15.01.10 Le Potentiel: Cinq questions à Jérôme Bonso, par Albert tshiambi

 

1. La société civile n’est pas représentée au sein de la
CENI dont le projet de loi venait d’être adopté à l’Assemblée
nationale. Qu’en dites-vous ?

La tenue des élections dans tout pays post-conflits et membre des
Nations unies requiert d’un consensus électoral national afin de
contribuer à la résolution pacifique des conflits, à la consolidation
de la paix et à l’inclusion de toutes les forces vives de la nation. Il
convient de constater que les honorables députés nationaux foulent au
pied l’esprit et la lettre de l’article 211 de la Constitution du 18
février 2006 qui institue une Commission Electorale Nationale
Indépendante dotée de la personnalité juridique.

En adoptant le projet de loi sur la CENI consacrant l’exclusion
de la société civile et la bipolarisation, la représentation nationale
congolaise porterait une responsabilité historique dans la gestion des
frustrations, de contentieux électoraux et de crédibilité des résultats
des élections qui affecterait la légitimité des dirigeants qui
sortiraient des urnes.
Je donne l’exemple de la Fédération Congolaise de Football (FECOFA).
Les nombreux supporters n’accepteraient pas le résultat du match AS
V.Club-Daring Club Motema Pembe dont le trio arbitral et le commissaire
du match seraient désignés par les deux clubs précités. Tout sportif
serait en droit de dénoncer et de condamner la partialité et la
complicité de l’arbitrage et le match risquerait d’être rejoué après
les dégâts.

Cependant, il n’est pas encore trop tard de se rattraper, c’est
pourquoi la LINELIT invite le Sénat à rectifier le tire pour que le
Bureau de la CENI soit composé de 7 membres dont 3 désignés par la
majorité, 2 par l’opposition et 2 par la société civile qui regorge les
associations spécialisées et expérimentées dans la thématique élection.
Car la politique d’exclusion n’a jamais payé depuis l’accession de
notre pays à l’indépendance.

2. Les élections locales pointent déjà à l’horizon.
Quelles sont les actions du terrain menées par la LINELIT dans le cadre
de la sensibilisation des électeurs ?

Depuis sa création en date du 11 décembre 1991 jusqu’à nos jours, la
LINELIT fait de la thématique élection son cheval de batail. Grâce aux
nombreuses missions d’observation internationale et de monitoring des
élections à travers le monde et aussi à son expertise et à sa longue
expérience en matière électorale que la LINELIT a contribué à la
maîtrise du concept élections démocratiques et ses différents types du
pouvoir organisateur par les acteurs politiques congolais et la société
civile. Notre ligue a doté le pays d’une banque des données contenant
la littérature électorale, des techniques d’administration et de
monitoring des élections depuis la chute du régime Mobutu.

Il convient de noter que le cycle du processus électoral qui
a débouché sur la mise en place des institutions de la 3ième République
après les élections présidentielle, législatives et provinciales n’a
pas été parachevé étant donné que les élections municipales, urbaines
et locales n’ont pas encore eu lieu jusqu’à ce jour, pour des raisons
diverses.
Sur terrain, la LINELIT vient de mener une campagne de sensibilisation
des populations de Kinshasa, Bas-Congo, Bandundu, Katanga, Kasaï
Oriental et de l’Equateur sur les élections locales, le mode de scrutin
et la révision du fichier électoral.

Le but de notre campagne de sensibilisation de la population au
niveau de la base sur l’importance des enjeux électoraux au niveau
local est de renaître la confiance dans la tenue effective des
élections locales pour parachever l’architecture institutionnelle.
La LINELIT salue les options fondamentales et recommandations issues de
la réunion interministérielle présidée en fin novembre 2009 à
Mbuji-Mayi par le Chef de l’Etat, relatives à la modification de la Loi
Electorale et à la relance de l’opération de révision du fichier
électoral pour aboutir aux élections locales.

3. Où en êtes-vous avec la Campagne nationale de
vulgarisation et d’appropriation amorcée par votre structure en matière
de décentralisation ?

En date du 27 octobre 2009, au ministère des Affaires Etrangères et
sous le patronage du ministre de la Décentralisation et Aménagement du
territoire que la LINELIT avait lancée une campagne nationale de
vulgarisation et d’appropriation par la société civile des lois et
stratégie de mise en œuvre du processus de décentralisation en RDC.
Notre Ligue est descendue sur terrain pour vulgariser les instruments
juridiques sur le processus de décentralisation en RDC avec comme
support didactique une brochure intitulée : « Guide pratique des textes
des lois et stratégie de mise en œuvre du processus de décentralisation
en RDC ». Nous vulgarisons la décentralisation comme concept avec ses
diverses formes, ses objectifs, ses faiblesses, ses défis et ses
perspectives.

4. La corruption est un phénomène qui prend de l’ampleur en RDC. Que préconisez-vous pour éradiquer ce fléau ?

La LINELIT a participé aux séminaires sur la stratégie de la société
civile de lutte contre la corruption en RDC et au Forum national sur la
lutte contre la corruption et nous avons formulés certaines
recommandations afin de combattre et d’éradiquer ce fléau qui est la
corruption.

La réhabilitation de la justice et la motivation des
magistrats, la dénonciation, la moralisation de la vie publique face
aux pratiques de la corruption, la création du cadre juridique et
institutionnel de la lutte contre la corruption et la lutte contre la
culture de l’impunité sont les atouts d’éradication de la gangrène.
La politique de « Tolérance zéro » contribuerait à éradiquer la
corruption lors des échéances électorales de 2011 afin d’éviter le
scandale connu lors des sénatoriales du 19 janvier 2007 où les députés
provinciaux étaient dénoncés par leurs corrupteurs ayant échoué aux
élections sénatoriales sans que la justice s’en saisisse afin de
réprimer corrupteurs et corrompus.

5. Quel est le plan d’action de la LINELIT pour 2010 ?

Nous avons élaboré à la ligue un programme triennal (2010-2012) sur
la participation citoyenne aux enjeux électoraux de 2011,
l’appropriation par la société civile de la stratégie de mise en œuvre
effective du processus de décentralisation en RDC.
L’accent est mis sur la promotion du dialogue interactif entre les
autorités et la base pour une responsabilité citoyenne, la
sensibilisation de la population sur le transfert des compétences du
pouvoir central jusqu’au niveau local et la promotion du leadership
local.
Faire état des lieux du processus de décentralisation sectorielle
(santé, enseignement, agriculture, fonction publique, etc.) pour
relever les défis dans l’effectivité et l’encadrement de transfert des
compétences et la responsabilisation des entités territoriales
décentralisées (ETD).

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