16/01/10 / MMC: Le président Joseph Kabila qui dépend dabord du peuple devrait esquiver le piège des partis politiques, soutient le Prof. J.F. Mbala
Lannée
2010 ouvre lhorizon 2011 qui cristallise les prochaines échéances
électorales pour lesquelles il est temps de commencer à se préparer. Un
des analystes familiers de digitalcongo.net en la personne du Prof.
John Francis Mbala scrute cet horizon et ces perspectives. Comme à son
habitude, il se donne le loisir de réfléchir sur cette donne politique
en émettant des considérations aussi pertinentes quédifiantes sur la
situation quil analyse. Voici ci-après à travers les réponses aux
questions dinterview lui proposé les réflexions de cet indéniable
visionneur et critique lucide des réalités politiques de la RDC opérant
dans la diaspora congolaise en France.
Bonjour Prof. Mbala, vous êtes l'un des analystes sérieux et familiers
de digitalcongo.net. Or vous avez observé un silence depuis un moment
déjà. Navez-vous plus de commentaire qui vaille pour lannée nouvelle
2010 qui vient de souvrir ?
Avant tout je me dois de vous remercier et je profite de l'occasion
pour vous adresser mes Meilleurs vœux 2010. C'est l'occasion de
souhaiter à tous les Congolais en général où qu'ils se trouvent et au
premier des Congolais en particulier, jai cité le Chef de l'Etat, le
président Joseph Kabila Kabange à lendroit duquel je formule avec
toute la déférence due à sa haute personnalité mes vœux les plus
sincères pour cette année 2010. Puissions-nous tous œuvrer davantage
pour que notre pays retrouve un droit de cité dans le concert des
nations, mais déjà œuvrons au changement des mentalités en récusant les
antivaleurs qui plombent l'élan démocratique enclenché par le président
de la République : la corruption, le népotisme etc.
Je formule également le vœu que le quotidien des Congolais s'améliore,
et cela passe par un véritable toilettage de la classe politique et une
meilleure rationalisation des institutions pour que, enfin, par une
meilleure adéquation entre les salaires et les prix affichés, le coût
de la vie soit allégé. Cela permettra aux Congolais de retrouver le
sourire, car ne nous le cachons pas, une grogne sociale couve et un
désamour du peuple à l'égard du gouvernement est plus que tangible.
Oui, à ce propos est notée une veillée dar mes en perspectives dun
remaniement qui crispe visiblement la classe politique. Vous avez
souvent soutenu que le Président Joseph Kabila ne doit pas accepter
d'être « prisonnier des partis politiques », pouvez- vous être
explicite là-dessus, surtout quil sagit dune cruciale préoccupation
de lheure ?
Il est vrai que l'actualité politique est dominée par l'imminence d'un
remaniement. Mais depuis quand ce remaniement a été annoncé par les
médias ? Presque un an ! C'est dire que le Président de la République,
Son Excellence Joseph Kabila Kabange, ne se laisse pas influencer par
la pression des Médias. Ce ne sont pas les journalistes ou certaines
opinions tenues dans des salons qui dictent son agenda politique, et
s'il doit, certes, tenir compte de l'opinion publique, il lui revient
de saviser seul pour choisir le moment opportun dopérer les
changements nécessaires au sein du gouvernement, voire dans diverses
institutions, afin qu'enfin les hommes qu'il faut prennent la place
qu'il faut !
Voyez-vous : la logique politique relative à la représentation au sein
du gouvernement des partis ou groupement ayant participé à son
élection en 2006 n'a plus lieu d'être. Si nous devons nous garder de
toute généralisation, il sied de souligner que beaucoup de ministres
n'ont pas été à la hauteur, et certains ont même brillé par une
incompétence notoire conjuguée à une absence d'adhésion aux cinq
chantiers initiés par le chef de l'Etat. 2010 sera donc une année
cruciale de par le dernier virage à prendre pour 2011, année de
l'élection présidentielle.
Il sagit dune échéance qui intervient dans un contexte difficile. Le
peuple a faim, il veut du travail. Le Congolais n'est pas un mendiant.
Le peuple murmure, il n'attendra pas indéfiniment que les politiciens
affichent des signes ostentatoires de richesses tandis qu'il croupit
dans une misère qui ne dit plus son nom. Face à ces évidences, puisque
tout ceci est un secret de polichinelle, le Président de la République,
tel un capitaine de bateau sur une mer agitée, doit donner un sérieux
coup de volant pour ne pas heurter un fatal iceberg. Cela passe par une
relecture des accords passés dans le contexte des élections.
A situations exceptionnelles, dit-on, mesures exceptionnelles.
L'Alliance pour la majorité présidentielle n'est plus efficace pour
assurer la mise en œuvre de la vision politique du Chef de l'Etat et
rassurer le peuple qui veut voir son quotidien s'améliorer. Je m'étonne
de constater que certains ne réalisent qu'aujourd'hui que l'AMP pose
problème, alors que dès 2007, il y a donc deux ans, moi j'écrivais et
alertais déjà en signifiant que : « L'AMP est un géant aux pieds
d'argile ».
Maintenant que l'AMP accuse des signes de fatigue et que l'action
gouvernementale n'est plus vraiment concertée de par l'absence de
collégialité affichée, certains députés de la majorité allant jusquà
se permettre de critiquer ouvertement les membres du gouvernement,
ceux-ci à leur tour critiquant en sourdines certains collègues, le
Président de la République a raison de préparer la mise en place d'un
gouvernement plus efficace, parce quil y a lieu de préparer sa
réélection. Il est peut-être prématuré d'évoquer cette question, mais
qui d'autre que lui devrait poursuivre la mise en œuvre des cinq
chantiers qu'il a lui-même initiés ?
Pour mieux aborder le virage de 2010 vers 2011 et rassurer le Peuple,
le Chef de l'Etat devrait esquiver le piège des partis politiques,
parce quil dépend d'abord du peuple. Le chantage des partis politiques
n'est pas profitable au peuple. Tant que les doléances du souverain
primaire ne sont pas prises en compte, il sera difficile dattendre de
ce peuple un vote serein pour tel ou tel candidat. Le Président de la
République, faut-il le rappeler, n'a pas été élu par les partis
politiques.
Sans faire ici un cours de droit constitutionnel, rappelons-nous
simplement qu'il a été élu au suffrage universel direct (S.U.D) par le
peuple. Ainsi sil na des comptes à rendre, ce ne sera quau Peuple au
rendez-vous de 2011. Ce lien Kabila-Peuple lui confère toute la
légitimité nécessaire pour tenter de conduire à terme les réformes
qu'il a enclenchées dans le cadre des cinq chantiers.
Le Président Joseph Kabila est un homme d'Etat, ce n'est pas le
Président de l'AMP, et encore moins du PPRD. Il est le Président de
tous les Congolais, et à ce titre il ne saurait être « le prisonnier
des partis politiques ». Comme en 2006, en 2011 il s'adressera, une
fois sa candidature confirmée, directement au peuple. Depuis 2006, le
Chef de l'Etat a respecté les accords passé au sein de l'AMP, mais vu
la situation exceptionnelle, l'incompétence visible de certains membres
du gouvernement, des mesures exceptionnelles devraient être prises, car
certaines personnes envoyées par leurs partis politiques pour siéger au
sein des gouvernements successifs ont plus que déçu. Il y a donc lieu
que le Président de la République choisisse les futurs membres du
gouvernement sans être pris en otage par des accords qui ne portent pas
des fruits escomptés.
Le
président Joseph Kabila est l'homme du Peuple, il a eu raison de se
présenter devant son peuple déjà en 2006 en tant que candidat
indépendant. A terme, la configuration AMP éclatera pour être remplacée
par une structure nouvelle dans le contexte des élections à venir. Il
ne faut pas perdre de vue que la politique est dynamique, en mouvement.
2006 ne sera pas une répétition de 2011 ! Il faut prendre au sérieux la
participation annoncée de l'UDPS et même un éventuel rebondissement du
MLC, sans négliger l'émergence probable d'une union de l'opposition en
gestation.
Ainsi compte tenu de l'inconstance inhérente chez certains hommes
politiques congolais, leur vénalité, la faible culture politique, c'est
fort probablement en ordre dispersé qu'ils se présenteront et d'ores et
déjà le Président Joseph Kabila peut être assuré de sa réélection. La
question est de savoir avec quels hommes ira-t-il aux élections tant
les gouvernements successifs ont été intégrés par des incompétents
soucieux de la culture de jouissance, et ce au détriment des intérêts
du peuple.
Professeur, cest depuis la représentation de la diaspora que vous vous
êtes fait remarquer et à ce titre vous avez œuvré pour que les
Congolais de l'étranger soient partie prenante dans le processus de
reconstruction. Quel bilan tire- vous de vos actions ?
Je ne peux avoir la prétention d'être un des représentants de la
diaspora, puisque je n'ai pas été désigné officiellement par une
structure gouvernementale depuis le pays ou un regroupement associatif
à l'étranger. Néanmoins, je reste l'un des militants actifs qui ai
œuvré avec efficacité pour lémergence dun ministère des Congolais de
l'étranger. Il y a eu plutôt un poste de Vice-ministre. J'ai vu ici ou
là des polémiques inutiles autour du débat soulevé sur cette situation.
Cependant une réalité demeure, et à cet effet il suffit d'être curieux.
Je vous propose un lien: 1° http://www.digitalcongo.net/article/38895
Vous voyez bien que dès le 18 novembre 2006, je proposais quémerge une
structure institutionnelle en charge de la diaspora. Que certains
m'aient pressenti pour l'animer est plus que légitime et à nouveau je
remercie mes soutiens (lien : http://www.digitalcongo.net/article/54170
)
Mais comme je l'ai écrit quelque part, une nomination relève du pouvoir
discrétionnaire du chef de l'Etat. Nous restons persuadés que la
diaspora associée véritablement au processus de reconstruction pourra
dynamiser le circuit économique et par ricochet le volet social. Je
mûris présentement des actions associatives tout en considérant que je
serais plus efficace si j'apporte mon savoir et mes compétences au sein
d'une structure gouvernementale parce quil existe autour de ma
personne un potentiel qui ne s'est pas éteint : un réseau et/ou une
dynamique de par le ralliement que vous avez pu constater dans le
lien-article précité.
Puisque, comme vous le reconnaissez bien, ce choix relève de la
compétence discrétionnaire du Chef de lEtat, laissons-lui la latitude
de sen aviser, fixons les yeux sur lévénement déclat attendu cette
année 2010 : à savoir le cinquantenaire de lIndépendance du pays.
Avez-vous quelque commentaire ou suggestions à en émettre ?
Tout ou presque a été dit. Beaucoup reste à faire. Si nous avons obtenu
une indépendance politique – et encore ! – l'indépendance économique
reste un combat permanent. En témoignent les guerres chroniques dont le
pays na pas été épargné depuis l'indépendance. En dit long le
permanent complot de balkanisation du Congo que nos dirigeants ne
cessent de dénoncer. A mon avis, il y a une autre indépendance à
acquérir, sinon à conquérir : l'indépendance des esprits, une sorte de
décloisonnement de la pensée, ce qui passe par le changement des
mentalités, sans lequel nous piétinerons ou ferons du surplace. En ces
journées anniversaires comment ne pas rendre hommage aux visionnaires
de cette conquête que furent les regrettés Patrice Emery Lumumba et
Laurent Désiré Kabila !
Avez-vous quelque chose à ajouter comme votre mot de la fin ?
Nous aimons tous le Congo. Cela est une réalité. Un homme en la
personne du Président Joseph Kabila conduit les destinée d'un pays
sous-continent, et parce que pour la plupart dentre nous, nous
adhérons à sa vision politique, nous devons l'épauler, car les cinq
chantiers ne sont pas les chantiers du Chef de l'Etat lui seul, ils
appartiennent à tous les Congolais, où qu'ils se trouvent.
Maintenant que le Président de la République a raison de mettre
davantage l'accent sur les compétences, nous saluons ici sa volonté de
sortir de la logique des partis politiques dont certains membres
présents au gouvernement jouent contre les cinq chantiers et
nourrissent plutôt la grogne sociale qui couve. A bon entendeur, salut.
J'ai dit et il y a lieu pour tous d'agir avec force et vigueur. Tout
contact utile peut lui parvenir : johnfrancismbala@hotmail.com
D.Nzuzi/MMC