08.12.09 Le Potentiel : CINQ QUESTIONS à Stéphane Flandrin, par Louis-Paul Eyenga Sana

 

1. Quel est le sentiment qui vous anime à l’occasion de la
célébration de la Journée internationale des personnes vivant avec
handicap, le 3 décembre 2009, au Centre pour handicapés Kikesa ?

Cela me donne l’occasion de rappeler qu’il y a dix ans maintenant
s’ouvrait la décennie africaine des personnes handicapées. 2009 est
donc une date importante, car elle est celle des dix années de cette
manifestation ; dix années au cours desquelles beaucoup d’actions et
d’efforts ont été entrepris et réalisés. Malgré les résultats déjà
atteints, le chemin à parcourir reste encore long. Handicap
International dont je suis le directeur de programme ne travaille pas
seul. Je voudrais citer et remercier pour leur travail et la qualité de
leur collaboration le ministère des Affaires sociales, le ministère de
l’EPSP, les organisations de solidarité congolaises et internationales
avec lesquelles nous travaillons au quotidien. Il y a lieu d’ajouter
aussi les agences du système des Nations unies, le Centre pour
handicapés Kikesa et Bon départ ainsi que les autres acteurs de la
prise en charge des enfants en situation de handicap.

2. Concrètement, quelles sont vos interventions sur le terrain ?

La présence en RDC de Handicap International remonte à il y a 15
ans. Cela nous a permis de développer de nombreuses activités avec nos
partenaires. Ces activités se déroulent dans les secteurs suivants :
Santé maternelle et infantile à Kinshasa et à Goma, Education inclusive
à Kinshasa, Réadaptation à base communautaire et Réadaptation physique
à Kinshasa et dans le Nord-Kivu et Lutte-antimes à Kisangani, action
qui nous a valu de se voir co-décerné le Prix Nobel de la paix en 1997.

3. Vous venez de faire un plaidoyer auprès de la Commission
socio-culturelle du Sénat pour introduire le concept de l’éducation
inclusive dans le projet de loi-cadre portant fonctionnement et
organisation de l’enseignement national. Quel est le sentiment après
cette action de sensibilisation auprès des politiques ?

Nous sommes particulièrement heureux et fier d’avoir participé à
l’introduction d’un amendement se rapportant à l’éducation inclusive et
de son acceptation auprès du gouvernement. Il s’agit d’une éducation
qui accepte dans les classes ordinaires, les enfants en situation de
handicap aux côtés des valides. Nous sollicitons maintenant l’appui de
la Commission socioculturelle du Sénat afin de jouer le franc jeu pour
l’adoption de cette éducation inclusive dans le projet de loi qui va
être adopté et voté par le Parlement.

4. Comment, selon vous, valoriser et faire respecter les droits des personnes vivant avec handicap en RDC ?

Il faudra une volonté politique pour que la personne vivant avec
handicap soit considérée dans la société et le concept «Handicap»
devienne une priorité. Nous devons l’intégrer dans la dimension de nos
stratégies spécifique, globales au même titre que le concept « Genre »,
en vue de réduire les dimensions dont les personnes vivant avec
handicap sont victimes afin de mieux favoriser leur intégration.
Puisque ces personnes sont les autres et qu’elles doivent être
considérées comme tel, leur épanouissement dépend du cadre dans lequel
elles vivent. L’un des droits des personnes vivant avec handicap est de
vivre en toute dignité au sein de la société. Faisons en sorte que
celle-ci soit la moins exclusive possible et prônons au contraire
l’avènement d’une société inclusive.

5.Que conclure ?

En dépit de tous nos efforts communs en RDC depuis près de 15 ans en
faveur de la prise en charge des personnes vivant avec handicap, ces
dernières restent exclues et marginalisées. Il est un fait que
l’exclusion sociale est le produit d’un ensemble de facteurs
personnels, sociaux, culturels et économiques et que nous pouvons tous
être efficaces en axant conjointement notre intervention sur ce
faisceau de problèmes. Pour y parvenir, il convient de travailler
ensemble, de manière complémentaire, chacun avec nos spécificités et
responsabilités, car seuls et isolés nos actions risquent d’être vaines
ou au mieux peu efficaces et peu durables. Il convient aussi d’adapter
nos actions à une échelle communautaire et géographique efficientes et
surtout, et j’insiste là-dessus, en ayant une vision et une démarche
globales visant à favoriser la participation tout à la fois des
personnes handicapées elles-mêmes, de différentes communautés et de la
société toute entière au sein de laquelle leur vie se déroule.

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