L’AMP et l’Opposition politique (institutionnelle) co-responsables du gâchis actuel, dixit Kiakwama kia Kiziki (JP Mbelu)

Une Opposition malléable à souhait ?

 

Après
avoir suspendu sa participation sa participation aux débats sur le
budget samedi 10 octobre, mardi 13 octobre, « l’Opposition a
majoritairement choisi de revenir dans la salle sans avoir eu
l’assurance que le Bureau et les membres de la majorité parlementaire
tiendraient leur parole vieille de quelques semaines à peine sur le
contrôle parlementaire », écrit Kiakwama. Ce retour s’est fait sans que
la motion du député Kanku comptant parmi les arriérés de la précédente
session parlementaire contre le Premier Ministre Muzito soit vidée.

Et
pourtant, « les articles 151, 169 et 170 de notre règlement intérieur,
écrit Kiakwama, indiquent clairement qu’une motion suspend le cours normal du travail législatif jusqu’à ce qu’elle soit vidée. » Et
d’ajouter : « Le bon sens et l’honneur appellent d’ailleurs à ce qu’un
homme dont on se défie, lève d’abord la défiance envers sa personne
avant de reprendre le cours normal des choses. » Contrairement
au règlement d’ordre intérieur, au bon sens et au sens de l’honneur,
L’AMP s’habitue à fouler les textes au pied et à se moquer de l’éthique.

Ainsi
avait-elle vidé la question de la motion avant le débat prévu à cet
effet. Comment ? « L’AMP s’était réunie, le Président de la République
s’était impliqué, le Secrétaire Exécutif démissionnaire de l’AMP avait
consulté une ultime fois et son intérimaire avait transmis le mot
d’ordre : « Mesdames et Messieurs les députés, vous voterez pour la
recevabilité du budget vendredi, et contre la motion de défiance
samedi. » Tout en fuyant la débat, en RD Congo, « la bien-nommée
Majorité parlementaire applique tous les mots d’ordre, donne sa bénédiction à tout, offre partout et toujours son soutien inconditionnel au
Gouvernement, et pourtant, pendant les débats, sur le budget ou sur un
autre sujet, elle étrille son Premier Ministre et l’humilie. Où est la
logique ?», demande Kiakwama kia Kiziki. (Dans le contexte d’un
fonctionnement normal des institutions démocratique, il y a une
certaine logique dans le respect de la discipline du parti et/ou de la
coalition.)

Les autres questions que ce député pose à l’AMP méritent toute notre attention. « Pourquoi
toutes ces critiques acerbes, de la part même de membres de la
majorité, si c’est pour voter le soutien après ? Pourquoi toutes ces
critiques si c’est pour refuser de contrôler que les recommandations,
les résolutions et les instructions de l’ « Autorité budgétaire » ont
été bien appliquées ? A quoi riment ces actes contradictoires de la
majorité parlementaire
 ? » Là où le bât blesse, c’est quand les
membres de l’AMP essayant de justifier leurs contradictions, évoquent
le Président de la République. La discipline du parti et/ou de la
coalition disparaît face au diktat de Joseph Kabila exécutant les
ordres de « ses  maîtres ». « Ils disent à tout propos « l’Autorité
Morale a dit, l’Autorité Morale pense que… » Mais, se souviennent-ils
que l’Autorité Morale avait annoncé un collectif budgétaire dans sa
conférence de presse en janvier ? Nous sommes en octobre, et, cette
fois-ci, sur le collectif, le mot d’ordre de l’Autorité Morale n’a pas
été appliqué. A part ça, tout va très bien…pour eux. Mais savent-ils la
perception qu’ils donnent de leur Autorité Morale avec ça ? » Le renvoi
à l’Autorité Morale de l’AMP nie la relecture de l’histoire immédiate.
Il cache mal le bilan largement négatif de la législature actuelle. En
sus de l’échec collectif de l’AMP et de son Autorité Morale, Kiakwama
kia Kiziki reconnaît que « l’Opposition politique a une très grande
responsabilité dans tout ce gâchis que nous vivons aujourd’hui. A défaut d’avoir le
pouvoir, nous pourrions au moins témoigner ensemble, agir pour la
vérité, ensemble, expliquer au peuple congolais les enjeux, le
mobiliser, ensemble. Nous ne faisons rien de tout cela. Il s’est trouvé des membres de l’opposition pour voter en faveur de la motion de Muabilu (de l’AMP) samedi. »

 

Quelques remarques

 

Le
texte du député Kiakwama kia Kiziki est bien écrit. Il est cohérent. En
le lisant, il ressort que la majorité de l’Assemblée nationale pilotée
par Evariste Boshab est une caisse de résonnance d’un seul homme :
Joseph Kabila, abusivement dénommé « Autorité Morale ».  Cette
« Autorité a-morale » participe d’un réseau transnational de
déstabilisation, de balkanisation et de pillage de la maison Congo.

Les
miettes que lui partagent « les cosmocrates » lui permettent une
redistribution corrompant et la Majorité et l’Opposition, à quelques
exceptions près. La cohérence et la beauté du texte de Gilbert Kiakwama
passent à côté de ce secret de polichinelle. Quand notre député
national dit  qu’ « il est impérieux de sauvegarder
l’espace démocratique », il suppose que la mascarade électorale de 2006
a ouvert cet espace. Or, la lecture de son texte témoigne que les
outils démocratiques ont servi à la personnalisation outrancière du
pouvoir politique par Joseph Kabila. Et quand il reconnaît que
« l’Opposition politique a une grande responsabilité dans tout le
gâchis que nous vivons aujourd’hui », il rejoint les Congolais(es) qui,
après avoir découvert que plusieurs « partis politiques » ( ?) nés sous
l’instigation des tueurs tutsi du Rwanda et de l’Ouganda étaient de
chevaux de Troie incapables d’offrir un autre avenir au Congo.

Le fait que la fameuse Opposition politique n’ait pas réussi jusqu’à ce jour à avoir un Président interpelle. La dispersion dans
laquelle elle travaille permet à certains de ses membres d’avoir
régulièrement accès à la mangeoire kabiliste et de trahir la cause du
peuple. (Pouvait-il en être autrement ?)

Le
texte de Gilbert Kiakwama dit clairement l’incapacité dans laquelle se
retrouve cette Opposition institutionnelle de renverser la vapeur pour
un autre Congo. Et quand Gibert décrie le manque du bon sens et du sens
de l’honneur dans le chef de la Majorité Présidentielle, nous sommes
tenté de lui poser la question de savoir si une Opposition
co-responsable du gâchis dans lequel se trouve notre peuple à l’heure
actuelle ne compte pas dans ses rangs des compatriotes à qui le bon
sens et le sens de l’honneur font défaut.

En
lisant Gilbert Kiakwama, on sent qu’il croit qu’il est encore possible
de révolutionner le système kabiliste de l’intérieur. Cela démentirait
ce qu’il avait soutenu à l’investiture d’Adolphe Muzito. Voici ce qu’il
disait : « On doit éviter de donner raison à ceux des Congolais qui ont
choisi de ne pas être dans les institutions parce que disaient-ils les
dés sont pipés et le jeu non démocratique. »

Malheureusement,
quand il regarde la réalité en face, Gilbert Kiakwama se rend compte
que le jeu qui se joue à l’Assemblée nationale n’est pas éthiquement
démocratique. Cela d’autant plus que la démocratie ne se réduit pas à
la mise sur pied des institutions républicaines après les élections.
Elle exige aussi le contrôle citoyen pluriel et la reddition permanente
des comptes.

Gilbert
Kiakwama pensait qu’il était possible d’ « éviter de donner à penser
aux gens que la seule manière d’être entendu au Congo Démocratique
lorsqu’on a une opinion divergente est de prendre les armes ».
Malheureusement, l’incapacité des marionnettes des seigneurs de guerre,
sous-traitants des multinationales, à se convertir en hommes d’Etat a
conduit certains d’entre nous à opter pour la lutte armée. La dernière
sortie médiatique (le 18 octobre 2009) de Mufoncol Tshiyoyi sur la
radio La Voix de La Démocratie de Don Kayembe en dit long. Non seulement Tshiyoyo affirme que la guerre qui nous a été imposée et qui n’a pas
été  la nôtre a permis aux « chiens » d’accéder au pouvoir au Congo avec l’aide de « leurs maîtres » et qu’il est temps de faire « notre propre guerre » pour nous réapproprier notre espace vital,
Mufoncol se dit prêt, avec son mouvement politico-militaire, à
affronter ses compatriotes qui seraient disposés à redonner une
légitimité politique à l’ « Autorité a-morale » de l’AMP en se
présentant aux élections prévues pour 2011. Aux dernières nouvelles, le
mouvement politico-militaire de Mufoncol Tshiyoyo serait très avancé
dans la quête de la réalisation de ses objectifs. Et il ne serait pas
le seul à croire que la seule manière d’être entendu en RDC et à la
face du monde est de prendre les armes. A l’Est, des compatriotes
réagissant contre le flou entretenu par l’opération Kimya II ont
rejoint le maquis et se disent prêts à en découdre avec le Gouvernement
de Kinshasa.

Donc,
en lisant Kiakwama, une impression se dégage : il se rend compte que ce
qu’il avait prévu n’a pu être évité par « une coalition incapable
de gouverner efficacement ». Face à cette réalité, que peut encore
l’Opposition ou certains de ses membres ? Persévérer dans
l’accompagnement d’un pouvoir de la mort pour éviter la politique de la
chaise vide, démissionner ou rallier les forces du changement ?

A
entendre tout ce qui se trame, il est même plus ou moins sûr que
certains ténors du pouvoir actuel au Congo connaissent le même sort que
plusieurs mobutistes d’hier. Et que Joseph Kabila termine sa vie comme
Mobutu… Le Congo n’est pas sorti de l’auberge…

 

J.-P. Mbelu

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