Assis sur l’Or (Mzee Mwembo, Ph.D.)

Les rois, les empereurs et les pharaons africains
habitaient des huttes ou des maisons en pailles, mais à leurs décès, ces dignitaires
étaient enterrés dans les cercueils en or. Dans leurs tombes, les objets
précieux étaient placés à côté de leurs corps pour qu’ils s’en servent dans
l’autre monde. La vie sur terre était perçue comme une préparation à la seconde
vie dans l’autre monde. Beaucoup de gens se demandent pourquoi les rois, les
empereurs et les pharaons en Afrique donnaient une si grande importance au
cercueil alors que de leur vivant ils habitaient les huttes ; ils étaient
assis sur l’or, mais habitaient des cases ou des huttes.

Pour les Anciens Africains, La Vie de l’Au-delà
était Plus Importante que la Vie sur Cette Terre

Les africains réels (pas les africains européanisés)
avaient construit une civilisation dont les préoccupations étaient basées sur
la poursuite de la vie de l’au-delà et non sur les plaisir temporaires de ce
monde. Les africains, non seulement [ils] croyaient fermement à l’existence de
la vie après la mort, mais ils vivaient leurs vies sur terre comme des
pèlerins, ayant les yeux fixés sur leur destination finale pour rejoindre les
ancêtres. Ils prenaient cette croyance au sérieux sachant que la vie au-delà
était plus importante que la vie passagère sur cette terre. Ainsi, les anciens
africains mirent sur pied des systèmes et des structures sociaux, politiques et
économiques capables d’aider les gens à mettre en pratique les règles et les
exigences qui les aideraient à se conduire de façon à atteindre la vie de
l’au-delà. Pour ceux qui ne se conformaient pas aux règles de
la société, on leur faisait croire que le monde des ancêtres ne recevait pas
les désobéissants et les malfaiteurs. Ceux derniers été rejetés et devenaient
des animaux détestables tel que les cochons ou les porcs.

Les anciens africains n’ignoraient pas l’or ni les autres
minerais. Ils n’abusaient pas de l’exploitation des minerais comme l’or, le
cuivre, le diamant, etc. Ils exploitaient manuellement ces matières pour un
usage limité et sage bien avant toutes les autres civilisations. Comme le premier homme a vu le jour en
Afrique, Dieu n’a pas attendu des milliers d’années pour donner à l’humanité
l’intelligence et la capacité d’exploiter les minerais, ni d’utiliser les
plantes pour soigner les maladies. Dieu avait donné ces capacités aux premiers
hommes. Mais plus l’humanité avance en âge, plus la science se développe, mais
aussi plus les hommes et les femmes se rebellent et abusent de la nature.

Les premiers hommes [les africains] n’exploitaient pas
les minerais pour s’enrichir. Ils se conformaient aux lois de la nature et
ainsi ils évitaient de détruire l’environnement. Ils savaient que détruire la
nature c’était se détruire. Ils savaient que la meilleure façon de ‘commander
la nature c’est de lui obéir’ et non la dominer ni la détruire. Ils n’avaient
pas besoin de passer de nombreuses années à l’université ni assister aux longs
séminaires pour savoir que l’abus de la nature provoque la destruction de
l’écosystème, crée la pollution des océans et de l’air. Ce qui parait être une
ignorance de la part des africains assis sur l’or, le cuivre et le dimant, mais
vivant dans les maisons en pailles n’est en réalité qu’une sagesse.

Ne Jugez Pas

Juger une culture à travers les lunettes d’une autre est
un signe d’ignorance. Lorsque certains étrangers venant des autres continents
arrivèrent en Afrique, ils trouvèrent que les africains n’avaient pas de
bâtiments pour les églises. Ils ne trouvèrent ni d’édifices imposants ni de
vestiges des bâtisses comme on en trouve dans Rome ou la Grèce antiques. Ils
conclurent [hâtivement] que les africains n’avaient pas de religion et ne connaissaient
pas Dieu.

Ce que ces étrangers ne virent pas, c’était une Afrique
dont l’air et les eaux n'étaient pas polluées par une exploitation effrénée des
minerais. Ils ne virent pas les mariages réussis, avec un taux de divorce très
peu élevé. Ils ne virent pas de filles aller au mariage encore vierges dans
beaucoup de tribus. Ils ne virent pas l’harmonie qui existait entre les hommes
et la nature telle que le Créateur le recommande. La culture africaine était
fondée sur les relations holistiques entre l’homme et son Créateur, entre
l’homme et son semblable et entre l’homme et son environnement. C’est cela même qu'on peut
appeler ‘religion’, du latin, ‘religare’, c’est-à-dire, relier
l’homme à son Créateur et à son environnement.

Depuis des milliers d’années, les africains avaient conçu
une civilisation basée sur les richesses [relations] interpersonnelles et non
sur les richesses matérielles. Les rois, les empereurs et les gens riches en
Afrique ne devenaient pas riches pour eux-mêmes, mais ils accumulaient les
richesses pour les partager avec les autres et les distribuer aux moins nantis.
Un chef ne pouvait pas manger avant de s’assurer que tout le monde dans le
village avait à manger. Il y avait de mauvais dirigeants même en Afrique
traditionnelle, mais en règle générale, beaucoup de chefs ou des rois se
conformaient à cette valeur du partage pour maintenir un certain degré
d’égalité et de justice distributive.

Les Temps Ont
Changé

Les temps ont changé. Les nouvelles connaissances ont
remplacé les anciennes, mais la nature humaine semble imiter plus les mauvais
exemples que les bons exemples. Il est étonnant de constater que le monde
rejette la sagesse africaine en bloc au lieu de rejeter celles qui sont
périmées et retenir celles qui nous aider à progresser. De nos jours, les
bâtiments des églises poussent sur chaque coin de la rue, mais les mœurs et la
moralité se détériorent au jour le jour. Sans bâtiments pour les églises, la
moralité dans l’ancienne Afrique était rigoureuse et permettait aux gens de
dormir dans les cases sans cadenas. Aujourd’hui, avec les églises partout, les cadenas ne suffisent plus, il
faut recourir aux sociétés de Gardiennage pour avoir des gardes de nuit et de
gardes de jour. Où allons-nous ? Au rythme ou va le mal, les gens riches
vont déménager pour habiter dans les nuages. Mais le mal va les suivre partout.
Aujourd’hui avec des églises dans chaque coin de la rue, on a de moins en mois
les filles qui vont au mariage encore vierges. La virginité est devenue une
valeur périmée.

De nos jours, le monde entier se précipite sur
l’exploitation de pétrole, cotant, l’or, le diamant, le cuivre, etc. La science et la technologie se sont
développées de sorte que l’extraction et l’exploitation des minerais se font
plus facilement et plus abondamment en mois de temps. Au lieu de faire ces
exploitations sagement, le monde entiers se met à détruire le monde, à polluer
la terre et les océans. La perception africaine de la nature et des matières
précieuses a quelques mérites. Il est insensé de détruire la terre pour un
téléphone ou un ordinateur qui ne rendent pas la vie plus heureuse, mais qui au
contraire, causent la mort des innocents, polluent la terre et menace
l’existence humaine, animale et toute la vie sur notre terre. Bien entendu les
temps ont changé. Dieu donne la nouvelle lumière progressivement à l’homme et a
la femme pour découvrir des nouvelles choses. Une exploitation rationnelle des
minerais n’est pas mauvaise si elle ne pollue pas l’environnement et si elle
profite à la majorité de la population.

Si les temps ont changé, cela veut dire que les congolais
et les africains doivent rompre avec une certaine façon de vivre et de penser.
Ils doivent comprendre que le monde d’aujourd’hui suit le modèle capitaliste
individualiste. Le modèle capitaliste individualiste dit ‘moi’ d’abord, les
autres après et Dieu enfin. Le modèle de l’Afrique traditionnelle disait:
‘d’abord Dieu et les ancêtres, ensuite les autres, et moi enfin’. Les africains
sont en train de tuer leurs ancêtres car quelqu’un leur a dit que les ancêtres
africains étaient païens. Or ce sont nos
ancêtres qui ont construit la première civilisation universelle qui a duré plus
de trois mille ans. Ce sont nos ancêtres qui sont nos modèles et qui ont fait
de nous ce que nous sommes. Plus près de nous, citons, la Reine Nzing’a Nkuvu,
le prophète Kimbangu et le héros National Lumumba qui sont pour nous des
exemples d’un courage exceptionnel, d’une moralité impeccable, et d’un amour
patriotique introuvable de nos jours. Ces congolais étaient assis sur l’or et
le diamant, mais ils étaient heureux de reposer leurs têtes sous une hutte de
pailles pour ainsi dire, pourvue que leur conscience était pure. Quoique mort,
ces héros ne sont pas morts. Ils ne sont pas morts dans la mémoire individuelle
et collective des congolais, voire des africains et au delà.

D’autre part, la perception de biens, de la richesse a
changé. Les congolais doivent apprendre à sortir de la mentalité de la
pauvrette et de la misère. Mais la tendance actuelle de vouloir s’enrichir en
cinq minutes en Afrique contribue à la destruction du continent. Même dans les
pays capitalistes, pays dits ‘riches’, on ne devient pas riches en cinq
minutes, mais on le devient par un travail dur et pénible. Les congolais qui sont bénis avec la
prospérité matérielle, doivent la gérer sagement et partager avec les autres.

Conclusion et
Recommandations

Les anciens africains prenaient la vie au-delà plus
sérieusement que les ‘chrétiens d’aujourd’hui qui chantent le ciel et le paradis à la longueur des nuits
et des journées sans démontrer au monde une vie digne de futurs résidents du
royaume de Dieu. En tenant compte de certaines valeurs africaines qui sont
réalistes et pratiques, la religion d’aujourd’hui devrait s’inspirer de la
tradition africaine. Dieu recommande que nous gérions la terre avec sagesse. La
terre ne nous appartient pas, nous ne sommes que les intendants.

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