24.10.09 Le Potentiel: Cinq questions à Jean-Marie Ngondjibangangte
1. Quels sont les objectifs de Plan international pour la démocratie et la paix en Afrique?
Cest une Organisation non gouvernementale
internationale qui œuvre dans le domaine de la bonne gouvernance et de
la démocratie en Afrique. Nous œuvrons également dans la médiation de
conflits et la communication institutionnelle en matière de paix et de
non violence, lobservation des élections ainsi que la formation. Nous
avons déjà couvert des élections dans 23 pays en Afrique depuis 2003.
Nous avons été en Guinée-Bissau pour une mission de paix avant le
renversement du président Koumba Yala, ainsi quau Burundi.
2. Quel est le scrutin le plus difficile que vous avez observé et comment se passent les missions dobservation ?
Toutes les missions sont difficiles, parce que quand on parle
délection, il y a des tiraillements. Mais, la mission dobservation la
plus difficile, cétait en 2008 au Tchad peu après lincursion des
rebelles aux portes de la présidence à Ndjaména. Notre organisation va
toujours vers les Etats, pour demander à effectuer des missions
dobservation. Ce ne sont pas les Etats qui viennent vers nous. Nous
adressons une demande à la Commission électorale nationale, trois mois
avant le scrutin. Si elle juge que nous avons les compétences, elle
nous autorise à y participer.
3. Dune manière générale, les observateurs internationaux ont une bonne appréciation du déroulement des élections ?
Y a-t-il des critiques objectives faites aux observateurs ? Le
jeu démocratique est une œuvre humaine, donc imparfaite. Ce qui fait
quil y a toujours des irrégularités. Il ny a aucune élection parfaite
dans le monde, même dans les vieilles démocraties occidentales comme
les Etats-Unis. Nous mettons sur la balance, les bons points et les
mauvais points. Si les irrégularités pèsent plus que les régularités,
nous disons que lélection ne répond pas aux normes de la démocratie.
Mais par contre, si le bon déroulement pèse plus que les imperfections,
nous disons que les irrégularités ne sont pas en mesure dentacher
lélection. Par exemple, en 2008 au Ghana, au deuxième tour, il y a eu
des petits problèmes et même des casses à Tain et jétais là-bas. Mais
lélection présidentielle sest bien déroulée dans lensemble. Et nous
lavons relevé dans notre rapport dobservation. Il y a des gens qui
disent que les observateurs viennent à trois jours du scrutin et
concluent quil sest bien déroulé. Et pourtant, une élection, cest
avant, pendant et après le jour du scrutin. Il faut peut-être venir au
moins deux semaines avant pour constater le déroulement de la campagne,
vérifier le fichier électoral. Ça cest une critique constructive. Mais
nous ne sommes pas «achetés» par les gouvernements.
4. Étiez-vous au Gabon et au Niger lors de derniers scrutins?
Effectivement, nous étions au Gabon et honnêtement dit,
lélection sest bien passée. Cest après le jour de lélection quil y
a eu des troubles. Il ny a pas eu de fraudes. En Afrique, les
opposants nont pas le courage de féliciter les vainqueurs. Sil y
avait eu des fraudes, Ali Bongo allait avoir 52% des voix au lieu de
41%. Quant au Niger, le référendum sest également bien déroulé. Cest
plutôt les opposants qui ont refusé de prendre part au référendum et
tentent de jeter le discrédit sur son déroulement. La politique de la
chaise vide nest pas bonne.
5. Comment voyez-vous la facilitation du président Blaise Compaoré pour la sortie de crise en Guinée ?
Le président Blaise Compaoré a beaucoup dexpérience en
matière de médiation. On a vu son œuvre notamment au Togo et en Côte
dIvoire. Ouagadougou a été le médicament pour un retour de la paix
dans ces pays. Blaise Compaoré est un homme pétri dexpérience et de
sagesse. La Guinée est un cas difficile. Après le président Sékou
Touré, Lansana Conté et Moussa Dadis Camara ont pris le pouvoir par les
armes et le pays secoué de violences. Le président Compaoré lors de son
récent séjour à Conakry, a établi les bases solides pour une sortie de
crise et toutes les parties ont convenu de se rencontrer, très
prochainement, à Ouagadougou. Comme la dit Blaise Compaoré, la sortie
de crise dépend dabord des Guinéens qui doivent accepter de discuter
franchement.
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