14.12.09 Le Potentiel: CINQ QUESTIONS à Raymond Tshibanda, par Marcel lutete

1.
Vous avez procédé le 10 décembre 2009 à l’ouverture des travaux de la
première revue annuelle conjointe entre le gouvernement et trois
importantes Agences du Système des Nations unies, à savoir le PNUD, le
FNUAP et l’UNICEF. De quoi a-t-il été question ?

Cette revue a porté sur les programmes-pays approuvés par les
Conseils d’administration de ces trois Agences en janvier 2008 à New
York pour une période de cinq ans (2008-2012) et dont les plans
d’actions ont été signés en avril 2008 entre le gouvernement de la
République et ces dernières.

Les programmes sont le fruit d’une large concertation entre
le gouvernement, la société civile et les partenaires au développement.
Ils s’inscrivent dans la droite ligne des priorités nationales définies
dans le Document de Stratégie de Croissance et de Réduction de la
Pauvreté (DSCRP). Quant aux plans d’actions, ils tirent leur substance
des programmes-pays. Ils font partie d’instruments de la Réforme des
Nations unies qui prônent la simplification des procédures et
l’harmonisation des outils de programmation au niveau de pays.

L’organisation de la revue annuelle fait partie de mécanismes
de suivi et évaluation prévus dans les trois programmes d’assistance à
la RDC pour la période 2008-2012.

2. Concrètement, en quoi consiste la revue annuelle ?

Elle permet de faire le point sur les activités réalisées après une
année de mise en œuvre, d’identifier non seulement les résultats
obtenus par rapport aux objectifs fixés mais aussi les contraintes, de
proposer les mesures correctrices, et, pour l’année suivante, de
définir les priorités et d’élaborer les Plans de travail annuels
(PTAs). En fait, la première revue annuelle c’est une évaluation
d’étape, un exercice de programmation pour 2010.

La première étape sur ce chemin qui nous conduit à 2012 a été
organisée de manière séparée, tandis que pour cette deuxième année, le
gouvernement et ces principales agences du système des Nations unies
ont convenu de tenir conjointement la revue annuelle.

3. Quel est l’état des lieux des activités réalisées en 2009 ?

Le rapport qui m’a été soumis révèle que le taux d’exécution
physique des activités n’a pas atteint le niveau souhaité et prévu dans
les PTAs pour l’ensemble de trois agences. Le taux d’exécution
financière a lui aussi été faible, entraînant ipso facto un faible taux
d’absorption des fonds disponibles.

Cette déplorable situation serait principalement due à la
non-justification des dépenses effectuées dans les délais requis, au
taux élevé des pièces justificatives non-conformes à l’orthodoxie
financière et à l’excessive longueur des procédures de décaissement.
Des mesures correctives s’imposent, et de toute urgence, car, de toute
évidence, cette non-exécution des activités planifiées de commun accord
provoque la détérioration de la situation déjà précaire des populations
cibles.

Nous comptons sur nos partenaires pour trouver, au problème
des procédures, une solution qui tienne à la fois compte du souci de
bonne gestion et de l’obligation de célérité qui nous incombe ensemble
du fait de l’urgence des problèmes dans ce pays post-conflit et en
pleine reconstruction. C’est la raison d’être de l’invitation que je
leur ai lancée à assouplir leurs mécanismes de décaissement.

4. Comment le gouvernement apprécie-t-il ce partenariat ?

Le gouvernement apprécie à sa juste valeur le partenariat qu’il a
noué avec les trois organismes. Partenariat dont la singularité est
qu’il couvre à la fois des interventions d’assistance humanitaire et
des actions de développement et qu’il réponde, de manière exhaustive,
spécifique et donc efficace aux besoins des populations cibles, les
interventions étant chaque fois définies en fonction de la situation
qui prévaut dans chaque zone du pays.

Ce processus participatif qui associe les acteurs de la zone
d’intervention aux diagnostics, à la définition des stratégies et à la
mise en œuvre de celles-ci, permet de consolider les synergies entre
les services gouvernementaux, les partenaires au développement et les
organisations de la société civile, gage d’efficacité et de succès.
D’où l’importance des passerelles de collaboration entre ces agences,
les institutions nationales et les partenaires de mise en œuvre.

5. Sur quoi avez-vous insisté le plus ?

Nous trouvant à la fin de la deuxième année de mise en œuvre de ces
programmes et voulant aider à mieux faire, je suis revenu sur certaines
préoccupations et recommandations du gouvernement que la partie
nationale avait déjà émises lors du processus de formulation de ces
nouveaux programmes et qui, me semble-t-il, demeurent encore
pertinentes. La première recommandation consiste à promouvoir un
partenariat responsable entre toutes les parties prenantes, à l’instar
du partenariat mondial pour la réalisation, en une génération, soit de
1990 à 2015, des Objectifs du Millénaire pour le Développement, noués
par tous les dirigeants de la planète. Les OMD font partie intégrante
du programme international de développement du Système des Nations
unies.

La deuxième concerne le recours à l’expertise internationale.
Elle devrait être pointue, c’est-à-dire combler un déficit de capacité
et non prendre la place des compétences nationales disponibles. Elle
devrait s’accompagner d’un plan de transfert de savoir et de savoir
faire, ainsi que d’un calendrier de montée en puissance de l’expertise
nationale.

La troisième porte, elle, sur la nécessité d’accorder plus
d’attention à la formation des cadres congolais, à l’amélioration
constante de leurs qualifications de manière à permettre aux
institutions publiques et privées du pays de disposer d’une masse
critique de compétences nationales de classe internationale. Car, sans
minimiser la contribution des partenaires extérieurs, c’est une vérité
indéniable que c’est sur les Congolais que repose d’abord et avant tout
la reconstruction du Congo.

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