequel larmée joue un rôle (…). Le régime
Kagame a mis en place, un réseau régional complexe de transactions
économiques illégales, de fraude aux sanctions de lONU, darmement de
milices et dentreprises financières criminelles qui a considérablement
appauvri la région. » (Lire Prof. YASH PAL GHAI, Ce quon ne vous dit pas sur le Rwanda sur www.saverwanda.org Roman">)
Edicter des règles formelles et créer des Commissions est insuffisant dans une région où les criminels et
leurs pratiques sont connus et abondamment documentés. Pour dire les
choses simplement, le début de la paix dans la région des Grands Lacs
sera lœuvre dune justice nationale et internationale rendue à
lencontre les actes criminels du FPR et de ses soutiens
transnationaux. En effet, écrit le Professeur Yash Pal Ghai, « le FPR a
fait usage dune violence extrême, tant au niveau national
quinternational. Il a massacré plusieurs centaines de milliers de
Hutus, de citoyens et autres, et est responsable de la mort de plus
encore à travers le déplacement, la malnutrition et la faim. Il a
refusé à des centaines de milliers denfants lopportunité de
léducation, et privé à plusieurs millions de personnes dune vie
familiale et communautaire. » Qui dit FPR et ses massacres dit aussi la
participation toutes ses émanations (lAFDL (et le PPRD), le RCD et le
CNDP) à ces œuvres de la mort.
Pour
la région des Grands Lacs, de « petites commissions de blanchiment des
criminels » ne pourront pas remplacer un Tribunal Pénal National et/ou
International pour le Congo. Il nest pas exclu que lentrée de
certains « Verts » dont lex-juge dinstruction Française, Eva Joli, au
Parlement Européen incite le lobby congolais à Bruxelles à provoquer un
débat parlementaire sur cette question, eu égard à ses
conséquences néfastes du point de vue humain et environnemental. Cela
dautant plus que la question de lexploitation illégale des ressources
naturelles des pays du Sud par les multinationales lintéresse au plus
haut point. Donc, il y a là une piste à approfondir quelle que pourrait
en être lissue.
De
toutes les façons, croire que « le réseau régional complexe » que Paul
Kagame a mis sur pied dans la région des Grands Lacs contribuera à sa
mise hors détat dagir est une illusion.
J.-P. Mbelu