16.12.09 Cinq questions à Marcel Ngoyi, par Marcel lutete
1. La RDC, à travers le gouvernement de la République,
vient de conclure un nouveau programme triennal avec le FMI en vue
datteindre le point dachèvement de lInitiative PPTE. Comment, au
niveau du journal La Prospérité, percevez-vous le fait pour le
gouvernement Muzito davoir tenu un pari qui, au départ, semblait
impossible ?
Je considère que la conclusion dun programme triennal avec le FMI
est une avancée. Avancée parce que cest depuis 2002 que le
gouvernement entreprend des efforts pour pouvoir faire renaître la
confiance entre la RDC et les Institutions de Bretton Woods. Je
considère, par ailleurs, que ces efforts constituent la consécration de
cette volonté qua le gouvernement de remettre le Congo sur les rails.
Mais ce nest pas suffisant.
Il ne suffit pas seulement de sappuyer sur les 551 millions
de dollars pour penser quon peut développer le Congo. Pour développer
le Congo on a besoin de milliards. Et ces milliards ne doivent pas
forcément provenir des institutions de Bretton Woods. Ils doivent
provenir des efforts des Congolais. Ce qui repose la problématique de
la relance de la production, de la maximisation des recettes, de la
réduction du train de vie de ceux qui dirigent les institutions de la
République, et même de lassainissement des finances publiques à
travers ce quon a appelé la restructuration de la Banque centrale.
Donc, il y a énormément defforts à fournir pour pouvoir mériter
davantage la confiance de la population.
Noubliez pas que ce nest pas en une fois que ces 551 millions
de dollars Us disponibilisés par le FMI vont venir. Il est prévu six
revues et sept décaissements, à raison de 78, 5 millions par
décaissement. Mais pour mériter dun nouveau décaissement, il faut
remplir beaucoup de conditions. Le gouvernement doit respecter ces
conditions pour accéder à chaque décaissement.
2. Le procureur général de la République sest saisi du
dossier du gouverneur de lEquateur, Jean-Claude Baende, et de celui du
gouverneur du Nord-Kivu, Julien Paluku. Quen pensez-vous ?
Il faut que le procureur général de la République fasse son travail
qui consiste à instruire le dossier de façon que les deux gouverneurs
incriminés puissent répondre devant les cours et tribunaux des actes
qui leur sont reprochés.
On ne peut pas aujourdhui rêver de construire un Etat de
droit sans que la justice ne soit dite en faveur des faibles. Dans ce
pays, je considère que limpunité a tellement ravagé les consciences
que pour pouvoir renaître de nouveau ou pour pouvoir reconstruire ce
pays, il faut absolument quon puisse transiter par la requalification
de notre façon de travailler au niveau de lappareil judiciaire. Ceci
veut dire que personne ne peut prétendre se placer au-dessus de la loi.
Nous avons vu lattitude du gouverneur de lEquateur qui promet
lhumiliation au Sénat, la Chambre constituée de ceux que nous pouvons
qualifier de sages. Or, ces sages ont accompli un travail appréciable
dirigé par le Professeur Lunda Bululu dont la notoriété est reconnue en
termes de crédibilité et dhonnêteté, et même dobjectivité dans le
traitement de dossiers. Le gouverneur de lEquateur doit répondre
devant les cours et tribunaux pour se justifier face aux griefs qui
sont mis à sa charge.
Concernant Julien Paluku, cest la même chose. LAssemblée
provinciale, cest elle qui est mieux placée pour contrôler laction de
lExécutif, aurait, dans le cas despèce, trouvé dans la gestion du
gouverneur des cas de megestion, de détournements de fons publics.
Donc, à elle de fournir les preuves et à la justice de faire son
travail.
3. Y a-t-il des raisons dêtre optimiste quant à la suite de deux dossiers ?
Je le souhaite. Dans tous les cas, cest le vœu du plus grand
nombre.
Jencourage le procureur général de la République. En même temps, jen
profite pour encourager le président de la République qui a dit
dernièrement à un groupe de sénateurs originaires de lEquateur quil
laissait la justice faire son travail.
Donc, lheure de la séparation réelle des pouvoirs est arrivée,
où lExécutif doit cesser de faire des immixtions dans le pouvoir
judiciaire. Ainsi, le pouvoir judiciaire va faire son travail de rendre
justice, de dire le droit en toute indépendance et en âme et
conscience.
4. Les élections locales, municipales et urbaines, on
continue à en parler. Le président de la République et le président de
la Commission électorale indépendante y ont fait allusion tout
récemment pendant que dans lopinion on se pose la question quant à
lorganisation de ces échéances. Etes-vous optimiste ou inquiet ?
Je suis très inquiet. Très inquiet lorsque je note une contradiction
dans le chef du président de la CEI qui, après la réunion
interinstitutionnelle du 25 novembre dernier tenue à Mbuji-Mayi, est
rentré à Kinshasa tenir un point de presse pour dire que, dans deux
semaines, il allait présenter un calendrier des élections. Parce que la
trouvaille à laquelle la réunion interinstitutionnelle était arrivée,
est quon devrait trouver des moyens de financement des opérations de
révision du fichier électoral à partir de la vente de la carte
didentité. Curieusement, le 7 décembre 2009 au palais du Peuple, le
président de la République est revenu sur cette question. Mais, à len
croire, il ny aura pas délections parce quil a affirmé que ces
élections locales, municipales et urbaines auront lieu en 2011. Le
président contredit – et nous lavons dit au niveau de La Prospérité –
la version Malu-Malu qui disait quil y aurait des élections en 2010.
Le président est très clair et précis.
5. En quoi consiste votre inquiétude ?
Je suis inquiet parce quon ira jusquen 2011 avec la petite
territoriale répondant aux ordres de celui qui la placée. Et dans le
cas despèce, cest le président Joseph Kabila. Il sera le seul qui
soit capable de commander toute la machine territoriale sans partage
avec qui que ce soit. Ceci a une conséquence parce que, lorsque vous
avez été nommé, vous restez fidèle à la personne qui vous a nommé. Il
est difficile, dans ces conditions, dorganiser des élections qui
soient libres et réellement indépendantes.
Jaurais souhaité quavant les élections législatives et
présidentielles quon organise les élections locales, municipales et
urbaines de façon que larchitecture territoriale quon appelle
généralement la petite territoriale puisse être revêtue dun nouveau
visage. Ainsi ça permet doffrir une chance égale à tous les
concurrents, que ce soit au niveau présidentiel ou au niveau
législatif.
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