18.02.10 Le Potentiel: Cinq questions à Saint Augustin Mwendambali

 

1. Malgré la tenue des séminaires sur la lutte contre la
corruption en RDC, les résultats sont loin d’être encourageants sur le
terrain. Quelle était la particularité du 1er Forum national organisé
en décembre 2009 à Kinshasa ?

Je suis tenté de vous dire que les résultats, on ne les obtient pas
au cours d’une nuit. Les résultats d’une action réfléchie et mûrie,
suivent toujours les règles d’un processus. Ils commencent quand l’idée
est lancée et s’enchaînent avec le moment où cette idée est mise en
pratique. Et ce, avant qu’elle ne soit évaluée. Il y a au moins trois
étapes. Celui qui cherche immédiatement les effets directs de ce Forum
peut s’abuser. Avant son ouverture, le chef de l’Etat Joseph Kabila a
lancé la campagne Tolérance Zéro. Cette mesure a été prise dans le sens
de lutter contre la corruption dans notre pays. Le forum n’a fait que
marquer une ligne de démarcation entre la déclaration du président de la
République sur la fin de l’impunité et le moment de passer aux actes
forts. Et c’est ce que nous attendons de tous nos vœux. En effet, les
résultats du forum ne doivent pas se faire ressentir immédiatement,
parce qu’il y a la 2ème et la 3ème étapes de ce forum qui n’ont pas
encore commencé. Le forum constituait lui-même la 1ère étape. Cette
étape avait des objectifs bien précis : amener les participants à avoir
une compréhension commune de la corruption dans notre pays, jeter les
grandes lignes de la stratégie nationale de la lutte contre la
corruption, fixer le cadre légal et institutionnel de lutte contre la
corruption.

2. Dans son intervention lors de ces assises, le
vice-Premier ministre en charge de la Reconstruction, Emile Bongeli, a
reconnu que « les auteurs et complices de la corruption se pavanent,
sont impunis et glorifiés socialement ». Ne pensez-vous pas que la lutte
contre la corruption en RDC est un combat perdu à l’avance ?

Pas du tout. Dernièrement, à l’approche des festivités de fin
d’année, je me suis rendu au CPRK pour remettre quelques produits
alimentaires aux prisonniers. Parmi ces derniers, il y a plus au moins
200 détenus, notamment des entrepreneurs arrêtés pour faits de
corruption, de détournements de deniers publics, lors des passations de
marchés publics ou diverses transactions. Ces arrestations ne
prouvent-elles pas à suffisance que le chef de l’Etat est en train de
lier la parole à l’acte ? D’ailleurs, les différentes résolutions du 1er
Forum invitent le président de la République à se défaire de tous les
collaborateurs impliqués dans la corruption.

3. Selon certaines sources, le Bas-Congo a été la seule
province à prendre part aux travaux du 1er Forum et plusieurs décideurs
politiques y ont brillé par leur absence. Cette situation ne
risquerait-elle pas d’hypothéquer les recommandations de ces assises ?

Je déments cette information. Le Bas-Congo n’a pas été la seule
province à être représentée à ce Forum. Il y avait, en dehors du
vice-gouverneur du Bas-Congo, le vice-gouverneur du Katanga et celui du
Kasaï Occidental, les directeurs généraux de toutes les provinces, les
présidents des Cours d’appel de chaque province, le procureur général de
chaque province. Au niveau national, il y avait 5 ministres. Notamment
les ministres de la Justice, de la Fonction publique, de la Santé. Il y
avait encore des PDG, ADG de l’Ofida, de la Sonas, de la DGI, etc. Le
président du Sénat était là, mais il était reparti peu avant l’ouverture
des activités qui ont commencé en retard. Le rapporteur de l’Assemblée
nationale était aussi là. La liste est longue. Toutes les institutions
du pays ont été représentées. Sauf quelques ministres qui se trouvaient
en ce moment en commission mixte à Luanda et d’autres qui avaient
accompagné le chef de l’Etat dans l’Est du pays. Sur 500 personnes
attendues, 438 ont répondu à l’invitation. C’est un record ! Les
résolutions de ce forum sont des fruits des débats de haut niveau que
nous avons présentées à la haute direction.

4.Quel bilan pouvez-vous aujourd’hui dresser de la campagne
Tolérance zéro ?

Je me réjouis de répondre à cette question, parce que cette mesure
est déjà en train de produire ses effets sur le terrain. Elle a été
lancée le 30 juin 2009 par le chef de l’Etat, et le 31 juillet de la
même année, la 1ère ordonnance révoquant les magistrats tombe. C’était
un signal fort. Après quelques jours, c’était le tour des hauts
fonctionnaires de notre Administration, des secrétaires généraux, chefs
de division. Les mandataires corrompus sont en prison et comparaissent
devant les cours et tribunaux. Un autre gros bilan de la tolérance zéro :
l’adoption du prjet loi sur l’adhésion de la RDC à lla Charte de
l’Ohada et bientôt, celui de codes passations de marchés. Grâce à ces
lois, la Tolérance zéro barricadera son espace afin que le chef de
l’Etat ne soit pas accusé d’injustice quant il va sanctionner

5. Comment peut-on parvenir à endiguer la corruption en RDC
?

Nous devons assoir notre pays sur les normes de la bonne gouvernance.
Et ce, en appliquant les trois types politiques ci-après : la politique
de la Tolérance zéro, sanctionner l’impunité à tous les niveau. Il faut
ensuite la politique de prévention. C’est-à-dire, nous devons avertir,
sensibiliser, éduquer les gens. Et enfin, il faut la politique des
moyens. Il s’agit ici de doter les agents publics des moyens conséquents
pouvant les mettre à l’abri de la tentation de corruption. Voilà ce que
nous attendons du chef de l’Etat en 2010 qu’il a appelé année du
social. Et nous lui souhaitons plein succès et lui promettons, à cet
effet, tout le soutien de l’OCEP.

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