29.12.09 Le Potentiel: Cinq questions à Patrick Diassouka, par Faustin Kuediasala
1. Le Commissaire européen au Développement et à lAide
humanitaire, Karel de Gucht, vient, une fois de plus, vilipender les
dirigeants congolais en affirmant devant le Parlement européen quil
ny a pas dinterlocuteurs politiques appropriés en République
démocratique du Congo. Quen dites-vous ?
Nous considérons dabord ces propos comme une ingérence de M. De
Gucht dans les affaires intérieures dun Etat souverain. Les dirigeants
congolais dont ils parlent ont été élus démocratiquement et doivent
être pris au sérieux par qui que ce soit. Karel De Gucht doit cesser de
se prendre pour lange gardien du Congo et devrait se préoccuper de son
pays, la Belgique dont les dernières crises gouvernementales ont
démontré à la face du monde quelle nest pas à labri de linstabilité
politique. Le peuple congolais a de liens historiques profonds avec les
belges. Par conséquent, Kinshasa et Bruxelles sont appelées à
développer des relations de respect mutuel. Les propos méprisants de De
Gucht méritent que son auteur présente des excuses.
2. La corruption est un fléau qui a pris de lampleur en
République démocratique du Congo. En tant que formateur de la jeunesse,
quel pourrait être votre apport si vous assumiez les fonctions de
conseiller du chef de lEtat en matière de corruption.
Je voudrais dabord saluer linitiative prise par le chef de lEtat
de mener la guerre contre la corruption. Si jétais conseiller à la
présidence de la République en matière de lutte contre la corruption,
je privilégierais plus le caractère prophylactique dans la lutte. Mes
actions seraient axées sur la prévention, car mieux vaut prévenir que
guérir, dit-on. Une bonne éducation civique basée sur lamour de la
patrie permet de prévenir la corruption dans ce sens quun citoyen
patriote refusera de sadonner à la corruption et dénoncera ceux qui
sont corrompus. Je suis également de ceux qui pensent quil faut
réformer lappareil judiciaire dans la mesure où, une bonne justice
permet de dissuader les hors-la-loi.
3. Lors de son discours sur létat de la Nation, Joseph
Kabila a dressé un bilan positif sur le plan de la paix et sécurité.
Partagez-vous son satisfecit ?
Je peux dire que je suis moi-même témoin oculaire du retour de la
paix. Je suis résident en Suisse et les images que la presse
internationale se faisait le plaisir de diffuser à longueur des
journées sur la République démocratique du Congo, cétaient les bruits
des bottes, des files interminables et minables des déplacés de guerre
fuyant les combats. Il faut reconnaître que cela fait désormais partie
du passé. Jétais à Goma au mois de juin dernier à loccasion des
festivités de lindépendance et jai pu me rendre compte des efforts
fournis pour que la paix devienne une réalité dans cette partie du
pays. Jétais récemment au Katanga, à Mbuji- Mayi et à Kisangani. Le
constat est le même. Je soutiens quen matière de paix et de la
sécurité, le président a gagné le pari. Mais comme il la dit, il ne
faut pas baisser la garde.
4. Le chef de lEtat a annoncé de grands projets pour
lavenir, notamment la modernisation de la voie ferrée Kin-Matadi,
Uélés, port en eau profonde de Banana. Pensez-vous que le temps joue en
sa faveur?
Mieux vaut un dirigeant porteur des projets que celui qui nen a
pas. Une personne qui a des projets finis par les réaliser même si cela
ne se concrétise pas à 100%. En Europe, il y a des projets quon
réalise maintenant, mais qui datent de plusieurs années. Pour que
lUnion européenne devienne ce quelle aujourdhui, il a fallu du temps
mais lidée a été conçue depuis longtemps.
5. Avez-vous un message particulier à adresser à certains de vos compatriotes ?
Je profite de lhospitalité que moffrent les colonnes de votre
journal pour saluer le camarade Evariste Boshab qui nous a toujours
inspiré par sa loyauté et sa compétence. Nous saluons également notre
icône Yerodia Ndombasi et tous les membres de la Jeunesse et solidarité
PPRD/Suisse.
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