Sur la nécessité de partis polotques forts (Mosamete Sekola)

Cher frère Mbokolo
Elikia,

 

Dans vos récentes
interventions, vous constatez la résignation, le
découragement et la désespérance des congolais dans la situation
économique et
sociale catastrophique que connaît notre pays.

 

Vous n’apporter pas de
solutions.

 

Cette analyse est aussi
celle de certains Congolais, et partagée par nos frères africains et nos
alliés
démocrates du monde entier. Les centres de recherche des universités de
Cambridge et d’Oxford en Angleterre observent aussi malgré eux,
l’absence de
culture de lutte chez l’élite congolaise.

 

Cet état d’esprit
catastrophique des Congolais a pour origine notre incapacité à
comprendre qu’une
lutte politique se gagne en s’appuyant sur une formation politique.

 

Un parti politique est
l’assise nécessaire à toutes les initiatives efficaces. Vous allez
choisir un
chef valable et capable de prendre des initiatives et des tactiques
politiques.
Ce chef capable pourra faire progresser vite le parti et doter votre
formation
politique des buts et des principes de votre combat.

 

Cette
 formation vous permettra de créer directement ou
 indirectement une armée d’idées capables de conquérir les
masses, des idées qui vont réveiller les Congolais et la nation. Par
cette
démarche, vous allez occuper l’opinion nationale et vous allez
constituer un
bataillon de soulèvement.

 

C’est grâce au parti que
vous pouvez choisir des cadres de valeur, des stratèges, des
visionnaires, triés
sur le volet et tout à fait surs, des soldats politiques, strictement
disciplinés dévoués et déterminés à servir notre pays.

 

Enfin, grâce à votre
formation politique, avec des vrais patriotes ayant le sens de l’Etat,
capables
de prendre des positions fermes, vous allez constituer une autorité
suprême
capable de donner au parti une force et à la nation une sureté
politique.

 

Bien avant la fin des
années 50, comme aujourd’hui, notre Congo avait été trop piétiné, trop
courbé
pour ne pas se dresser d’un coup de tête violent.

 

Nos leaders, Lumumba,
Kizenga et Kasavubu et d’autres, patriotes et nés rebelles de cette
époque
avaient compris, d’un côté qu’il était temps de s’appuyer sur la
population afin
créer des bataillons en marche du soulèvement national. De l’autre
qu’ils ne
pouvaient ni combattre et ni gagner face au système colonial belge sans
parti
politique.

 

Pour atteindre leurs
objectifs, la première démarche était de constituer des formations
politiques de
masse, des partis politiques qui exerceraient la fonction d’avant-garde
du
réveil congolais.

 

Car un parti politique,
c’est le point déterminent à partir du quel vous pouvez vous lancer à la

conquête d’une dictature, d’un pays avec pour objectif, la prise du
pouvoir.

 

C’est la raison de la
création du MNC, du PSA et de l’ABAKO dans notre pays. C’est aussi la
raison de
la constitution des formations politiques puissantes, comme l’ANC en
Afrique du
Sud, la SWAPO en Namibie, le MPLA en Angola et dans d’autres pays
d’Afrique
comme l’Algérie, l’Egypte etc.

 

Un des drames des
Congolais, c’est l’absence d’une culture politique de lutte.
L’intelligentsia
congolaise crée des « partis » sans assise nationale, qui ne méritent
ce titre en aucune manière. D’autres créent des milliers d’associations
qui ne
contribuent nullement à mettre fin au drame que connaît notre Congo.

 

Croyez-vous que les
socialistes français vont gagner l’élection présidentielle de 2012 sans
appartenir à une formation politique ? Croyez-vous gagner une cause
individuellement sans appartenir à une formation politique ? Enfin,
pouvez-vous gagner la guerre larvée qui nous a été imposée sans une
armée forte
et puissante?

 

Je ne connais pas dans
l’histoire politique du monde des hommes et des femmes qui ont renversé
un
système politique individuellement. Aussi dans ce monde, il n’y a pas de
peuple
dont la libération passe sans appartenir à un parti politique.

 

L’exemple le plus
frappant est l’échec du Général de Gaulle entre septembre 1944 et
janvier 1946.
Pourquoi cet échec : parce qu’il lui manquait un parti politique
authentiquement gaulliste. Pour la même raison, il n’a pas pu revenir au
pouvoir
très vite.

 

C’est seulement au
printemps 1947 que le Général de Gaulle a fondé un mouvement politique :
le
Rassemblement du Peuple Français, ce qui lui a permis de revenir au
pouvoir de
façon durable, à partir de mai 1958.

 

Bien que son échec
politique soit total, dès la prise du pouvoir du Président Joseph
Kabila, la
première démarche de ses alliés était de lui conseiller de constituer un
parti
politique, une machine d’organisation capable de l’aider à s’imposer
comme une
autorité politique incontournable au sein de notre société.

 

L’élite congolaise est
capable de se plaindre contre Kabila. En revanche, nous sommes
incapables
d’organiser notre peuple à une longue lutte.

 

Notre peuple n’est pas
responsable de notre immobilisme.

 

En raison de l’importance
économique de notre pays, et de sa position géographique dans le monde,
notre
peuple attend que nous soyons plus stratèges et plus intelligents. Notre
peuple
veut que nous possédions des connaissances solides et nécessaires
supérieures à
nos adversaires et que nous réfléchissions comme des hommes d’Etats.

 

Notre peuple nous demande
de croire, d’anticiper et de penser grand, aux grands problèmes de notre
Grand
Congo. Et notre peuple attend comme les autres peuples du monde que,
nous lui
apportions des solutions durables à nos problèmes cruciaux.

 

Le MNC symbolisait à
l’époque, le fer de lance du mouvement des nationalistes, la force
populaire de
notre peuple. Dans le passé, le MNC a été brisé et déstabilisé. Il sort
de sa
torpeur et de son sommeil profond. Et l’UDPS, affaiblie est en voie de
reconstruction.

 

Mais le plus grand parti
politique du Congo aujourd’hui, c’est les Congolais eux-mêmes. Pour preuve, la lutte de nos frères des provinces
du Kivu,
de Maniema et de Kisangani.

 

Notre drame
provient de notre ignorance. Les richesses potentielles de notre Congo
en font
le pays le plus riche du monde. Mais nous n’en sommes pas conscients.
Lorsque
nous en aurons pris conscience, nous pourrons choisir les voies de
puissance.

 

 

Mon cher frère Mbokolo.

 

Je sais que vous marchez
seul avec une conviction forte pour la renaissance d’un Congo fort et
puissant.
Mais notre peuple est au désespoir, orphelins d’un leader, nous sommes
réduits à
la défensive pour protéger notre existence.

 

Mais lorsqu’on a les
mêmes convictions, on se rassemble pour une cause commune.

 

Comme
vous,
nous aimons notre Congo et nous ressentons l’honneur d’être Congolais.
Nous
avons une conscience forte de notre pays fondée sur l’unité nationale.
Nous
sommes résolus à défendre notre Congo et nos idées fondées sur la
démocratie.

 

La
force de
notre Congo, la qualité et la puissance de notre peuple naîtront dans
une nation
congolaise unie. Cette unité est la seule force centrale et dominante
qu’il faut
susciter pour créer une nation congolaise et forte, puissante.
 

 

C’est par cette voie
qu’une vie nouvelle jaillira des ruines de Kabila. Notre volonté commune
est de
voir notre Congo ressusciter et de montrer au monde un nouveau visage
politique
et économique.

 

Notre indépendance avait
été acquise aux prix de dures luttes et  aux prix de durs
sacrifices. Notre Congo que nos parents n’ont pas reçu en cadeau brule.
Nous
devons éteindre ce feu dévastateur.

 

C’est un
devoir pour tout Congolais convaincu, déterminé, pour tous les Congolais
qui
aiment notre Congo et qui ressentent l’honneur d’être Congolais de
travailler la
main dans la main pour bâtir un Congo moderne, fort et puissant.

 

Voila ce
que nous sommes.

Et voila ce
que nous devons être.

 

Notre
peuple se souvient de la date du 17 janvier 1961. C’est aujourd’hui le
49 ème
anniversaire de l’assassinat de Patrice Lumumba, notre héros national et
leader
à vie de notre mouvement, le MNC.

 

 

Mosamete
Sekola

Laissez un commentaire

Vous devez être connectés afin de publier un commentaire.