21.12.09 Le Potentiel: Cinq questions à Michel Lokola, par Faustin Kuediasala
1. Depuis le 11 décembre 2009, le Conseil dadministration
du FMI a approuvé un nouvel accord formel avec la RDC. Comment
avez-vous accueilli cette décision ?
Laccord que le gouvernement vient de conclure avec le FMI sur la
politique économique quil va mettre en œuvre pour la période de
juillet 2009 à juin 2012 constitue une étape cruciale dans le processus
de reconstruction de notre pays. Il permet au gouvernement de maintenir
le cap sur le double objectif quil poursuit, à savoir accélérer la
mise en place dune plate-forme dinfrastructures de base et obtenir un
important allègement de la dette extérieure, dans le cadre de
lInitiative renforcée en faveur des pays pauvres très endettés
(I-PPTE) et de lInitiative dallégement de la dette multilatérale
(IADM). Cet accord vient donc récompenser les efforts du gouvernement
dans la réalisation des objectifs de son programme de gouvernance.
Cest donc un sentiment de satisfaction qui mhabite, car le
gouvernement vient de replacer le pays sur le chemin critique de la
réalisation des conditions permissives pour une gestion macroéconomique
pouvant bénéficier des interventions budgétaires des partenaires bi et
multilatéraux et soulagé de létreinte dun service de la dette de plus
en plus insupportable. La décision prise par le Conseil
dadministration du FMI nest nullement une surprise, car le
gouvernement a travaillé, en étroite collaboration avec les services du
FMI, pour parvenir à ce résultat.
2. Ce nouvel accord impose, cependant, des contraintes
aussi bien en termes de dépenses que de recettes. Nest-ce pas un
nouveau chalenge pour le Gouvernement ?
Je voudrai préciser que laccord au titre de la facilité pour la
réduction de la pauvreté et la croissance qui vient dêtre conclu fait
lobjet des évaluations périodiques pour des périodes successives de
six mois, sur la base de la réalisation des critères quantitatifs
pertinents et des repères structurels, consignés dans laccord. A ce
sujet, lélément central sur lequel est adossé le programme est le
cadre budgétaire, qui dégage les objectifs en matière de recettes, de
dépenses, de solde et de financement. Cest sur ce cadre quest
appréciée la stabilité macroéconomique dont les signes visibles sont le
taux dinflation et le taux de change. Quant au processus qui doit
conduire au franchissement du point dachèvement flottant de
lInitiative en faveur des Pays pauvres très endettés (I-PPTE), il
sarticule autour de la réalisation de sept déclencheurs. Ces
déclencheurs sont certes des contraintes, mais ils participent de la
réalisation des objectifs du gouvernement sur la réduction de la
pauvreté. Leur accomplissement doit être attesté sur la base des
indicateurs objectivement vérifiables, notamment les états de suivi
budgétaire fiables, le code des marchés publics reflétant les standards
internationaux, les cadres sectoriels de dépense à moyen terme pour les
secteurs sociaux, etc. Cest lexercice auquel se livre le
gouvernement, afin de conforter le dossier de notre pays et dobtenir
des annulations substantielles du stock de la dette extérieure (environ
10 milliards de dollars US sur un stock de 13,1 milliards de dollars)
au titre de linitiative PPTE et de celle dannulation de la dette
multilatérale (IADM).
3. Quest-ce que vous prévoyez de mettre en œuvre pour garantir ce résultat ?
Comme vous pouvez le constater la stratégie budgétaire constitue,
dans ce cas, un ingrédient majeur dans lexécution de cet accord, à
côté de la politique monétaire. En ce qui concerne la gestion
budgétaire, lexécution du budget sappuiera sur lutilisation
harmonieuse du plan dengagement budgétaire et du plan de trésorerie,
en vue de la réalisation des cibles fixées dans laccord. A cet effet,
les procédures de la chaîne de la dépense seront renforcées et les
mesures dexécution du budget de lEtat pour lexercice 2010 seront
diffusées dans les tout prochains jours.
4. La chaîne de la dépense publique pose encore problème. Quest-ce qui est prévu pour en rationaliser le fonctionnement ?
Le circuit rationalisé de la dépense publique et son informatisation
constitue une importante réforme que le gouvernement a implémentée
depuis 2003, favorisant ainsi un traitement diligent et automatique des
informations budgétaires. Cette réforme nécessite une consolidation en
résolvant des dysfonctionnements qui ont été observés jusquà ce jour.
Les services des ministères des Finances et du Budget sont à pied
dœuvre pour proposer des améliorations au système, non seulement par
rapport à loutil mais également et surtout par rapport aux différents
intervenants, afin datteindre lobjectif de fluidité et defficacité
dans lexécution de la dépense publique. Les intervenants dans le
circuit feront lobjet, désormais, des évaluations régulières qui
aboutiront à des sanctions en cas de découverte de fautes et de
mauvaises pratiques. Un numéro vert sera communiqué au public pour
dénoncer, dans lanonymat, des pratiques répréhensibles que le ministre
des Finances et moi-même se feront le devoir de sanctionner après
enquête.
5. Le point dachèvement au premier semestre 2010. Est-ce un pari réalisable ?
Comme je lai souligné précédemment, le franchissement du point
dachèvement de linitiative PPTE tient à la réalisation des
déclencheurs. Avec la conclusion dun accord triennal au titre de la
FRPC, le gouvernement procèdera à lévaluation de ces déclencheurs à
fin décembre 2009. A cet effet, un suivi rapproché est organisé au sein
du gouvernement, sous la supervision du Premier Ministre, afin que les
délais soient tenus. Il faudrait, dans ce cas, que les mesures relevant
des instances autres que le gouvernement soient également accomplies.
Il sagit notamment de ladoption par le Parlement dun code des
marchés publics selon les standards internationaux, afin daméliorer
loffre des services sociaux à la population. A ce sujet, la session
parlementaire extraordinaire convoquée en janvier 2010 pourra aider à
laccomplissement de ce repère pertinent. Lobjectif poursuivi est de
présenter le dossier de la RDC au Conseil dadministration conjoint du
FMI et de la Banque mondiale de juin 2010. Ce dossier sera alimenté par
le rapport de la première revue du programme FRPC par les services du
FMI et par celui de lévaluation conjointe du niveau de réalisation des
déclencheurs du point dachèvement.
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