Kinshasa et Abidjan, mêmes cause et destination…( ?) De la Rumba-Coupée au Soukouss-Décalé, voyage-éclair ! par Firmin Luemba (Blackmap)

 La faute à qui ? A ces rythmes sortis de nulle part, ou plutôt à des bruits de bottes et de canons au large de la Lagune d’Ebrié… C’est ça, vous avez bien compris : la faute incombe, un peu, aux Ivoiriens, qui, en matière musicale, commencent à se faire un peu de longues…ivoires, euh pardon de longues dents.

On les connaissait très "reggae" grâce à un Fou-losophe : Alpha Blondy est pionnier dans toute l’Afrique. Mais ses "Cocody Rock", "Brigadier Sabary" n’avaient aucun ascendant sur les rumbas de "Mario" avec Franco, par exemple. Puis les Eléphants créèrent le Mapouka. Vertigineux !! Mais, aucun impact sur les fameux Soukouss, Ndombolo jaillissant des eaux du fleuve Congo.
Ensuite, vint le Zouglou avec, notamment, le monumental tube 1er Gaou ! Les Congolais seraient-ils K.O. ? Certains orchestres de jeunes à Kinshasa ne crachent pas sur le morceau. Bien au contraire, ils le reprennent, le "cuisinent" selon leurs goûts artistiques, jusqu’à le transporter… au Palais Omnisports de Paris-Bercy.

Quand Koffi Olomidé (même lui, et surtout ! d’ailleurs puisque ses initiales donnent le K.O.) y joue, le 19 février 2000, ses invités s’appellent Magic System. Le morceau qu’il choisit pour accompagner les "Magiciens du Système", c’est 1er Gaou. Qui était gaou ? Qui n’était pas 2ème gaou ? Mais, les Ivoiriens, avec leur(s) mémoire(s) d’éléphants, disent ceci à leurs interlocuteurs : « Oh la ! Oh la ! Attendez un peu, vous Zairois-là ! C’est pas vraiment ça, le gaou-là, qui nous intéresse, mais plutôt votre bonne vieille musique-là ! Comment vous faites, hein ? »

Ces "Zairois-là" ne comprirent pas que les hommes du Pays de l’Ivoire souhaitaient non pas continuer à "subir" la suprématie des rythmes congolais, mais plutôt à en faire l’apprentissage, et surtout la démonstration. Pendant ce temps-là, les Tshala Muana, Sam Mangwana, Tabu Ley Rochereau, Franco Luambo, Pépé Kallé, Canta Nyboma, Zaïko Langa Langa, Papa Wemba, Koffi Olomidé, Wenge Musica, Pierrette Adams, etc…envahirent le marché musical des Ivoiriens, plutôt en observateurs. De futurs stagiaires de la rumba et du soukouss…

Puis vint et s’aggrava la guerre en Cote d’Ivoire. Mais c’est parfois dans les temps difficiles que l’ingéniosité des individus ou des peuples se manifeste. Ainsi, la Cote d’Ivoire créa… le Coupé-Décalé. Fini le stage, passage à l’acte ! "Créa ? " s’indignent les observateurs congolais. "Disons plutôt qu’ils adaptèrent le genre musical du Congo à leur vécu quotidien, sinon inversement. Cela est perceptible dans leur façon de chanter, de danser, de mettre en scène ledit coupé-décalé où l’on trouve plein de codes zaïrois… " Toujours est-il que ces derniers se ruèrent aussi sur cette nouvelle tendance…

En attendant, dans les jours à venir, qui créera ou lancera quoi ? Quel autre nom de musique ou danse "bizarre" envahira prochainement nos tympans ? De part et d’autre du fleuve Congo et de la lagune d’Ebrié, en passant par Paris, les artistes s’épient.
La musique congolaise remonte la pente depuis le début 2005 ; les musiciens ivoiriens tiennent à préserver leurs terres conquises. A court terme, ce second semestre de l’année 2005 servira d’arbitre, de témoignage pour les protagonistes de tous bords. En tout état de cause, vivement le rayonnement de la culture africaine, de Kinshasa à Abidjan. Afin que subsiste la paix sur le toit, sur le sol de ces deux terroirs, miroirs de deux Etats géants, minés par la guerre de/contre l’étranger.

Dame Musique a-t-elle été un jour Etrangère ou plutôt Sans-Frontières ? Notre Dame de la Musique adoucit les Mœurs (sauvages) !!!

Firmin Luemba.
[mis en ligne le 18 juin 2005]

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