30.10.09 Le Potentiel: Cinq questions à Me Georges Kapiamba, par Louis-Paul Eyenga Sana

 

1. Dernièrement, plus de 130 groupes africains de la
Société civile et de défense des droits de l’homme ont publié une
déclaration en Afrique du Sud sur le soutien des Etats du continent à
la CPI. De quoi s’agit-il ?

C’est le 30 juillet 2009 à Pretoria en Afrique du Sud qu’une
déclaration commune a été formulée pour demander aux Etats africains
parties à la Cour pénale internationale (CPI) de réaffirmer leur
engagement et leurs obligations de coopérer avec le tribunal. C’est en
réaction à la décision de l’Union africaine prise lors du sommet qui
s’est tenu du 1er au 3 juillet 2009, selon laquelle ses Etats membres
ne coopéreront pas avec la CPI pour l’arrestation du président
soudanais Omar el-Béchir accusé de crimes contre l’humanité et de
crimes de guerre au Darfour. Pour nous, acteurs des droits de l’homme,
nous considérons que cette décision risque d’entraver la justice en
faveur des victimes de pires crimes commis sur le continent africain.
Au moment où se tient à Abuja (au Nigeria), un Conseil de paix et de
sécurité de l’Union africaine auquel participe le président soudanais
et pendant qu’on prépare le Sommet africain du 3 au 6 novembre 2009 à
Addis Abeba, l’Asadho demande aux gouvernements africains et
principalement le gouvernement congolais de réaffirmer leur engagement
à lutter contre l’impunité en collaborant avec la CPI.

2. Pourquoi l’Asadho demande-t-elle de réaffirmer
clairement cet engagement sur le cas Béchir alors qu’il y a aussi la
question de Bosco Ntaganda?

Pour nous, la CPI reste une institution judiciaire de dernier
recours essentielle pour l’Afrique lorsque les juridictions nationales
se sont avérées incapables de rendre justice ou non disposées à engager
des poursuites pour génocides, crimes de guerre et crime contre
l’humanité. L’Asadho exhorte donc le gouvernement congolais à
collaborer d’une manière sans faille avec la CPI d’autant que les pays
africains ont joué un rôle fondamental dans son établissement et sont
indispensables à sa réussite. Le gouvernement congolais était parmi les
administrations africaines avoir ratifié le statut de Rome. Par
conséquent, l’Asadho réitère son exhortation afin que le gouvernement
puisse coopérer avec la CPI pour l’arrestation du président soudanais
Omar el-Béchir et pour le transfert de Bosco Ntaganda à la CPI sans
oublier d’autres criminels accusés de crimes contre l’humanité et de
crimes de guerre.

3. Le gouvernement qui a instauré « la tolérance zéro » a
tranché sur la question du transfert de Bosco Ntaganda à la CPI pour
privilégier la paix dans le Nord-Kivu. Qu’en pense l’Asadho ?

Il est vrai que le gouvernement estime privilégier la paix à la
justice pour le cas de Bosco Ntaganda, cependant, nous estimons que la
paix n’exclut pas la paix ! Car la meilleure paix passe nécessairement
par la justice en faveur des victimes de pires crimes commis dans l’Est
de la RDC.

Par ailleurs, l’Asadho se félicite de l’implication effective
du président de la République dans la lutte contre des anti-valeurs
dont le pillage des ressources naturelles, l’enrichissement sans cause,
le détournement des deniers publics, la corruption et les violations
des droits de l’Homme. Elle relève, cependant que la « tolérance zéro »
ne vise que quelques secteurs et individus sans en réalité apporter des
changements nécessaires à l’assainissement de l’environnement
politique, social et économique du pays.

4. Quel est le souhait de l’Asadho ?

Notre organisation souhaite que cette lutte puisse s’étendre à tous
les responsables politiques, militaires et civils impliqués dans le
pillage des ressources naturelles, le détournement des derniers
publics, la corruption et les violations des droits de l’Homme. Il
s’agit de tous les Congolais cités dans les différents rapports des
experts des Nations unies sur l’exploitation illégale des ressources
naturelles de la RDC, de tous les Congolais cités dans le rapport dit «
Rapport Lutundula », de tous les députés nationaux sur lesquels pèsent
les allégations de corruption, de tous les ministres impliqués dans le
détournement des fonds publics, de tous les chefs militaires impliqués
dans le détournement des soldes des militaires à l’Est du pays ; de
tous les militaires impliqués dans les violations graves des droits
humains à l’Est de la RDC et enfin de tous les civils et militaires
impliqués dans le massacre des militants de Bundu dia Kongo au
Bas-Congo.

5. Le Conseil des Nations sur les droits de l’homme va se
réunir le 3 décembre 2009 à Genève en Suisse. Le gouvernement et les
organisations des droits de l’homme seront au rendez-vous. Quel est
l’essentiel du rapport sur l’état de lieu des Droits de l’homme en RDC
?

C’est une rencontre de tous les enjeux. Le rapport du gouvernement
est attendu d’autant que la RDC a reçu dernièrement la visite du
rapporteur spécial des Nations unies sur les Droits de l’homme, M.
Philip Alson. Il y a eu également le communiqué du Conseil de l’Union
européen sur la Région des Grands lacs. Outre le rapport du
gouvernement, les associations des droits de l’homme congolaises
présenteront le leur qui rappelle la manière dont les engagements pris
par le gouvernement vis-à-vis de tiers et de la communauté tant
national qu’internationale en matière du respect des droits de l’homme
et de la protection des acteurs des droits de l’homme. Toutefois, je
dois reconnaître que les rapports entre les ONG des droits de l’homme
et le Ministère des Droits humains sont bons.

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