AEM : Cest très surprenant de retrouver un artiste congolais évoluant en Turquie ?
E.I : Référez-vous à lhistoire de la pomme qui tombe dun arbre lorsquelle est mûre. Là où les autres échouent, tu peux réussir. La Turquie nest pas un monde à part, j ai été dans plusieurs pays européens, la réalité est quici la musique reggae nest pas très répandue mais noubliez surtout pas que Istanbul est une ville cosmopolite et je suis le premier à avoir osé.
AEM : Vous étiez connu plus comme parolier à Kinshasa où vos chansons ont été chantées par des grands de la musique congolaise, pourquoi ce passage de lécriture à linterprétation ?
E.I : Le métier dun parolier comme celui dun écrivain en Afrique ne nourrit que lesprit mais pas le corps. Au regard de cette réalité jai préféré chanter mes propres oeuvres.
AEM : Quels sont les principaux thèmes que vous développez dans vos chansons ? Et dans quelle langue chantez-vous ?
E.I : Je chante linjustice sociale, le vécu quotidien, le racisme ainsi que tous les maux qui rongent la société partout dans le monde mais principalement en Afrique. Je dénonce également la colonisation sous une forme déguisée, la démocratie du plus fort… Je chante également lamour, la paix et contre les guerres.
AEM : Avez-vous déjà des œuvres sur le marché du disque ?
E.I : Je suis en studio pour lenregistrement de mon premier opus intitulé provisoirement Rainbow ray (red, black, white, yellow…One love for all let be together as one). Lalbum contiendra des titres comme : Red black and white, Nalobite na koloba, Rainbow, Ali baba, Marre, A lazy boy, No home, You see the sun… Je chante en françaıs, en anglais et en lingala.
AEM : Quels sont les musiciens qui vous accompagnent ?
E.I : Je suis accompagné par mon groupe nommé « Enzo Ikah Band », un ensemble cosmopolite composé dun Anglais, un Italien, une Autrichienne, un Suédois, un Américain, un Français et trois Turques. Je suis le seul Black et Congolais. On peut regarder les images de ce groupe sur myspace
AEM : Quelle est la couleur de votre reggae et quid de la rumba ?
E.I : Un mélange du reggae et de la musique africaine, cest du dub reggae car je refuse de demeurer dans le ghetto. Jessaye dapporter une nouvelle couleur à la mouvance reggae, de suivre le sillage de mes préférences en loccurrence mon père spirituel Alpha Blondy et le feu Lucky Dube (Que son âme repose en paıx) mais aussi mon grand frère Tiken Jah Fakoly. La rumba je la laısse aux amoureux, jai choisi la musıque du peuple meurtri par linjustice, question dessayer de lui redonner lespoir de vivre. Retenez une chose : « Si tu veux danser, il ya de bars et des discothèques partout, maıs si tu veux réfléchir écoute le reggae ».
AEM : Aujourdhui la musique congolaise est peu regardante sur le respect des mœurs, quelles solutions préconiseriez-vous ?
E.I : Honte aux médıas congolaıs et à la commission de censure qui ne jouent pas du tout leur rôle. Ils sont tous corrompus ! Je persiste et je signe : ıls sont tous aveuglés par les bıllets de banque. | Propos recueillis par Wilfrid Diankabakana (AEM)
|