BD Kin Label La nouvelle marque de fabrique de la BD congolaise
Malgré la censure
et les difficultés économiques, Jeunes pour jeunes connut tout au long
de ces années fastes un succès populaire sans égal grâce à nos deux as
du crayon qui suscitèrent de nouvelles vocations de bédéistes en herbe.
Parmi tous les personnages créés avec un humour sans pareil, on doit se
souvenir avec nostalgie d'Apolosa, Kikwata, Coco, Didi, Wabuza, Molok,
Durango, Sinatra, le Brigadier Mongala, Errol, autant de héros
populaires confrontés aux innombrables tracas de la vie quotidienne, à
l'image de ce que la population kinoise devait résoudre en pratiquant le
fameux " article 15 ", ou l'art de la débrouille systématique.
D'autres artistes de talent rejoignirent à leur tour le célèbre magazine
congolais, en particulier Ekunde Bosuku qui, avant de faire carrière
dans la peinture populaire, inventa un célèbre trio, le couple formé par
Papa Mosekonzo et Mama Sakina en bute aux tracasseries du juge Mutombo.
Leur succès ne se démentira pas jusqu'à ce que le magazine cesse de
paraître, une bonne dizaine d'années après sa création (1).
Pourtant, bien après la disparition de Jeunes pour jeunes, des
revues, de nombreux fanzines et diverses publications populaires (2),
souvent en Lingala, connurent d'éphémères apparitions sur le marché
kinois, le temps de faire faillite après quelques numéros que le public
n'avait plus les moyens de s'offrir dans un contexte économique qui n'a
cessé de se dégrader chaque année un peu plus jusqu'à la chute de
Mobutu.
Faute de débouchés et pour tenter malgré tout de survivre, de nombreux
bédéistes congolais furent amenés à réaliser des travaux de commandes
proposés par les ONG et les institutions internationales présentes dans
le pays, d'autres essayèrent de se reconvertir en caricaturistes de
presse dans les quotidiens et les hebdomadaires locaux (3) de plus en
plus fragilisés par la censure. En conséquence, durant toutes ces
années, les jeunes lecteurs kinois se tournèrent vers des magazines
publiés par les éditions Segedo, Kouakou et Calao (4),
vendus à très bas prix, sur place et dans de nombreux autres pays
d'Afrique, voire parfois distribués gratuitement dans les écoles, grâce à
un soutien financier du Ministère français de la Coopération. Dans ces
publications très conventionnelles, faisant la part belle à des héros
" positifs " (tels les jeunes Kouakou, Adama, Koffi et Jomo pour les
pages centrales de la revue Kouakou, ou Samba et Koulou,
l'inspecteur Kalambo, le Docteur Simarou, dans Calao), il
n'était bien évidemment plus question de porter le moindre regard
critique sur la vie sociale et politique du pays… Il faut cependant
reconnaître que ces deux magazines bimensuels, de par leur tirage et
leur faible prix de vente, connurent un succès indéniable auprès de la
jeunesse africaine durant la longue période de leur parution (5)…
Pourtant,
nulle part ailleurs sur le continent, on est susceptible de rencontrer
une telle concentration de bédéistes et de caricaturistes comme à
Kinshasa : pleine de paradoxes politiques, sociaux, économiques et
culturels, cette mégapole possède de surcroît une énergie et une
vitalité exceptionnelle malgré tous les problèmes posés quotidiennement à
la grande majorité d'une population dont l'esprit frondeur alimente les
folles rumeurs qui circulent sur " radio trottoir " et inspirent comme
il se doit la BD populaire (6). Le nombre considérable de dessinateurs,
plus d'une centaine, rien que sur la place de Kinshasa, pour ne pas
parler d'autres villes comme Bukavu, Lubumbashi ou Kisangani, est
effectivement, depuis de longues années, un phénomène unique dans toute
l'Afrique francophone, anglophone ou lusophone. Et ce, en dépit du fait
que presque tous ces artistes éprouvent d'énormes difficultés pour vivre
de leur métier et gagner décemment leur vie, quand ils ne sont pas
obligés de pratiquer d'autres métiers d'appoint pour contribuer à faire
bouillir la marmite familiale.
La réalisation de l'album BD :
Là-Bas… Na Poto…
C'est dans ce contexte, qui n'a cessé de perdurer jusqu'à nos jours (et
en tenant compte du fait que l'impact de la BD sur un public populaire
est sans commune mesure avec les méthodes de communication
habituellement employées pour transmettre des messages à la population),
qu'un projet émanant de la Croix Rouge de Belgique associée à la Croix
Rouge de RDC a vu le jour entre 2005 et 2006. Avec le soutien financier
de l'Union Européenne, il s'agissait de " sensibiliser et informer les
jeunes Congolais de 16 à 20 ans aux risques et aux conséquences de la
migration, qu'elle soit légale ou non. "
Après un concours qui permit de sélectionner 11 dessinateurs (7), deux
ateliers furent mis en place à l'Académie des Beaux-arts de Kinshasa, au
début de l'année 2007 sous la responsabilité de Catherine Stubbe,
chargée de projets à la Croix Rouge de Belgique (Département Accueil des
demandeurs d'asile) qui coordonnait le suivi de toute l'opération.
J'ai
eu le plaisir d'animer le premier atelier d'écriture scénaristique
durant lequel chacun précisa ses objectifs, rédigea un synopsis qu'il
développa en scénario dans lequel il introduisit la continuité dialoguée
avant de procéder à un pré-découpage de ses six planches et de réaliser
un " story-board ".
Un second atelier, concernant l'encrage, la mise en couleur et le
réajustement du découpage, fut encadré par le dessinateur Éric Warnauts
dont l'expérience professionnelle dans l'univers créatif de la BD n'est
plus à démontrer.
À l'issue de ces deux ateliers, les épreuves réalisées furent soumises à
un Comité de pilotage belgo-congolais qui sélectionna 8 des
réalisations parmi celles des 11 participants. Deux autres dessinateurs
de la diaspora congolaise immigrés en France (Fifi Mukuna et Pat
Masioni) furent à leur tour retenus pour qu'ils racontent une histoire à
partir de leur pays d'accueil, complétèrent la liste définitive des
participants à cet album collectif. La couverture fut confiée à Barly
Baruti et l'illustration des pages de garde à Thembo Kash, deux des plus
célèbres bédéistes de la RDC.
Imprimé en Belgique, Là-bas… Na Poto…, album BD de 72 pages en
couleur sur papier glacé, a été tiré à 125.000 exemplaires qui furent
distribués gratuitement en octobre-novembre 2007 dans les écoles de
Kinshasa, à l'issue d'une formation destinée à leur exploitation
pédagogique par les enseignants de 200 écoles et les 10.000 volontaires
de la Croix Rouge de RDC œuvrant dans les 24 communes de Kinshasa (8).
Dans
la perspective de poursuivre cette expérience collective qui avait
valorisé concrètement les travaux des huit artistes kinois retenus,
ceux-ci décidèrent, sous la houlette d'Asimba Bathy et sur les conseils
des encadreurs du projet, de se regrouper en une association qui prit le
nom de BD Kin Label. Asimba Bathy, et un autre grand dessinateur kinois
de la nouvelle génération, Dick Esalé, qui ne faisait pas partie de
l'association mais avait participé à l'album Là-bas… Na Poto…,
furent invités à Bruxelles, à l'occasion de l'exposition Talatala (9)
sur l'histoire de la BD congolaise, présentée à l'Espace Wallonie du 5
septembre au 27 octobre 2007, dans le cadre du festival culturel Yambi.
Des planches de Là-bas… Na poto… y furent exposées, ainsi que
les derniers travaux issus des projets de l'association (dont les
statuts juridiques avaient été enregistrés dès le 25 juillet 2007), avec
l'aide d'un reliquat budgétaire accordé gracieusement par la Croix
Rouge de Belgique.
La création de BD Kin Label
Forts de cet appui, les premiers membres de l'association se mirent
alors au travail et produisirent un premier numéro de 24 pages en
couleur. Les lecteurs purent y découvrir, outre un édito et une
interview du directeur des éditions Joker, réalisée à Bruxelles par
Asimba Bathy, des planches d'Asimba Bathy et de deux autres grands noms
de la BD congolaise, Djemba Djeis et Hissa Nsoli, associés à deux jeunes
dessinateurs de grand talent, Jason Kibiswa et Charlie Tchimpaka.
Chacun d'eux, dans la dynamique créée par la réalisation de l'album
Là-bas… Na poto…, s'était porté volontaire pour collaborer à cette
nouvelle expérience éditoriale et faire de leur tout nouveau magazine, Kin
Label, le symbole exemplaire du renouveau de la BD congolaise…
À
la sortie de cette première publication qui fut distribuée dans tout
Kinshasa, d'autres collègues dessinateurs décidèrent alors d'adhérer eux
aussi au projet initial en apportant leurs propres contributions
graphiques pour alimenter les prochains numéros, cependant que le comité
de rédaction se renforçait, à l'initiative d'Asimba Bathy et des
membres fondateurs de l'association (10).
Dès le second numéro publié trois mois plus tard en noir et blanc, avec
une couverture recto verso en couleur, Luba Ntolila présenta à son tour
un récit en Lingala, découpé en 4 planches qui s'ajoutèrent aux
nouvelles planches de Jason Kibiswa, Djemba Djeis, Hissa Nsoli et Asimba
Bathy dont l'Edito, intitulé "La rage de vivre", annonçait les
ambitions de l'équipe rédactionnelle : faire de Kin Label une
vitrine de la nouvelle BD congolaise destinée à la jeunesse. L'avant
dernière page en couleur était consacrée à un article élogieux rappelant
le rôle précurseur du grand Boyau Loyongo qui allait à son tour
rejoindre le groupe, dès le 5ème numéro de la revue où il publie
désormais régulièrement ses planches.
Le soutien financier de la Croix Rouge de Belgique permit ainsi de
publier les quatre premiers numéros de la revue dans lesquels de
nouvelles signatures apparurent : deux anciens de la BD kinoise (Kapena
Mwanza, dit CAP, dans le n° 3 où il dessina en quatre planches le conte
populaire Les 3 sourds et Lepa Mabila Seye qui présenta, dans le n° 4,
une mésaventure de son héros Djo Eph en quatre planches contées en
Lingala) Vinrent s'ajouter deux tout nouveaux bédéistes : Abelle Bowala,
une jeune femme talentueuse qui proposa aux lecteurs dans le 3ème
numéro un premier récit en quatre planches sur un scénario d'Asimba
Bathy, Voyage dans un trou noir; le 4ème numéro révéla un jeune
artiste à l'avenir prometteur, Jules Baïsolé, qui dessina Voyage sous
terre, un drame social exemplaire en 4 planches.
Cette aventure éditoriale a pu se poursuivre grâce au soutien
d'Africalia, organisme fédéral belge, qui a pris le relais de la Croix
Rouge et a conclu un contrat de partenariat avec BD Kin Label
pour donner à l'association les moyens de renforcer ses structures afin
de concevoir et publier les prochains numéros de sa revue dont la
diffusion devra s'étendre progressivement à l'ensemble du pays, en
intégrant de nouveaux dessinateurs des autres pôles culturels de la RDC.
Ainsi,
au fil des 4 parutions suivantes, parmi les anciens, Maître Ekundé
Bosuku (Maseke ya ngombe), Denis Boyau (Lolendo Ya pamba et Motema mabé
efutaka te) et Mfumu'Eto (Pesa ngai chance) vinrent se joindre à CAP et
Lepa Seye dont la collaboration se poursuit en compagnie de la
génération intermédiaire, Djemba Djeis, Issa Nsoli, Asimba Bathy, Luba
Ntolila, associés aux jeunes talents, Jason Kibswa (Malaïka), Charly
Tchimpaka (Ngalula), Didier Kawendé (Le mauvais sort), Fati Kabuika
(Andolo), Abelle Bowala (Le bon chemin), Jules Baïsolé (Anita), Luc
Mayemba (La voie à suivre), auxquels il faut ajouter la participation de
deux nouveaux dessinateurs résidant dans d'autres villes : Séraphin
Kajibwami, de Bukavu (Un enjeu majeur), et Tetshim, de Lubumbashi, (Loin
des yeux), dont les qualités graphiques commencent à lui valoir une
renommée internationale. Enfin, une place de choix a été donnée dans le
n° 8 de la revue à Hallain Paluku, résidant en Belgique, le créateur du
superbe album Missy et de Bana Boul, une série de
dessins animés comiques en langue nationale à destination des enfants
congolais. Les numéros 9, 10, 11 et 12 confirment le talent de Fati
Kabuika, avec sa saga kinoise Andolo le défenseur des chiens,
Jason Kibiswa, avec les nouvelles planches de Malaïka et Tetshim qui
nous offre dans le n° 12, avec Le photographe, de superbes planches en
noir et blanc. Ces quatre derniers numéros accueillent encore de nouveau
jeunes, chacun d'entre eux possédant de grandes qualités graphiques :
Tsidibi Tshidi'X, Edin, Yannick Kumbozi et Mola Boyika, auxquels se sont
joints Gédéon Mulamba, Cara Bulaya et une jeune dessinatrice encore à
ses débuts, Assette Man's, sans oublier Dody Lobela, de nouvelles
planches de Boyau, Didier Kawendé, Jules Baïsolé, Séraphin Kajibwami,
Asimba Bathy, Djemba Djeis et la participation de grands noms tels
Thembo Kash et Al'Mata qui ont accepté de fournir des planches…
Se faire connaître et reconnaître…
La
qualité globale des planches publiées dans les 8 premiers numéros fut
l'occasion d'en présenter quelques-unes, associées à leurs auteurs, dans
le cadre de Picha, une grande exposition sur la BD africaine,
organisée par le CNDO, institution culturelle néerlandaise basée à
Amsterdam avec la collaboration de différents spécialistes pressentis
pour en assurer la conception et la réalisation (11). Inaugurée le 24
avril à l'Afrika Museum de Berg en Dal, l'exposition y fut présentée du
26 avril au 31 août 2008, avant d'être montée par la suite à Lagos au
Nigeria fin 2008, puis à Palma de Mallorca du 14 mai au 4 juin 2009,
lors du Festival BD Comic Nostrum. Picha a été également
exposée à Sao Paulo au Brésil avant de revenir en Hollande pour une
ultime présentation à Goes.
Ainsi, en seulement deux années d'existence, grâce au dynamisme d'Asimba
Bathy (12) et de ses collègues, malgré les difficultés financières
inhérentes à la conjoncture économique, l'Association BD Kin Label
et ses auteurs ont acquis une renommée qui a désormais largement
dépassé les frontières de la République Démocratique du Congo. Certains
de ses membres ont d'ailleurs été invités au premier Festival
International de la bande dessinée d'Alger (FIBDA) en Octobre 2008 (13)
et au Panaf 2009, toujours à Alger, dans le cadre des festivités
culturelles organisées par le gouvernement algérien (14).
BD Kin Label, bénéficiant déjà d'un accord de partenariat avec Africalia,
est également associée avec Africultures, en tant que
partenaire africain représentant la BD en Afrique centrale, afin de
collaborer à la création d'un portail interactif sur le Net, intitulé AfriBD,
pour la promotion des bédéistes d'Afrique francophone et la diffusion
de leurs œuvres, en liaison avec deux autres partenaires d'Afrique de
l'Ouest (Mali) et de l'Océan Indien (Maurice). Le site comprendra, entre
autres l'élaboration d'une banque de données des auteurs et de leurs
œuvres, la conception de modules de formation et l'organisation
d'ateliers pratiques prévus selon que de besoin pour chacune des trois
régions. Dans ce vaste projet cofinancé par l'OIF et le Fonds
Francophone des Inforoutes, il s'agira principalement, selon le contrat
établi, de :
Promouvoir la démocratie participative, le progrès social et la paix à
travers des exemples de médiatisation sous forme de BD mettant l'accent
sur l'éducation scolaire, le respect des droits de l'homme et de la
femme ainsi que sur les valeurs d'entraide, de solidarité et de cohésion
sociale chez les jeunes, en opposition à l'individualisme, la
roublardise, la marginalisation et la délinquance urbaine.
Devenir ainsi un axe privilégié de communication interculturelle par le
biais du médium BD et d'Internet, en nouant de nouveaux liens entre un
public élargi à l'ensemble de l'Afrique francophone, aux bédéistes
locaux regroupés dans les associations partenaires et à ceux de la
diaspora dont les travaux exemplaires, susceptibles de favoriser
l'éclosion de nouveaux talents, seront également présentés sur le site AfriBD.
Constituer
progressivement une base de données de référence pour tout ce qui
touche à la promotion, tant sur le continent qu'en Europe, de la bande
dessinée d'Afrique francophone, ainsi que de ses créateurs, scénaristes,
dessinateurs, éditeurs et diffuseurs…
À l'instigation de plusieurs institutions, dont Africalia, le
Musée Royal d'Afrique Centrale à Tervuren et AfriBD,
l'association BD Kin Label a été contactée pour réaliser un
album de 48 planches en couleurs sur les 50 ans d'indépendance du Congo.
À la demande de l'association et avec le soutien d'AfriBD et
d'Africalia, je suis donc allé animer à Kinshasa un atelier de
scénarisation de deux semaines, du 15 au 30 janvier 2010. Sur mes
conseils et suggestions, huit scénarios ont été conçus et découpés par
les huit dessinateurs sélectionnés au sein de l'association pour
relater, chacun en six planches, les événements vécus durant 50 ans par
des jumeaux, un garçon, Dipanda, et une fille, Lipanda, baptisés le 30
juin 1960, le jour de l'indépendance du pays…
La sortie de l'album est prévue en juin et fera l'objet d'une
exposition.
En guise de conclusion…
Le secteur de la bande dessinée ne doit plus être considéré comme un
phénomène marginal en Afrique. En effet, la BD est historiquement, avec
sa sœur la caricature de presse, une activité très pratiquée sur tout le
Continent, et particulièrement au Congo, malgré les tentatives de
museler par la censure cette forme d'expression populaire. Il faut
simplement que l'on offre localement aux auteurs la possibilité de
manifester leur créativité, sous peine de voir ces artistes s'exiler en
Europe pour tenter d'y faire carrière.
Les initiatives de publications locales comme celles mises en œuvre par
l'équipe de BD Kin Label associée à d'autres partenaires
africains et européens, ne sont pas utopiques, elles prennent peu à peu
corps dans l'esprit de tous ceux qui voient dans la bande dessinée et la
communication par l'image un vecteur d'intervention démocratique, une
approche pluridisciplinaire pour une médiatisation populaire s'attachant
à renforcer les liens socioculturels entre les populations africaines
trop souvent prises en otages par leurs propres dirigeants…
Longue vie à BD Kin Label !…
1. Au nom de " l'authenticité " prônée par Mobutu, le magazine
fut obligé d'abandonner le titre qui avait fait sa célébrité. Il prit
alors celui de Kaké, (l'Eclair), avant de perdre ses lecteurs
et sa propre vitalité en raison du marasme économique et de la toute
puissante censure qui sévissait impitoyablement à l'époque.
2. Yaya, Mac BD, Numéro UN, Bédéafrique, Bilengé, Les stars de la BD,
Lisese, Bleu Blanc, Lokolé, Afro BD, Bulles et Plumes, Mwana Mboka,
Chaleur tropicale…
3. L'Alerte, Le Grognon, Le Palmarès, Forum des As, Pot pourri, Rasta
Magazine, Le Soir du Galibot, Le Phare, Le Journal, Au taux du jour,
Salongo…
4. Les planches BD de ces magazines, distribués gratuitement dans les
écoles avec le soutien du Ministère français de la Coopération
française, étaient réalisées par des bédéistes français (dont Bernard
Dufossé et le scénariste Serge Saint Michel) avant que quelques
dessinateurs africains puissent y présenter leurs propres créations
(tels, au Congo, Barly Baruti, à partir de 1984, avec les aventures de
Moputa et Mapeka).
5. Ils furent remplacés par Planètes enfants et Planètes
jeunes, magazines édités par Bayard Presse à un prix subventionné
par les pouvoirs publics français. (voir l'article de Christophe
Cassiau-Haurie, Kouakou orphelin, publié le 5/07/2007 sur
Africultures.com)…
6. Mfumu'Eto et Lepa Mabila sont les deux principaux créateurs de ces BD
populaires ronéotées et vendues à la sauvette dans divers quartiers de
Kinshasa. Tous les deux rejoindront par la suite l'association BD
Kin Label et dessineront leurs planches dans la revue Kin Label
coordonnée par Asimba Bathy.
7. Concours organisé à Kinshasa par l'asbl " Entre 2 mondes ", en
liaison avec les organisateurs du projet Croix-Rouge.
8. Là-Bas… Na Poto…, album BD composé de 10 récits exemplaires
sur l'immigration légale et illégale, imaginés chacun en 6 planches
couleur par les dix dessinateurs suivants : Asimba Bathy, dans Savoir
partir; Charly Tchimpaka, dans Kin-Jeunesse; Didier Kawende, dans Le
retour du frimeur; Jason Kibiswa, dans Un billet pour le paradis; Dick
Esale, dans Roulé-Boulé; Albert Luba, dans Faux départ; Djemba Djeis,
dans Souviens-toi Mamisa; Hissa Nsoli, dans Au péril de leur vie;
Fifi Mukuna, dans Maleka et Pat Masioni, dans Carnet d'exil.
Couverture réalisée par Barly Baruti. Illustration en pages de garde :
Thembo Kash.
9. Réalisée par l'asbl " Entre Deux Mondes ", en collaboration avec
plusieurs associations d'auteurs de RDC, l'exposition Talatala
(en lingala, lunettes, miroir), était destinée à mettre en lumière
l'historique, les conditions de production et les principaux thèmes
créatifs de la bande dessinée congolaise d'hier et d'aujourd'hui.
10. L'adoption des statuts de l'association " BD Kin Label pour
la défense du droit des artistes ", ainsi que l'élection des membres du
conseil d'administration eurent lieu lors de la première assemblée
générale constitutive qui s'est tenue à Kinshasa le 25 juillet 2007
11. J'ai personnellement collaboré à la conception et à la rédaction de
120 fiches de présentation des auteurs africains francophones, avec
leurs œuvres répertoriées dans une data-base intégrée au site Internet
de l'exposition (www.picha.nl).
12. Asimba Bathy organise également des ateliers de formation à la BD au
CCF de Brazzaville et était récemment l'invité du Fescarhy 2009 à
Yaoundé pour présenter les travaux de l'équipe Kin Label.
13. Asimba Bathy et Jason Kibiswa y furent les représentants de BD Kin
Label, cependant que d'autres grands auteurs congolais étaient aussi du
voyage, en compagnie du professeur Hilaire Mbiyé (dont Barly Baruti et
Thembo Kash avec Jérémie Nsingi et Aimé Nséka).
14. Jason Kibiswa était là aussi invité comme délégué de BD Kin
Label pour présenter des planches réalisées par des membres de
l'association (Asimba Bathy, Jason Kibiswa, Luba Ntotila, Charly
Tshimpaka, Fati Kabuika, Cara Bulaya, Edin, Séraphin Kajibwami, Yannick
Kumbozi, Mola, Gédéon Mulamba, Didier Kawendé). Il a également participé
au second FIDBA qui a eu lieu à Alger en octobre 2009. Tous ces auteurs
congolais ont également collaboré, y compris Fifi Mukuna, à l'album
collectif regroupant 67 auteurs, La Bande Dessinée conte l'Afrique,
un ouvrage en couleur de 290 pages, publié à Alger par les Editions
Dalimen.