10.11.09 Le Potentiel : Cinq questions à Robert Choudury, par St. Augustin Kinienzi

 

1. Qui est l’initiateur du projet « Cité du Fleuve » et quel sera son emplacement ?

La Cité du Fleuve est une idée de mon partenaire M. Hillary
Duckworth. Celui-ci est aussi directeur d’un Fonds d’investissement
britannique basé à Londres mais à vocation africaine. Ce Fonds finance
de dizaines de sociétés en Afrique, notamment en Zambie, au Zimbabwe et
en Namibie. L’idée de construire la Cité du Fleuve lui est venue au
moment il prenait l’avion à N’Dolo pour survoler la plantation de Dima
que nous avons achetée et qui fait aujourd’hui partie de notre
patrimoine en RDC. Et cette cité sera érigée dans les marécages de
Kingabwa en bordure du fleuve, entre les rivières N’Djili et Funa.

2. Comment se présente la fiche technique de cette cité ?

La Cité du Fleuve, ce sont 374 hectares de terre dont 62% seront
construits et les 38% autres seront constitués d’infrastructures, de
routes, de parcs, etc. En tout, ce sont environ 200 hectares de
construits, avec une cinquantaine d’immeubles de plus 5-6 étages, une
centaine d’immeubles de 3 étages, d’appartements et plusieurs centaines
de villas réparties sur les deux îles. La Cité du Fleuve aura en outre
ses trois immeubles coniques comme la Tour Eiffel de Paris, car il faut
le dire que chaque ville dispose d’une tour emblématique. Nous allons
donc construire trois tours coniques de trente-trois, vingt-deux et
onze étages.

3. Quelle sera la technique d’acquisition de cette cité pour la mettre à l’abri des crues et autres aléas naturels ?

La Cité du Fleuve ne sera pas érigée sur les eaux mais sur la même
roche que la ville de Kinshasa. C’est cette roche précambrienne qui se
trouve à environ 2 et 5 m sous les marécages. C’est vrai que les
marécages sont un peu en deçà du niveau moyen de Kinshasa. Et il arrive
que, pour la moitié de l’année et en saison des pluies, entre novembre
et mars, ces îles qui existent déjà (île des pêcheurs et celle des
braconniers) soient immergées. Les marécages sont situés à 273 m
d’altitude au-dessus de la mer et la majorité de Kinshasa commence à
278 m. C’est l’altitude de la plus haute crue survenue au Congo dans
les 100 dernières années : la crue de 1961. Cette année-là, la crue
avait atteint 278 m au-dessus du niveau de la mer. Et nous prenons soin
de construire à 1mètre au-dessus de la plus forte crue qu’a connue la
ville de Kinshasa. L’appel d’offres est en négociation. Mais nous
travaillons déjà en partenariat avec Safricas qui réalise le remblai et
le terrassement, les routes… La filiale du groupe Vinci, Rent A Port,
spécialiste mondiale du remblai, opérera dans le fleuve. Son rôle sera
de pomper du sable pour combler les surfaces afin de remonter le niveau
de ces deux îles et les mettre à l’abri des crues. Rent A Port va
démarrer au milieu de l’année prochaine. Les travaux sont déjà en cours
avec Safricas. Une route qui part de la berge jusqu’au canal est déjà
aménagée bien que l’eau soit encore haute. Mais nous avons conquis une
plate-forme à partir de laquelle nous commençons d’ores et déjà à
remblayer.

4. Les travaux de réalisation de cette cité prendront 10 ans. A quoi tient cette durée ?

Dix ans sont raisonnables, car s’il faut distinguer les travaux de
remblayage, de création, d’équipement du terrain, des infrastructures
et la construction elle-même. En fait, le terrain sera prêt dans 3 ans.
Et cela, nous avons engagé une filiale du groupe Vinci pour faire le
remblai. Elle sera à pied d’œuvre dans environ six mois, le temps de
démonter les très grosses dragues dont nous avons besoin, de les placer
dans des containers, les acheminer à Matadi, les charger dans des
camions jusqu’à Kinshasa et de les remonter enfin pour qu’elles se
mettent l’œuvre. Après quoi, ce sont des machines énormes qui vont
exécuter les travaux très rapidement. Nous pensons remblayer 1 hectare
tous les deux jours. Et pour cela, nous comptons travailler avec des
moyens que nous pouvons acheminer facilement et rapidement. En février
ou mars, nous projetons remblayer une superficie de 20 hectares, avant
que les grosses machines n’arrivent. Ensuite, pour la construction
c’est une question de marché. Cela n’aurait aucun sens de construire
200 immeubles et de les voir inoccupés. C’est-à-dire, nous allons
construire au fur et à mesure que les gens vont se disposer à s’établir
sur la Cité du Fleuve. Mais selon les estimations, la demande dans le
vieux Kinshasa est telle qu’il y aurait engouement certain.

5. Eriger la Cité du Fleuve est une belle initiative, mais pour quelle rentabilité ?

Pour le Congo, la rentabilité est évidente. D’abord, l’Etat va
profiter de l’investissement de toutes les sociétés qui vont bénéficier
du contrat économique. A un 2ème niveau, sur les fournitures et les
services, l’Etat va prélever des taxes comme la TVA, la taxe frontière
et vente, etc. Il y aura beaucoup d’entrées. Et pour question de
prestige, la Cité du Fleuve donnera, à la ville de Kinshasa, la place
qui lui revient en Afrique centrale. La Cité du Fleuve est un signal
fort pour dire que le centre économique et de développement de
l’Afrique centrale se trouve au Congo, à Kinshasa. Selon un rapport des
Nations unies, Kinshasa sera la plus grande ville d’Afrique en 2025 ;
plus grande que Le Caire ou Lagos. Maintenant, voulons-nous être plus
grand dans des bidonvilles ou dans des cités modernes ? La vieille
Gombe est aujourd’hui irréparable, surtout avec les prix qui sont
pratiqués sur le marché. Pour cette raison, la Cité du Fleuve va un peu
rééquilibrer le marché en offrant un peu moins cher que ce qui se fait
à Kinshasa ; d’y amener la qualité, des infrastructures. On pourra y
boire l’eau du robinet, l’électricité y sera garantie et des routes
impeccables. Ce n’est pas seulement construire de belles villas, routes
mais aussi montrer comment les gérer, les maintenir et les réparer ;
quel comportement il faut avoir pour garder la cité à l’état. Pour nous
investisseurs, nous sommes là parce que nous aimons le Congo et la paix
qui y règne depuis. Mais aussi parce que nous pensons qu’il est
possible de faire beaucoup d’argent au Congo. Il faut montrer que faire
des affaires au Congo, ce n’est pas un rêve et que c’est viable.

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