19.01.10 AFRIQUE REDACTION | INTERVIEW EXCLUSIVE NGBALINDIE SASA Emmanuel

 


"HONORABLE 
 

 

 

Plusieurs rapports d’évaluation
concernant la province Orientale précisément dans le territoire d’ ANGO (
Uélés) « Bas et Haut Uélé » fait état des
grandes atrocités perpétrées à l’encontre de la population
vulnérables en représailles des opérations conjointes de l’armée
Congolaise, Ougandaise et Rwandaise.

 

Ces missions d’évaluation avaient
donné lieu à l’ouverture des interventions de MSF, OCHA etc… pour
assurer le flux migratoire dans des conditions acceptables. Ces
rapports démontrent avec un effroi une recrudescence des exactions
de LRA (L’armée de Résistance du Seigneur). Et également dans le rapport
du Bureau conjoint  des Nations Unies aux droits
de l’homme.

 

Ce rapport reprend le bilan d’une
série d’attaques systématiques et généralisées menées  entre septembre
2008 et juin 2009 par le groupe rebelle de la LRA. Ces
attaques ont fait, 1200 morts, 14 enlèvements enfants, vieillards,
femmes y compris et 230 000  déplacés en dix mois selon l’ONU dans les
districts du Haut et Bas Uélé, dont vous êtes
élu. Par conséquent représentant du peuple auprès de la chambre
basse.

 

A.R : Honorable NGBALINDIE SASA
Emmanuel, vous
êtes élu dans les districts Haut et Bas Uélé plus précisément dans le
territoire d’ANGO. Que vous inspirent ces multiples rapports,
l’avez-vous lu et quelle  attention portez-vous sur son bien-fondé ?

 

Honorable NGBALINDIE SASA : Au départ, je voudrais vous dire que les
populations des districts du Haut et Bas Uélé vivent dans des
conditions inhumaines, car les Uélés sont totalement enclavés sous l’œil
regardant du pouvoir public. Toutes les infrastructures de
base : routes, chemin de fer, ponts, bacs sont dans un état
défectueux. Par conséquent, les produits de première nécessité tels que
le sel, le savon, les vêtements, etc. ainsi que les
produits pharmaceutiques sont quasiment introuvables. Cet
enclavement fait que les autorités ont, aujourd’hui, du mal à pacifier
cette partie du territoire sous occupation des LRA. Ce qui fait
que le travail des humanitaires devient impossible, sauf pour ceux
qui utilisent les hélicoptères et les avions.

 

D'ailleurs, les rapports des
humanitaires sur la situation sécuritaire qui prévaut dans les Uélés
viennent corroborer les multiples rapports que nous avons adressés
à l'autorité compétente, mais un résultat concret. Plusieurs
commissions d’enquêtes parlementaires ont également été envoyées dans
les deux Uélés et ont présenté, par la suite, un rapport
alarmant à la plénière de l’Assemblée Nationale. Mais les
recommandations pertinentes qu'elles avaient formulées au gouvernement
de la République sont, depuis lors, restées lettres
mortes.

 

A ces jours, le bilan de toutes ces
attaques systématiques de LRA dans les Uélés est estimé à environ 3.000
morts. Sans oublier plusieurs centaines de femmes
enlevées et utilisées comme esclaves sexuelles ainsi que des
milliers d'enfants de moins de 12 ans enlevés et utilisés comme enfants
soldats. C’est une situation cruelle à laquelle la population
assiste impuissante.   

 

A.R : En terme de coordination
avec les ONG,
comment gérez vous ce nombre impressionnant de déplacés qui affluent
vers vos
petites villes, étranglées par cet exode rural. Et comment sont-ils
pris en charge et quel est l’apport  de votre région et du Gouvernement
sur cette tragédie ?

 

H.N.S : Seules
les ONG et la Mission de l'ONU essayent de venir en aide aux
déplacés en vivres et non vivres. Aucune aide substantielle du
gouvernement n’est, à ma connaissance, parvenue à ces déplacés qui se
comptent par centaines de milliers et sont malades pour la
plupart, sinon exposés à des risques évidents de maladie. C’est
pourquoi, nous lançons un cri d’alarme à la communauté internationale en
vue d'apporter une aide conséquente à cette population qui
vit une tragédie sans précédent que nous n'hésitons de qualifier de
génocide contre la minorité du peuple Zande.

 

A.R : La zone désertée par la
population
est-elle occupée par l’armée Congolaise pour sécuriser les biens de la
population
ou livrée à l’administration parallèle de l’Armée du Seigneur pour
un processus d’une éventuelle annexion  de la zone à l’image de GOMA ?

 

H.N.S : Il est à
noter que dans la plupart de cas, l’intervention militaire
arrive plusieurs jours après l’attaque d’une localité par les LRA
qui incendient tout le village. Ce retard est, en grande partie, dû à
l’enclavement total de la région qui ne facilite pas aux
véhicules l'accès aux zones d'attaques.

 

A.R : Honorable NGBALINDA ! Le
rôle d’un député
national est d’exercer le contrôle sur la gestion administrative de
sa circonscription. D’être à l’écoute de la population et de rendre
compte au parlement ses conclusions. Il interroge et interpelle le
gouvernement, examine son action au sein d’une commission,
parfois même contrôle l’emploi de l’argent public dans une action, à
l’occurrence l’action contre les exactions de LRA

 

H.N.S : Le
député ne peut exercer son pouvoir de contrôle parlementaire que
par des voix légales, notamment par des questions orales avec ou
sans débat et bien sûr par d’autres mécanismes prévus par la
Constitution. Les autres prérogatives relèvent des pouvoirs exécutifs
et judicaire. Son rôle se limite donc au contrôle et à la
présentation de rapports suivis des recommandations à l’exécutif qui
doit pleinement jouer son rôle. A titre exemplatif, je vous joins
quelques questions orales et recommandations au gouvernement sur ce
sujet préoccupant de LRA.

 

Un tableau sombre de la situation
est brossé,
on ne voit pas l’effort consenti du gouvernement tant financier,
militaire et
matériel pour arrêter ce bande de voyous. C’est un constat d’échec,
un vrai camouflé pour vous le représentant du peuple et de votre
gouvernement. Que dites vous ces
allégations ?

 

H.N.S : Le
tableau de la situation qui prévaut dans les Uélés en ce qui
concerne l’insécurité causée par les LRA, les Mbororo et d’autres
groupes armés est sombre. Le gouvernement n'a peut-être focalisé son
attention que sur les Kivu où il a déployé d'importants
contingents et engagé de gros moyens financiers. Dans les Uélés, les
actions menées par les gouvernements tant provincial que national sont
insignifiantes et de faible envergure, voire même
nulles. Ce ne sont que des saupoudrages. Et la population
s'interroge sur le pourquoi de cette pratique de la politique de deux
poids deux mesures.

 

 

A.R : D’après les observateurs
humanitaires, il
s’avère que l’action conjointe « FARDC, ARMEE RWANDAISE et
OUGANDAISE » est un gouffre financier, qui servirait de réservoir
pour alimenter et enrichir quelques personnes à la tête de cette
mascarade. Faites vous parti de ce conglomérat sans
scrupule, motivés exclusivement par l’appât du gain ?

 

H.N.S : En notre
qualité de député national, nous ne pouvons en aucune
manière nous enrichir sur le dos de notre population. C'est
pourquoi, nous nous inscrivons en faux contre l’argent du sang. S’il est
établi que ce sont des officiers militaires congolais qui
entretiennent cette mascarade pour faire perdurer l’insécurité dans
les Uélés en vue de s’enrichir, car gagnés par l’appât du gain, nous
pensons que le Président de la République devra se mettre
à l’écoute de la base afin de démasquer les coupables et les punir
sévèrement car cet acte constitue une haute trahison.

 

 

A.R : Pour revenir à cette
politique de terreur
de RLA (Armée de libération du Seigneur). Quelle est la meilleure de
solution d’après votre connaissance du terrain et votre expertise
pour mettre fin à cette crise ô combien dévastatrice. Comment sortir la
population des griffes de son agresseur et sécuriser la
localité ?

 

H.N.S : Pour
mettre fin à cette tragédie, nous demandons à la communauté
internationale, notamment à l’ONU, à l’Union Européenne, à l’Union
Africaine et particulièrement à l’Ouganda d’organiser un vrai dialogue
inter-ougandais qui regrouperait le gouvernement de
Kampala et les rebelles de LRA en vue d’aplanir leur différend, car
cette insécurité nous est importée de l’extérieur. La communauté
internationale devra, en outre, aider la RDC à sécuriser les
Uélés par une force internationale à l’instar de l’Artemis et
envisager une sorte de plan Marshall pour le développement de la
contrée.

 

 

A.R : Et pourquoi ne mettiez vous
pas une
brigade mobile avec le concours de la MONUC, tout  le long de cette
poreuse
frontière ?

 

H.N.S : L’insécurité
qui sévit dans les Uélés n’est pas l’œuvre des
Congolais. Elle est importée des différends pays limitrophes au
nôtre. Il est bien entendu qu’après les guerres internes qui ont sévi au
Congo, notre pays n’a pas assez de troupes pour sécuriser
tout le Congo. Raison pour laquelle, nous conseillons à nos
dirigeants d’engager une diplomatie de proximité pour juguler cette
crise.

 

 

A.R : L’élection du Président de
la République
avait suscité un espoir pour la population du Nord Kivu et dans votre
Province. Aujourd’hui, nous sommes face à une résurgence de troubles
dans toute la partie nord du Pays. Cette situation ne viendrait-elle
pas de sa méconnaissance de la géopolitique Congolaise et
particulièrement de  son incapacité à gérer les conflits ? 

 

H.N.S : N’a pas
souhaité répondre à cette question !

 

A.R : A travers cette question,
je voudrai
exprimer les inquiétudes de la diaspora congolaise sur la présence et
l’installation avérée des troupes Ougando-Rwandaise dans la région.
Voulez vous nous apporter un éclaircissement sur ces rumeurs et que
pensent vos électeurs de cette présence
?

 

H.N.S : N’a pas
souhaité répondre à cette question !

 

 

A.R : Et quel regard portez-vous
sur sa
décennie (Président) à la tête du Pays ? Son travail de pacification du
pays,
ses offensives  diplomatiques, ses 5 chantiers et son slogan de la
tolérance Zéro ?

 

H.N.S : Lorsqu’on
parle des cinq chantiers de la République, la population
des Uélés se pose des questions sur leur signification, car elle ne
connaît ni de loin ni de près ces différents projets. Aucun des
chantiers n’est prévu dans les Uélés comparativement à ce qui
se passe dans d’autres provinces. Peut-être sur papier, mais les
travaux des cinq chantiers n’ont pas encore commencé dans les Uélés et
la population se demande pourquoi cette région du bassin
des Uélés est-elle complètement, en tout et pour tout oubliée ?

 

A.R : Honorable ! Militairement
la FARDC a
montrée ses limites et peine à mettre hors d’état de nuire, l’Armée de
Résistance du Seigneur dont le chef  est Joseph KONY. Pourquoi ne
procéderiez vous pas, par la voie pénale et diplomatique. En initiant un
projet de résolution ferme avec la mise en place
d’une commission qui diligentera une minutieuse enquête pour
collecter les preuves  et déterminer la responsabilité de  ces
criminels, afin qu’ils soient traduits devant une juridiction
compétente ?

 

H.N.S : N’a pas
souhaité répondre à cette question !

 

 

A.R : Honorable ! Nous approchons
à la fin de
notre entretien, j’aurai aimé que vous me répondiez clairement et sans
ambages à une question personnelle à titre indicatif. On entend ci
et là avec beaucoup de  spéculations sur le salaire d’un député. Que
vous vivez avec un salaire confortable sans réellement
fournir l’effort escompté. Voulez vous me dire, combien gagne un
député, bien sur en prenant le soin de réduire vos frais fixes ?

 

H.N.S : C'est
extrêmement grave et étonnant ce qui se dit dans la presse au
sujet du salaire des députés. Laissez-moi vous dire que le député
congolais est le moins bien payé de tous les parlements du monde. Avec
les impôts et frais de retenus pour la pension, le parti
politique, les véhicules, le député congolais vit avec moins de
mille dollars américains par mois. Ce qui est dix fois moins que le
salaire d’un ministre. N'oubliez pas que le député est plus
près de la population et est, de ce fait, obligé de résoudre de
multiples problèmes auxquels elle est confrontée. Ainsi, très souvent,
en fin mandat, le député congolais sort plus pauvre qu’il
n’était entré.

 

A.R : Pour terminer, je vous pose
la
traditionnelle question. Quel est votre mot de la fin ?

 

H.N.S : Le mot
de la fin : la présente situation de LRA et ses
conséquences dans les Uélés est si critique qu’elle mérite, sans
attendre, une action rapide tant du gouvernement congolais que de la
communauté internationale. La population des Uélés, chassée
de ses terres est en danger de mort et fait quelques fois penser aux
Palestiniens. D'où nous posons-nous la question de savoir si elle
sacrifiée, par qui et pour quelles raisons?

C’est pourquoi, devant la gravité de
l’insécurité sur le terrain, nous demandons au gouvernement congolais, à
la communauté internationale et aux ONG :

a). de prendre des nouvelles mesures
contraignantes pour sécuriser cette partie de la République

b). de mettre une aide humanitaire
d’urgence à la disposition des déplacés estimés à plus de 350.000
personnes

c). de créer une commission d’enquête
internationale en vue de constater les dégâts sur le terrain et
poursuivre les coupables de ces actes odieux

d). d'envisager le plan Marshall pour
assurer le développement des Uélés.

 

 




Je vous remercie Honorable au
nom de ma Rédaction de votre collaboration et votre spontanéité.  

 

BONGOS Roger

Rédacteur en Chef

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