15.10.09 Le Potentiel: CINQ QUESTIONS à Patrick Djanga (*)

 

1.Animateur
social connu dans les milieux de la Société civile, vous avez été
absent du pays pendant plusieurs jours. Comment expliquez-vous cela ?

Ayant compris que la situation de la République démocratique du
Congo devrait changer après les élections de 2006, j’ai décidé de
poursuivre mes études en France, d’où je reviens avec un diplôme de
Master européen en Management et Gestion stratégique des entreprises.
Des connaissances qui, à mon humble avis, me permettront de servir mon
pays après le passage de la crise internationale que nous déplorons
aujourd’hui.

2. Quelles sont, d’après-vous, les conséquences
qu’entraîne cette crise financière internationale dans les pays du Sud
en général, et en RDC en particulier ?

La crise financière internationale actuelle commencée depuis les
Etats-Unis serait due essentiellement à la conjonction de trois
facteurs: les déséquilibres macroéconomiques, les dysfonctionnements
microéconomiques et les pratiques financières à haut risque. Tous ces
dysfonctionnements ont abouti à une crise des subprimes (prêts à
risques) aggravée par la titrisation de nouveaux produits. La crise
ainsi engendrée s’est vite propagée sur le plan international. En
Afrique, les conséquences de la crise ont été vécues différemment selon
le niveau de développement des pays. Les Etats comme l’Egypte,
l’Afrique du Sud ou le Maroc dont les systèmes financiers sont plus
intégrés au système international ont été frappés par effets de la
contagion de la crise. Quant aux autres pays africains dont la RDC, ils
ont plutôt subi les conséquences indirectes de cette crise qui est
d’abord une crise de financement à travers les entreprises financières.
Car elles ne pouvaient pas recevoir de fonds de la part de leurs
consœurs occidentales, etc.

3. La crise est passée, l’heure est à la reconstruction. Par quels secteurs pouvons-nous relancer l’économie en RDC?

Avant d’identifier les secteurs prioritaires, je pense qu’il y a
certains préalables à remplir pour faciliter la relance de l’économie
congolaise. Parmi ces préalables, je citerai, entre autres,
l’assainissement du climat des affaires par la lutte contre la
corruption, l’impunité et la mauvaise gouvernance d’une part, et
d’autre part l’allégement de la fiscalité et de la bureaucratie; la
réhabilitation des infrastructures de base ; le renforcement des
institutions publiques. Néanmoins, les investissements sociaux
(éducation, santé…), loin d’être budgétivores, facilitent la relance
économique du pays parce qu’ils améliorent la qualité de la
main-d’œuvre, par ce fait, la productivité de ses entreprises. Et donc,
la dette publique ne doit pas être considérée indéfiniment comme un
obstacle aux investissements. Le principal objectif est d’accroître la
solvabilité en dégageant une vision claire, réaliste et responsable de
la gestion économique du pays. Même les pays développés et émergents
sont accablés par des dettes publiques colossales (Etats-Unis : 65,6%
de son PIB en 2008 ; Belgique : 88,80% de son PIB en 2006 ; Italie :
106,70% de son PIB en 2006 ; Japon : 177,60% de son PIB en 2006 ; Chine
: 22,10% de son PIB en 2006; Brésil : 46% de son PIB en 2006…).

4.Activiste des droits de l’homme. Que pensez-vous de l’actuelle dynamique au sein de la Société civile en RDC ?

A mon avis, il n’y a rien de nouveau. Il semble qu’au départ, les
gens se sont réunis en symposium pour une thématique précise autre
qu’institutionnelle. Mais au final et contrairement aux recommandations
finales du symposium, certains se targuent le pouvoir de régenter le
mouvement associatif congolais.

5. En tant que responsable de l’Association pour la
défense des droits de l’enfant (ADDE), quelles sont les actions
palpables que votre structure compte mener ?

En plus de son travail traditionnel de promotion et de défense des
droits de l’enfant ainsi que d’éducation civique, l’ADDE poursuivra son
action humanitaire par la réhabilitation des écoles. L’ADDE est aussi
engagée à promouvoir le système de formation professionnelle en
alternance en RDC. La formation en alternance est une formation
professionnelle qui permet aux travailleurs et stagiaires, de suivre
une formation diplômante tout en prestant dans les entreprises. Elle
est aussi un mode par lequel, les entreprises participent à
l’amélioration de la qualité de la main-d’œuvre par l’expression claire
des besoins de formation de leur personnel et la prise en charge
mutualisée des frais scolaires et académiques y relatifs.

PROPOS RECUEILLIS PAR A.N.

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