UDPS, l’impérieux sursaut ! Par Corneille MULUMBA


I. Les années « 80 »


En effet, née au début des années 80, l’Union pour la Démocratie et le
Progrès Social a tenu en haleine toutes les catégories sociales du pays pendant
une vingtaine d’années. Jeunes, vieux, hommes, femmes, religieux, journalistes,
militaires, enseignants, commerçants, étudiants, syndicalistes, tous ont, de
diverses manières, soutenu activement ce parti qui avait focalisé sur lui les
espoirs et les aspirations de tout le peuple congolais.

Cette adhésion massive et cette confiance, l’UDPS les devait à la justesse
de son combat et l’adéquation de son discours politiques, l’engagement et la
détermination de ses cadres, de ses leaders et de ses membres dans le pays et
dans la diaspora.

Dans les années « 80 », en effet, les membres de l’UDPS avaient
un idéal et agissaient conformément à cet idéal. Ils donnaient tout, et se
donnaient entièrement au parti. Beaucoup ont fait preuve d’une détermination et
d’un courage extraordinaires. Même démunis de tout aujourd’hui, ce sont des
véritables héros devant lesquels la démocratie retrouvée devrait faire sa
révérence. C’est dire que tous ceux à qui il est donné de diriger l’UDPS
aujourd’hui doivent être conscients du fait qu’ils ont en charge un capital
bâti sur les privations des autres. Ils ont le devoir patriotique de le faire fructifier
en conduisant impérativement l’UDPS au pouvoir afin que les sacrifices
consentis ne l’aient pas été en vain. De la sorte, l’UDPS pourra jouer le rôle
politique de premier plan qui lui est dévolu en République Démocratique du
Congo et en Afrique pour l’amélioration des conditions de vie de nos peuples. Ils
doivent également être conscients qu’au sein de l’UDPS existe cette charge
émotionnelle particulière qui, bien gérée, peut générer une très grande
capacité de mobilisation et une force capable de déplacer des montagnes.

II. UDPS, une coquille vide ?

« L’UDPS dans le brouillard », « L’UDPS, une coquille
vide », « L’UDPS, le temps des désillusions », « L’UDPS,
c’est fini »; ce sont là quelques titres de journaux parus ces derniers
mois dans la capitale congolaise, conséquence du spectacle peu reluisant que donne le parti des Treize
Parlementaires en ce moment. Ont-ils tous tort ces éditorialistes ?

Sans doute que, au travers de ces titres cinglants, ceux-ci versent en
réalité des larmes, excédés et désabusés par la cacophonie au niveau des
instances dirigeantes de ce parti et les conflits fratricides sous les yeux des
militants ahuris, ou par la police, la Justice et les médias interposés. Ils ont sans
doute aussi été déçus par la démobilisation des membres du fait du boycott des
élections générales de 2006 et de la trop longue absence sur le terrain de la
seule autorité structurelle  du parti
unanimement reconnue. L’incapacité, le manque de courage ou l’absence d’une réelle
volonté politique pour désigner une autorité de consensus à même de conduire les
affaires du parti dans l’entretemps, l’absence de tout discours cohérent et
mobilisateur sur les enjeux nationaux et les questions et d’actualité,
l’absence d’orientations politiques précises et le chevauchement des structures
de l’organisation ont fini d’éteindre les espoirs. Ces éditorialistes ont vu
aussi, pendant plusieurs années, l’UDPS se mettre à manger ses propres enfants,
ses propres cadres, analystes, stratèges, et autres leaders au profit des
flatteurs, applaudisseurs et autres béni-oui-oui, jusqu’à se rendre inopérante
et totalement léthargique. Comment dès lors s’étonner de tels titres dans la
presse ?

III. Le sursaut
d’orgueil.

Ces titres de presse, sans doute
était-ce le but recherché, ne pouvaient que pourfendre le cœur de tous ceux
pour qui, aux quatre coins du monde, les initiales « U.D.P.S. »
signifient quelque de beaucoup plus profond que le simple sigle d’un
quelconque parti politique né avec l’autorisation de Mobutu après le 24 avril
1990.

En effet, l’UDPS n’est pas un parti comme les autres; parce qu’il s’est
bâti sur le partage de souvenirs communs faits de défis à la dictature de
Mobutu et des violations des droits humains les plus élémentaires. Ce parti ne
peut se comparer, dans une certaine mesure, qu’à d’autres mouvements politiques
qui ont lutté pour une cause juste, tels l’ANC contre l’apartheid en Afrique du
Sud, le MPLA pour l’indépendance de l’Angola, ou le Frolimo au Mozambique. Tous
sont encore aux commandes de leurs pays respectifs jusqu’aujourd’hui. Dans le
Zaïre de Mobutu, il s’agissait de combattre pour la conquête de la démocratie
pluraliste, le respect des droits de l’homme, et l’amélioration des conditions
de vie du peuple congolais. Et l’UDPS en a aussi payé le prix :
arrestations arbitraires, tortures physiques et morales, assassinats,
relégations, maquis, confiscations des biens, maisons incendiées, emplois
perdus, faillites commerciales, ménages brisés, etc.

C’est pourquoi, le présent texte constitue, en fait, une exhortation à
regarder dans la même direction pour tous ceux qui sont convaincus que l’UDPS
peut encore représenter une force politique à même de défendre les intérêts du
Congo et du peuple congolais, de se battre pour enraciner la démocratie
pluraliste, d’améliorer les conditions de vie des populations congolaises, de
faire du Congo un Etat de droit, une puissance politique, militaire,
économique, et culturelle, un partenaire respecté et craint. Dans cette
perspective, les principales batailles de l’heure s’appellent encore : bonne
gouvernance, lutte contre la corruption, respect de la Constitution et des
institutions de la
République
, constitution d’une armée puissante et de
développement, paix et intégrité du territoire nationale, reconstruction du
pays et redressement économique, justice sociale et diplomatie à la hauteur des
ambitions du pays.

Gagner ces batailles ne relève point du miracle ; mais d’une action réfléchie,
calculée, programmée, et concertée. Il s’agit de reconstituer une machine
politique puissante à même de peser de manière déterminante sur la vie
politique, économique, sociale, culturelle et diplomatique nationale.

Un parti politique est puissant par le nombre de ses militants et sa
capacité de mobilisation, certes ; mais aussi et surtout, en démocratie,
par le nombre de ses élus : combien de députés nationaux, de sénateurs, de
députés provinciaux, de gouverneurs de provinces, d’élus communaux et locaux, ainsi
que sa capacité à produire des idées novatrices et des stratégies efficaces.
Et, si ces élus sont politiquement bien
formés et idéologiquement bien armés, c-à-d s’ils ne sont pas de simples
jouisseurs, le Congo peut  retrouver
rapidement la place qui doit être la sienne en Afrique et dans le monde.

Pour gagner le plus grand nombre d’élus aux échéances électorales, il faut
être capable de convaincre la population congolaise, les potentiels stratèges et
analystes à même de produire un travail intellectuel de qualité. Il faut
pouvoir faire adhérer au parti des cadres qui soient susceptibles de défendre
valablement la vision du parti dans divers secteurs de vie nationale, d’assumer
avec compétence et engagement des hautes fonctions au sein de l’Etat Congolais,
de mobiliser des moyens financiers conséquents pour le parti et son action.

 Faire adhérer au parti ce genre de
personnages exige de rendre celui-ci attrayant et prometteur. En effet, un
parti éclaté en mille morceaux, avec quatre ou cinq Secrétaires Généraux, un
parti dont les acteurs sont incapables de transcender les amours propres,
incapables d’organiser un congrès fédérateur et structurel, un parti dans
lequel le débat interne n’a pas de place, un tel parti ne peut pas être crédible
et attrayant. Bien plus, tous ceux qui cherchent à entretenir la misère du
peuple congolais ne seront toujours prêts pour soutenir de diverses manières et
simultanément, les multiples ailes en vue d’entretenir la confusion et les
divisions, et ainsi affaiblir, sinon faire disparaître à jamais, le colosse. Le
zèle et la délectation dont fait montre la police congolaise pour disperser
brutalement toute réunion de l’une ou l’autre aile du parti n’a pas d’autre
signification.

Mais, pour tout observateur attentif,  l’UDPS peut encore inverser le courant ;
ce n’est qu’une question de volonté et de détermination politiques.

Le parti a besoin d’une direction dynamique, visionnaire, solidaire, et
faisant montre d’une détermination sans faille pour regagner la confiance. Il a
besoin de mots d’ordre précis sur des matières qui concernent la vie de nos
populations, une définition claire et précise des objectifs, le réarmement
moral des militants, et une action énergique pour de nouvelles adhésions en vue
de lui donner un nouveau souffle.

Il appartient à l’UDPS de prouver qu’elle est capable de conquérir le
pouvoir en RDC et de le conserver démocratiquement pendant longtemps en se
montrant capable d’opérer des choix politiques et économiques qui satisfassent
les intérêts du peuple et qui permettent aux partenaires du Congo de se
retrouver.

IV. Beaucoup de
choses ont changé depuis 1982

Après plus d’un quart de siècle de vie politique, beaucoup de choses ont
changé au Congo et dansle monde.

a. Une nouvelle génération.

Les enfants nés au lendemain de la création de
l’UDPS totalisent 27 ans d’âge aujourd’hui. A leur éveil politique, ils ne
connaissent pas les affres du régime de Mobutu. Ils ne peuvent donc pas
apprécier à sa juste valeur le combat héroïque de l’UDPS. Et pourtant, ils constituent
la très grande majorité de la population congolaise d’aujourd’hui. C’est donc
eux qui constituent l’électorat qu’il est indispensable de convaincre pour
gagner les élections. Un travail profond et assidu à leur endroit
s’impose ; et celui-ci exige du temps.

b. Les choix stratégiques.

En 1982, l’affrontement politique opposait l’UDPS
du Groupe des Treize au MPR Parti-Etat de Mobutu. L’UDPS s’était donné comme but la
restauration de la démocratie pluraliste et le respect des droits de l’homme
par des voies pacifiques. A voir la vie de millions de nos compatriotes
gaspillée inutilement par les seigneurs de guerre assoiffés du pouvoir, sans
pourtant apporter une quelconque amélioration aux conditions de vie de nos
populations depuis une douzaine d’années, ni paix, ni sécurité, on se rend
compte à quel point l’UDPS avait raison. Quel gâchis ! Et quelle perte de
temps !

En 1982, c’était une opposition entre le bien et
le mal. Le choix était clair ; et c’est l’UDPS qui gagna le cœur du peuple
congolais. Aujourd’hui, le multipartisme a dilué les responsabilités entre
plusieurs partis politiques. Par conséquent, c’est ce que l’UDPS veut faire, et
comment elle entend le faire, qui est important à définir clairement, à
communiquer et à vulgariser ; à savoir, l’amélioration des conditions de
vie du peuple congolais tel que cela est exprimé dans les objectifs du
Millénaire, la restauration de la dignité et du respect de l’Etat congolais, c’est
la construction des infrastructures sur toute l’étendue du territoire national,
c’est la révolution des mentalités et la restitution de la fierté du Congolais.

 c. L’environnement international.

 Absence dans l’agenda international. Ayant eu le vent en poupe pendant de nombreuses
années, ayant disposé de cadres de très haut niveau, personne ne voyait comment
le pouvoir pouvait échapper à l’UDPS. Nombreux étaient les responsables
politiques et économiques dans le monde qui suivaient de très près l’évolution
de ce parti et n’hésitaient pas à lui apporter un concours logistique, voir
financier à certains moments. Tous voulaient être amis de l’UDPS.

Mais, sous la transition, et en l’absence d’un
Congrès de refondation après la longue période de la clandestinité, ce parti
n’a pas su exploiter l’immense soutien populaire dont il bénéficiait pour transformer
le pénalty en accédant au pouvoir ; bien que celui-ci fût à sa portée à
maintes reprises. Le boycott des élections et l’absence de plusieurs années de
son président de la scène politique congolaise sans que le parti ait été à même
d’organiser son intérim ont fait passer l’UDPS pour un parti déstructuré, sans
avenir, incapable de survivre à son leader. Beaucoup se sont mis à en déserter
les rangs.

Quant aux partenaires extérieurs, cela est bien connu,
ils recherchent des alliés en qui ils peuvent investir. Et on n’investit que là
où cela peut rapporter. Devant la réalité du moment, beaucoup ont lâché prise.

 Obama. En novembre 2008, l’Amérique a placé Barack Obama à la magistrature
suprême de la première puissance mondiale. Ce dernier,
alors qu’il n’était encore que Sénateur de l’Illinois, avait
initié, en 2005, un projet de loi sur la RD Congo. Cette loi, qui fut adoptée en 2006, engage les Etats-Unis à :

 reconstruire la
RDC
,

 y développer des structures politiques durables,

 tenir pour responsables les gouvernements étrangers
qui tentent de déstabiliser la RDC,

 mettre fin à la corruption politique,

 professionnaliser les forces armées,

 réduire les violences sexuelles,

 soutenir les victimes d’abus sexuels ».

 autoriser « la mise à disposition de 52 millions
de dollars d’assistance à la RDC ;

 affecter un Envoyé spécial des USA chargé de résoudre
les violences récurrentes en RDC ;

 soutenir la
Monuc.
 

 

L’initiateur de cette loi, devenu entretemps le Président des Etats-Unis d’Amérique, s’est encore
publiquement exprimé à maintes reprises, de même que son Secrétaire d’Etat, sur
la situation de la RDC
et la vocation de ce pays en Afrique. C’est dire que l’Administration Obama
porte un intérêt particulier sur notre pays avec lequel elle voudrait manifestement
traiter directement, sans intermédiaires.

Tirer partie de cette nouvelle donne et de cette
opportunité exige du Congo un leadership politique patriote et visionnaire, de
la bonne gouvernance, une action engagée et déterminée pour la réalisation des
objectifs du Millénaire.

c. L’apport
technologique
. Contrairement à
l’époque héroïque où il fallait passer des nuits entières à photocopier des
tracts et autres documents politiques à envoyer dans toutes les provinces du
Congo et dans tous les pays étrangers où vivait une communauté zaïroise plus ou
moins importante, aujourd’hui, les mails et les sms facilitent énormément la
tâche. Il est devenu possible d’atteindre des millions de personnes en quelques
minutes en vue de sensibiliser sur un sujet ou de mobiliser même les habitants
des territoires les plus reculés. La volonté et la détermination politiques,
ainsi que l’adéquation du message peuvent permettre de renverser complètement
la situation au profit de l’UDPS en très peu de temps.

V. Des déchirements inutiles.

a. Il ne faut
pas se leurrer. L’on peut figurer dans les hautes sphères du parti et ne pas se
faire élire aux élections. Un Secrétaire général ou même un président de parti peut
être battu ; tandis qu’un simple militant peut se faire élire. Un membre
ayant à peine adhéré à l’UDPS peut se faire élire au détriment d’un
pionnier. Les élections de 2006 sont pleines d’enseignements à ce sujet :
on a pu voir un simple membre élu de tel parti politique, devenu membre du
Bureau de l’Assemblée Nationale, engager l’un des vice-présidents de son parti
dans son cabinet en qualité de conseiller. Question : qui est au-dessus de
qui ?

L’essentiel, donc, c’est que l’UDPS obtienne le
plus grand nombre possible d’élus, afin qu’elle puisse jouer un rôle politique
important dans le pays et qu’elle puisse être crédible comme partenaire sur la
scène politique internationale. De la sorte, ses élus, ses mandataires et le
parti lui-même pourront faire jouer la solidarité au profit de ceux et celles
de ses combattants fidèles qui n’ont pas eu la chance de recueillir
suffisamment de suffrages. C’est pourquoi, il est illusoire de s’entredéchirer
pour des postes au sein du parti. Il y a risque de dilapider les énergies et de
s’affaiblir inutilement. Ainsi, combien n’est-il pas désolant de voir des
membres et sympathisants du parti, propriétaires des organes de presse
importants de la place, se complaire dans le règlement de compte au lieu
d’utiliser ceux-ci pour mobiliser en faveur de l’UDPS. Ce qui est déterminant,
c’est de concevoir des messages, ainsi que des stratégies efficaces et
efficientes en vue de gagner les cœurs et mobiliser massivement les populations
congolaises.

b. D’autre part, les temps ont changé. Il y a
maintenant une multitude de partis politiques qui participent effectivement au
pouvoir d’Etat, pour les uns, et qui sont dans l’opposition institutionnelle ou
pas, pour les autres.

Ainsi placée en position de concurrence, l’UDPS
doit démontrer qu’elle sera plus à même de répondre effectivement aux attentes
du peuple congolais, de gérer la République
avec compétence, probité morale et patriotisme. Pour ce faire, elle devra
recruter à tour de bras dans tous les milieux sociaux, dans toutes les
provinces, dans tous les territoires et dans la diaspora afin de disposer
d’hommes et de femmes bien armés idéologiquement pour être convaincants.

L’UDPS devra être capable de recruter beaucoup de
jeunes dans les universités, les instituts supérieurs et les écoles
secondaires, de les former politiquement et de les armer idéologiquement afin
de les préparer aux hautes charges de l’Etat (pas une université, école
supérieure ou secondaire sans son Comité de l’UDPS), et cela sur l’ensemble du
territoire national.

C’est dire que les déchirements actuels ne peuvent
être que la conséquence d’une mauvaise appréciation des enjeux et d’une
sous-estimation de l’effort à fournir pour ramener l’UDPS au sommet de la
montagne. En effet, il est indispensable que l’UDPS refasse son unité autour de
ses valeurs fondatrices. Elle doit pouvoir vendre au peuple congolais un
véritable programme de développement et de reconstruction, dans lequel toutes
les provinces se retrouvent réellement. Elle doit s’ouvrir à d’autres
personnalités et courants politiques, à la société civile, et à tous ceux qui
s’étaient retirés et qui avaient, par dépit, créé d’autres partis politiques.
Ceux-ci pourraient se constituer en courants au sein de leur ancien parti. L’UDPS
est encore en mesure de mobiliser les masses dans cet environnement politique
marqué par la misère, l’insécurité et autres frustrations sociales. Encore
faudrait-il que ceux qui la dirigent le réalisent et y croient.

c. Un Parti du
pouvoir. L’UDPS n’est pas un parti d’opposition ; comme si elle était
condamnée à n’œuvrer que dans l’opposition. C’est un parti qui est destiné à
présider aux destinées de la République Démocratique du Congo, à tous les
niveaux du pouvoir.

C’est dans cet esprit qu’elle doit se doter de
Secrétaires Nationaux, véritables experts, chargés de suivre les activités du
gouvernement dans un ou plusieurs secteurs de la vie de la nation en vue d’en
maîtriser les dossiers et, ainsi, permettre au parti d’exprimer des positions
justes et d’être immédiatement opérationnel en accédant au pouvoir.

Elle doit se choisir des leaders locaux compétents
et dynamiques qui serviront de relais pour l’éducation politique et la
mobilisation. Ce sont eux qui permettront la revitalisation du parti à la base
et seront indispensables au moment de la campagne électorale.

Elle doit rechercher et identifier des hommes et
des femmes qui allient engagement politique et compétences managériales,
charisme et patriotisme, ainsi qu’une grande capacité de consensus, des
rassembleurs. C’est à ceux-là qu’il faudra confier les rênes du parti et de la
nation.

Le Congo a besoin d’un leadership responsable,
éclairé, patriote, capable de négocier avec les partenaires les intérêts
réciproques, et non d’un leadership de jouisseurs, spécialistes de la poudre
aux yeux.

C’est cela que tous les membres de l’UDPS doivent
intérioriser.

VI. Savoir lire les
signes du temps

Derrière la guerre des Titans que se livrent
certains responsables de l’UDPS se cache, en fait, une sournoise guerre de
succession qui ne dit pas son nom. Pourquoi, alors, ne pas jouer franchement cartes
sur tables dans le respect des institutions du parti, au lieu de tenter des coups d’Etat ? Les
ambitions sont légitimes ; mais dans un parti qui se respecte, on doit avoir
mis sur pied les mécanismes pour les gérer.

Il est vrai que, âgé de
76 ans, ayant affronté la maladie, marqué par des années de tortures morales et
de relégations, le Président National de l’UDPS, qui, au-delà de l’idolâtrie
ambiante, n’est qu’un homme de chair et de sang, pourrait accuser le coup. C’est
pourquoi il est indécent de chercher à le faire prendre position pour un camp
contre un autre. Une prise de position sage de sa part ne pouvant aller que
dans le sens de la recherche de la réconciliation. Le problème ne se serait pas
posé s’il existait un Premier et un Deuxième vice-président. Mais tel n’est pas
le cas. Il faut donc imaginer les voies et moyens d’en sortir en préservant
l’essentiel.

Toutefois, cette absence prolongée du pays aurait
dû alerter tous ceux qui ne veulent pas voir l’UDPS disparaître de la scène
politique congolaise. Le parti a aujourd’hui l’opportunité de faire preuve de
sa maturité en prenant de sages décisions sur sa destinée. Il n’y pas lieu
d’attendre du Président national en repos médical à l’étranger qu’il vienne
réconcilier les antagonismes. Il faut faire une paix des braves, rechercher un
compromis, se réconcilier et lui présenter les décisions adoptées par consensus
pour entérinement.  Il devrait, en
rentrant au pays, être accueilli par un parti réconcilié et non atterrir dans
une fournaise. La crise à l’UDPS nécessite un dépassement de soi de la part de
tous les responsables, beaucoup d’intelligence et d’humilité. Sans être capable
de cela, l’UDPS risque de connaître le triste sort des MNC, le PRP, MPR, et Abako
notamment. Tout le monde sera perdant et les ailes des orfèvres de cette catastrophe
fonderont comme neige au soleil. En effet, dans les conditions actuelles,
personne ne semble avoir l’autorité et la légitimité sur l’ensemble du parti.
C’est plutôt l’auto contestation qui est
la règle. Les contestataires seront à leur tour contestés, et ce sera
l’inéluctable atomisation.

VII. Des atouts
importants

Désorganisée et affaiblie par les divisions et l’effritement
du leadership, l’UDPS détient encore néanmoins des atouts importants pour ceux
qui veulent se ressaisir :

1. Bien que ne se manifestant plus, ou très mal par
des querelles inutiles, l’UDPS est encore présente dans l’esprit et le cœur de
beaucoup de Congolais, et cela dans toutes les couches sociales et aux quatre
coins du pays. Il suffit de rallumer la flamme. Pour se faire, elle a pour
alliés les plus convaincants les conditions de vie déplorables des populations
congolaises, l’insécurité, la faillite de l’Etat, le non respect des
institutions et de la
Constitution
, la corruption des gouvernants, la non prise en
compte des priorités nationales, la menace sur l’intégrité du territoire, la
flagrante discrimination entre les provinces dans la répartition du revenu
national et des infrastructures, etc.

2. C’est le seul parti qui jouit encore d’une bonne
représentation sur le plan international. Redynamisés, ses comités d’Europe,
d’Amérique, d’Australie et d’Asie peuvent jouer un rôle très important pour la
mobilisation de l’opinion internationale et pour le travail de lobbying.

 

VIII. Sortir de
l’ornière

 

Devant la gravité de la
situation, des dispositions exceptionnelles s’imposent. Un schéma de sortie de
crise doit être imaginé. Les étapes pourraient en être les suivantes :

 

1. Désignation d’un facilitateur (Monsieur
« Bons offices ») par le président National, avec un timing précis
(30 jours maximum). En effet, le temps joue contre l’UDPS en ce moment, compte
tenu de la proximité des échéances électorales. Celui-ci peut se faire assister
de deux anciens qui ne sont pas alignés dans les courants actuels ;

 

2. Après ce délai, il devrait être mis sur pied un
Exécutif d’Union et de Réconciliation, composé de 2 délégués par courant
politique (les survivants du Groupe des Treize, le Collège des Fondateurs,
l’UDPS Kibassa, l’aile Mutanda, l’aile Beltshika, la DPR, les Femmes et les Jeunes
UDPS, etc). Ces délégués doivent être librement désignés par le courant qu’ils
représentent. Cet exécutif d’union se désigne librement et par consensus, sinon
par élection, un Bureau politique intérimaire composé d’un Secrétaire Général a.i.,
un Secrétaire Général adjoint a.i. chargé des questions politiques, un
Secrétaire Général a.i. adjoint chargé de la réorganisation du Parti, un
Trésorier Général a.i.. Ils auront en charge la gestion quotidienne du  parti. L’Exécutif d’Union et de Réconciliation
aurait un mandat de trois mois non renouvelables.

 

Une conférence de presse doit porter à la
connaissance de l’opinion nationale et internationale la nouvelle structuration
et les nouvelles orientations du parti ; faisant ainsi la démonstration de
l’unité retrouvée.

 

Missions
de l’Exécutif d’Union et de Réconciliation :

 l’élaboration
d’un programme d’action sur trois mois en vue de :

· la
restauration de l’image de l’UDPS et sa visibilité sur la scène politique

· la remobilisation
des membres

· l’organisation
du Congrès de Refondation de l’UDPS. Celui-ci devra notamment introduire des
structures classiques à tous les partis modernes (un président, deux
vice-présidents, un Secrétaire général, deux ou trois Secrétaires généraux
adjoint, un Trésorier général et son adjoint, etc.) La désignation des
animateurs des structures devra être entièrement et librement faite par les
membres réunis en Congrès. Les Secrétaires Nationaux devront être désigné par
le Comité Directeur. Ce Congrès devrait impérativement se clôturer le jour
anniversaire de la fondation du Parti, le 15 février 2010.

 la
réappropriation des travaux effectués dans l’entre-temps par les divers
courants ou les différentes ailes, y compris le Congrès de Righini,

 l’amorce de
la préparation des élections générales.

 

L’objectif poursuivi étant
le sauvetage du Parti et la mobilisation de toutes les énergies disponibles en
vue de ramener l’UDPS au cœur de la vie politique congolaise, quiconque se
revendiquant de l’UDPS se doit de mettre de l’eau dans son vin pour permettre
la réconciliation. De même, quiconque entraverait cette démarche salvatrice
serait considéré comme un éteignoir de l’espoir et devrait mériter une
« fatwa » de toute la famille UDPS.

IX. Du Congrès.

Un parti politique ne se conçoit pas sans congrès. C’est celui-ci qui
adopte en définitive le projet de société, les statuts, la ligne politique et
le programme de gouvernement, met en place les structures, et en désigne
librement et démocratiquement les animateurs, adopte la liste des candidats aux
différentes élections et désigne le candidat du parti à la magistrature
suprême. C’est cela qui permet à une organisation politique ou sociale d’avoir une vie propre, indépendante dans son
fonctionnement par rapport à ses fondateurs, donne une chance égale à tous de
prétendre à toutes les fonctions tant au sein du parti qu’à celui de la nation,
et en garantit ainsi la pérennité.

Au Congo, malheureusement, les partis existent et ne vivent que par et pour
leur fondateur. C’est cela qui fait que ceux-ci disparaissent avec la
disparition du fondateur-propriétaire. Bien que l’UDPS ait eu la chance de ne
pas avoir un seul fondateur, l’évolution récente, faite de l’impossibilité
momentanée pour le Président National d’assumer les charges du parti pour des
raisons de santé, a démontré que l’UDPS allait déjà à-vau-l’eau par manque de
structures fonctionnelles (un président, un premier vice-président, un deuxième
vice-président, etc.). C’est donc depuis 1990, en fait, que le parti aurait dû
tenir son Congrès. Et il n’était pas nécessaire pour cela d’attendre des
millions de dollars virtuels. C’était seulement une question de volonté
politique. Cette volonté politique a fait défaut. Les conséquences sont payées
aujourd’hui. En 2009, il est inconcevable que le Collège des Fondateurs soit
encore considéré comme une structure décisionnelle du parti. En 2009, il est
inconcevable que le parti se désigne encore des fondateurs et cofondateurs.

C’est pourquoi il difficile de condamner ceux qui ont bousculé les choses
en organisant, malgré les difficultés prévisibles, le premier congrès à
Kinshasa voici quelques mois. Il fallait sortir du cercle vicieux et de
l’inaction. De même, il y a lieu de comprendre ceux qui, à juste titre,
estiment que le Congrès de Righini n’était pas suffisamment représentatif. Un
Congrès doit être rassembleur et non réunir une partie des militants, laissant
les autres sur le tapis. Ainsi donc, toute attitude du Président National ou de
tout autre haut cadre qui consisterait à prendre position pour un camp contre un
autre ne pourrait qu’être destructrice. Il faut agir pour la
réconciliation ; et au besoin l’imposer.

En ce qui concerne le Congrès de février 2010, cela ne vaut pas la peine de
tabler sur des hypothétiques millions de dollars ; car ils seront
introuvables. Il faut s’organiser en conséquence, et avec le peu. D’autre part,
c’est dès à présent que sa préparation matérielle et intellectuelle devrait
commencer, si on veut lui donner une chance de succès et préparer à temps les
échéances électorales. Comme à la guerre, on ne va pas aux élections en étant divisés,
au risque de se faire laminer et disparaître à jamais de la scène politique.

 

Patriotiquement
vôtre.

 

 

Corneille MULUMBA

Membre cofondateur de l’UDPS

Ancien Représentant plénipotentiaire pour l’Europe

mcmulumba@yahoo.fr Tél. 00-243-9 94 84 00 00

 

 

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